Les tables astronomiques les plus anciennes sont celles de Ptolémée, que l'on trouve dans son Almageste ; mais elles sont bien éloignées d'être conformes aux mouvements des corps célestes. Voyez ALMAGESTE.

En 1252, Alphonse XI. roi de Castille, entreprit de les faire corriger. Le principal auteur de ce travail fut Isaac Hazan, astronome juif : et on a cru que le roi Alphonse y avait aussi mis la main. Ce prince dépensa 400000 écus pour l'exécution de son projet. C'est ainsi que parurent les tables alphonsines, auxquelles on dit que ce prince mit lui-même une préface : mais Purbachius et Regiomontanus en remarquèrent bientôt les défauts, ce qui engagea Regiomontanus, et après lui Waltherus et Warnerus, à s'appliquer aux observations célestes, afin de rectifier ces tables, mais la mort les arrêta dans ce travail.

Copernic, dans ses livres des Révolutions célestes, au-lieu des tables alphonsines, en donne d'autres qu'il a calculées lui-même sur les observations plus récentes, et en partie sur les siennes propres.

Eras. Reinholdus se fondant sur les observations et la théorie de Copernic, compila des tables qui ont été imprimées plusieurs fois et dans plusieurs endroits.

Ticho-Brahé remarqua de bonne-heure les défauts de ces tables ; ce qui le détermina à s'appliquer lui-même avec beaucoup d'ardeur aux observations célestes. Il s'attacha principalement aux mouvements du Soleil et de la Lune. Ensuite Longomontanus, outre les théories des différentes planètes publiées dans son Astronomia danica, y ajouta des tables de leurs mouvements que l'on appelle tabulae danicae ; et après lui Kepler en 1627 publia les tables rudolphines qui sont fort estimées : elles tirent leur nom de l'empereur Rodolphe à qui Kepler les dédia.

En 1680, Maria Cunitia leur donna une autre forme.

Mercator essaya la même chose dans ses Observations Astronomiques, qu'il publia en 1676 ; comme aussi J. Bapt. Morini qui mit un abrégé des tables rudolphines à la tête d'une version latine de l'astronomie caroline de Street publiée en 1705.

Lansberge n'oublia rien pour décrire les tables rudolphines ; il construisit des tables perpétuelles des mouvements célestes, ainsi qu'il les appelle lui-même : mais Horroxius astronome anglais, attaqua vivement Lansberge, dans sa défense de l'astronomie de Kepler.

Depuis les tables rudolphines, on en a publié un grand nombre d'autres : telles sont les tables philosophiques de Bouillaud, les tables britanniques de Vincent Wing, calculées sur l'hypothèse de Bouillaud, les tables britanniques de Newton, les tables françaises du comte de Pagan, par les tables carolines de Street, calculées sur l'hypothèse de Ward, les tables novalmagestiques de Riccioli.

Cependant parmi ces dernières, les tables philolaïques et carolines sont les plus estimées. M. Whiston, suivant l'avis de M. Flamstéed, astronome d'une autorité reconnue en pareille matière, jugea à propos de joindre les tables carolines à ses leçons astronomiques.

Les tables nommées tabulae ludovicae, publiées en 1702 par M. de la Hire, sont entièrement construites sur ses propres observations, et sans le secours d'aucune hypothèse ; ce que l'on regardait comme impossible avant l'invention du micromètre, du telescope et du pendule.

M. le Monnier, de l'académie royale des Sciences de Paris, nous a donné en 1746 dans ses Institutions astronomiques, d'excellentes tables des mouvements du soleil, de la lune, des satellites, des réfractions, des lieux de plusieurs étoiles fixes. L'auteur doit publier de nouvelles tables de la Lune, dressées sur ses propres observations. Les Astronomes et les Navigateurs attendent avec impatience cet important ouvrage.

Nous avons aussi d'excellentes tables des planètes par M. de la Hire, des tables du Soleil par M. de la Caille, etc.

Pour les tables des étoiles, voyez CATALOGUE.

Quant à celles des sinus, des tangentes et des sécantes de chaque degré et minute d'un quart de cercle, dont on fait usage dans les opérations trigonométriques, voyez SINUS, TANGENTES, etc.

Sur les tables des logarithmes, des rhumbs dont on fait usage dans la Géométrie, et dans la Navigation, etc. Voyez LOGARITHME, RHUMB, NAVIGATION.

TABLES LOXODROMIQUES, ce sont des tables où la différence des longitudes et la quantité de la route que l'on a courue en suivant un certain rhumb, sont marquées de dix en dix minutes de latitude. Voyez RHUMB et LOXODROMIQUE. Chambers. (O)

C'est à ces dernières tables, et à celles de M. le Monnier qu'il faut s'en tenir aujourd'hui, comme étant les plus modernes et les plus exactes.

Dans les tables d'équations du mouvement des planètes, on met d'abord le nom de l'argument, par exemple, distance du Soleil à la Lune. Ensuite, comme un signe est de 30 degrés, on écrit à gauche dans une ligne verticale tous les degrés depuis 0 jusqu'à 30 en descendant ; et à droite dans une ligne verticale tous les degrés depuis 0 jusqu'à 30 en montant. Cela posé, si on trouve, par exemple, au haut de la table ces mots, ajoutez ou ôtez en descendant, et au haut de la même table le signe VII, par exemple, ou tout autre ; cela signifie, que si on a pour argument VII sign. + 10 degr. il faudra ajouter ou ôter l'équation qui est au-dessous de VII, et vis-à-vis de 10 degrés dans la colonne qui est à gauche ; et si on a au-bas de la table ôtez ou ajoutez en montant, et au-bas de la même table le signe IV, par exemple, cela signifie, que si on a pour argument IV signes + 7 degr. il faudra ôter ou ajouter l'équation qui est au-dessus de 4 et vis-à-vis de 7 dans la colonne qui est à gauche, et ainsi des autres. Voyez EQUATION.

