adject. pris subst. (Peinture) espèce de peinture pratiquée par les anciens, et qu'on cherche à ressusciter aujourd'hui.

Quelle était la manœuvre des anciens ? les méthodes qu'on propose en approchent-elles, ou valent-elles mieux ? Il ne reste d'eux aucun monument en ce genre : on n'en peut donc juger que d'après les auteurs.

Pline dit, liv. XXXV. chap. XIe Ceris pingère ac picturam inurere, quis primus excogitaverit, non constat. Quidam Aristidis inventum putant, postea consummatum à Praxitele ; sed aliquantò vetustiores encausticae picturae extitère, ut Polygnoti, et Nicanoris, et Arcesilai, Pariorum. Lysippus quoque, Eginae, picturae suae inscripsit ; quod profectò non fecisset, nisi encaustica inventa. Pamphilus quoque Apellis praeceptor non pinxisse tantùm encaustica, sed etiàm docuisse traditur Pausiam Sycionium, primum in hoc genere nobilem. " On ne sait pas qui le premier imagina de peindre avec des cires et de bruler la peinture. Quelques-uns croient que c'est une invention d'Aristide, ensuite perfectionnée par Praxitele ; mais il y a eu des peintures encaustiques un peu plus anciennes, comme de Polygnote, de Nicanor, et d'Arcésilaus, de Paros. De plus, Lysippe d'Egine écrivit au bas de sa peinture, il a brulé ; ce qu'il n'eut assurément pas fait, si l'encaustique n'eut été dès lors inventé. On dit aussi que Pamphîle maître d'Apelle, non-seulement peignit des encaustiques, mais en donna des leçons à Pausias, le premier qui se distingua en ce genre ".



Nicias, qui s'y distingua aussi, mit à ses tableaux la même inscription qu'Apelle, , selon Pline, au même livre.

Voilà les inventeurs de l'Encaustique ; en voici les espèces : on a trop négligé de les distinguer. Dans les recherches difficiles il faut s'aider de tout.

Pline dit, l. XXXV. c. XIe Encausto pingendi duo fuisse antiquitùs genera constat, cerâ et in ebore, cestro, id est, viriculo ; donec classes pingi coepêre. Hoc tertium accessit, resolutis igni ceris, penicillo utendi ; quae pictura in navibus nec sole, nec sale, ventisque corrumpitur. " Il est certain qu'il y avait anciennement deux sortes de peintures encaustiques en cire, et en ivoire, au cestre, c'est-à-dire au touret (espèce de burin), jusqu'à ce qu'on eut commencé à peindre les vaisseaux. On en a ajouté une troisième, qui est d'employer au pinceau les cires fondues au feu. Cette peinture pratiquée dans les vaisseaux, ne s'altère ni par le soleil, ni par l'eau, ni par les vents ".

Il parait qu'avant tout cela l'on avait déjà une manière d'employer la cire au feu et à la brosse, et que ces trois sortes de peintures encaustiques n'en sont qu'une extension. Voici ce qu'en dit Vitruve, livre VII. chap. IXe Cùm paries expolitus et aridus fuerit, tunc ceram puniceam igni liquefactam, paulò oleo temperatam, setâ inducat. Deindè postea carbonibus in ferreo vase compositis, eam ceram cum pariete calefaciendo sudare cogat, fiatque ut peraequetur. Postea cum candelâ linteisque puris subigat, uti signa marmorea nuda curantur. Haec autem graecè dicitur. " Quand le mur sera poli et sec, qu'on l'enduise à la brosse, de cire de Carthage fondue au feu, et mêlée d'un peu d'huile. Après cela qu'on mette des charbons dans un vase de fer ; qu'en chauffant on fasse suer la cire avec le mur, jusqu'à ce que tout soit égal. Ensuite qu'on le frotte avec une toîle cirée, et qu'on le polisse avec des linges nets, comme on fait aux statues de marbre. C'est ce que les Grecs appellent causis, ustion ".

