BATTOLOGIE, BUTUBATA, (Grammaire) En expliquant ce que c'est que battologie, nous ferons entendre les deux autres mots.
BATTOLOGIE, s. f. c'est un des vices de l'élocution ; c'est une multiplicité de paroles qui ne disent rien ; c'est une abondance stérîle de mots vides de sens, inane multiloquium. Ce mot est grec, inanis eorundem repetitio, et , verbosus sum. Au ch. VIe de S. Matthieu, Ve 7. Jesus-Christ nous défend d'imiter les payens dans nos prières et de nous étendre en longs discours et en vaines répétitions des même paroles. Le grec porte, , c'est-à-dire, ne tombez pas dans la battologie ; ce que la vulgate traduit par nolite multum loqui.
A l'égard de l'étymologie de ce mot, Suidas croit qu'il vient d'un certain Battus, poète sans génie, qui répétait toujours les mêmes chansons.
D'autres disent que ce mot vient de Battus, roi de Libye, fondateur de la ville de Cyrene, qui avait, dit-on, une voix frêle et qui bégayait : mais quel rapport y a-t-il entre la battologie et le bégayement ?
On fait aussi venir ce mot d'un autre Battus, pasteur, dont il est parlé dans le II. livre des Métamorphoses d'Ovide, Ve 702 qui répondit à Mercure : sub illis montibus, inquit, erant et erant sub montibus illis.
Cette réponse qui répète à-peu-près deux fois la même chose, donne lieu de croire qu'Ovide adoptait cette étymologie. Tout cela me parait puéril. Avant qu'il y eut des princes, des poètes, et des pasteurs appelés Battus, et qu'ils fussent assez connus pour donner lieu à un mot tiré de quelqu'un de leurs défauts, il y avait des diseurs de rien ; et cette manière de parler vide de sens, était connue et avait un nom ; peut-être était-elle déjà appelée battologie. Quoi qu'il en sait, j'aime mieux croire que ce mot a été formé par onomatopée de bath, espèce d'interjection en usage quand on veut faire connaître que ce qu'on nous dit n'est pas raisonnable, que c'est un discours déplacé, vide de sens : par exemple, si l'on nous demande qu'a-t-il dit ? nous répondrons bath ; rien ; patata. C'est ainsi que dans Plaute, (Pseudolus, act. I. sc. 3.) Calidore dit : quid opus est ? à quoi bon cela ? Pseudolus répond : Potin aliam rem ut cures ? vous plait-il de ne vous point mêler de cette affaire ? ne vous en mettez point en peine, laissez-moi faire. Calidore replique at.... mais.., Pseudolus l'interrompt en disant bat : comme nous dirons ba, ba, ba, discours inutile, vous ne savez ce que vous dites.
Au lieu de notre patipata, où le p peut aisément être venu du b, les Latins disaient butubata, et les Hébreux bitubote, pour répondre à une façon de parler futile. Festus dit que Naevius appelle butubata ce qu'on dit des phrases vaines qui n'ont point de sens, qui ne méritent aucune attention : butubata Naevius pro nugatoriis posuit, hoc est nullius dignationis, Scaliger croit que le mot de butubata est composé de quatre monosyllabes, qui sont fort en usage parmi les enfants, les nourrices et les imbéciles ; savoir bu, tu, ba, ta bu, quand les enfants demandent à boire ; ba ou pa, quand ils demandent à manger ; ta, ou tatam, quand ils demandent leur père, ou le t se change facilement en p ou en m, maman : mots qui étaient aussi en usage chez les Latins, au témoignage de Varron et de Caton ; et pour le prouver, voici l'autorité de Nonius Marcellus au mot buas. Buas, potionem positam parvulorum. Var. Cato, vel de liberis educandis. Cum cibum ac potionem buas, ac papas docent et matrem mamam, et patrem tatam. (F)
BAT, s. m. (Commerce) petite monnaie de billon de Suisse ; dont on ne peut que difficilement évaluer la valeur. Plusieurs cantons en fabriquent à différents titres et poids. Pour donner la valeur d'un bat, celui de Zuric vaut deux sous et cinq sixiemes de denier, argent de France. Il faut encore distinguer les bons bats des communs.
BAT, (Manège et Maréchalerie) c'est une espèce de selle de bois qu'on met sur les ânes, mulets et chevaux, pour y ajuster des paniers ou autres machines destinées à porter des fardeaux. Les bats communs ne sont autre chose qu'une espèce d'arçon composé de deux fûts de bois, joints avec des bandes de même matière. Chaque fût est accompagné d'un crochet, pour tenir les cordes qui soutiennent aux deux côtés du bât des paniers, des ballots ou des échelettes. Le dessous du bât est garni de panneaux : on y ajoute une sangle, ou bien on fait passer un surfaix par-dessus. On attache au fût de derrière une courroie qui sert de croupière. Voyez PANNEAU, SURFAIX, CROUPIERE.
Un cheval de bât est un cheval destiné à porter des fardeaux sur un bât, soit à la guerre, en route, ou dans les messageries. (V.)
* BAT, s. m. chez les marchands de poisson, c'est la queue du poisson, le grand poisson, disent-ils, se mesure entre queue et bât.