Sur les tables de la Lune, voyez LUNE..

TABLES DES MAISONS, en termes d'Astrologie. Ce sont certaines tables toutes dressées et calculées pour l'utilité de ceux qui pratiquent l'Astrologie, lorsqu'il s'agit de tracer des figures. Voyez MAISON.

TABLES, pour le jet des bombes ; ce sont des calculs tout faits pour trouver l'étendue des portées des bombes tirées sous telle inclinaison que l'on veut, et avec une charge de poudre quelconque. Voyez MORTIER et JET DES BOMBES.

Les plus parfaites et les plus complete s que l'on ait, sont celles du Bombardier français par M. Belidor. (Q)

TABLE DE LA LOI, (Théologie) on nomme ainsi deux tables que Dieu, suivant l'Ecriture, donna à Moïse sur le mont Sinaï, et sur lesquelles étaient écrits les préceptes du décalogue. Voyez DECALOGUE.

On forme plusieurs questions sur ces tables, sur leur matière, leur forme, leur nombre ; l'auteur qui les a écrites, et ce qu'elles contenaient.

Quelques auteurs orientaux cités par d'Herbelot, Biblioth. orientale, p. 649. en comptent jusqu'à dix, d'autres sept ; mais les Hébreux n'en comptent que deux. Les uns les font de bois, les autres de pierres précieuses ; ceux-ci sont encore partagés, les uns les font de rubis, et les autres d'escarboucle ; ceux qui les font de bois les composent d'un bois nommé sedrou ou sedras, qui est une espèce de lot que les Musulmants placent dans le paradis.

Moïse remarque, que ces tables étaient écrites des deux côtés. Plusieurs croient qu'elles étaient percées à jour, en sorte qu'on pouvait lire des deux côtés ; d'un côté à droite, et de l'autre à gauche. D'autres veulent que le législateur fasse simplement cette remarque, parce que pour l'ordinaire, on n'écrivait que d'un côté sur les tablettes. Quelques-uns enfin, comme Oleaster et Rivet, traduisent ainsi le texte hébreu, elles étaient écrites des deux parties, qui se regardaient l'une l'autre ; en sorte qu'on ne voyait rien d'écrit en-dehors. Il y en a qui croient que chaque table contenait les dix préceptes, d'autres qu'ils étaient mi-partis, cinq sur chaque table ; enfin, quelques-uns font ces tables de dix ou douze coudées.

Moïse dit expressément, qu'elles étaient écrites de la main de Dieu, digito Dei scriptas, ce que quelques-uns entendent à la lettre. D'autres expliquent, par le ministère d'un ange ; d'autres de l'esprit de Dieu, qui est quelquefois nommé le doigt de Dieu. D'autres enfin, que Moïse inspiré de Dieu et rempli de son Esprit les écrivit, explication qui parait la plus naturelle.

On sait que Moïse descendant de la montagne de Sinaï, comme il rapportait les premières tables de la loi, les brisa d'indignation en voyant les Israèlites adorer le veau d'or : mais quand ce crime fut expié, il en obtint de nouvelles qu'il montra au peuple, et que l'on conservait dans l'arche d'alliance.

Les Musulmants disent que Dieu commanda au burin céleste, d'écrire ou de graver ces tables, ou qu'il commanda à l'archange Gabriel de se servir de la plume, qui est l'invocation du nom de Dieu, et de l'encre qui est puisée dans le fleuve des lumières pour écrire les tables de la loi. Ils ajoutent que Moïse ayant laissé tomber les premières tables, elles furent rompues, et que les Anges en rapportèrent les morceaux dans le ciel, à la réserve d'une pièce de la grandeur d'une coudée, qui demeura sur la terre et qui fut mise dans l'arche d'alliance. D'Herbelot, biblioth. orientale, p. 649. Calmet, Dict. de la Bible.

TABLE des pains de proposition, (Critique sacrée) c'était une grande table d'or, placée dans le temple de Jérusalem, sur laquelle on mettait les douze pains de proposition en face, six à droite, et six à gauche. Il fallait que cette table fut très-précieuse, car elle fut portée à Rome, lors de la prise de Jérusalem, et parut au triomphe de Titus, avec d'autres richesses du temple. Il parait par les tailles-douces, qu'on porta devant l'empereur, le chandelier d'or et une autre figure, que Villalpand, Cornelius à Lapide, Ribara, et presque tous les savants qui ont Ve autrefois l'arc de triomphe à Rome, prennent pour la table des pains de proposition. Il est vrai cependant que l'obscurité des figures, presqu'entièrement rongées et effacées par le temps, rendraient aujourd'hui le fait des plus douteux ; mais dans d'anciennes copies, on a cru voir manifestement la table dont nous parlons, surtout à cause des deux coupes qui sont au-dessus ; car on mettait toujours sur cette table deux de ces coupes remplies d'encens. Enfin, Josephe qui avait été présent au triomphe de Titus, lève le doute. Il nous parle de bello judaico, lib. VII. c. XVIIe de trois choses qui furent portées devant le triomphateur : 1°. la table des pains de proposition ; 2°. le chandelier d'or, dont il fait mention dans le même ordre que cela se trouve rangé dans l'arc de triomphe ; 3°. la loi qui ne se voit point sur cet arc, et qui apparemment n'y fut pas sculptée, faute de place. (D.J.)