Voilà un vernis encaustique et à la cire, dans toute la rigueur des termes. Cette manœuvre, ignorée sans doute des restaurateurs de l'ancien encaustique, répand, ce me semble, du jour sur l'obscurité de Pline, puisqu'elle décide à-la-fais et la réalité de l'inustion, et sa manière. Elle s'applique d'elle-même à la Peinture, et ne permet plus de dispute, ni au grammairien sur le sens d'urere, ni au peintre sur le procédé. Pline fait mention de ce vernis au livre XXXIII. mais il ne dit pas un mot de l'ustion : or on s'en est rapporté à Pline, et voilà d'où est venu l'embarras.

Ce n'est qu'en supposant une ustion réelle, que le dystique suivant a un sens net :

Encaustus Phaèton tabulâ depictus in istâ est :

Quid tibi vis, Dipyron qui Phaètonta facis ?

Martial, liv. IV. Epigr. xlvij.

" Ce tableau est un Phaèton brulé : pourquoi Phaèton est-il brulé deux fois ? "

Preuve que l'ustion ne se faisait qu'après la peinture.

Autre observation. Aussi-tôt qu'il s'agit des anciens, on n'imagine que du parfait, sans suivre les progrès de l'art. Cela est fort à leur honneur ; mais ce n'est point la marche de l'esprit humain, et il n'est pas absurde que les anciens, avec d'excellents sculpteurs, n'aient eu que de médiocres peintres.

Ils avaient un vernis encaustique à la cire : ils imaginèrent de teindre la cire, pour la substituer à la détrempe ; mais il ne faut pas croire qu'ils en eussent de trente-six couleurs. Pline, liv. XXXV. chap. VIIe en nomme quelques-unes, et dit : Cerae tinguntur iisdem his coloribus ad eas picturas, quae inuruntur. " C'est avec ces couleurs qu'on teint les cires pour les peintures qui se brulent ".

Il dit plus positivement ailleurs, qu'autrefois les peintres, et Polygnote entr'autres, n'employaient que quatre couleurs, le blanc, le jaune, le rouge, et le noir, et toutes très-communes. Ils n'avaient ni bleu, ni verd.

Ce ne fut pas d'abord des peintures au pinceau ; ils gravaient ; ils imaginèrent d'enluminer leurs gravures. La détrempe avait peu de consistance ; ils employèrent leurs cires colorées, et l'ustion en fit des encaustiques. Quelle que fût d'ailleurs leur manœuvre, car faute de guide on ne peut faire ici que des conjectures hasardées, on conçoit que ces manières dû.ent précéder l'encaustique au pinceau, qui évidemment était plus difficile. On conçoit encore que ces peintures devaient être assez grossières, et ceci n'est point une idée de système.

Quintilien en parle ainsi, liv. X. Primi quorum quidem opera non vetustatis modo gratiâ visenda sunt, clari pictores fuisse dicuntur Polygnotus atque Aglaophon, quorum simplex color tam sui studiosos adhuc habet, ut illa propè rudia, ac velut futurae mox artis primordia maximis qui post eos extiterunt auctoribus praeferantur, proprio quoddam intelligendi (ut mea fert opinio) ambitu. " Les premiers peintres célébres dont on doit voir les ouvrages, non pas seulement parce qu'ils sont anciens, sont Polygnote et Aglaophon. Leur coloris simple a encore des partisans si zélés, qu'ils préfèrent ces préludes grossiers de l'art qui allait naître, aux ouvrages des plus grands maîtres qui ont paru après eux ; et cela, je pense, par une certaine affectation d'intelligence qui leur est particulière ".

Zeuxis qui, selon le même Quintilien, inventa le premier l'art des ombres et des clairs, montra un art qui vraisemblablement ne fut pas fort cultivé ; car le même auteur dit, liv. VIII. ch. Ve Nec pictura in quâ nihil circumlitum est, eminet. Ideòque artifices, etiàm cùm plura in unam tabulam opera contulerunt, spatiis distinguunt, ne umbrae in corpora cadant. " La peinture ne sort point, si les entours des corps ne sont ombrés. Aussi les artistes qui ont mis plusieurs figures dans un tableau, laissent entr'elles des intervalles, pour que les ombres ne tombent pas sur les figures ". C'est-à-dire qu'ils n'entendaient guère ni le clair-obscur, ni les reflets, ni la dégradation des teintes, et toutes les finesses de la perspective, qui font le charme de la peinture : aussi leurs compositions n'étaient pas chargées, et tout devait y être distribué sur les devants, comme dans leurs bas-reliefs.

