ARMURE, (Grammaire) Arme se dit de tout. ce qui sert au soldat dans le combat, soit pour attaquer, soit pour se défendre : armure ne s'entend que de ce qui sert à le défendre. On dit une armure de tête, de cuisse, etc. Dom Quichotte prend un bassin à barbe pour une armure de tête, et fait tomber sur des moulins à vent l'effort de ses armes. La mode des armures s'est passée, mais celle des armes ne passera point. Voyez les Synon. franç.
ARME ou SCIE A MAIN, (Luth. Menuis. Marq.) outil dont se servent les Facteurs de clavecin, les ébénistes, les Menuisiers, etc. est un feuillet de scie A C, très-mince et fort large, denté dans toute sa longueur. Cette lame entre par la plus large de ses extrémités dans la fente d'une poignée A B, plate, et percée d'un trou a, où elle est retenue par deux chevilles de fer. Le trou a sert à passer les doigts pendant que la palme de la main appuie sur la partie B ; en sorte que pour tenir cet instrument il faut empoigner la partie a B. Voyez la figure de cette scie qui sert à séparer les touches et à plusieurs autres usages, Pl. XVII. de Lutherie, fig. 22.
ARME les avirons, (Marine) c'est un commandement de mettre les avirons sur le bord de la chaloupe, tout prêts à servir. (Z)
ARMES, s. f. (Art militaire) se dit en général de tout ce qui peut servir à se garantir ou couvrir des attaques de l'ennemi et à le combattre. Nicod fait venir ce mot d'une phrase latine, quòd operiant armos, parce qu'elles couvrent les épaules ou les flancs ; mais il parait qu'il vient plutôt du latin arma, que Varron dérive ab arcendo eò quòd arceant hostes. On croit que les premières armes étaient de bois, et qu'elles servaient uniquement contre les bêtes ; que Nembroth, le premier tyran, les employa contre les hommes, et que son fils Belus fut le premier qui fit la guerre ; d'où, selon quelques-uns, il a été appelé Bellum. Diodore de Sicîle croit que Belus est le même que Mars, qui dressa le premier des soldats. Selon Josephe, ce fut Moyse qui commença à armer les troupes avec du fer, on se servait auparavant d'armes d'airain. Les armes sont offensives ou défensives ; les premières servent à attaquer l'ennemi, les autres à se couvrir de ses coups. Les armes chez les Romains étaient défensives ou offensives ; les offensives étaient principalement le trait : il y en eut de bien des espèces, selon les différents ordres des soldats. Les soldats armés à la légère s'appelaient en général ferentarii. Les Vélites qui furent créés en 542, cessèrent quand on donna le droit de bourgeoisie à toute l'Italie : on leur substitua les frondeurs, funditores, et les archers, jaculatores. Les armes des Vélites étaient premièrement le sabre d'Espagne, commun à tous les soldats ; ce sabre avait une excellente pointe, et coupait des deux côtés, en sorte que les soldats pouvaient se servir du bout et des deux tranchants : du temps de Polybe ils le portaient à la cuisse droite. Ils avaient en second lieu sept javelots ou demi-piques qui avaient environ trois pieds de longueur, avec une pointe de neuf doigts. Cette pointe était si fine, qu'on ne pouvait renvoyer le javelot quand il avait été lancé, parce que cette pointe s'émoussait en tombant. Ils portaient un petit bouclier de bois d'un demi-pié de large, couvert de cuir. Leur casque était une espèce de chaperon de peau, appelé galea ou galerus, qu'il faut bien distinguer des casques ordinaires, qui étaient de métal, et qu'on appelait cassis : cette sorte de casque était assez connue chez les anciens. Les armes des piquiers et des autres soldats étaient premièrement un bouclier, qu'ils appelaient scutum, différent de celui qu'ils nommaient clypeus ; celui-ci était rond, et l'autre oval. La largeur du bouclier était de deux pieds et demi, et sa longueur était de près de quatre pieds ; de façon qu'un homme, en se courbant un peu, pouvait facilement s'en couvrir, parce qu'il était fait en forme de tuîle creuse, imbricata. On faisait ces boucliers de bois léger et pliant, qu'on couvrait de peau ou de toîle peinte. C'est de cette coutume de peindre les armes que sont venues dans la suite les armoiries. Le bout de ce bouclier était garni de fer, afin qu'il put résister plus facilement, et que le bois ne se pourrit point quand on le posait à terre, comme on le faisait quelquefois. Au milieu du bouclier il y avait une bosse de fer pour le porter ; on y attachait une courroie. Outre le bouclier, ils avaient des javelots qu'ils nommaient pila ; c'était l'arme propre des Romains : les uns étaient ronds et d'une grosseur à emplir la main : les autres étaient carrés, ayant quatre doigts de tour, et le bois quatre coudées de longueur. Au bout de ce bois était un fer à crochet qui faisait qu'on ne retirait ce bois que très-difficilement : ce fer avait à-peu-près la même longueur que le bois. Il était attaché de manière que la moitié tenait au bois, et que l'autre servait de pointe ; en sorte que ce javelot avait en tout cinq coudées et demie de longueur ; l'épaisseur du fer qui était attaché au bois, était d'un doigt et demi : ce qui prouve qu'il devait être fort pesant, et devait percer tout ce qu'il atteignait. On se servait encore d'autres traits plus legers qui ressemblaient à-peu-près à des pieux.