TABLE DU SEIGNEUR, (Critique sacrée) c'est la table de l'Eucharistie, où en mangeant le pain et en buvant le vin sacré, le fidèle célèbre la mémoire de la mort et du sacrifice de J. C. c'est pourquoi les Chrétiens du temps de Tertullien, appelèrent leur culte sacrifice, et se servirent du mot d'autel, en parlant de la table du Seigneur. On donna ce nom d'autel, parce que le fidèle qui s'approche de la table du seigneur, vient lui-même s'offrir à Dieu, comme une victime vivante : car l'expression être debout à l'autel, désigne proprement la victime qui se présente pour être immolée ; comme il parait par ce vers de Virgile, Géorg. l. II. et ductus cornu stabit sacer hircus ad aram. Ainsi quand S. Paul dit, Epit. aux Hébreux, ch. XIIIe Ve 10. nous avons un autel ; c'est une expression figurée, dont le sens est " nous avons une victime, savoir J. C. à laquelle ceux qui sont encore attachés au culte lévitique, ne sauraient avoir de part ". En effet, les premiers chrétiens n'avaient point d'autels dans le sens propre, et les payens leur en faisaient un crime, ne concevant pas qu'il put y avoir une religion sans victimes et sans autels. Philon appelle les repas sacrés, la table du Seigneur. (D.J.)

TABLES, lois des douze, (Histoire Rom.) code de lois faites à Rome, par les décemvirs vers l'an 301 de la fondation de cette ville.

Les divisions qui s'élevaient continuellement entre les consuls et les tribuns du peuple, firent penser aux Romains qu'il était indispensable d'établir un corps de lois fixes pour prévenir cet inconvénient, et en même temps assez amples, pour régler les autres affaires civiles. Le peuple donc créa des décemvirs, c'est-à-dire dix hommes pour gouverner la république, avec l'autorité consulaire, et les chargea de choisir parmi les lois étrangères, celles qu'ils jugeraient les plus convenables pour le but que l'on se proposait.

Un certain Hermodore, natif d'Ephèse, et qui s'était retiré en Italie, traduisit les lois qu'on avait rapportées d'Athènes, et des autres villes de la Grèce les mieux policées, pour emprunter de leurs ordonnances, celles qui conviendraient le mieux à la république Romaine. Les décemvirs furent chargés de cet ouvrage, auquel ils joignirent les lois royales ; c'est ainsi qu'ils formèrent comme un code du Droit romain. Le sénat après un sérieux examen, l'autorisa par un sénatus-consulte, et le peuple le confirma par un plébiscite dans une assemblée des centuries.

L'an 303 de la fondation de Rome, on fit graver ces lois sur dix tables de cuivre, et on les exposa dans le lieu le plus éminent de la place publique ; mais comme il manquait encore plusieurs choses pour rendre complet ce corps des lois romaines ; les décemvirs dont on continua la magistrature en 304, ajoutèrent de nouvelles lois qui furent approuvées, et gravées sur deux autres tables, qu'on joignit aux dix premières, et qui firent le nombre de douze. Ces douze tables servirent dans la suite de jurisprudence à la république Romaine. Ciceron en a fait un grand éloge en la personne de Crassus, dans son premier livre de l'Orateur, n °. 43. et 44. Denys d'Halicarnasse, Tite-Live et Plutarque traitent aussi fort au long des lois décemvirales, car c'est ainsi qu'on nomma les lois des douze tables.

Elles se sont perdues ces lois par l'injure des temps ; il ne nous en reste plus que des fragments dispersés dans divers auteurs, mais utilement recueillis par l'illustre Jean Godefroy. Le latin en est vieux et barbare, dur et obscur ; et même à mesure que la langue se poliça chez les Romains, on fut obligé de le changer dans quelques endroits pour le rendre intelligible.

Ce n'est pas-là cependant le plus grand défaut du code des lois décemvirales. M. de Mosites qui Ve nous l'apprendre ; la sévérité des lois royales faites pour un peuple composé de fugitifs, d'esclaves et de brigands, ne convenait plus aux Romains. L'esprit de la république aurait demandé que les décemvirs n'eussent pas mis ces lois dans leurs douze tables ; mais des gens qui aspiraient à la tyrannie, n'avaient garde de suivre l'esprit de la république.

Tite-Live, liv. I. dit, sur le supplice de Métius-Fuffétius, dictateur d'Albe, condamné par Tullus-Hostilius, à être tiré par deux chariots, que ce fut le premier et le dernier supplice où l'on témoigna avoir perdu la mémoire de l'humanité ; il se trompe ; le code des douze tables a plusieurs autres dispositions très-cruelles. On y trouve le supplice du feu, des peines presque toujours capitales, le vol puni de mort.

Celle qui découvre le mieux le dessein des décemvirs, est la peine capitale prononcée contre les auteurs des libelles et les poètes. Cela n'est guère du génie de la république, où le peuple aime à voir les grands humiliés. Mais des gens qui voulaient renverser la liberté, craignaient des écrits qui pouvaient rappeler l'esprit de la liberté.

On connut si bien la dureté des lois pénales, insérées dans le code des douze tables, qu'après l'expulsion des décemvirs, presque toutes leurs lois qui avaient fixé les peines, furent ôtées. On ne les abrogea pas expressément ; mais la loi Porcia ayant défendu de mettre à mort un citoyen romain, elles n'eurent plus d'application. Voilà le vrai temps auquel on peut rapporter ce que Tite-Live, liv. I. dit des Romains, que jamais peuple n'a plus aimé la modération des peines.

Si l'on ajoute à la douceur des peines, le droit qu'avait un accusé de se retirer avant le jugement, on verra bien que les lois décemvirales s'étaient écartées en plusieurs points de l'esprit de modération, si convenable au génie d'une république, et dans les autres points dont Ciceron fait l'éloge, les lois des douze tables le méritaient sans-doute. (D.J.)

