L'attention du chirurgien dans le traitement d'une inflammation, consiste à s'opposer à la suppuration, s'il convient et s'il est possible de l'empêcher ; et à la procurer ou à la favoriser, quand elle est avantageuse ou inévitable. La résolution est souvent la terminaison la plus convenable. Voyez RESOLUTION et RESOLUTIF. Mais quand il est nécessaire qu'une tumeur suppure, on ne peut compter que sur l'inflammation pour obtenir une suppuration louable ; mais cette suppuration qui forme un abscès, n'est pas une terminaison naturelle de l'inflammation, puisqu'elle suppose en outre dans le tissu adipeux une solution de continuité accidentelle, dans laquelle l'humeur purulente s'extravase : les indications principales pour conduire une inflammation à suppuration, doivent donc être de procurer cette solution de continuité dans l'intérieur de la partie malade, et de faciliter la collection du pus. M. Quesnay, qui a traité à fond cette matière intéressante dans un traité particulier, dont nous avons recommandé la lecture au mot SUPPURATIF, reconnait quatre causes principales de la formation de l'abscès, ou de la dilacération du tissu cellulaire ; 1°. l'inflammation portée à un point qui ferme les routes des cellules graisseuses entr'elles, et avec les veines qui resorbent les sucs qui s'épanchent naturellement dans ces cellules ; 2°. l'action violente des vaisseaux, qui produit une humeur âcre et putrescente ; 3°. la surabondance de l'humeur engorgée, qui rompt les parois qui la retiennent ; 4°. les médicaments qui favorisent ces différentes causes.

On voit, par cet exposé, que pour produire du pus il y a quelquefois l'indication de calmer une inflammation excessive, qui suffoque les vaisseaux, et ferait tomber la partie en mortification ; qu'il faut dans d'autres cas ranimer une inflammation faible et languissante ; qu'ainsi il y a des suppuratifs émolliens et des suppuratifs stimulants.

La suppuration a un second état, qui est son accroissement : l'abscès est déjà commencé, il faut en procurer la maturation. Les remèdes suppuratifs sont alors maturatifs ; mais le pus déjà formé coopère plus que tout à la destruction du tissu cellulaire, et à l'ampliation du foyer de l'abscès : tous les sucs engorgés s'y déposent ; les accidents de la fièvre qui accompagnaient l'inflammation commencent à cesser ; les pulsations locales qui étaient les agens de la formation du pus diminuent, et lorsque l'abscès est fait, ce dont on s'aperçoit par la mollesse de la tumeur et par la fluctuation des liqueurs épanchées, il leur faut procurer une issue. Voyez ABSCES, INCISION. (Y)