Ils portaient aussi un casque d'airain ou d'un autre métal, qui laissait le visage découvert ; d'où vient le mot de César à la bataille de Pharsale : Soldats, frappez au visage. On voyait flotter sur ce casque une aigrette de plumes rouges et blanches, ou de crin de cheval. Les citoyens de la première classe étaient couverts d'une cuirasse qui était faite de petites mailles ou chainons, et qu'on appelait samata : on en faisait aussi d'écailles ou de lames de fer : celles-ci étaient pour les citoyens les plus distingués ; elles pouvaient couvrir tout le corps. Héliodore, Aethiop. liv. IX. en fait, vers le milieu de son ouvrage, une description fort exacte. Cependant la plupart portaient des cuirasses de lames d'airain de 12 doigts de largeur, qui couvraient seulement la poitrine.
Le bouclier, le casque et la cuirasse étaient enrichis d'or et d'argent, avec différentes figures qu'on gravait dessus ; c'est pourquoi on les portait toujours couvertes, excepté dans le combat et dans différentes cérémonies. Les Romains portaient aussi des bottines, mais quelquefois une seule à une des deux jambes. Les soldats surtout portaient de petites bottines garnies de clous tout autour, qu'on appelait caligae, d'où est venu le mot de Caligula, que l'on donna à l'empereur Caïus, parce qu'il avait été élevé parmi les simples soldats dans le camp de Germanicus son père.
Dans les premiers temps les cavaliers, chez les Romains, n'avaient qu'une espèce de veste, afin de monter plus facilement à cheval. Ils n'avaient ni étriers ni selle, mais seulement une couverture qui leur en servait. Ils avaient aussi des piques très-legeres et un bouclier de cuir : mais dans la suite ils empruntèrent leurs armes des Grecs, qui consistaient en une grande épée, une pique longue, une cuirasse, un casque, et un bouclier. Ils portaient aussi quelquefois des javelots. Nieupoort, coutumes des Romains.
Les armes des Français, lorsque Clovis fit la conquête des Gaules, étaient la hache, le javelot, le bouclier, et l'épée. Procope, secrétaire du fameux Belisaire, parlant de l'expédition que les François firent en Italie sous Théodoric I. roi de la France Austrasienne, dit que ce roi, parmi les cent mille hommes qu'il conduisait en Italie, avait fort peu de cavaliers, qui étaient tous autour de sa personne. Ces cavaliers seuls portaient des javelots, qui soli hastas ferebant ; tout le reste était infanterie. Ces piétons n'avaient ni arc ni javelot ; non arcu, non hastâ armati ; toutes leurs armes étaient une épée, une hache, et un bouclier. Le fer de la hache était à deux tranchants ; le manche était de bois, et fort court. Au moment qu'ils entendaient le signal, ils s'avançaient, et au premier assaut, dès qu'ils étaient à portée, ils lançaient leur hache contre le bouclier de l'ennemi, le cassaient, et puis sautant l'épée à la main sur leur ennemi, le tuaient.
Les casques et les cuirasses n'étaient guère en usage parmi les François du temps de nos premiers rois : mais cet usage fut introduit peu-à-peu. Ces cuirasses, dans les premiers temps, étaient des cottes de mailles, qui couvraient le corps depuis la gorge jusqu'aux cuisses ; on y ajouta depuis des manches et des chaussures de même. Comme une partie de l'adresse des combattants, soit dans les batailles, soit dans les combats particuliers, était de trouver le défaut de la cuirasse, c'est-à-dire les endroits où elle se joignait aux autres pièces de l'armure, afin de percer par-là l'ennemi ; nos anciens chevaliers s'appliquaient à remédier à cet inconvénient.
Guillaume le Breton, et Rigord, tous deux historiens de Philippe Auguste, remarquent que ce fut de leur temps, ou un peu auparavant, que les chevaliers réussirent à se rendre presqu'invulnérables, par l'expédient qu'ils imaginèrent de joindre tellement toutes les pièces de leur armure, que ni la lance, ni l'épée, ni le poignard, ne pussent guère pénétrer jusqu'à leur corps, et de les rendre si fortes, qu'elles ne pussent être percées. Voici ce que dit Rigord là-dessus. " Le chevalier Pierre de Mauvoisin, à la bataille de Bovines, saisit par la bride le cheval de l'empereur Othon, et ne pouvant le tirer du milieu de ses gens qui l'entrainaient, un autre chevalier porta à ce prince un coup de poignard dans la poitrine : mais il ne put le blesser, tant les chevaliers de notre temps, dit-il, sont impénétrablement couverts ". Et en parlant de la prise de Renaud de Dammartin, comte de Bologne, qui était dans la même bataille du parti d'Othon. " Ce comte, dit-il, étant abattu et pris sous son cheval.... un fort garçon, appelé Commote, lui ôta son casque, et le blessa au visage.... Il voulut lui enfoncer le poignard dans le ventre : mais les bottes du comte étaient tellement attachées et unies aux pans de la cuirasse, qu'il lui fut impossible de trouver un endroit pour le percer ". Guillaume le Breton décrivant la même bataille, dit la même chose encore plus expressément, et qui marque distinctement que cette manière de s'armer avec tant de précaution était nouvelle ; que c'était pour cela que dans les batailles on songeait à tuer les chevaux. pour renverser les cavaliers, et ensuite les assommer ou les prendre, parce qu'on ne pouvait venir à bout de percer leurs armures.
