Les muscles se divisent ordinairement en trois parties, la tête, la queue et le ventre. La tête et la queue, qu'on appelle aussi tendons, sont les deux extrémités du muscle : la première est celle qui est attachée à la partie stable, et l'autre celle qui l'est à celle que le muscle doit faire mouvoir. Voyez TENDON.

Le ventre est le corps du muscle, c'est une partie épaisse et charnue, dans laquelle s'insèrent des artères et des nerfs, et d'où sortent des veines et des canaux lymphatiques.

Toutes ces parties d'un muscle, le ventre et les tendons, sont composés des mêmes fibres ; elles ne diffèrent, qu'en ce que les fibres des tendons sont plus serrées les unes contre les autres que celles du ventre, qui sont plus lâches ; ce qui fait qu'il s'y arrête ordinairement assez de sang pour les faire paraitre rouges, au lieu que les tendons sont blancs, parce qu'ils sont d'une texture assez serrée pour empêcher la partie rouge du sang d'y passer : ainsi la différence qu'il y a entre le ventre et les tendons parait être à-peu-près la même que celle qu'il y a entre un écheveau de fil, et un cordon qu'on aurait formé de ces mêmes fils.

Tous les muscles n'agissent qu'autant que leur ventre s'enfle ou se gonfle, ce qui les raccourcit assez pour tirer à eux, ou pour entraîner, suivant la direction de leurs fibres, les corps solides auxquels ils sont attachés. Tout ce qu'on peut donc demander sur le mouvement musculaire, c'est de déterminer la structure des muscles, et la cause de leur gonflement.

Chaque muscle simple est donc composé d'un ventre charnu, et de deux tendons ; mais il peut, outre cela, se diviser en d'autres de même nature, quoique moindres, et ceux-ci en d'autres encore plus petits, toujours de même nature que le plus grand ; et cette division peut être portée au-delà de tout ce qu'on saurait imaginer, quoiqu'on doive penser qu'elle a ses bornes. Ces petits muscles, qui sont de même nature que le premier, doivent donc avoir aussi leur ventre et leurs tendons ; ce sont ce qu'on appelle des fibres musculaires, et c'est de l'assemblage ou de l'union de plusieurs que sont composés les muscles proprement dits. Voyez FIBRES.

Quelques auteurs croient que les fibres musculaires sont des prolongements des artères et des veines, ou les extrémités capillaires de ces vaisseaux anastomoses et entrelacés les uns avec les autres : que lorsque ces mêmes vaisseaux se gonflent, leurs extrémités s'approchent l'une de l'autre, ce qui fait que l'os auquel tient la partie du muscle qui doit se mouvoir, s'avance vers l'autre. Mais l'observation que nous venons de rapporter, prouve évidemment que ces vaisseaux ne sont ni veineux ni artériels, ni lymphatiques : s'ils sont vésiculaires, ou si ce ne sont que des espèces de cordes, c'est ce qui est encore en question. Muys dit les avoir Ve vésiculaires à travers le microscope.

Boerhaave ayant remarqué que les nerfs s'insinuent dans tous les muscles le long de leurs veines et de leurs artères ; et que sans faire même attention à leur enveloppe extérieure, ils se distribuent, outre cela, si parfaitement dans tout le corps du muscle, qu'on ne saurait assigner aucune partie qui en soit destituée ; enfin qu'ils se terminent dans le muscle, au lieu que dans les autres parties du corps leurs extrémités se répandent en forme de membrane : il en a conclu que les fibres musculaires ne sont autre chose que les expansions les plus déliées des nerfs, dépouillées de leur enveloppe, creusées en dedans, de la figure d'un muscle, et pleines d'un esprit, que le nerf, qui a son origine dans le cerveau, leur communique au moyen de l'action continuelle du cœur. Voyez NERF.

C'est de ces fibres unies ensemble que se forment les petits faisceaux ou paquets, qui ont encore chacun leur membrane particulière, dans laquelle ils sont renfermés, et qui les sépare les uns des autres ; cette membrane est très-déliée, poreuse en-dedans, et pleine d'une huîle qui s'y accumule pendant le repos, et qui se consume dans le mouvement : ce sont les artères qui la fournissent, et elle sert avec un suc muqueux et doux que séparent les artères exhalantes qui arrosent le tissu cellulaire, qui les unit toutes les unes avec les autres.