TABLE DE CUIVRE, (Jurisprudence romaine) aes, table sur laquelle on gravait chez les Romains la loi qui avait été reçue. On affichait cette table dans la place publique ; et lorsque la loi était abrogée, on ôtait l'affiche, c'est-à-dire, cette table. De-là ces mots fixit legem, atque refixit. Ovide déclare que dans l'âge d'or, on n'affichait point des paroles menaçantes gravées sur des tables d'airain.

Nec verba minantia fixo

Aere ligabantur.

Dans la comédie de Trinummus de Plaute, un plaisant dit, qu'il vaudrait bien mieux graver les noms des auteurs des mauvaises actions, que les édits. (D.J.)

TABLE ABBATIALE, (Jurisprudence) est un droit dû en quelques lieux à la mense de l'abbé par les prieurs dépendants de son abbaye. Voyez le Diction. des Arrêts de Brillon, au mot ABBE, n. 107. (A)

TABLE DE MARBRE, (Jurisprudence) est un nom commun à plusieurs juridictions de l'enclos du Palais, savoir la connétablie, l'amirauté et le siege de la réformation générale des eaux et forêts. Chacune de ces juridictions, outre son titre particulier, se dit être au siege de la table de marbre du palais à Paris.

L'origine de cette dénomination, vient de ce qu'anciennement le connétable, l'amiral et le grand-maître des eaux et forêts tenaient en effet leur juridiction sur une grande table de marbre qui occupait toute la largeur de la grand'salle du palais ; le grand chambrier y tenait aussi ses séances.

Cette table servait aussi pour les banquets royaux. Du Tillet, en son recueil des rangs des grands de France, pag. 97. dit que le dimanche 16 Juin 1549, le Roi Henri II. fit son entrée à Paris ; que le soir fut fait en la grand'salle du palais le soupé royal ; que ledit seigneur fut assis au milieu de la table de marbre.

Cette table fut détruite lors de l'embrâsement de la grand'salle du palais, qui arriva sous Louis XIII. en 1618.

Outre la table de marbre dont on vient de parler, il y avait dans la cour du palais la pierre de marbre, que l'on appelait aussi quelquefois la table de marbre. Quelques-uns ont même confondu ces deux tables l'une avec l'autre.

Mais la pierre de marbre était différente de la table de marbre, et par sa situation, et par son objet. La pierre de marbre était au pied du grand degré du palais. Elle existait encore du temps du roi Jean en 1359. Elle servait à faire les proclamations publiques. Elles se faisaient pourtant aussi quelquefois sur la table de marbre en la grand'salle du palais. Voyez le recueil des ordonnances de la troisième race, tome III. p. 347. aux notes.

Quand on parle de la table de marbre simplement, on entend la juridiction des eaux et forêts qui y tient son siege. Elle connait par appel des sentences des maitrises du ressort. Les commissaires du parlement viennent aussi y juger en dernier ressort les matières de réformation. Voyez EAUX et FORETS.

Il y a aussi des tables de marbre dans plusieurs autres parlements du royaume, mais pour les eaux et forêts seulement. Elles ont été créées à l'instar de celle de Paris ; elles furent supprimées par édit de 1704, qui créa au lieu de ces juridictions une chambre de réformation des eaux et forêts en chaque parlement ; mais par différents édits postérieurs, plusieurs de ces tables de marbre ont été rétablies. Voyez EAUX et FORETS, GRURIE, MAITRISE, AMIRAUTE, CONNETABLIE, MARECHAUSSEE. (A)

TABLE DU SEIGNEUR, signifie domaine du seigneur ; mettre en sa table, c'est réunir à son domaine. Ce terme est usité en matière de retrait féodal. Voyez l'article 21 de la coutume de Paris. Quelques-uns prétendent que table en cette occasion signifie catalogue, et que mettre en sa table, c'est comprendre le fief servant dans la liste des biens et droits qui composent le fief dominant. Voyez FIEF, RETRAIT FEODAL. (A)

TABLE RONDE, s. f. (Histoire moderne) chevaliers de la table ronde : ordre militaire qu'on prétend avoir été institué par Arthur, premier roi des Bretons, vers l'an 516. Voyez CHEVALIER.

On dit que ces chevaliers, tous choisis entre les plus braves de la nation, étaient au nombre de vingtquatre, et que la table ronde, d'où ils tirèrent leur nom, fut une invention d'Arthur, qui voulant établir entr'eux une parfaite égalité, imagina ce moyen d'éviter le cérémonial, et les disputes du rang au sujet du haut et bas bout de la table.

Lesly nous assure qu'il a Ve cette table ronde à Winchestre, si on en veut croire ceux qui y en montrent une de cette forme avec beaucoup de cérémonies, et qu'ils disent être celle même dont se servaient les chevaliers ; et pour confirmer la vérité de cette tradition, ils montrent les noms d'un grand nombre de ces chevaliers tracés autour de la table. Larrey, et plusieurs autres écrivains, ont débité sérieusement cette fable comme un fait historique. Mais outre que Camdem observe que la structure de cette table est d'un goût beaucoup plus moderne que les ouvrages du sixième siècle, on regarde le roi Arthur comme un prince fabuleux, et le P. Papebrok a démontré qu'avant le dixième siècle on ne savait ce que c'était que des ordres de chevalerie.