.... Equorum viscera rumpunt,
Demissis gladiis dominorum corpora quando
Non patitur ferro contingi ferrea vestis,
Labuntur vecti, lapsis victoribus ; et sic,
Vincibiles magis existunt in pulvère strati :
Sed nec tunc acies valet illos tangère ferro,
Ni prius armorum careat munimine corpus.
Tot ferri sua membra plicis, tot quisque patenis
Pectora, tot coriis, tot gambusonibus armant.
Sic magis attenti sunt se munire moderni,
Quam fuerint olim vetères....
Et il fait la réflexion que c'était pour cela que dans le temps passé, où l'on ne prenait pas tant de précaution, il périssait tant de gens dans les batailles.
.... ubi millia mille
Unâ soepe die legimus cecidisse virorum ;
Nam mala dum crescunt, crescit cautela malorum ;
Munimenque novum contra nova tela repertum est.
De sorte que dans le temps dont il parle, pourvu que le cheval ne fût point renversé, que le cavalier se tint bien ferme sur les étriers, lorsque l'ennemi venait fondre sur lui avec sa lance, il était invulnérable, excepté par la visière du casque. Il fallait être bien adroit pour y donner ; et c'était à acquérir cette adresse que servaient divers exercices en usage, comme les tournois, et autres divertissements militaires de ces temps-là. On y acquérait cette justesse de bien diriger la lance dans la course de la bague, et dans quelques autres exercices. Les blessures que les chevaliers remportaient alors des combats, n'étaient d'ordinaire que des contusions, causées, ou par les coups de massue qu'on leur déchargeait, ou par de violents coups de sabre qui faussaient quelquefois l'armure ; et rarement étaient-ils blessés jusqu'au sang : ainsi ceux qui étaient les plus robustes et les plus forts pour porter leurs armes très-pesantes, ou pour assener, ou pour soutenir mieux un coup, avaient l'avantage ; de sorte qu'alors la force du corps entrait beaucoup plus dans les qualités du héros, qu'aujourd'hui.
" Quant aux hommes de cheval, dit Fauchet, ils chaussaient des chausses de mailles, des éperons à molettes, aussi larges que la paume de la main ; car c'est un vieux mot que le chevalier commence à s'armer par les chausses ; puis on donnait un gobisson.... c'était un vêtement long jusque sur les cuisses, et contrepointé : dessus ce gobisson ils avaient une chemise de mailles, longue jusqu'au-dessous des genoux, appelée auber, ou hauber, du mot albus, pource que les mailles de fer bien polies, forbies, et reluisantes, en semblaient plus blanches. A ces chemises étaient cousues les chausses, ce disent les annales de France, en parlant de Renaud, comte de Dammartin, combattant à la bataille de Bovines. Un capuchon ou coeffe, aussi de mailles, y tenait, pour mettre aussi la tête dedans ; lequel capuchon se rejetait derrière, après que le chevalier s'était ôté le heaulme, et quand ils voulaient se rafraichir sans ôter tout leur harnais ; ainsi que l'on voit dans plusieurs sépultures, le hauber ou brugne, ceint d'une ceinture en large courroie.... et pour dernière arme défensive un elme ou heaulme, fait de plusieurs pièces de fer élevées en pointe, et lequel couvrait la tête, le visage, et le chinon du cou, avec la visière et ventaille, qui ont pris leur nom de vue, et de vent, lesquels pouvaient s'élever et s'abaisser pour prendre vent et haleine ; ce néanmoins fort paisant, et si malaisé, que quelquefois un coup bien assené au nasal, ventaille, ou visière, tournait le devant derrière, comme il avint en ladite bataille de Bovines à un chevalier Français.... Depuis, quand les heaulmes ont mieux représenté la tête d'un homme, ils furent nommés bourguignotes, possible à cause des Bourguignons inventeurs ; par les Italiens serlades, ou celates armets.... Leur cheval était volontiers houssé, c'est-à-dire couvert, et caparaçonné de soie, aux armes et blason du chevalier, et pour la guerre, de cuir bouilli, ou de bandes de fer ".
Cette manière de s'armer tout de fer a duré longtemps en France ; et elle était encore en usage sous Louis XIII. parce qu'il y avait peu de temps qu'on avait cessé de se servir de la lance dans les armées. Or c'était une nécessité de s'armer de la sorte contre cette espèce d'arme, dont on ne pouvait se parer que par la résistance d'une forte armure. Sur la fin du règne de Louis XIII. notre cavalerie était encore armée de même pour la plupart ; car voici comme en parle un officier de ce temps-là, qui imprima un livre des principes de l'art militaire en 1641.
" Ils sont si bien armés, dit-il, (nos gens de cheval) qu'il n'est pas besoin de parler d'autres armes ; car ils ont la cuirasse à l'épreuve de l'arquebuse, et les tassettes, genouillières, haussecols, brassarts, gantelets, avec la salade, dont la visière s'élève enhaut, et fait une belle montre.... qu'il les faut armer à cru et sans casaques ; car cela a bien plus belle montre, et pourvu que la cuirasse soit bonne, il n'importe du reste. Il serait bon que seulement la première brigade qui serait au premier rang, eut des lames avec des pistolets ; car cela ferait un grand effort, soit aux hommes, soit aux chevaux des ennemis : mais il faudrait que ces lanciers-là fussent bien adroits ; autrement ils nuisent plus qu'ils ne servent ". Or il n'y en avait plus guère qui fussent alors fort adroits dans l'exercice de la lance.
