ou CUIVRE JAUNE, s. m. (Chimie) c'est un métal factice composé de cuivre fondu avec la pierre de calamine qui lui communique la dureté et la couleur jaune. Voyez METAL, CUIVRE.

On dit que les Allemands ont possédé longtemps le secret de faire ce métal. Voici présentement comment on le prépare. On mêle avec du charbon de terre de la pierre calamine calcinée et réduite en poudre : on incorpore ces deux substances en une seule masse par le moyen de l'eau ; ensuite quand cela est ainsi préparé, on met environ sept livres de calamine dans un vase à fondre qui doit contenir environ quatre pintes, et on y joint à-peu-près cinq livres de cuivre : on met le vase dans une fournaise à vent de huit pieds de profondeur, et on l'y laisse environ onze heures, au bout duquel temps l'airain est formé. Quand il est fondu, on le jette en masses ou en bandes. Quarante-cinq livres de calamine crue, trente livres étant brulée ou calcinée, et soixante livres de cuivre, font avec la calamine cent livres d'airain. Du temps d'Erker, fameux Métallurgiste, soixante et quatre livres de cuivre ne donnaient par le moyen de la calamine, que quatre-vingts-dix livres d'airain.



Airain, qui autrefois ne signifiait que le cuivre et dont on se sert présentement plus particulièrement pour signifier le cuivre jaune, se dit encore du métal dont on fait des cloches, et qu'on nomme aussi bronze. Ce métal se fait le plus communément avec dix parties de cuivre rouge et une partie d'étain ; on y ajoute aussi un peu de zinc.

L'airain de Corinthe a eu beaucoup de réputation parmi les anciens. Le consul Mummius ayant saccagé et brulé Corinthe 146 ans avant J. C. on dit que ce précieux métal fut formé de la prodigieuse quantité d'or, d'argent et de cuivre dont cette ville était remplie, et qui se fondirent ensemble dans cet incendie. Les statues, les vases, etc. qui étaient faits de ce métal, étaient d'un prix inestimable. Ceux qui entrent dans un plus grand détail, le distinguent en trois sortes : l'or était le métal dominant de la première espèce ; l'argent de la seconde ; et dans la troisième, l'or, l'argent, et le cuivre, étaient en égale quantité.

Il y a pourtant une difficulté au sujet du cuivre de Corinthe ; c'est que quelques auteurs disent que ce métal était fort recherché avant le sac de Corinthe par les Romains ; ce qui prouverait que le cuivre de Corinthe n'était point le produit des métaux fondus confusément dans l'incendie de cette ville, et que les Corinthiens avaient possédé particulièrement l'art de composer un métal où le cuivre dominait, et qu'on nommait pour cela cuivre de Corinthe. Voyez CUIVRE.

L'airain ou cuivre jaune est moins sujet à verdir que le cuivre rouge : il est aussi plus dur, c'est de tous les métaux le plus dur ; c'est ce qui a fait qu'on s'en est servi pour exprimer la dureté : on dit un siècle d'airain, un front d'airain, etc. Les limes qui ne peuvent plus servir à l'airain sont encore bonnes pour limer le fer ; ce qui prouve que le fer est moins dur que l'airain. (M)