Outre ces nerfs, il entre encore des artères dans les muscles ; et il y en entre en si grande abondance, et d'une telle contexture, qu'on serait tenté de penser que tout le corps du muscle en serait composé ; elles se distribuent principalement entre les petits faisceaux et les membranes qui les séparent les uns des autres, et peut-être aussi dans la surface extérieure de chaque fibrille, dans le plexus réticulaire desquelles elles se terminent en de petits vaisseaux sécrétoires huileux, et de petits vaisseaux limphatiques, et peut-être en de petites fibrilles creuses, semblables à des nerfs, fibrilles qui peuvent encore, ou se terminer dans la cavité des fibres nerveuses musculaires, ou en former d'autres semblables à elles-mêmes. Au-moins est-il évident que chaque branche d'artère qui se trouve dans les muscles, et qui s'unissent à eux, en augmentent le volume ; ce qui fait que les vaisseaux sanguins des muscles sont aussi lymphatiques.

Tous les muscles ou toutes les paires de muscles que nous connaissons, sont donc composés de deux sortes de fibres, de longitudinales, que nous venons de décrire, et qui sont attachées les unes aux autres par le tissu cellulaire.

Nous avons déjà observé que le tendon d'un muscle est composé d'un même nombre de fibres que le muscle même, avec cette différence, que les cavités des fibres musculaires diminuant vers les tendons, et y perdant de leur diamètre, elles forment dans cet endroit un corps compacte, dur, ferme, sec et étroit, qui n'est que très-peu vasculaire. Il parait donc par tout ce que nous avons dit, que la rougeur du muscle lui vient du sang, et que son volume vient de la plénitude des artères, des veines des cellules huileuses et des vaisseaux lymphatiques ; et on voit par-là pourquoi dans un âge avancé, dans la maigreur, les consomptions, les atrophies, dans une chaleur continuée et des travaux pénibles, leur rougeur diminue aussi-bien que leur volume, quoique le mouvement s'y conserve dans tous ces états ou toutes ces circonstances. Il y a plus, le mouvement peut encore avoir lieu lors même que les muscles n'ont point du-tout de rougeur, comme il parait dans les insectes dont on ne saurait apercevoir la chair.

On peut séparer les uns des autres sans les rompre, les fibres, les petits faisceaux, les artères et les nerfs, soit dans les corps vivants, soit dans les cadavres. Ils sont toujours dans un certain degré de tension, et doués d'une force contractive, de façon que lorsqu'on les divise, leurs extrémités s'éloignent l'une de l'autre, ce qui les fait devenir plus courtes, diminue leur volume, les contracte en une espèce de surface angulaire, et en exprime les sucs qu'ils contiennent. Il parait donc de-là qu'ils sont toujours dans un état violent, et qu'ils s'opposent toujours à leur allongement, qu'ils font toujours effort pour se raccourcir, plus encore dans les corps vivants, que dans les cadavres, et qu'ils ont par cette raison, besoin d'en avoir d'autres antagonistes.

Si le cerveau est fortement comprimé, ou qu'il ait reçu quelque violente contusion, s'il est en suppuration, obstrué ou déchiré, l'action volontaire des muscles cesse à l'instant aussi-bien que tous les sens et la mémoire, quoique l'action spontanée des muscles du cœur, du poumon, des viscères et des parties vitales subsiste malgré cela. Si ces mêmes altérations arrivent au cervelet, l'action du cœur, et des poumons, et de la vie même cesseront, quoique le mouvement vermiculaire continue encore longtemps dans l'estomac et dans les intestins.

Si on comprime, ou si on lie le nerf d'un muscle, qu'il vienne à se corrompre, ou qu'on le coupe, tout le mouvement de ce muscle, soit vital, soit volontaire cessera à l'instant ; et si on lie, ou si on coupe, etc. un tronc de nerf qui envoie des branches à différents muscles, il leur arrivera à tous la même chose : enfin si on en fait autant à quelque partie que ce soit de la moèlle allongée, on détruira par-là l'action de tous les muscles dont les nerfs prennent leur origine en cet endroit, et il en arrivera de même si on en fait autant à l'artère, qui porte le sang à un ou à plusieurs muscles.

Lorsqu'un muscle est en action, son tendon ne souffre point d'altération sensible ; mais son ventre s'accourcit, devient dur, pâle, gonflé, les tendons s'approchent plus qu'ils n'étaient l'un de l'autre, et la partie la plus mobile, qui est attachée à l'un des tendons, est tirée vers la moins mobile, qui est attachée à l'autre extrémité. Cette action d'un muscle s'appelle sa contraction ; elle est plus grande et plus forte que cette contraction inhérente dont nous avons parlé au sujet du premier phénomène que nous avons rapporté ; et ainsi elle n'est point naturelle, mais surajoutée. Lorsque le muscle n'est point en action, ses tendons restent toujours les mêmes, mais son ventre devient plus mol, plus rouge, plus lâche ; le muscle est plus long et plus plat, c'est cet état d'un muscle, qu'on appelle sa restitution, quoique ce soit ordinairement l'effet de l'action contraire du muscle antagoniste ; car si cette dernière action n'avait point lieu, la contraction du premier muscle, qui ne serait point balancée par l'action de l'antagoniste, continuerait toujours.

