S. f. (Architecture) c'est dans un bâtiment une pièce de bois, qui portée sur les tasseaux et chantignoles des forces d'un comble, sert à en soutenir les chevrons. Il y a des pannes qui s'assemblent dans les forces, lorsque les fermes sont doubles. On nomme panne de brisis celle qui est au droit du brisis d'un comble à la mansarde. Voyez PANNE DE BRISIS. Les pannes sont appelées templa par Vitruve.
PANNE, (Blanchiss.) c'est, en Anjou, une espèce de cuvier de bois, dont on se sert pour lessiver les toiles que l'on veut mettre au blanchiment.
PANNE, terme de Chaircutier, graisse de porc qui n'est ni battue ni fondue, mais que l'on bat, et que l'on fond quand on veut faire du sain-doux.
PANNE, (Charpenterie) pièce de bois, de six ou sept pouces en carré, entre deux jambes de force, et entre le faite et l'entablement, sur laquelle posent les bouts des chevrons qui ne pourraient pas être assez longs, pour aller du haut du tait jusqu'en-bas ; ou assez forts, pour soutenir les lattes et l'ardoise, ou les tuiles.
Comme les pannes sont des pièces de bois posées horizontalement le long des demi-toits, en sorte que les chevrons supérieurs et inférieurs s'appuient sur elles, chacun par une de leurs extrémités, elles doivent s'opposer à l'effort que fait le tait pour perdre sa rectitude et se fléchir. Mais le plus souvent elles s'y opposent inutilement, et d'autant moins qu'elles tendent elles-mêmes à se fléchir par leur propre poids. Aussi est-il très-commun de voir des toits qui se démentent et se courbent, d'où s'ensuit la ruine du faite, et tout ce qu'il est aisé d'imaginer d'inconvénient.
On pourrait faire les pannes plus fortes et d'un plus gros équarrissage ; mais ce remède serait cher, et chargerait beaucoup le tait ; il y aurait peut-être encore d'autres remèdes que nous obmettons, pour en venir à celui qu'a proposé M. Couplet.
Il faut, selon lui, faire en sorte que la panne ait peu à travailler, que même elle ne travaille point du tout, auquel cas on pourrait absolument s'en passer ; et ce ne sera plus qu'une sûreté de surcrait, qui par conséquent pourra être aussi petite et couter aussi peu qu'on voudra.
Cela se trouvera, si le tait est composé de deux parties distinctes qui soient parfaitement en équilibre, c'est-à-dire, telles que tout l'effort de l'une soit soutenu et contrebalancé par l'autre.
Pour cet effet, on voit d'abord qu'il faut que le tait soit brisé, ou en mansarde. Deux chevrons du même demi-tait, l'un supérieur, l'autre inférieur, qu'on suppose égaux, s'appuieront l'un contre l'autre à l'endroit où le tait est brisé, et on fera la panne qu'on appelle alors panne de brisis. Le chevron supérieur s'appuie par son extrémité supérieure contre un chevron de l'autre demi-tait ; et l'inférieur s'appuie par son extrémité inférieure contre la sablière. Dans cet état, les deux chevrons s'arcboutent l'un contre l'autre, et il s'agit de les mettre en équilibre.
L'effort vertical du chevron supérieur pour tomber, étant soutenu par le chevron de l'autre côté qui en a un pareil, il ne lui reste que l'effort horizontal, par lequel il tend à faire tourner le chevron inférieur sur son point d'appui de la sablière, et par conséquent à la renverser de dedans en-dehors ; cet effort est horizontal, et comme il agit sur ce point fixe de la sablière, il agit d'autant plus puissamment qu'il en est à une plus grande distance ; ce qui se détermine par le lieu où est le centre de gravité du chevron à l'égard de ce point fixe. C'est-là un bras de levier par lequel il faut multiplier l'effort pour avoir l'énergie du chevron supérieur : d'un autre côté, l'inférieur résiste par sa pesanteur à l'effort du supérieur, il a aussi son bras de levier par rapport au même point fixe ; car son centre de gravité, où réside toute sa force pour résister, lui donne aussi une distance à l'égard de ce point, et par conséquent une énergie de même nature que l'autre ; après cela, ce n'est plus l'affaire que de l'algèbre et du calcul, de trouver les expressions des efforts et de leurs bras de leviers, et de prendre les deux énergies pour égales, puisqu'elles doivent l'être dans le cas de l'équilibre cherché. Histoire de l'acad. des Scienc. année 1731. (D.J.)
PANNE DE BRISIS, (Charpentier) est celle qui soutient le pied des chevrons à l'endroit où le comble est brisé, et qui reçoit les chevrons du brisis, comme dans les combles en mansarde ou combles brisés. Voyez nos Pl. de Charpente.
PANNES, (Charpentier) sont des pièces de bois qui portent par les bouts sur les Arbalêtriers, et qui y sont soutenues, pour les empêcher de glisser, par le tasseau et la chantignole. On les fait porter l'une sur l'autre en les coupant en délardement à demi-bois, pour qu'elles ne fassent qu'une même grosseur. Voyez nos Pl. de Charpente.
PANNE, AILE, BRAS, terme de pêche, usités dans le ressort de l'Amirauté de Marennes. Ce sont les côtés des pêcheries tendues, flottées, ou montées sur piquets.
PANNE, METTRE EN PANNE, (Marine) c'est virer le vaisseau vent devant, et mettre le vent sur toutes les voiles, ou sur une partie, afin de ne pas tenir ni prendre le vent, ce qui se fait quand on veut retarder le cours du vaisseau pour attendre quelque chose, ou laisser passer les vaisseaux qui doivent aller devant ; mais cela ne se fait que de beau temps. Nous mimes nos voiles d'avant en panne, et notre grand hunier à porter, pour laisser les vaisseaux qui avaient ordre de chasser l'avant.
Etre en panne, c'est ne pas tenir ni prendre le vent.
Etre mis sur panne. Mettre un vaisseau en panne, c'est faire pancher un vaisseau en mettant le vent sur ses voiles sans qu'il fasse de chemin, et cela se fait afin d'étancher une voie d'eau qui se trouve de l'autre bord du vaisseau, du côté que le vent vient.
PANNE, (Manufacture) étoffe de soie veloutée qui tient le milieu entre le velours et la pluche, ayant le poil plus long que celui-là, et moins long que celui-ci. Il se fabrique à-peu-près de même que le velours, et son poil provient d'une partie de la chaîne coupée sur la règle de cuivre. La chaîne et la trame sont de laine, et le poil est de soie.
PANNE, terme d'ouvrier, se dit chez les artisans qui se servent du marteau, de la partie de la masse qui est opposée à la tête et qui Ve en diminuant.
PANNE, terme de Serrurier et de Taillandier, et autres ouvriers en fer, commandement du maître forgeron. C'est comme s'il disait : frappez de la panne, ce qui arrive lorsqu'il faut allonger ou élargir le fer.