Il parait au contraire que la table ronde n'a point été un ordre militaire, mais une espèce de joute ou d'exercice militaire entre deux hommes armés de lances, et qui différait des tournois où l'on combattait troupe contre troupe. C'est ce que Matthieu Paris distingue expressément. " Non in hastiludio illo, dit-il, quod TORNEAMENTUM dicitur, sed potius in illo ludo militari qui MENSA ROTUNDA dicitur ". Et l'on croit qu'on donnait à cette joute le nom de table ronde, parce que les chevaliers qui y avaient combattu venaient au retour souper chez le principal tenant, où ils étaient assis à une table ronde. Voyez encore sur ce sujet l'abbé Justiniani et le père Helyot.

Plusieurs auteurs disent qu'Artus, duc de Bretagne, renouvella l'ordre de la table ronde, qu'on supposait faussement avoir existé. Paul Jove rapporte que ce ne fut que sous l'empire de Frederic Barberousse qu'on commença à parler des chevaliers de la table ronde : d'autres attribuent l'origine de ces chevaliers aux factions des Guelphes et des Gibelins. Edouard III. fit, selon Walsingham, bâtir un palais qu'il appela la table ronde, dont la cour avait deux cent pieds de diamètre.

TABLE, en terme de Blason, se dit des écus ou des écussons qui ne contiennent que la simple couleur du champ, et qui ne sont chargés d'aucune pièce, figure, meuble, etc. On les appelle tables d'attente, ou tables rases.

TABLES DU CRANE, (Anatomie) les os du crâne sont composés de deux lames osseuses, qu'on appelle tables : il y a pourtant quelques endroits du crâne où on ne les trouve pas ; et dans ces endroits-là, il n'y a point de diploé ; c'est ce qu'il faut bien observer quand il est nécessaire d'appliquer le trépan.

La table extérieure est la plus épaisse et la plus polie ; elle est recouverte du péricrâne : l'intérieure est plus mince, et la dure-mère est fortement attachée à sa surface interne, particulièrement au fond et aux sutures. De plus, on remarque dans cette table plusieurs sillons, qui y ont été creusés par le battement des artères de la dure-mère, non-seulement lorsque les os étaient encore tendres dans la jeunesse, mais même jusqu'à leur accroissement parfait.

Ruysch dit qu'il a Ve plusieurs fois le crâne des adultes sans diploé ; de sorte que l'on ne remarquait aucune séparation d'une table d'avec l'autre.

On trouve entre les deux tables du crâne, une infinité de petites cellules osseuses appelées par les Grecs diploé, et par les Latins meditullium. Ces cellules sont évidentes dans les crânes de ceux qui sont nouvellement décédés particulièrement à l'os du front, à l'endroit où ces os sont le plus épais ; on trouve dans ces cellules un suc moèlleux, et quantité de vaisseaux sanguins, qui portent non-seulement la nourriture aux os, mais aussi la matière de ce suc médullaire.

Quand on fait l'opération du trépan, et que l'on voit la scieure de l'os prendre une teinture rouge, c'est une marque que l'on a percé la première table, et qu'on est arrivé au diploé ; il faut percer la seconde table avec une grande précaution, parce qu'elle est plus mince que la première, et qu'il ne faut point s'exposer à donner atteinte à la dure-mère, parce que cette faute serait suivie de funestes accidents.

A l'occasion d'un coup reçu sur la tête, ou d'une chute, les vaisseaux sanguins peuvent se rompre dans le diploé ; et le sang épanché se corrompant, cause dans la suite par son âcreté une érosion à la table intérieure du crâne, sans qu'il en paraisse aucun signe à l'extérieur ; la corruption de cette table se communique bien-tôt aux deux méninges, et à la substance même du cerveau ; de manière que l'on voit périr les malades, après qu'ils ont souffert de longues et cruelles douleurs, sans que l'on sache bien précisément à quoi en attribuer la cause.

Il arrive aussi à l'occasion du virus vérolique, dont le diploé peut être infecté, que les deux tables du crâne se trouvent cariées ; ce qui fait souffrir des douleurs violentes aux malades, quand l'exostose commence à paraitre dans ces véroles invétérées, à cause de la sensibilité du péricrâne ; quelquefois même la carie ayant percé la première table, on en voit partir des fungus, qui sont des excraissances en forme de champignons. C'est un terrible accident ; car un nouveau traitement de la vérole n'y peut rien, et les topiques contre la carie et le fungus, ne font que pallier le mal. (D.J.)

TABLE DU GRAND LIVRE, (Commerce) que les marchands, négociants, banquiers, et teneurs de livres, nomment aussi alphabet, répertoire, ou index. C'est une sorte de livre composé de vingt-quatre feuillets dont on se sert pour trouver avec facilité les endroits du grand livre où sont débitées et créditées les personnes avec lesquelles on est en compte ouvert. Voyez DEBITER, CREDITER, COMPTE et LIVRE.

Les autres livres dont se servent les négociants, soit pour les parties simples, soit pour les parties doubles, ont aussi leurs tables ou alphabets particuliers ; mais ces tables ne sont point séparées ; elles se mettent seulement sur deux feuillets à la tête des livres. Voyez LIVRES. Dictionnaire du Commerce.

TABLE, poids de, (Commerce) on nomme ainsi une sorte de poids en usage dans les provinces de Languedoc et de Provence. Voyez POIDS.

TABLE, (Architecture) nom qu'on donne dans la décoration d'Architecture, à une partie unie, simple, de diverses figures, et ordinairement carré-longue ; ce mot vient du latin tabula, planche.

Table à crossette, table cantonnée par des crossettes ou oreillons ; il y a de ces tables à plusieurs palais d'Italie.

Table couronnée, table couverte d'une corniche, et dans laquelle on taille un bas-relief, où l'on incruste une tranche de marbre noir, pour une inscription.

Table d'attente, bossage qui sert dans les façades, pour y graver une inscription, et pour y tailler de la sculpture.

