S. f. terme de manufacture. Ce mot signifie une espèce d'outil dont les Tisseurs, Tissutiers ou Tisserands se servent pour former, avec un fil qu'elle renferme, de laine, de soie, de chanvre, ou d'autre matière, la trame de leurs étoffes, toiles, rubans, etc. ce qui se fait en jetant alternativement la navette de droite à gauche, et de gauche transversalement entre les fils de la chaîne qui sont placés en longueur sur le métier.
Au milieu de la navette est une espèce de creux que l'on nomme la boite ou la poche, quelquefois la chambre de la navette, dans lequel est renfermé l'espoulle ou espolin qui est une partie du fil destiné pour la trame, lequel est devidé sur un tuyau ou canon de roseau, qui est une espèce de petite bobine sans bords, que quelques-uns appellent buhot, et d'autres canette.
Il y a des manufacturiers que l'on nomme ouvriers de la grande navette, et d'autres, ouvriers de la petite navette. Les premiers sont les marchands maîtres ouvriers en draps d'or, d'argent, de soie, et autres étoffes mêlangées, et les derniers, sont les maîtres-Tissutiers-Rubaniers. Voyez TISSUTIER-RUBANIER. Voyez aussi à l'article DRAPIER ou MANUFACTURIER EN LAINE, l'usage et la description de la navette anglaise.
NAVETTE PLATE, de buis comme la navette, mais de forme différente. Celle-ci est presque ovale, percée comme celle-là d'outre en outre. L'ouverture en est plus petite que dans la navette ordinaire, puisque le canon est aussi plus petit : elle en diffère encore en ce que le côté par lequel sort la trame, est garni d'une armure de fer dans toute sa longueur, et dont voici la nécessité. Comme la plate navette fait l'office du battant en frappant continuellement contre la trame, elle l'userait trop vite, outre qu'elle n'aurait pas même assez de coup, si elle n'était rendue plus pesante par cette armure ; cependant, aux ouvrages extrêmement legers, et auxquels il suffit que la trame soit seulement arrangée, on s'en sert sans être armée ; son usage est le même que celui de la navette, et a le frapper de plus.
NAVETTE, s. f. (Hydraulique) Voyez SAUMON.
NAVETTE, s. f. (Marine) C'est un petit bâtiment dont se servent quelques Indiens, qui est fait d'un tronc d'arbre creusé, et dont la forme ressemble à une navette. (Z)
NAVETTE, terme de Plombiers, et des marchands qui font négoce de plomb, est une masse de plomb faite à-peu-près de la même figure qu'une navette de Tisserand. On l'appelle plus ordinairement saumon. Voyez PLOMB.
NAVETTE, terme de Rubaniers, est un instrument de buis plus ou moins grand, fait en forme de navire plat, ce qui lui a fait donner ce nom. Son fond est percé comme le dessus, pour laisser la place du canon qui porte la trame. La navette a plusieurs trous dans l'intérieur de son épaisseur : savoir, un dans le milieu d'un de ses côtés, que l'on revêt en-dedans d'un petit annelet d'émail, pour empêcher que la soie ne s'accroche en passant par ce trou ; deux autres trous au milieu du fond percé dont j'ai parlé, pour loger les deux bouts de la brochette qui porte le canon ; l'un de ces deux trous est évidé à son entrée et par le haut, pour laisser glisser le bout de cette brochette qui par l'autre bout entre un peu avant dans l'autre trou non évidé comme celui-ci. La navette a encore à ses deux bouts qui sont très-aigus, de petites armures de fer, pour garantir les angles lors des chutes que la navette peut faire ; sa longueur est depuis 3 pouces jusqu'à 8 ou 10 ; son usage est de porter le canon de la trame dont il est chargé par le moyen de la brochette qui lui sert comme de moyeu ; le bout de cette trame qui passe par l'annelet ci-dessus, s'unit à la chaîne, et s'y arrête toutes les fois que l'ouvrier enfonce une nouvelle marche, en même temps qu'il enfonce cette nouvelle marche, et qu'il se lève par ce pas une partie de la chaîne pendant que le reste demeure en-bas ; il recule le battant d'une main du côté des lisses, et de l'autre main il lance la navette à-travers cette levée de chaîne, et la reçoit dans sa main qui vient de pousser le battant ; puis il lâche le battant qui vient de frapper contre cette trame à chaque coup de navette, observant de lâcher le battant avant que son pied ait quitté la marche, ce qui s'appelle frapper à pas ouvert.