Si l'un des antagonistes reste en repos, pendant que l'autre est en action, en ce cas le membre sera mis en mouvement ; s'ils agissent tous deux à la fais, il sera fixe et immobîle ; s'ils n'agissent ni l'un ni l'autre, il restera sans mouvement et prêt à se mouvoir à l'occasion de la moindre force qui pourra le solliciter pour cela.

Tous ces changements se produisent dans le plus petit instant et dans tout le muscle à-la-fais, de façon qu'ils peuvent successivement avoir lieu, cesser, recommencer, etc. sans qu'il en reste après cela la moindre trace dans le corps.

Si l'on injecte de l'eau chaude dans l'artère d'un muscle en repos, même dans celui d'un cadavre, on y rétablira la contraction, et cela longtemps même après la mort : les expériences par lesquelles on fait contracter un muscle, en augmentent le volume plutôt que de le diminuer.

Lorsqu'un membre est plié par quelque force extérieure, et sans l'influence de la volonté, le muscle fléchisseur de ce membre se contracte comme si c'était par un mouvement propre ; mais cependant pas tout à fait si vivement. Lorsque la volonté reste dans l'indifférence, tous les muscles volontaires, et tous leurs vaisseaux sont également pleins, et ils reçoivent une espèce de mouvement du sang et des esprits qui sont portés uniformément et en même temps dans toute l'étendue du corps.

Quant à l'application qu'on peut faire de cette structure des muscles, pour expliquer le grand phenomene du mouvement musculaire, voyez MOUVEMENT MUSCULAIRE.

Les muscles des mouvements involontaires ou nécessaires renferment en eux-mêmes la force qui les contracte, qui les étend, et n'ont point d'antagonistes : tels sont, à ce qu'on croit le cœur et les poumons. Voyez COEUR et POUMONS.

Les muscles des mouvements volontaires que nous nommons plus particulièrement muscles, et qui sont ceux dont il est principalement question ici, ont chacun leurs muscles antagonistes qui agissent alternativement dans des directions contraires ; l'un se relâchant pendant que l'autre se contracte au gré de la volonté. Voyez MOUVEMENT.

Les muscles ont différents noms, et ces noms sont relatifs à leur nombre, à leur figure, à la direction de leurs fibres, à leur situation, à leur insertion, aux parties qu'ils meuvent, à leur action, à leur usage, à leur comparaison, à leur composition, et à quelque propriété singulière.

Nombre. Ils sont nommés premier, 2, 3, 4, 5, etc. C'est aussi dans ce sens qu'on dit, le bras a neuf muscles qui servent à ses différents mouvements, etc.

Direction. Le corps étant conçu divisé en deux parties égales et symétriques par un plan auquel un second placé sur la tête et parallèle à l'horizon, serait perpendiculaire, et à un troisième placé depuis le front jusqu'à l'extrémité des doigts du pied qui serait conséquemment perpendiculaire aux deux premiers. Alors outre les noms d'antérieurs, de postérieurs, d'externes ou d'internes, de sublimes ou de profonds, de supérieurs ou d'inférieurs ; les muscles prennent encore différents noms par rapport à la direction de leurs fibres, relativement à ces trois plans. En effet, si ces fibres rencontrent le plan qui divise le corps, etc. à angle droit, le muscle est appelé transverse ou transversal, si elles le rencontrent obliquement, de manière que le sommet de l'angle qu'elles forment avec ces plans, regarde le plan horizontal, on l'appelle oblique, convergent, ou ascendant, et oblique divergent ou descendant, si l'angle est tourné dans un sens opposé : enfin, lorsqu'elles sont parallèles au plan des divisions, le muscle s'appelle droit.

Figure. Les muscles étant composés de fibres droites ou courbes, si elles sont courbes, tout le monde connaissant assez ce que c'est qu'un cercle ou un rond, les Anatomistes ont attribué au cercle les différents rapports que les fibres courbes pouvaient avoir avec les courbes ; ils ont appelé les muscles qui en sont composés de même que ces fibres, orbiculaire, circulaire, semi-orbiculaire, semi-circulaire. Lorsque les fibres qui composent un muscle sont droites, comme elles sont quelquefois, parallèles, obliques et perpendiculaires, les unes par rapport aux autres ; et dans ces deux derniers cas lorsqu'elles se rencontrent quelquefois, et que d'autres fois elles se coupent ; enfin, un muscle étant composé de fibres droites et courbes, parallèles et obliques ; et dans tous ces cas, lorsqu'on n'a fait attention qu'à une ou deux des dimensions les plus sensibles du muscle, on lui a donné le nom des surfaces dont il approchait le plus. Ainsi lorsque les fibres sont placées sur une même ligne, et qu'elles se rencontrent toutes par leurs autres extrémités dans un petit espace qui est regardé comme un point, on le nomme le muscle triangulaire ; si les trois côtés du triangle que le muscle représente sont inégaux, on l'appelle scalene.