Table d'autel, grande dale de pierre, portée sur de petits piliers ou jambages, ou sur un massif de maçonnerie, laquelle sert pour dire la messe.

Table de crépi, panneau de crépi, entouré de naissances badigeonnées dans les murs de face les plus simples, et de pieds droits, montants, ou pilastres et bordures de pierre dans les plus riches.

Table de cuivre, table composée de planches ou de lames de cuivre, dont on couvre les combles en Suède, où on en voit même de taillées en écailles sur quelques palais.

Tables de plomb, pièce de plomb, fondue de certaine épaisseur, longueur et largeur, pour servir à différents usages.

Table de verre, morceau de verre de Lorraine qui est de figure carrée-longue.

Table en saillie, table qui excède le nud du parement d'un mur, d'un pié-destal, ou de toute autre partie qu'elle décore.

Table fouillée, table renfoncée dans le dé d'un pié-destal, et ordinairement entourée d'une moulure en manière de ravalement.

Table rustique, table qui est piquée, et dont le parement semble brut ; il y a de ces tables aux grottes et aux bâtiments rustiques. Daviler. (D.J.)

TABLE DE CALANDRE, (Calandrerie) on appelle ainsi deux pièces de bois fort épaisses plus longues que larges, qui font la principale partie de la machine qui sert à calandrer les étoffes ou les toiles. C'est entre ces tables que se mettent les rouleaux sur lesquels sont roulés ces toiles et ces étoffes. (D.J.)

TABLE A MOULE, terme de Chandelier, longue table percée de divers trous en forme d'échiquier, sur laquelle on dresse les moules à faire de la chandelle moulée, lorsqu'on veut les remplir de suif ; au-dessous de la table est une auge pour recevoir le suif qui peut se répandre. (D.J.)

TABLE A MOULE, terme de Cirerie, les blanchisseurs de cire donnent ce nom à de grands châssis soutenus de plusieurs pieds, sur lesquels ils mettent leurs planches à moules, dans lesquels on dresse les pains de cire blanche. Dictionnaire du Com. (D.J.)

TABLES AUX VOILES, terme de Cirerie, autrement dites carrés, et établis ; ce sont chez les mêmes blanchisseurs de cire, de grands bâtis de bois, sur lesquels sont étendues les toiles de l'herberie, où l'on met blanchir les cires à la rosée et au soleil, après qu'elles ont été grélonées. (D.J.)

TABLE DE CAMELOT, terme de Commerce ; on nomme ainsi à Smyrne les ballots de ces étoffes qu'on envoye en chrétienté ; ce nom leur vient de ce que les ballots sont carrés et plats. (D.J.)

TABLE, en terme de Diamantaire, est la superficie extérieure d'un diamant ; les tables sont susceptibles de plus ou moins de pans, selon qu'elles sont plus ou moins grandes, et que le diamant le mérite.

TABLE DE NUIT, terme d'Ebéniste, c'est une petite table sans ou avec un dessus de marbre, qui se place à côté du lit, et sur laquelle on pose les choses dont on peut avoir besoin durant la nuit. (D.J.)

TABLE DE PLOMB, (outil de Ferblantier) c'est un morceau de plomb de l'épaisseur d'un pouce et demi, sur six pouces ou environ de large, et quinze pouces de long, qui sert aux Ferblantiers pour piquer les grilles de rapes et découper certains ouvrages. Voyez la figure, Planches du Ferblantier.

TABLE DE LA MACHINE, en termes de Friseur d'étoffes, est une espèce de table couverte d'une moquette sur laquelle on met l'étoffe à friser. Elle est soutenue à droite sur la troisième traverse, et à gauche sur la seconde, et percée d'un trou à chacune de ses extrémités sur lequel sont placées des grenouilles à mi-bois. Voyez GRENOUILLE. Voyez les Planches de la Draperie.

TABLE, (Manufacture de glace) les ouvriers qui travaillent à l'adouci des glaces brutes, appellent la table, le bâti de grosses planches sous lequel est mastiquée avec du plâtre une des deux glaces qui s'adoucissent l'une contre l'autre ; c'est au-dessus de cette table qu'est couchée horizontalement la roue dont les adoucisseurs se servent pour user les glaces. Savary. (D.J.)

La table à couler est une table de fonte de plus de cent pouces de longueur, et du poids de douze ou quinze milliers, sur laquelle on coule le verre liquide dont on fait les glaces. La largeur de cette table s'augmente ou se diminue à volonté, par le moyen de deux fortes tringles de fer mobiles qu'on place aux deux côtés plus proches ou plus éloignés, suivant le volume de la pièce qu'on coule ; c'est sur ces tringles que pose par ses deux extrémités le rouleau de fonte qui sert à pousser la matière jusqu'au bout de la table. (D.J.)

TABLE, pièce de presse d'Imprimerie, est une planche de chêne environ de trois pieds quatre pouces de long sur un pied et demi de large, et de douze à quatorze lignes d'épaisseur, sur laquelle est attaché le coffre, où est renfermé le marbre de la presse ; elle est garnie en-dessous de deux rangs de crampons ou pattes de fer, cloués à cinq doigts de distance l'un de l'autre. Voyez dans les Planches d'Imprimerie, et leur explication, la table et les crampons qui glissent sur les bandes de fer du berceau de la presse.

TABLE dont les Facteurs d'orgues se servent pour couler l'étain et le plomb en tables ou feuilles minces, est une forte table de bois de chêne inclinée à l'horizon, au moyen de quelques morceaux de bois qui la soutiennent par un bout, ou d'un tréteau. Cette table est couverte d'un coutil sur lequel, au moyen du rable qui contient le métal fondu, on coule les lames de plomb ou d'étain, en faisant couler le rable en descendant le long de la planche. Voyez la fig. 59. Pl. d'Orgue et l'article ORGUE, où le travail du plomb et de l'étain est expliqué.