Les chevaux avaient aussi dans les anciens temps leurs armes défensives. On les couvrait d'abord de cuir ; on se contenta ensuite de les couvrir de lames de fer sur la tête ; et le poitrail seulement, et les flancs, de cuir bouilli. Ces armes défensives du cheval s'appelaient des bardes, et un cheval ainsi armé s'appelait un cheval bardé. On voit des figures de ces chevaux ainsi armés et bardés, dans les anciennes tapisseries, et en plusieurs autres monuments. Cette couverture, dit le président Fauchet, était de cuir ou de fer. Mais la chronique de Cesinar, sous l'an 1298, parlant des chevaux de bataille, dit que ces couvertures étaient comme les haubers, faites de mailles de fer. Hi equi cooperti fuerunt cooperturis ferreis, id est, veste et ferreis circulis contextâ ; mais cela n'était pas général. Par une lettre de Philippe-le-Bel datée du 20 Janvier 1303, au bailli d'Orléans, il est ordonné que ceux qui avaient cinq cens livres de revenu dans ce royaume, en terres, aideraient d'un gentilhomme bien armé, et bien monté d'un cheval de cinquante livres tournois, et couvert de couverture de fer, ou couverture de pourpointe. Et le roi Jean dans ses lettres du mois d'Aout 1353, écrit aux bourgeois et aux habitants de Nevers, de Chaumont-en-Bassigni, et autres villes, qu'ils eussent à envoyer à Compiègne, à la quinzaine de Pâque, le plus grand nombre d'hommes et de chevaux couverts de mailles qu'ils pourraient, pour marcher contre le roi d'Angleterre. Depuis on se contenta de leur couvrir la tête et le poitrail de lames de fer, et les flancs du cuir bouilli.
Il est fait encore mention de cette armure dans une ordonnance de Henri II. " Ledit homme d'armes sera tenu de porter arme petit et grand, garde-bras, cuirasse ; cuissots, devant de greves, avec une grosse et forte lance ; et entretiendra quatre chevaux, et les deux de service pour la guerre, dont l'un aura le devant garni de bardes, avec le chamfrain et les flancais ; et si bon lui semble aura un pistolet à l'arçon de la selle ". C'étaient ces flancais, c'est-à-dire ce qui couvrait les flancs du cheval, qui étaient de cuir bouilli. Les seigneurs armaient souvent ces flancais de leurs écussons ; nos rois les semaient souvent de fleurs-de-lis, et quelquefois de quelques pièces des armoiries d'un pays conquis.
Le chamfrain qui était de métal ou de cuir bouilli, servait encore d'arme défensive au cheval ; il lui couvrait la tête par devant, et c'était comme une espèce de masque qu'on y ajustait. Il y en a un de cuir bouilli au magasin d'armes de l'Arsenal de Paris. Il y a dans le milieu un fer rond et large, et qui se termine en pointe assez longue ; c'était pour percer tout ce qui se présenterait, et tout ce que la tête du cheval choquerait. L'usage de cette armure du cheval était contre la lance, et depuis contre le pistolet. Les seigneurs François se piquaient fort de magnificence sur cet article. Il est rapporté dans l'histoire de Charles VII. que le comte de S. Pol au siège de Harfleur, l'an 1449, avait un chamfrain à son cheval d'armes, c'est-à-dire à son cheval de bataille, prisé trente mille écus. Il fallait qu'il fût non-seulement d'or, mais encore merveilleusement travaillé. Il est encore marqué dans l'histoire du même roi, qu'après la prise de Bayonne par l'armée de ce prince, le comte de Foix en entrant dans la place, avait la tête de son cheval couverte d'un chamfrain d'acier garni d'or et de pierreries, que l'on prisait quinze mille écus d'or : mais communément ces chamfrains n'étaient que de cuivre doré pour la plupart, ou de cuir bouilli, ainsi qu'on le voit par un compte de l'an 1316, à la chambre des comptes de Paris, où il est dit entr'autres choses : item, deux chamfrains dorés et un de cuir. On trouve dans le traité de la cavalerie Française de M. de Mongommeri, qu'on donnait encore de son temps des chamfrains aux chevaux, c'est-à-dire, du temps d'Henri IV. La principale raison de cette armure des chevaux n'était pas seulement de les conserver, et d'épargner la dépense d'en acheter d'autres, mais c'est qu'il y allait souvent de la vie et de la liberté du gendarme même. Car comme les gendarmes étaient très-pesamment armés, s'ils tombaient sous leur cheval tué ou blessé, ils étaient eux-mêmes tués ou pris, parce qu'il leur était presqu'impossible de se tirer de dessous le cheval. Ces armes défensives, comme on l'a Ve plus haut, étaient nécessaires pour les hommes comme pour les chevaux, pour les garantir des coups de lance. Ainsi depuis qu'on ne s'est plus servi de cette arme offensive, et peu de temps après, on a abandonné non-seulement les chamfrains, mais encore tous ces harnais dont on a parlé, à cause de leur pesanteur, de l'embarras, et de la dépense qu'ils causaient.