Lorsque les fibres paraissent parallèles les unes aux autres et perpendiculaires entre les deux extrémités, on donne au muscle le nom de carré ; si elles sont parallèles entr'elles, et obliques entre leurs extrémités, on appelle le muscle romboïde : si les fibres sont en partie parallèles, et en partie obliques entr'elles à leurs extrémités, le muscle prend le nom de trapeze. Lorsqu'on a égard aux trois dimensions du muscle, et que les fibres sont attachées par l'une de leurs extrémités à une base large relativement à l'endroit où elles s'attachent par leur autre extrémité, on l'appelle pyramidale : si ces fibres s'attachent par l'une de leurs extrémités dans un petit espace, et qu'elles s'épanouissent en forme d'éventail, on l'appelle le muscle rayonné. Si les fibres se rencontrent alternativement, et que les angles qu'elles forment soient placées les unes sur les autres à-peu-près comme dans les ailes des plumes, le muscle prend le nom de perniforme. Lorsque les fibres sont disposées de façon que les muscles représentent une poire, on l'appelle périforme, vermiculaire, ou lombricaire s'ils ressemblent à un ver, et enfin dentelé, s'ils se terminent par une de leurs extrémités en forme de dents de scie.

Situation. Les muscles prennent différents noms par rapport à leur situation ; et c'est de-là que viennent les noms de frontaux, occipitaux, inter-épineux, inter-transversaire, inter-vertebraux, &c.

Insertion. Les muscles prennent quelquefois le nom de l'une des parties à laquelle ils s'attachent ; tels sont les muscles incisifs, canains, zigomatiques, ptérigoïdiens, etc. quelquefois des deux extrémités où ils s'attachent : tels sont les muscles stylo-hyoïdiens, milo-hyoïdiens, genio-hyoïdiens, etc. quelquefois enfin, de trois parties, etc. lorsqu'il s'attache à trois endroits différents, etc. c'est-à-dire lorsque l'une de leurs extrémités se terminent par deux parties différentes ; tels sont les muscles sterno-clino-mastoïdiens.

Usage. Les muscles portent quelquefois le nom des parties qu'ils meuvent : c'est dans ce sens qu'on dit les muscles des yeux, des oreilles, du nez, de la bouche, etc.

Action. Les muscles sont appelés de leur action relative aux parties qu'ils meuvent ; fléchisseurs, extenseurs, rotateurs, constricteurs, dilatateurs, etc. Masseter. Par rapport aux plans de division du corps, etc. Adducteur, lorsqu'ils approchent les parties vers ce plan ; abducteurs, lorsqu'ils s'en éloignent ; releveurs, supinateurs et érecteurs, lorsqu'ils les relèvent vers le plan horizontal ; abaisseurs et pronateurs, lorsqu'ils les meuvent dans un sens contraire.

Comparaison. Plusieurs muscles comparés ensemble, peuvent relativement à une ou à plusieurs de leurs dimensions ; être dits longs ou courts, grands, moyens, petits, larges, gros, ou grêles, demi-nerveux et demi membraneux, s'ils ressemblent à des membranes.

Composition. Les muscles par rapport à leur plus ou moins de composition sont appelés biceps, triceps, lorsque leurs extrémités qui regardent le plan horizontal, sont partagés en deux ou trois parties ; jumeaux, si ces deux portions sont égales, digastriques, trigastriques, etc. si le muscle est divisé en sa longueur en plusieurs portions ou ventres.

Propriété. Certains muscles prennent leurs noms de quelque propriété particulière ; tels sont les obscurateurs, les complexus, le diaphragme, le perforant, le perforé, &c.

Les Anatomistes ne sont pas d'accord sur le nombre des muscles du corps humain ; il y en a qui en comptent jusqu'à 529, et d'autres n'en comptent que 425 : les hommes et les femmes ont les mêmes muscles, si on en excepte quelques-unes des parties de la génération. Il y en a qui sont par pairs, et d'autres qui sont impairs : il est assez difficîle d'en déterminer le nombre, parce qu'il varie dans différents sujets, suivant qu'ils sont plus ou moins charnus. En voici l'énumération par rapport aux régions dans lesquelles ils s'observent.

