S. m. (Corderie) se dit en général de tous cordages nécessaires pour trainer et enlever les fardeaux. Ceux qu'on nomme brayers, en Architecture, servent pour lier les pierres, baquets à mortier, bouriquets à moilon, et c. les haubans, pour retenir et haubaner les engins, grues et gruaux, etc. les vintaines, qui sont les moindres cordages, pour conduire les fardeaux en les montant, et pour les détourner des saillies et des échafauds : ils servent aussi à attacher les boulins pour former les échafauds. On dit bander, pour tirer un câble. Ce mot vient du latin capulum ou caplum, fait du verbe capere, prendre. Voyez BANDER. (P)
CABLE, s. m. en Marine, que quelques-uns écrivent et prononcent chable : ce dernier n'est point usité par les gens de mer. C'est une grosse et longue corde ordinairement de chanvre, faite de trois hansières, dont chacune a trois torons. Voyez HANSIERE et TORON.
Le câble sert à tenir un vaisseau en rade ou en quelqu'autre lieu. On appelle aussi câbles, les cordes qui servent à remonter les grands bateaux dans les rivières, et à élever de gros fardeaux dans les bâtiments, par le moyen des poulies.
Il y a ordinairement quatre câbles dans les vaisseaux, et le plus gros s'appelle maître-cable. Ce maître-cable est long de 120 brasses et cela est cause que le mot de câble se prend aussi pour cette mesure ; de sorte que quand on dit qu'on mouille à deux ou trois câbles de terre ou d'un vaisseau, on veut dire qu'on en est à la distance de 240 ou 360 brasses. A l'égard de la fabrique des câbles voyez CORDAGE, CORDE, et CORDERIE.
Les plus petits vaisseaux ont au moins trois câbles. Il y a le câble ordinaire, le maître-cable, et le câble d'affourché, qu'on nomme aussi groslin, qui est le plus petit. La longueur la plus ordinaire de ces câbles est de 110 et de 120 brasses.
On proportionne souvent la grosseur du câble de la moyenne ancre à la longueur du vaisseau, et on lui donne un pouce d'épais pour chaque dix pieds de cette longueur. On se sert bien aussi de ces mêmes câbles pour la maîtresse ancre. Lorsqu'on mou ille dans un très-mauvais temps, on met jusqu'à deux câbles à une même ancre, afin qu'ils aient plus de force, et qu'en même temps l'ancre puisse jouer plus facilement.
Un vaisseau de 134 pieds de long de l'étrave à l'étambord, doit être pourvu de quatre câbles de treize pouces de circonférence et de 100 brasses de long, et d'un autre de douze pouces.
Mais les vaisseaux de guerre sont pourvus de câbles de 120 brasses, afin qu'ils jouent plus aisément sur l'ancre. Ces câbles ont vingt à vingt-deux pouces de circonférence, et sont composés de trois hansières : chaque hansière est de trois torons, et chaque toron est de trois cordons et d'environ 600 fils ; de sorte que le câble entier est de 1800 fils, pris à 20 pouces de circonférence, et il doit peser 9500 livres sans être goudronné. Ces proportions peuvent cependant varier un peu ; et ne sont pas toujours également suivies.
Quelques-uns règlent sur la largeur du vaisseau les proportions des câbles, et donnent autant de demi-pouces de circonférence au maître-cable, que le vaisseau a de pieds de largeur. D'autres font tous les câbles presque d'égale grosseur pour les navires de guerre ; mais pour les navires marchands, dont les équipages sont faibles, c'est-à-dire qui ont peu de monde, on ne leur donne qu'un gros câble pour maître-cable ; et on fait le câble ordinaire d'un huitième plus leger, et le câble d'affourché encore plus leger d'un autre huitième.
Le câble de toue n'est qu'une simple hansière, et l'on ne s'en sert ordinairement que dans les rivières, et dans les endroits où les bancs rendent le chenal étroit et le resserrent.
Le câble d'affourché sert avec le câble ordinaire ou avec le maître-cable ; parce que si les vaisseaux n'étaient que sur une ancre ou sur un câble, ils ne manqueraient pas de tourner au premier changement de vent et de marée, ce qui pourrait nuire à la sûreté du vaisseau.
Les câbles, et cordages dont on se sert dans les vaisseaux, ont depuis trois pouces jusqu'à 20 et 22 pouces de circonférence, et sont composés d'un plus grand nombre de fils, selon leur grosseur : on en aurait pu joindre ici une table, de même que de leur poids ; mas on le trouvera à l'article de la CORDERIE.
Quoiqu'on ait dit ci-devant que les vaisseaux ont ordinairement quatre câbles, les vaisseaux du roi en sont mieux pourvus. Le vaisseau le dauphin royal, du premier rang, avait quatre câbles de 32 pouces de circonférence et de 120 brasses de long, pesant chacun 9650 livres en blanc, et 12873 liv. goudronné ; quatre câbles de vingt-deux pouces de circonférence, pesant chacun 8900 livres en blanc, et 11869 livres goudronné ; deux de douze pouces, pesant chacun 2620 livres en blanc, et 3495 livres goudronnés ; deux de onze pouces, pesant 1157 livres en blanc, et 2872 livres goudronnés : un tournevire de douze pouces de circonférence et de soixante brasses de longueur, pesant 1400 liv. blanc, et 1866 liv. goudronné. Voyez GOUDRONNERIE.
Bitter le câble, voyez BITTER.
Couper le câble, le tailler ; c'est le couper à coups de hache sur l'écubier, et abandonner l'ancre, afin de mettre plus vite à la voile, soit pour éviter d'être surpris par le gros temps ou par l'ennemi, soit dans le dessein de chasser sur quelque vaisseau, n'ayant pas alors le loisir de lever l'ancre et de retirer le câble. On laisse alors une bouée sur l'ancre attachée avec une corde, par le moyen de laquelle on sauve l'ancre et le câble qui y tient, lorsqu'on peut renvoyer le chercher.
Lever un câble, c'est le mettre en rond en manière de cerceau, pour le tenir prêt à le filer, et en donner ce qu'il faut pour la commodité du mouillage.
Donner le câble à un vaisseau, c'est secourir un vaisseau qui est incommodé ou qui marche mal ; ce qu'on fait en le touant ou en le remorquant par l'arrière d'un autre vaisseau. En terme de Marine, cela s'appelle tirer en ouaiche.
Laisser trainer un câble sur le sillage du vaisseau ; cette manœuvre se fait pour ralentir la course du vaisseau. Les vaisseaux corsaires se servent assez volontiers de cette ruse pour contrefaire les méchants voiliers.
Les câbles sont dits avoir un demi-tour ou un tour, lorsqu'un vaisseau qui est mouillé et affourché, a fait un tour ou deux en obéissant au vent ou au courant de la mer ; en sorte qu'il ait croisé ou cordonné près des écubiers les câbles qui les tiennent.
Filer du câble, c'est lâcher et laisser descendre le câble. Filer le câble bout pour bout, c'est lâcher et abandonner tout le câble qui tient l'ancre, et le laisser aller à la mer avec l'ancre, quand on n'a pas le temps de la lever.
Le câble à pic, c'est lorsque le vaisseau approchant de l'ancre qui est mouillée, ce câble commence à se roidir pour être à pic, c'est-à-dire perpendiculaire. (Z)