Pour les armes défensives de l'infanterie, on en trouve la description dans une ordonnance de Jean V. duc de Bretagne, publiée en l'an 1525.
" Jean par la grâce de Dieu.... voulons.... et ordonnons que des gens de commun de notre pays et duché, en outre les nobles, se mettent en appareil promptement et sans délai ; savoir est, de chaque paraisse trois ou quatre, cinq ou six, ou plus, selon le grand ou qualité de la paraisse, lesquels ainsi choisis et élus, soient garnis d'armes, et habillements qui ensuivent.... savoir est, ceux qui sauront tirer de l'arc, qu'ils aient arc, trousse, capeline, coustille, hache, ou mail de plomb, et soient armés de forts jacques garnis de laisches, chaînes, ou mailles pour couvrir le bras ; qu'ils soient armés de jacques, capelines, haches, ou bouges, avec ce, ayant panier de tremble, ou autre bois plus convenable qu'ils pourront trouver, et soient les paniers assez longs pour couvrir haut et bas ". Les armes défensives qu'on donne ici aux piétons, sont la capeline, le jacques, et le panier. La capeline était une espèce de casque de fer ; le jacques était une espèce de juste-au-corps ; les piétons portaient cet habillement garni de laisches, c'est-à-dire, de minces lames ou plaques de fer, entre la doublure et l'étoffe, ou bien de mailles. Ces paniers de tremble dont il est parlé dans l'ordonnance, étaient les boucliers des piétons ; on les appelle paniers, parce qu'en-dedans ils étaient creux et faits d'osier. L'osier était couvert de bois de tremble ou de peuplier noir, qui est un bois blanc et fort léger. Ils étaient assez longs pour couvrir tout le corps du piéton ; c'était des espèces de targes.
Du temps de François I. les piétons avaient les uns des corcelets de lames de fer, qu'on appelait hallecrets ; les autres une veste de maille, comme nous l'apprenons du livre attribué à Guillaume du Belay, seigneur de Lerngei. " La façon du temps présent, dit-il, est d'armer l'homme de pied d'un hallecret complet, ou d'une chemise ou gollette de mailles et cabasset ; ce qui me semble, ajoute-t-il, suffisant pour la défense de la personne, et le trouve meilleur que la cuirasse des anciens n'était ". L'armure des francs-archers doit avoir été à peu près la même que celle du reste de l'infanterie Française. Nous avons Ve de notre temps donner encore aux piquiers des cuirasses de fer, contre les coups de pistolets des cavaliers qui les attaquaient en caracolant, pour faire breche au bataillon, et ensuite l'enfoncer. M. de Puysegur, dans ses mémoires, dit qu'en 1387 les piquiers des régiments des Gardes et de tous les vieux corps, avaient des corcelets, et qu'ils en portèrent jusqu'à la bataille de Sedan, qui fut donnée en 1641. Les piquiers du régiment des Gardes-Suisses en ont porté jusqu'au retranchement des piques, sous le précédent règne. Histoire de la milice Franç. par le P. Daniel.
Les armes défensives de la cavalerie sont aujourd'hui des plastrons à l'épreuve au moins du pistolet : les officiers doivent avoir des cuirasses de même. A l'égard des armes offensives, elles consistent dans un mousqueton, deux pistolets et un sabre. Les dragons ont un mousqueton et un sabre comme les cavaliers ; mais ils n'ont qu'un pistolet à l'arçon de la selle ; à la place du second pistolet, ils portent une bêche, serpe, hache, ou autre instrument propre à ouvrir des passages. Ils ne sont point plastronnés, attendu qu'ils combattent quelquefois à pied comme l'infanterie. Voyez DRAGON. Ils ont de plus une bayonnette. Les armes de l'infanterie sont le fusil, la bayonnette et l'épée. Cette dernière arme est entièrement inutîle aujourd'hui, attendu que l'infanterie ne combat que la bayonnette au bout du fusil : ce qui fait que plusieurs habiles officiers pensent qu'on devrait la supprimer, de même que le sabre. Car, dit M. le maréchal de Puysegur, comme on les porte en travers, dès que les soldats touchent à ceux qui sont à leur droite et à leur gauche, en se remuant et en se tournant, ils s'accrochent toujours. Un homme seul même ne peut aller un peu vite, qu'il ne porte la main à la poignée de son épée, de peur qu'elle ne passe dans ses jambes, et ne le fasse tomber ; à plus forte raison dans les combats, surtout dans des bois, hayes ou retranchements, les soldats pour tirer étant obligés de tenir leurs fusils des deux mains.
Cet illustre maréchal prétend que les couteaux de chasse devraient être substitués aux épées, et qu'ils seraient beaucoup plus utiles dans les combats. " J'ai observé, dit-il, que quand on se joint dans l'action, le soldat allonge avec le fusil son coup de bayonnette, et qu'en le poussant il relève ses armes ; en sorte que souvent la bayonnette se rompt ou tombe. De plus, quand on est joint, il arrive ordinairement que la longueur des armes fait que l'on ne peut plus s'en servir ; aussi le soldat en pareil cas ôte-t-il sa bayonnette du fusil, quand elle y est encore, et s'en sert de la main, ce qu'il ne peut plus faire quand elle est rompue ou tombée. S'il avait un couteau de chasse, cela remédierait à tout, et il ne serait pas obligé d'ôter sa bayonnette du bout de son fusil ; de sorte qu'il aurait en même temps une arme longue et une courte ; ressource qu'il n'a pas avec l'épée, Ve sa longueur ". Art de la Guerre, par M. le maréchal de Puysegur.