Autour du crâne 4. antérieurement les deux frontaux, et postérieurement les deux occipitaux, qui en s'unissant renferment une espèce de calotte.

Autour de l'oreille externe, le releveur, l'adducteur, 1, 2, ou 3 abducteurs.

Sur l'oreille externe, le tragien, l'antitragien, le grand hélicien, le petit hélicien, et le muscle de la conque.

A la partie postérieure de l'oreille externe, le grand et le petit transversaire.

Dans l'oreille interne, 3. muscles du marteau et un de l'étrier.

Sur la face, les deux sourciliers, les deux orbiculaires des paupières, les deux pyramidaux du nez, les deux obliques descendants du nez, les deux obliques ascendants, ou les deux myrtiformes, les deux grands incisifs, les deux canins, les deux petits zigomatiques, les deux rieurs, les deux grands zigomatiques, les deux triangulaires, le carré, ou les deux obliques de la lèvre inférieure, les deux petits incisifs de la lèvre inférieure, l'orbiculaire des lèvres, les deux buccinateurs.

Sur les tempes, les deux crotaphites.

Sur les joues, les deux masseters.

Dans la cavité de l'oeil, le releveur de la paupière supérieure, 6 de l'oeil, le grand oblique, le releveur, l'abducteur, l'adducteur, l'abaisseur, et le petit oblique.

Sur la partie antérieure du col, les deux très-larges du cou, ou les deux peauciers, les deux sterno-clino-mastoïdiens, les deux homo-hyoïdiens, les deux sterno-hyoïdiens, les deux sterno-thyroïdiens, les deux hyothyroïdiens, les deux digastriques de la mâchoire, les quatre stylo-hyoïdiens, les deux styloglosses, les deux stylo-pharingiens, les deux milo-hyoïdiens, les deux genio-hyoïdiens, les deux cerato-glosses, les deux basio-glosses, les deux chondro-glosses, les deux genio-glosses, les deux muscles propres de la langue, l'ésophagien, les deux thyro-palatins, ou straphili-pharingiens, les deux salpingo-pharingiens, le céphalo-pharingiens, les deux ptérigo-pharingiens, les deux mylo-pharingiens, les deux genio-pharingiens, les deux chondro-pharingiens, les deux cérato-pharingiens, les deux syndesmo-pharingiens, les deux thyro-pharingiens, les deux crico-pharingiens, les deux glosso-palatins, les deux thiro-palatins, les deux peristaphilins internes, les deux peristaphilins externes, l'azygos, les deux crico-arythénoïdiens postérieurs, les arythénoïdiens obliques, l'arythénoïdien transverse, les crico-arythénoïdiens latéraux, les deux thyro-arythénoïdiens.

Sous les joues, les deux ptérygoïdiens internes, et les deux ptérygoïdiens externes.

Sur la poitrine, les deux grands pectoraux, les deux petits pectoraux, les deux souclavières, les deux grands dentelés.

Sur le bas-ventre, les deux grands obliques externes, les deux obliques internes, les deux transverses, les deux droits et les deux pyramidaux.

Autour du cordon spermatique et du testicule, les deux crémasters.

Entre la poitrine et le bas-ventre, le diaphragme.

En-dedans de la poitrine antérieurement, le triangulaire du sternum, et postérieurement les sur-costaux.

A la partie supérieure des lombes et de la cuisse, les deux petits psoas, les deux grands psoas, les deux iliaques internes, les deux carrés ou triangulaires des lombes.

Autour du periné dans l'homme, les deux accélérateurs et les deux érecteurs de la verge.

Autour des parties de la génération de la femme, les deux constricteurs du vagin, les deux erecteurs du clitoris.

Autour de l'anus, le sphincter externe de l'anus, les transverses du periné, les deux releveurs de l'anus, les deux ischio-coccigiens, les deux sacro-coccigiens, le coccigien, le sphincter interne de l'anus, les deux grands et les deux petits prostatiques dans l'homme.

Sur le dos, à la partie postérieure du cou et des lombes, les deux trapezes, les deux grands dorsaux, les deux grands et les deux petits rhomboïdes, les deux dentelés postérieurs supérieurs, les deux dentelés postérieurs inférieurs, les deux releveurs propres des omoplates, le splenius de la tête, les deux splenius du cou, les deux digastriques de la tête, les deux grands complexus, les deux petits complexus, les deux transversaires cervicaux, les deux cervicaux descendants, les deux sacro-lombaires, et les deux longs dorsaux, les épineux du dos, les demi-épineux du dos, les épineux du cou, les interépineux du cou, les deux grands droits postérieurs de la tête, les deux petits droits postérieurs de la tête, les deux obliques inférieurs de la tête, les deux obliques supérieurs de la tête, les transversaires épineux du cou, les inter-épineux du cou, du dos, des lombes, les inter-vertébraux du cou, du dos, des lombes, les grands et les petits releveurs des côtes.

