S. m. (Peinture). Le terme coloris est distingué du mot de couleur : la couleur est ce qui rend les objets sensibles à la vue, et le coloris est l'art d'imiter les couleurs des objets naturels relativement à leur position. Par relativement à leur position, j'entens la façon dont ils sont frappés par la lumière, ce qu'ils paraissent perdre ou acquérir de leurs couleurs locales, par l'effet que produit sur eux l'action de l'air qui les entoure, et la réflexion des corps qui les environnent, et enfin l'éloignement dans lequel ils sont de l'oeil ; car l'air qui est entre nous et les objets, nous les fait paraitre de couleur moins entière, à proportion qu'ils sont éloignés de nous. Les lumières et les ombres sont beaucoup moins sensibles dans les objets éloignés que dans ceux qui sont proches.
La partie du coloris qui comprend aussi celle du clair-obscur, est une des plus essentielles de la Peinture, et d'autant plus recommandable, qu'on ne peut que la perfectionner par l'étude, mais non l'acquérir. Inutilement un tableau réunirait-il toutes les autres parties de la Peinture, s'il est médiocrement colorié il ne produira jamais qu'un médiocre effet ; et quand bien les autres parties seraient faibles, la séduction sera toujours infaillible si le coloris y est au souverain degré. Voyez de Piles et le dict. de Peint.
Quoique le terme de colorié s'étende sur tous les objets, on l'emploie plus généralement sur les carnations, par la raison qu'étant plus sensibles que toutes les autres parties, on distingue plus aisément les teintes, les demi-teintes, le travail de la peau, la fonte du pinceau, enfin tout ce qu'exige cette grande partie de l'art. Le coloris était connu et pratiqué avant Homère ; voyez sa description du bouclier d'Achille : on y voyait, dit-il, un laboureur ; le coutre de la charrue fendait la terre, et à mesure qu'il avançait, la terre de jaune qu'elle était semblait devenir noire ; et ailleurs il peint une vigne d'or, dont les raisins annonçaient leur maturité par une teinte de noir, et des lions qui s'abreuvent du sang noirâtre d'un taureau. (R)
COLORIS, (Jardinage) il se dit des fruits qui mûrissent et qui prennent de la couleur, tels que les pêches, les prunes, les poires, et les abricots : même pour le leur faire prendre, souvent on dégarnit les feuilles autour du fruit, qu'alors le soleil frappe plus vivement et dore mieux. Il y a des curieux qui avec un pinceau trempé dans l'eau, le mouillent plusieurs fois dans la plus grande ardeur du soleil. (K)
COLORIS
- Détails
- Écrit par : Antoine-Joseph Dezallier d'Argenville (K)
- Catégorie : Peinture
- Clics : 1581