ou PORTE-VERGE, s. m. (Littérature grecque) espèce d'huissier des Hellanodices, préposés aux jeux publics de la Grèce.

Les lois qui concernaient la police des jeux publics étaient observées d'autant plus exactement, que l'on punissait avec sévérité ceux qui n'y obéissaient pas. C'était ordinairement la fonction des mastigophores, lesquels, par ordre des hellanodices ou agonothetes, et même quelquefois à la prière des spectateurs, frappaient de verges les coupables.

Pour mériter ce châtiment, il suffisait qu'un athlete entrât mal-à-propos en lice en prévenant le signal ou son rang. Si l'on s'apercevait de quelque collusion entre deux antagonistes, c'est-à-dire qu'ils parussent vouloir s'épargner réciproquement en combattant avec trop de négligence, on leur imposait la même peine. On ne faisait pas meilleur quartier à ceux qui, après avoir eu l'exclusion pour les jeux, ne laissaient pas d'y paraitre, ne fût-ce que pour réclamer une palme qu'ils prétendaient leur appartenir, quoiqu'ils l'eussent gagnée sous un nom emprunté.



La séverité des agonothetes grecs à châtier les fautes ou la prévarication des athletes, se faisait extrêmement redouter de ceux qui voulaient se donner en spectacle dans les jeux publics ; et lorsque les courtisans de Néron l'exhortèrent de paraitre aux jeux olympiques pour y disputer le prix de la musique, il leur donna pour excuse la crainte qu'il avait des mastigophores ; mais pour s'en délivrer, il eut d'abord soin de gagner leurs bonnes grâces, et plus encore de corrompre tout ensemble ses juges et ses antagonistes à force d'honnêtetés et de présents. C'est par ce moyen qu'il vint à bout de se délivrer de la juste appréhension que lui inspirait sa faiblesse. Suétone nous apprend cette anecdote : Quàm autem trepidè anxiè que certaverit, dit-il en parlant de cet empereur, quant à adversariorum aemulatione, et quo metu judicum, vix credi potest. Adversarios si qui arte praecellerint, corrumpere solebat ; judices autem, priùsquam inciperet, reverendissimè alloquebatur.

Il est donc vrai qu'on punissait les athletes qui corrompaient leurs adversaires par argent, et les concurrents qui s'étaient laissé corrompre ; mais quel agonothète eut osé sévir contre Néron ! On ne pend point un homme qui a cent mille écus de rente, dit à l'oreille du maréchal de Villars un partisan dont il voulait faire justice, pour s'être enrichi dans la campagne du plus pur sang des peuples ; et en effet il ne fut point pendu. (D.J.)