A l'égard des armes des officiers de l'infanterie, il est enjoint par une ordonnance du premier Décembre 1710, aux colonels, lieutenans-colonels et capitaines de ce corps, d'avoir des espontons de sept à huit pieds de longueur, et aux officiers subalternes d'avoir des fusils garnis de bayonnettes. Pour les sergens, ils sont armés de halebardes de six pieds et demi environ de longueur, y compris le fer.
Selon M. de Puysegur, les sergens et les officiers devraient être armés de la même manière que les soldats. Il prétend qu'il n'y a aucune bonne raison pour les armer différemment, dès qu'il est prouvé que l'armement du fusil avec la bayonnette à douille est l'arme la meilleure et la plus utîle pour toutes sortes d'actions. Aussi voit-on plusieurs officiers qui dans les combats se servent de fusils au lieu d'espontons ; et parmi ceux qui sont détachés pour aller en parti à la guerre, aucun ne se charge de cette longue arme, mais d'un bon fusil avec sa bayonnette.
Par les anciennes lois d'Angleterre, chaque personne était obligée de porter les armes, excepté les juges et les ecclésiastiques. Sous Henri VIII. il fut expressément ordonné à toutes personnes d'être instruits dès leur jeunesse aux armes dont on se servait alors, qui étaient l'arc et la flèche. XXXIII. h. VIIIe Voyez ARC.
ARMES, selon leur signification en Droit, s'entendent de tout ce qu'un homme prend dans sa main, étant en colere, pour jeter à quelqu'un ou pour le frapper. Car armorum appelatio non ubique scuta et gladios, et galeas significat, sed et fustes et lapides.
ARMES DE PARADE, c'étaient celles dont on se servait dans les joutes et dans les tournois. Voyez JOUTE et TOURNOI. C'était ordinairement des lances qui n'étaient pas ferrées, des épées sans pointe, et souvent des épées de bois, ou des cannes de roseau.
Passe d'armes, c'était une sorte de combat en usage parmi les anciens chevaliers. Voyez FLEURET.
ARMES, signifie aussi les armes naturelles, ou les défenses des bêtes, comme les griffes, les dents et les défenses d'éléphans, et les becs des oiseaux. Voyez DENT, ONGLE, BEC, etc. Il y a des animaux qui sont suffisamment en garde contre tous les dangers ordinaires, par leur couverture naturelle, ou leur armure d'écaille, comme les tortues. Voyez ECAILLE, TORTUE. D'autres qui n'ont pas ces avantages, sont armés de cornes, d'autres, de pointes aiguës, comme le porc-épic et le hérisson ; d'autres sont armés d'aiguillon. Voyez AIGUILLON, CORNE, etc.
ARMES, se disent aussi au figuré pour la profession de soldat. C'est dans ce sens que l'on dit être élevé aux armes. Voyez SOLDAT.
FRATERNITE D'ARMES, voyez FRATERNITE.
LOIS D'ARMES, voyez LOI.
SUSPENSION D'ARMES, voyez SUSPENSION.
Nous avons cru qu'il ne serait pas hors de propos, après avoir parlé de l'usage des armes dans la guerre, d'ajouter quelques articles des ordonnances de nos Rais, sur le port des armes pendant la paix.
Article III. de l'ordonnance du Roi, du mois d'Aout 1669. Interdisons à toutes personnes, sans distinction de qualité, de temps ni de lieu, l'usage des armes à feu brisées par la crosse ou par le canon, et de cannes ou bâtons creusés, même d'en porter sous quelque prétexte que ce soit ou que ce puisse être ; et à tous ouvriers d'en fabriquer et façonner, à peine contre les particuliers de 100 livres d'amende, outre la confiscation pour la première fais, et de punition corporelle pour la seconde ; et contre les ouvriers, de punition corporelle pour la première fais.
Article IV. même ordonnance. Faisons aussi défenses à toutes personnes de chasser à feu, et d'entrer ou demeurer de nuit dans nos forêts, bois et buissons en dépendants, ni même dans les bois des particuliers, avec armes à feu, à peine de 100 livres, et de punition corporelle, s'il y échet.
Article V. même ordonnance. Pourront néanmoins nos sujets de la qualité requise par les édits et ordonnances, passant par les grands chemins des forêts et bois, porter des pistolets et autres armes non prohibées, pour la défense et conservation de leur personne.
Article V. de l'ordonnance du Roi, du mois d'Avril 1669. Défenses à tous paysans, laboureurs, et autres habitants domiciliés en l'étendue de nos capitaineries, d'avoir dans leurs maisons ni ailleurs, aucuns fusils ni arquebuses simples ni brisées, mousquetons ni pistolets, porter ni tirer d'iceux, sous prétexte de s'exercer au blanc, ni aller tirer au prix, s'ils ne sont établis par permission du Roi, dû.ment enregistrée en ladite capitainerie, ou sous autre prétexte que ce puisse être, à peine de confiscation et amende ; à eux enjoint de porter lesdites armes à feu ès châteaux et maisons seigneuriales des lieux où ils résident, ès mains desdits seigneurs ou leurs concierges, qui en donneront le rôle au greffe de ladite capitainerie, et demeureront responsables desdites armes à eux déposées.