Cela devait être encore plus dans l'encaustique au pinceau, par l'embarras de manier les cires. De-là vient que Pausias ne faisait guère que de petits tableaux, et surtout des enfants. Ses envieux en donnaient pour raison, que cette espèce de peinture était lente ; c'est pourquoi voulant donner de la célébrité à son art, il acheva dans un jour un tableau qui représentait encore un enfant. Cette production parut singulière, puisqu'on lui donna un nom, , peinture d'un jour. Pline qui rapporte ces faits, livre XXXV. chap. XIe ajoute, comme quelque chose de remarquable, que Pausias peignit aussi de grands tableaux ; et il fait ailleurs la même observation sur Nicias : fecit et grandes picturas.

En effet la difficulté était toute autre. On conçoit qu'en petit, le peintre pouvait donner au bois par-dessous, un degré de chaleur capable de maintenir à un certain point la liquidité des cires, pour fondre ses teintes, et donner aux couleurs leur ton ; au lieu qu'en grand il fallait travailler à grands coups de brosse et avec une main sure, comme dans la fresque, sans autre ressource pour retoucher son tableau, que le moment même de l'inustion ; laquelle ne pouvant se faire que par-devant, devait gêner la main de l'artiste.

Cet encaustique était sans-doute bien plus pratiquable dans les vaisseaux, où il fallait plutôt de grandes et bonnes ébauches, que des peintures finies avec le dernier soin ; car ce n'était pas seulement des couleurs appliquées, mais des figures ; quand Pline ne l'aurait pas dit, Ovide le prouverait :

....................... Et picta coloribus ustis

Coelestum matrem concava puppis habet.

Fast. liv. IV. vers. 274.

" Et la poupe représente la mère des dieux peinte en couleurs brulées ",

Qu'on ne dise point que si ces tableaux encaustiques avaient été imparfaits, les Romains n'en auraient pas fait si grand cas. Ils étaient estimables sans-doute ; mais c'était par la noblesse des idées et l'élégance du dessein, surtout dans un temps où le faux brillant et le mauvais goût faisaient abandonner la nature, au moment que les Grecs l'avaient à peine saisie. Je parle d'après Vitruve, livre VII. ch. Ve Et de son temps, avec des couleurs plus fines et plus chères, on ne voyait que des idées fausses et sans art, telles à-peu près que ces ornements bizarres dont sont chargés nos anciens manuscrits. Nous les traitons de gothiques, et c'est du goût romain, et du meilleur siècle. De plus, cette peinture avait sur la détrempe l'avantage d'une vigueur et d'une solidité à l'épreuve de l'air, du soleil et des vers ; comme elle en a un autre fort considérable sur notre peinture à l'huile, celui d'un mat uniforme : d'où résulte une harmonie flatteuse, et indépendante des jours.

On doit voir à-présent ce que c'était que l'encaustique des anciens. Ceux qui ont travaillé à nous le restituer, paraissent n'avoir pas seulement pensé aux deux premières espèces, et vraisemblablement il n'y a pas grand mal. Ne nous occupons donc, comme eux, que de la troisième, de l'encaustique au pinceau. Voici le résultat de tout ce qui précède, et l'ordre des opérations.

1°. Ils avaient des cires colorées, cerae tinguntur iisdem his coloribus. Ces cires étaient peut-être mêlées d'un peu d'huile, pour les rendre plus fusibles et moins cassantes, paulò oleo temperatam ; et ils les conservaient dans des boites à compartiments, dit Varron, liv. II. de re rust. Pictores loculatas habent arculas, ubi discolores sunt cerae ; si cependant ces boites n'étaient pas pour les tenir en fusion.

2°. Ils faisaient fondre ces cires, et les employaient au pinceau, resolutis igni ceris, penicillo utendi ; soit qu'ils fissent leurs teintes dans des godets chauds, soit au bout du pinceau, comme font quelquefois nos peintres.