Entre les côtes, les intercostaux internes, les intercostaux externes.

Sur les parties latérales et antérieures du cou du squelete, les deux premiers scalenes, les deux petits scalenes, les deux scalenes latéraux, les deux scalenes moyens, les deux scalenes postérieurs, les deux grands droits antérieurs de la tête, les deux longs du cou, les deux petits droits antérieurs de la tête, les deux droits latéraux de la tête, les intertransversaires antérieurs du cou, les intertransversaires postérieurs du cou.

A la partie supérieure du bras et autour de l'épaule, le deltoïde, le sur-épineux, le sous-épineux, le petit rond, le grand rond, le sous-scapulaire.

Autour du bras, le biceps, le coraco-brachial, le brachial interne, le triceps du bras.

Autour de l'avant-bras, le long supinateur, le long et le court radial externe, l'extenseur commun des doigts de la main ; l'extenseur propre du petit doigt de la main, le cubital externe, l'anconé, le court supinateur, le long abducteur du pouce de la main ; le court et le long extenseur du pouce de la main, l'extenseur de l'index, le cubital interne, le long palmier, le radial interne, le rond pronateur, le sublime, le profond, le long fléchisseur du pouce de la main, le carré pronateur.

Dans la main, les lombricaux, le thenar, l'anti-thenar, le meso-thenar, le court fléchisseur du pouce, le court palmaire, l'hypothenar, le fléchisseur du petit doigt, le métacarpien, les interosseux, et l'abducteur de l'index.

Sur les fesses, le grand, le moyen et le petit fessier, le pyriforme, les deux jumeaux, l'obturateur interne, et le carré.

Autour de la cuisse, le biceps, le demi-nerveux, le demi-membraneux, le tascia-lata, le droit antérieur, le couturier, le vaste externe, le vaste interne, le crural, le pectineus, les trois adducteurs de la cuisse, le grand, le long et le court, le grêle interne, l'obturateur externe.

Autour de la jambe, le jumeau, le plantaire, le solaire, le poplité, le long fléchisseur des doigts du pied, le jambier postérieur, le long peronier, le court peronier, le long extenseur des doigts du pied, le petit peronier, le jambier antérieur, l'extenseur propre du pouce.

Sur le dos du pied, le court extenseur des doigts, ou le pédieux.

A la partie inférieure du pied, le court fléchisseur des doigts, le thenar, le grand et le petit para-thenar, les lombricaux, l'anti-thenar, le court fléchisseur du pouce, le transversal du pied, les interosseux. Voyez ces muscles à leurs articles particuliers.

MUSCLES, jeux de la nature sur les, (Myolog.) Les cadavres offrent un assez grand nombre de jeux sur l'origine, la direction, l'insertion et le nombre des muscles du corps humain, comme en sont convaincus les anatomistes qui se sont occupés aux dissections myologiques. Ils ont trouvé que les muscles variaient beaucoup à tous les égards dont nous venons de parler, manquaient souvent, et surabondaient quelquefois. Je sais pourtant qu'il ne faut pas mettre dans le rang des jeux de la nature les subdivisions raffinées d'un même muscle en plusieurs petits, telles que sont les multiplications des muscles des lèvres, de la langue et du larynx par Valsalva, de ceux de la respiration par Sténon et Verheyen ; de ceux de la plante du pied par M. Winslow, ni même encore de son grand sourcilier en deux muscles, puisqu'il ne forme qu'une seule pièce, qu'il n'a que deux attaches, et un seul usage. Ce seraient-là autant de doubles emplois qui seraient des erreurs de calcul ; aussi nous nous garderons bien, pour grossir notre catalogue, de mettre sur le compte des jeux de la nature ceux qui ne sont que le produit de la main de l'artiste dans sa façon raffinée de disséquer.

1°. Des muscles de la tête. On nomme parmi les muscles de la tête les petits droits antérieurs, les petits droits postérieurs, les grands et les petits obliques ; mais on rencontre quelquefois par des jeux de la nature à côté des muscles droits, d'autres petits muscles qu'on appelle surnuméraires, et qui paraissent avoir les mêmes usages que les muscles dont ils sont les surnuméraires. On trouve aussi quelquefois doubles les muscles droits et obliques.