Article VI. même ordonnance. Permis néanmoins auxdits habitants domiciliés qui auront besoin d'armes pour la sûreté de leurs maisons, d'avoir des mousquets à meche pour la garde d'icelles.
Article XV. de la déclaration du Roi, du 18 Décembre 1660. Et ne pourront les gentilshommes se servir d'arquebuses ou fusils pour la chasse, sinon à l'égard de ceux qui ont justice et droit de chasse, pour s'en servir et en tirer sur leurs terres, et autres sur lesquelles ils ont droit de chasser ; et à l'égard de ceux qui n'ont ledit droit, pourront s'en exercer seulement dans l'enclos de leurs maisons.
Extrait de la déclaration du Roi, du 4 Décembre 1679. Enjoignons pareillement à tous nos autres sujets, tant pour lesdits couteaux et bayonnettes, que pistolets de poche, que nous voulons être rompus, à peine de confiscation, et de 80 livres parisis d'amende contre chacun contrevenant.
Extrait de l'ordonnance du Roi, du 9 Septembre 1700. Sa Majesté permet néanmoins par les mêmes déclarations à tous ses sujets, lorsqu'ils feront quelque voyage, de porter une simple épée, à la charge de la quitter lorsqu'ils seront arrivés dans les lieux où ils iront.
ARMES A L'EPREUVE, est une cuirasse de fer poli, consistant en un devant à l'épreuve du mousquet, le derrière à l'épreuve du pistolet, et un pot-en-tête aussi à l'épreuve du mousquet ou du fusil. Il y a aussi des calottes de chapeaux de fer de la même qualité.
ARMES DES PIECES DE CANON ; ce sont tous les instruments nécessaires à son service, comme la lanterne, qui sert à porter la poudre dans l'âme de la pièce ; le refouloir, qui est la boite, ou masse de bois montée sur une hampe, avec laquelle on foule le forage mis sur la poudre, et ensuite sur le boulet ; l'écouvillon, qui est une autre boite montée sur une hampe, et couverte d'une peau de mouton, qui sert à nettoyer et rafraichir la pièce ; le dégorgeoir, qui sert à nettoyer la lumière, etc. Voyez ces différents instruments dans la 6e fig. de la Pl. VI. de l'Art milit. Voyez encore CHARGE et CANON. Le mortier a aussi ses armes. Voyez MORTIER.
ARMES A OUTRANCE ; c'était une espèce de duel de six contre six, quelquefois de plus ou de moins, presque jamais de seul à seul. Ce duel était fait sans permission, avec des armes offensives et défensives, entre gens de parti contraire ou de différente nation, sans querelle qui eut précédé, mais seulement pour faire parade de ses forces et de son adresse. Un héraut d'armes en allait porter le cartel, dans lequel était marqué le jour et le lieu du rendez-vous, combien de coups on devait donner, et de quelles armes on devait se servir. Le défi accepté, les parties convenaient des juges : on ne pouvait remporter la victoire qu'en frappant son ennemi dans le ventre ou dans la poitrine ; qui frappait aux bras ou aux cuisses, perdait ses armes et son cheval, et était blâmé par ses juges ; le prix de la victoire était la lance, la cotte d'arme et l'épée du vaincu. Ce duel se faisait en paix et en guerre. A la guerre, avant une action, c'en était comme le prélude : on en voit quantité d'exemples, tant dans l'histoire de S. Louis, que dans celle de ses successeurs, jusqu'au règne d'Henri II.
ARMES BOUCANIERES ; on appelle ainsi les fusils dont se servent les chasseurs des iles, et principalement ceux de Saint-Domingue. Le canon est long de quatre pieds et demi, et toute la longueur du fusil est d'environ cinq pieds huit pouces. La batterie est forte, comme elle doit être à des armes de fatigue, et le calibre est d'une once de balle, c'est-à-dire de 16 à la livre. La longueur de cette arme donne tant de force au coup, que les boucaniers prétendent que leurs fusils portent aussi loin que les canons ; quoique cette expression ne soit pas exacte, il est néanmoins certain que ces fusils portent beaucoup plus loin que les fusils ordinaires. En effet les boucaniers se tiennent assurés de tuer à trois cens pas, et de percer un bœuf à deux cens. Voyez BOUCANIER.
L'auteur anonyme de la manière de fortifier, tirée des méthodes du chevalier de Ville, du comte de Pagan, et de M. de Vauban, voudrait que les arsenaux fussent fournis de sept à huit cens fusils boucaniers, et même davantage selon la grandeur de la place, afin d'en armer les soldats placés dans les ouvrages les moins avancés. Les mousquets biscayens y seraient aussi également utiles. Voyez MOUSQUET, BISCAYEN.
ARMES COURTOISES, se disait autrefois des armes qu'on employait dans les tournois : c'étaient ordinairement des lances sans fer, et des épées sans taillans et sans pointe.
ARMES A FEU, sont celles que l'on charge avec de la poudre et des balles : comme les canons, les mortiers, et les autres pièces d'artillerie ; les mousquets, les carabines, les pistolets, et même les bombes, les grenades, les carcasses, etc. Voyez CANON, MORTIER, ARTILLERIE, etc.