TABLE D'ATTENTE, (Menuiserie) est un panneau en saillie au-dessus des guichets des grandes portes, sur lesquels on fait des ornements en sculpture. Voyez les Planches de Menuiserie.

TABLE DE BRACELET, en termes de Metteur en œuvre, est une plaque en pierreries montées sur des morceaux de velours, ou autres étoffes qui entourent le bras, et qui se lient et délient par un ressort pratiqué sous cette plaque. Voyez BOITE DE TABLE.

TABLE DES MIROITIERS, (ustensîle des Miroitiers) les miroitiers qui mettent les glaces au teint, nomment pareillement table, une espèce de long et large établi de bois de chêne, soutenu d'un fort châssis aussi de bois, sur lequel est posée en bascule la pierre de liais, où l'on met les glaces au teint. (D.J.)

TABLE, en termes de Pain d'épicier, ce sont des espèces de tours parfaitement semblables à ceux des Boulangers et Pâtissiers.

TABLE DE BILLARD, (Paumier) c'est un châssis fait de planches de bois de chêne bien unies et bien jointes ensemble, sur lequel on applique le tapis de drap verd sur lequel on joue au billard. Cette table est posée solidement et de niveau sur dix pieds ou piliers de charpente ou de menuiserie joints ensemble par d'autres pièces de bois qui les traversent.

TABLE DE PLOMB, (terme de Plombier) ou plomb en table, c'est du plomb fondu et coulé par les plombiers sur une longue table de bois couverte de sable. Les plombiers appellent aussi quelquefois de la sorte ce qu'ils nomment autrement des moules, c'est-à-dire, des espèces de longs établis garnis de bords tout-au-tour, et couverts ou de sable ou d'étoffe de laine et de toile, sur lesquels ils coulent les tables de plomb. Il y en a de deux sortes ; les unes posées de niveau pour les grandes tables de plomb, et les autres qui ont de la pente pour les petites tables. Dict. du Comm. (D.J.)

TABLES D'ESSAI, (terme de Potier d'étain) ou rouelles d'essai ; on appelle ainsi deux plaques d'étain, dont l'une est dans la chambre du procureur du roi du châtelet, et l'autre dans celle de la communauté ; c'est sur ces tables que les maîtres potiers d'étain sont obligés d'empreindre ou insculper les marques des poinçons dont ils doivent se servir pour marquer leurs ouvrages, afin d'en assurer la bonté. Dict. du Com. (D.J.)

TABLE D'UN MOULIN, (Sucrerie) on appelle la table d'un moulin, une longue pièce de bois qui est placée au milieu du châssis d'un moulin ; c'est dans cette pièce que sont enchâssées la platine du grand rôle, et les embases des petits tambours, c'est-à-dire les crapaudines dans lesquelles roulent les pivots des trois tambours. (D.J.)

TABLE A TONDRE, (terme de Tondeurs de draps) espèce d'ais ou planche de chêne ou de noyer, épaisse d'environ trois pouces et demi, large de quinze à seize pouces, et longue de neuf à dix pieds. Cette planche est garnie par le dessus de plusieurs bandes d'une grosse étoffe appelée tuf, mises l'une sur l'autre, entre lesquelles sont plusieurs lits de paille, d'avoine, ou de bourre tontisse très-fine, et par-dessus le tout est une couverture de treillis attachée par des bouts, et lacée par-dessus. La table à tondre est posée sur deux trétaux de bois inégaux, en sorte qu'elle se trouve un peu en talud, ce que les ouvriers appellent placée en chasse ; elle sert à étendre l'étoffe dessus pour la tondre avec les forces. Les tondeurs se servent encore d'une autre table assez semblable à la première, à la réserve qu'elle est faite en forme de pupitre long ; et parce que c'est sur cette table qu'ils rangent ou couchent le poil d'étoffe avec le cardinal et la brosse, et qu'ensuite ils la nettoient avec la tuile, ils l'appelent, suivant ces différents usages, tantôt table à ranger et à coucher, et tantôt table à nettoyer. Savary. (D.J.)

TABLE DE VERRE, s. f. (Vitrerie) c'est du verre qu'on appelle communément verre de Lorraine, qui se souffle et se fabrique à-peu-près comme les glaces de miroirs ; il est toujours un peu plus étroit par un bout que par l'autre, et a environ deux pieds et demi en carré de tout sens : il n'a point de boudine, et sert à mettre aux portières des carosses de louage ou de ceux où l'on ne veut pas faire la dépense de véritables glaces ; on en met aussi aux chaises à porteurs. Les tables de verre se vendent au ballot ou ballon composé de plus ou moins de liene, suivant que c'est du verre commun ou du verre de couleur. Savary. (D.J.)

TABLE se dit au jeu de trictrac des deux côtés du tablier où l'on joue avec des dames, et dont on fait des cases.

La table du grand jan est celle qui est de l'autre côté vis-à-vis celle du petit jan. On l'appelle table du grand jan, parce que c'est là qu'on le fait.

La table du petit jan, c'est la première table où les dames sont empilées.

Le mot de table se prend encore quelquefois pour les dames mêmes. Voyez DAMES.

TABLE, (Economie domestique) c'est un meuble de bois, dont la partie supérieure est une grande surface plane, soutenue sur des pieds ; il est destiné à un grand nombre d'usages dans les maisons ; il y a des tables à manger, à jouer, à écrire. Elles ont chacune la forme qui leur convient.