3°. Ils fixaient leur tableau par l'inustion, picturam inurere. Je dis leur tableau, parce que le mot pictura ne signifie point des couleurs, mais ou l'art de peindre, ou le tableau. Ils les fixaient avec un réchaut plein de charbons, qu'ils promenaient à la surface : carbonibus in ferreo vase compositis, comme dit Vitruve. Ce ferreum vas, ce réchaut était sans-doute le même instrument dont il est fait mention dans le digeste sous le nom de cauteria.

4°. Enfin ils frottaient et polissaient le tout avec des linges nets, linteis puris subigat ; opération qui doit donner l'éclat du vernis, sans en avoir les défauts.

Toute peinture qui ne remplira pas ces conditions, les trois premières surtout, ou qui ne les remplira pas dans cet ordre, pourra égaler, surpasser même l'encaustique des anciens, mais ne sera jamais leur encaustique.

C'est l'art de peindre avec des cires colorées, et de fixer la peinture par l'inustion ; et ce n'est que cela. Ce même art qu'on appelait communément encaustique, inustion, Callixene de Rhodes, dans Athénée, le nomme , peinture en cire. Il n'y en avait qu'un.

Voilà, je crois, des principes incontestables, et suffisans pour apprécier surement toutes les manières de peindre à la cire connues jusqu'à présent. Nous les devons à M. le comte de Caylus, et à M. Bachelier, peintre ; ce sont les seuls qui puissent prétendre au titre d'inventeurs ou de restaurateurs de l'encaustique. Ceux qui nous ont donné des ouvrages dans ce genre, ne sont que leurs disciples, puisqu'ils n'ont travaillé que d'après eux.

M. le comte de Caylus a publié cinq manières, dont les quatre premières sont, selon lui, autant de vrais encaustiques.

Première manière de peindre en cire, selon M. de Caylus.

Couleurs, teintes, peinture, tout se prépare et se finit au bain-marie.

1°. Au lieu de pierre à broyer, faites construire une espèce de coffre de fer-blanc de seize pouces carrés sur deux et demi de hauteur, bien soudé partout, et sans autre ouverture qu'un goulot un peu élevé, pour le remplir d'eau. Sur la surface carrée du côté de laquelle le goulot s'éleve, faites appliquer et attacher avec huit tenons de fer-blanc, une glace de l'épaisseur ordinaire, qui ne soit qu'adoucie, et qui conserve assez de grain pour broyer les couleurs : elles glisseraient sur une glace polie. Remplissez à peu-près ce coffre d'eau, mettez-le sur le feu, chargez la glace de cire et de couleurs ; la cire fondra, et vous broyerez avec une molette de marbre, que vous aurez eu la précaution de faire chauffer. Enlevez la couleur broyée avec un couteau pliant d'ivoire ; mettez-la refroidir, et préparez de même les autres couleurs.

2°. Au lieu de godets ordinaires, ayez un autre coffre de fer-blanc avec son goulot, de la même hauteur, et assez grand pour y percer symétriquement dix-huit trous ronds, de quinze lignes de diamètre. Dans ces trous, soudez autant de godets de fer-blanc d'un pouce de profondeur, de façon qu'ils plongent dans le coffre. Dans ces godets, mettez-en d'autres de crystal, pour n'avoir rien à craindre de l'étain du fer-blanc. Remplissez le coffre d'eau bouillante ; les cires colorées fondront, et seront en état d'être employées.

3°. Au lieu de palette, ayez un troisième coffret couvert d'une glace adoucie, et toute semblable à la machine à broyer ; remplissez-le d'eau bouillante, et formez vos teintes.

4°. Au lieu de chevalet, ayez encore un coffre de fer-blanc semblable au premier, mais plus grand, et dont la face supérieure soit de cuivre d'une ligne d'épaisseur, avec une coulisse de chaque côté, pour recevoir et assujettir la planche sur laquelle vous allez peindre (car il ne s'agit point ici de peindre sur toile). Seulement à l'angle opposé au goulot, vous ferez souder un robinet, pour pouvoir vider et remplir, quand il faudra renouveller l'eau bouillante, sans cependant exposer les cires à couler.