Pour le rebond ou ressaut des armes à feu, voyez REBOND, voyez aussi POUDRE A CANON, BOULET, CANON, etc.
On trouve dans les Mémoires de l'Académie royale de l'année 1707, le détail de quelques expériences faites par M. Cassini avec des armes à feu différemment chargées. Il observe entr'autres choses, qu'en chargeant la pièce avec une balle plus petite que son calibre, avec de la poudre dessus et dessous, il se fait un bruit violent, sans que la balle reçoive la moindre impulsion de la part de la poudre. Il prétend que c'est en cela que consiste le secret de ceux qui se disent invulnérables ou à l'épreuve des armes à feu. (Q)
* ARMES (exercice des), Histoire anc. partie de la Gymnastique ; les Romains l'inventèrent pour perfectionner l'art militaire. Le soldat se couvrait de ses armes, et se battait contre un autre soldat, ou contre un poteau : les membres devenaient ainsi souples et vigoureux ; le soldat en acquérait de la légèreté et l'habitude au travail. Nos exercices ont le même but et les mêmes avantages.
ARMES, (Histoire moderne) arma dare, donner les armes, signifie dans quelques anciennes chartres armer quelqu'un chevalier.
Arma deponere, mettre bas les armes ; c'était une peine que l'on imposait autrefois à un militaire qui avait commis quelque crime ou faute considérable. Les lois d'Henri I. le condamnaient à cette peine, qui est encore en usage parmi nous dans la dégradation de noblesse, où l'on brise les armes du coupable.
Arma mutare, échanger les armes, était une cérémonie en usage pour confirmer une alliance ou amitié ; on en voit des traces dans l'antiquité, dans l'Iliade, lorsque Diomède et Glaucus, après avoir combattu l'un contre l'autre, se jurent amitié, et changent de cuirasse ; Diomède donne la sienne qui n'était que d'airain à Glaucus, qui lui rend en échange une cuirasse d'or ; d'où est venu le proverbe, échange de Diomède, pour signifier un marché dans lequel une des parties a infiniment plus d'avantage que l'autre.
Arma moluta, étaient des armes blanches fort pointues ; Fleta les appelle arma emolita.
Arma reversata, armes renversées, était une cérémonie en usage, lorsqu'un homme était convaincu de trahison ou de félonie. Voyez DEGRADATION. (G)
ARMES assomptives, en terme de Blason, sont celles qu'un homme a droit de prendre en vertu de quelque belle action. En Angleterre un homme qui n'est pas gentilhomme de naissance, et qui n'a point d'armoirie, si dans une guerre légitime il peut faire prisonnier un gentilhomme, un pair, ou un prince, acquiert le droit de porter les armes de son prisonnier, et de les transmettre à sa postérité : ce qui est fondé sur ce principe des lois militaires, que le domaine des choses prises en guerre légitime passe au vainqueur. (V)
ARMES, ce terme s'emploie, en Escrime, de la manière suivante : on dit, tirer dans les armes, c'est allonger un coup d'épée entre les bras de l'ennemi, ou, ce qui est la même chose, du côté gauche de son épée. Tirer hors les armes, c'est allonger un coup d'épée hors des bras de l'ennemi, ou, ce qui est le même, du côté droit de son épée. Tirer sur les armes, c'est porter un coup d'estocade à l'ennemi, dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessus son bras. Tirer sous les armes, c'est porter une estocade à l'ennemi dehors ou dans les armes, en faisant passer la lame de l'épée par-dessous son bras.
ARMES qu'on applique en or sur les livres ; ces armes doivent être gravées sur un morceau de cuivre fondu, taillé en ovale ou en rond ; il doit y avoir par derrière deux queues courtes, d'une force proportionnée à la grandeur du morceau, lesquelles queues servent à tenir le carton avec lequel on les monte. Voyez Pl. II. de la Reliure, fig. S. On applique ces armes des deux côtés du volume sur le milieu, par le moyen d'une presse. Planche II. fig. 1.
ARME, adj. terme de Blason ; il se dit des ongles des lions, des griffons, des aigles, etc. comme aussi des flèches, dont les pointes sont d'autre couleur que le fût. Il se dit encore d'un soldat et d'un cavalier : comme celui des armes de Lithuanie.
Bertrand de la Perouse et Chamosset, dont il y a eu plusieurs présidents au sénat de Chambery, d'or au lion de sable, armé, lampassé, et couronné de gueules.
ARME en guerre, (Marine) c'est-à-dire équipé et armé pour attaquer les vaisseaux ennemis.
Un vaisseau armé moitié en guerre et moitié en marchandise, est celui qui outre l'équipage nécessaire pour le conduire, a encore des officiers, des soldats, des armes et des munitions propres pour l'attaque et la défense. La plupart des vaisseaux marchands qui font des voyages de long cours sont ainsi armés, ce qui diminue beaucoup le profit.
On ne peut armer un vaisseau en guerre sans commission de l'amiral : celui qui l'a obtenue est obligé de la faire enregistrer au greffe de l'amirauté du lieu où il fait son armement, et de donner caution de la somme de 15000 livres, laquelle est reçue par le lieutenant de l'amirauté, en présence du procureur du Roi. Articles j. et IIe du tit. 9. du liv. III. de l'ordonnance de la Marine, du mois d'Aout 1681.
ARME en cours ou en course. Voyez COURSE. (Z)