2°. Des muscles de l'épine. Les Anatomistes n'ayant pas voulu s'écarter de la division commune de l'épine en trois parties, ont cru devoir attribuer à chacune des muscles particuliers ; une pareille division, qui n'était pas trop nécessaire, a inutilement multiplié tous ces muscles, et a jeté sur leur description et leur dissection un embarras dont les plus habiles ont bien de la peine à se tirer. Il fallait s'en tenir à la dénomination générale des muscles de l'épine se réservant de faire connaître dans leur description à quelle partie de l'épine ils appartenaient. Suivant cette méthode simple on distinguera les vrais jeux de la nature de ceux qui naissent du scalpel et de la dissection de l'Anatomie. Par exemple, le muscle très-long a été divisé à cause de ses trousseaux de fibres en plusieurs muscles qu'on a donné tantôt au cou, tantôt à la tête ; et comme il est impossible d'en faire la séparation sans couper le muscle en-travers, les uns ont dit dans la description de ces parties que ces muscles étaient confondus, et d'autres qu'il régnait ici de grandes variétés : c'est encore par la même raison qu'on trouve tant de diversité dans les attaches et les communications de tous les muscles vertébraux. Mais un jeu bien réel de la nature, qui se rencontre ici quelquefois et qui ne dépend point du scalpel, c'est le manque dans quelques sujets du muscle de l'épine nommé le petit psoas ; car quand il existe, on ne le cherche pas longtemps après qu'on a enlevé les reins et le péritoine.

3°. Des muscles de la respiration. On a eu soin de multiplier aussi les jeux de la nature sur les muscles de la respiration, en multipliant sans fondement les muscles externes et internes des côtés. De simples trousseaux de fibres plus ou moins longs qui tiennent à trois côtes, en passant sur celle qui est au milieu, ont été décorés du nom de muscles : de-là viennent les muscles sur-costaux courts et sur-costaux longs de Verheyen, dont il s'est fait honneur, quoique Casserius et Sténon les eussent vus avant lui : de-là encore les sous-costaux du même auteur, représentés autrefois par Eustachius. Or tous ces muscles ne sont que des plans charnus très-minces ; il n'est donc pas étonnant que de leur nombre, de leur direction et de leur terminaison variée, on en ait fait autant de jeux de la nature, que nous ne croyons pas nécessaire de détailler ici, Ve leur peu d'importance.

4°. Des muscles de l'avant bras, de la paume de la main, et des doigts. Le muscle de l'avant-bras, qu'on nomme biceps, a dans quelques sujets trois têtes ou tendons au lieu de deux : c'est un de ces jeux de la nature qu'on ne peut pas révoquer en doute. J'ai Ve dit un anatomiste qui a disséqué plus de mille cadavres (M. Lieutaud) ; j'ai Ve le biceps avec trois têtes dans un sujet où le grand palmaire manquait entièrement ; cette troisième tête surnuméraire, qui était presqu'aussi grosse que les deux autres ensemble, venait de la partie interne et moyenne du bras, entre l'insertion du deltoïde et celle du coraco-brachial.

Le grand palmaire, comme on vient de le voir, manque quelquefois ; quelquefois il se détermine aux os du carpe, sans aucune communication avec l'aponévrose palmaire ; et quelquefois il est tout charnu jusqu'aux ligaments annulaires où il s'attache. Il résulte de-là que, contre l'opinion commune, ce muscle est, de même que le cubital et le radial interne, un fléchisseur du poignet.

Les deux extenseurs du pouce sont sujets à quelques variétés, et l'on trouve entr'eux quelquefois un muscle surnuméraire. L'abducteur du pouce n'est pas double dans tous les sujets.

5°. Des muscles de la cuisse, de la jambe, et du pied. Le triceps muscle adducteur de la cuisse, ou qui sert à porter la cuisse en dedans, se trouve quelquefois réellement distingué en quatre têtes.

Le poplité est un petit muscle situé supérieurement à la partie postérieure de la jambe, et qui sert à lui faire faire un mouvement de rotation de dehors en dedans lorsqu'elle est pliée. Fabrice d'Aquapendente rapporte avoir trouvé une fois ce muscle double dans chaque jarret ; il y en avait un dessus et l'autre dessous, qui se touchaient tous deux.

Le muscle du pied, qu'on nomme plantaire, et plus proprement le jambier grêle, manque quelquefois, et d'autres fois il est plus bas.

Les tendons des muscles plantaire et palmaire manquent dans divers sujets. Le jambier postérieur, qui est un muscle adducteur du pied, a le tendon qui se partage quelquefois en deux, dont l'un s'attache à l'os cuboïde, etc.