TABLE, mensa, (Antiquité romaine) les Romains étalèrent une grande magnificence dans les tables dont ils ornèrent leurs salles et leurs autres appartements ; la plupart étaient faites d'un bois de cedre qu'on tirait du mont Atlas, selon le témoignage de Pline, l. XIII. c. XVe dont voici les termes : Atlas mons peculiari proditur sylvâ ; confines ei Mauri, quibus plurima arbor cedri, et mensarum insania quas foeminae viris contrà margaritas, regerunt. On y employait encore quelquefois un bois beaucoup plus précieux, lignum citrum, qui n'est pas notre bois de citronnier, mais d'un arbre beaucoup plus rare que nous ne connaissons pas, et qu'on estimait singulièrement à Rome. Il fallait être fort riche pour avoir des tables de ce bois ; celle de Cicéron lui coutait près de deux mille écus ; on en vendit deux entre les meubles de Gallus Asinius, qui montèrent à un prix si excessif, que s'il en faut croire le même Pline, chacune de ces tables aurait suffi pour acheter un vaste champ. Voyez CITRONNIER.

L'excès du prix des tables romaines provenait encore des ornements dont elles étaient enrichies. Quant à leur soutien, celles à un seul pied se nommaient monopodia, celles sur deux pieds bipedes, et celles sur trois pieds tripedes ; les unes et les autres étaient employées pour manger ; mais les Romains ne se servaient pas comme nous d'une seule table pour tout le repas, ils en avaient communément deux ; la première était pour tous les services de chair et de poisson ; ensuite on ôtait cette table, et l'on apportait la seconde sur laquelle on avait servi le fruit ; c'est à cette seconde table qu'on chantait et qu'on faisait des libations. Virgile nous apprend tout cela dans ces deux vers de l'Enéide, où il dit :

Postquam prima quies epulis, mensaeque remotae

Crateras magnos statuunt, et vina coronant.

Les Grecs et les Orientaux étaient dans le même usage. Les Hébreux même dans leurs fêtes solennelles et dans leurs repas de sacrifice avaient deux tables ; à la première ils se régalaient de la chair de la victime, et à la seconde ils donnaient à la ronde la coupe de bénédiction, appelée la coupe de louange.

Pour ce qui regarde la magnificence des repas des Romains et le nombre de leurs services, nous en avons parlé sous ces deux mots. Autant la frugalité était grande chez les premiers Romains, autant leur luxe en ce genre était extrême sur la fin de la république ; ceux même dont la table était mesquine étalaient aux yeux des convives toute la splendeur de leurs buffets. Martial, l. IV. épigr. se plaint agréablement de cet étalage au milieu de la mauvaise chère de Varus.

Ad coenam nuper Varus me fortè vocavit

Ornatus, dives ; parvula coena fuit.

Auro non dapibus oneratur mensa, ministri

Apponunt oculis plurima, pauca gulae.

Tunc ego : non oculos, sed ventrem pascère veni,

Aut appone dapes, Vare, vel aufer opes.

Ces vers peuvent rappeler au lecteur le conte de M. Chevreau, qui est dans le Chevreana, tome II. " Je me souviens, dit-il, que Chapelle et moi ayant été invités chez * * * qui nous régala suivant sa coutume, Chapelle s'approcha de moi immédiatement après le repas, et me dit à l'oreille : Où allons-nous diner au sortir d'ici " ?

J'ai parlé ci-dessus des tables des Romains, à un, à deux et à trois pieds, mais je devais ajouter que leur forme fut très-variable ; ils en eurent de carrées, de longues, d'ovales, en fer à cheval, etc. toujours suivant la mode. On renouvella sous le règne de Théodore et d'Arcadius celle des tables en demi-craissant, et on les couvrait après avoir mangé d'une espèce de courte-pointe ou de matelas pour pouvoir coucher dessus et s'y reposer ; ils ne connaissaient pas encore nos lits de repos, nos duchesses, nos chaises longues. A cela près, le luxe des seigneurs de la cour du grand Théodore et de ses fermiers méritait bien la censure de saint Chrysostome. On voyait, dit-il, auprès de la table sur laquelle on mangeait, un vase d'or que deux hommes pouvaient à peine remuer, et quantité de cruches d'or rangées avec symétrie. Les laquais des convives étaient de jeunes gens, beaux, bienfaits, aussi richement vêtus que leurs maîtres, et qui portaient de larges braies. Les musiciens, les joueurs de harpes et de flutes amusaient les conviés pendant le repas. Il n'y avait point à la vérité d'uniformité dans l'ordre des services, mais tous les mets étaient fort recherchés ; quelques-uns commençaient par des oiseaux farcis de poisson haché, et d'autres donnaient un premier service tout différent. En fait de vins, on voulait celui de l'île de Thasos, si renommé dans les auteurs grecs et latins. Le nombre des parasites était toujours considérable à la table des grands et des gens riches ; mais les dames extrêmement parées en faisaient le principal ornement ; c'est aussi leur luxe effréné que saint Chrisostome censure le plus. " Leur faste, dit-il, n'a point de bornes : le fard règne sur leurs paupières et sur tout leur visage ; leurs jupes sont entrelacées de fils d'or, leurs colliers sont d'or, leurs bracelets sont d'or ; elles vont sur des chars tirés par des mulets blancs dont les renes sont dorées, avec des eunuques à leur suite, et grand nombre de femmes et de filles de chambre ". Il est vrai que ce train de dames chrétiennes respire excessivement la molesse. Mais quand saint Chrisostome déclame avec feu contre leurs souliers noirs, luisans, terminés en pointe, je ne sai quels souliers plus modestes il voulait qu'elles portassent. (D.J.)