S. m. (Peinture) terme plein d'énergie que nous avons adopté de l'Italien. Le costume est l'art de traiter un sujet dans toute la vérité historique : c'est donc, comme le définit fort bien l'auteur du dictionnaire des Beaux-arts, l'observation exacte de ce qui est, suivant le temps, le génie, les mœurs, les lais, le gout, les richesses, le caractère et les habitudes d'un pays où l'on place la scène d'un tableau. Le costume renferme encore tout ce qui regarde la chronologie, et la vérité de certains faits connus de tout le monde ; enfin tout ce qui concerne la qualité, la nature, et la propriété essentielle des objets qu'on représente. C'est la pratique de toutes ces règles que nous comprenons, ainsi que les Peintres d'Italie, sous le mot de costume.
Suivant ces règles, dit M. l'abbé du Bos (& les gens de l'Art conviennent de la justesse de ces réflexions), il ne suffit pas que dans la représentation d'un sujet il n'y ait rien de contraire au costume, il faut encore qu'il y ait quelques signes particuliers pour faire connaître le lieu où l'action se passe, et quels sont les personnages du tableau.
Il faut de plus représenter les lieux où l'action s'est passée, tels qu'ils ont été, si nous en avons connaissance ; et quand il n'en est pas demeuré de notion précise, il faut, en imaginant leur disposition, prendre garde à ne se point trouver en contradiction avec ce qu'on en peut savoir.
Les mêmes règles veulent aussi, qu'on donne aux différentes nations qui paraissent ordinairement sur la scène des tableaux, la couleur de visage, et l'habitude de corps que l'histoire a remarqué leur être propres. Il est même beau de pousser la vraisemblance jusqu'à suivre ce que nous savons de particulier des animaux de chaque pays, quand nous représentons un événement arrivé dans ce pays-là.
Le Poussin, qui a traité plusieurs actions dont la scène est en Egypte, met presque toujours dans ses tableaux, des bâtiments, des arbres ou des animaux qui, par différentes raisons, sont regardés comme étant particuliers à ce pays.
Le Brun a suivi ces règles avec la même ponctualité, dans ses tableaux de l'histoire d'Alexandre ; les Perses et les Indiens s'y distinguent des Grecs, à leur physionomie autant qu'à leurs armes : leurs chevaux n'ont pas le même corsage que ceux des Macédoniens ; conformément à la vérité, les chevaux des Perses y sont représentés plus minces. On dit que ce grand maître avait été jusqu'à faire dessiner à Alep des chevaux de Perse, afin d'observer même le costume sur ce point.
Enfin, suivant ces mêmes règles, il faut se conformer à ce que l'histoire nous apprend des mœurs, des habits, des usages et autres particularités de la vie des peuples qu'on veut représenter. Tous les anciens tableaux de l'Ecriture-sainte sont fautifs en ce genre. Albert Durer habille les Juifs comme les Allemands de son pays. Il est bien vrai que l'erreur d'introduire dans une action des personnages qui ne purent jamais en être les témoins, pour avoir vécu dans des temps éloignés de celui de l'action, est une erreur grossière où nos peintres ne tombent plus. On ne voit plus un S. François écouter la prédication de S. Paul, ni un confesseur le crucifix en main exhorter le bon larron ; mais ne peut-on pas reprocher quelquefois aux célèbres peintres de l'école romaine, de s'être plus attachés au dessein ; et à ceux de l'école lombarde, à ce qui regarde la couleur, qu'à l'observation fidèle des règles du costume ? C'est cependant l'assujettissement à cette vraisemblance poétique de la Peinture, qui plus d'une fois a fait nommer le Poussin le peintre des gens d'esprit : gloire que le Brun mérite de partager avec lui. On peut ajouter à leur éloge, d'être les peintres des savants. Il y a un grand nombre de tableaux admirables par la correction du dessein, par la distribution des figures, par le contraste des personnages, par l'agrément du coloris, dans lesquels il manque seulement l'observation des règles du costume. On comprend encore dans le costume, tout ce qui concerne les bienséances, le caractère et les convenances propres à chaque âge, à chaque condition, etc. ainsi c'est pécher contre le costume, que de donner à un jeune homme un visage trop âgé, ou une main blanche à un corps sale ; une étoffe légère à Hercule, ou une étoffe grossière à Apollon. Par M(D.J.)