6°. Des muscles de la bouche, de la langue, et de l'os hyoïde. Le zigomatique est un muscle des lèvres qui est ordinairement double et quelquefois triple ; il fait encore dans quelques sujets un plan presque continu avec l'incisif, l'orbiculaire des paupières, et le peaucier.

Le myloglosse est le quatrième muscle que nos modernes donnent à la langue ; il vient de la base de la mâchoire, au-dessus des dents molaires ; mais il est peut être permis de le regarder comme un jeu de la nature, puisqu'on le rencontre assez rarement, et même toujours alors avec quelque variété.

Le costo-hyoïdien est le plus long des muscles de l'os hyoïde : il tire sa naissance de la côte supérieure de l'omoplate ; mais son origine varie beaucoup, car il vient quelquefois de la clavicule, et quelquefois encore il manque d'un côté.

7°. Des muscles du bas ventre. Les muscles pyramidaux trouvés par Jacques Sylvius sous le nom de musculi succenturiati, et dont Fallope n'a pas eu raison de s'attribuer la découverte, sont deux petits muscles du bas-ventre communément inégaux, et qui par extraordinaire se terminent jusqu'à l'ombilic ; de plus, quelquefois tous les deux manquent, et quelquefois un seul. Riolan dit que lorsque l'un des deux manque, c'est d'ordinaire le gauche ; mais Riolan avait-il Ve assez souvent ce jeu de la nature, pour décider du côté où il est le plus rare ?

Quant au ligament de Fallope ou de Poupart, que M. Winslow appelle avec beaucoup de raison ligament inguinal, nous remarquerons ici que quoiqu'il soit toujours également tendu, il n'a pas la même solidité dans tous les sujets, et c'est peut-être dans quelques personnes une des causes naturelles d'hernie crurale.

8°. Des muscles de l'oreille. Les muscles de l'oreille externe sont du nombre de ceux sur lesquels on croirait qu'il règne le plus de jeux de la nature, surtout si l'on en juge par les ouvrages de Cassérius, de Duverney, de Cowper et de Valsalva ; mais il faut aussi avouer que la plupart de ces jeux prétendus de la nature, naissent de la main des anatomistes qu'on vient de nommer, lesquels ont cru se faire honneur de prendre pour des muscles particuliers quelques fibres charnues qui se détachent des muscles cutanés. Comme ces fibres ne se rencontrent pas dans la plupart des cadavres, et qu'elles sont sujettes à de grandes variétés, on a regardé ces variétés pour autant de jeux de la nature ; mais du-moins ne méritent-elles pas qu'on s'en inquiete et que nous nous y arrêtions.

9°. Des muscles surnuméraires. Toutes les machines animales d'une même espèce ne sont pas exactement semblables, et elles le sont quelquefois si peu, qu'il semblerait qu'il y a eu différentes conformations primitives. M. Dupuy, médecin à Rochefort, a communiqué à l'académie des Sciences une observation qu'il a faite de deux muscles qu'il ne croit pas qu'on ait encore vus dans aucun sujet.

Ils étaient tous deux couchés sur le grand pectoral de chaque côté, et gros seulement comme des tuyaux de plume à écrire ; celui du côté droit naissait par un tendon du bord inférieur du premier os du sternum, et descendant obliquement sur le grand pectoral, allait s'attacher par une aponévrose large d'un doigt, au bord supérieur du cartilage de la septième côte vraie, à deux doigts du cartilage xiphoïde. Celui du côté gauche naissait aussi par un tendon du bord inférieur du cartilage de la seconde côte vraie, auprès du sternum : et sortant parmi les fibres du grand pectoral, descendait, comme l'autre, couché sur ce muscle, et s'insérait pareillement au bord supérieur du cartilage de la septième côte vraie de son côté, mais un peu plus loin du cartilage xiphoïde que l'autre.

Les deux muscles pulmonaires manquaient dans ce sujet ; M. Dupuy demande si la nature les aurait transportés sur la poitrine : du-moins ces deux petits muscles les remplaçaient pour le nombre et à-peu-près pour le volume, ce qui est plus singulier pour l'expansion aponévrotique de leur attache inférieure.

M. de la Faye a aussi fait voir à l'académie des Sciences des muscles surnuméraires qu'il avait trouvés dans le cadavre d'un même sujet. Voyez l'histoire de l'acad. des Scienc. ann. 1726.

Tous ces jeux de la nature étonnent le physicien ; mais la cause immédiate de l'action des muscles et du mouvement musculaire est-elle mieux connue ?

Un esprit vit en nous et meut tous nos ressorts :

L'impression se fait ; le moyen on l'ignore :

On ne l'apprend qu'au sein de la divinité ;

Et s'il en faut parler avec sincérité,

Boerhaave l'ignorait encore.

(D.J.)