5°. Enduisez le côté de la planche sur lequel vous devez peindre, de plusieurs couches de cire blanche, dont vous fondrez les premières avec une poêle pleine d'un brasier ardent, pour les faire entrer dans le bois, comme le pratiquent les Ebénistes. Pour plus grande précaution, et de peur que la planche ne se voîle par la chaleur, composez-la de trois petites planches d'une ligne d'épaisseur, collées l'une sur l'autre, de façon que leurs fibres se croisent à angles droits.

6°. Enfin ajustez la planche dans les coulisses, et peignez.

Voilà des cires colorées. On peint avec ces cires colorées, mais on ne brule point la peinture ; il n'y a point d'inustion, la troisième condition manque : c'est donc une peinture en cire, et non l'encaustique des Grecs.

D'ailleurs la multiplicité des machines, d'une part, de l'autre la difficulté d'avoir et d'entretenir toujours de l'eau au degré de chaleur convenable, rendent cette manière rebutante, et les effets ne satisfont point un goût difficile, quoique peut-être la manière des Grecs fût encore plus imparfaite.

Ajoutez qu'on ne peut peindre qu'en bois, et en petit, ce qui borne trop l'art. Mr. de Caylus, qui porte lui-même ce jugement de cette première manière de peindre, s'est déterminé par ces raisons, à chercher des moyens plus faciles et plus surs.

Seconde manière de peindre en cire, selon M. de Caylus.

Prenez des cires colorées, préparées comme dans la manière précédente : faites-les fondre dans l'eau bouillante ; une once de cire, par exemple, dans huit onces d'eau. Quand elles seront fondues, battez-les avec une spatule d'ivoire ou avec des osiers blancs, jusqu'à-ce que l'eau soit refroidie. La cire par cette manœuvre se divisera en petites molécules, et fera une espèce de poudre qui nagera dans l'eau, et que l'on conservera toujours humide dans un vase bouché ; parce que si elle était séche, les molécules se colleraient, et ne pourraient servir.

Ces cires ainsi préparées, mettez dans des godets une portion de chacune, et travaillez avec des pinceaux ordinaires, comme si vous peigniez en détrempe. Vous ne formerez cependant point les teintes sur la palette avec le couteau, car la cire serait exposée à se peloter ; mais au bout du pinceau. Il convient de peindre sur le bois à cru ; mais on peut aussi opérer sur un enduit de cire.

Le tableau étant achevé, vous viendrez à l'inustion, et vous fixerez la peinture avec le réchaut de Doreur.

Voilà tout ce que prescrit M. de Caylus. Les trois conditions sont observées ; c'est un véritable encaustique : il n'y a point d'objection à faire là-dessus. Voici seulement une difficulté.

Un artiste très-versé dans la peinture en cire, croit cette manière impraticable ; parce que l'ayant essayée avec toutes sortes d'attentions, il n'a jamais pu y réussir. Il y a sans-doute quelque omission de pratique qu'il n'a pu suppléer, et qui fait tout son embarras. Si l'on pouvait honnêtement proposer que M. Vien, qui connait tout l'art de M. de Caylus, et M. Bachelier, travaillassent ensemble dans un atelier commun et ouvert à tout le monde, chacun selon sa manière, le public pourrait savoir sans équivoque, je ne dis pas ce qu'il y a de vrai dans leurs manœuvres, mais à quel point elles sont possibles. Dans les inventions nouvelles les doutes doivent paraitre pardonnables ; plus on estime une découverte, plus il est naturel de vouloir s'éclaircir. Nous pouvons assurer que M. Bachelier ne s'y refusera pas.

Au reste M. de Caylus juge lui-même cette manière embarrassante et bornée, et il en a cherché d'autres.

Il faut observer pour ces deux premières, que les différentes couleurs ne prennent pas la même quantité de cire : on en verra les rapports et les doses dans le détail de la cinquième manière. Je le diffère, pour ne point me répéter ni m'interrompre.

Traisième manière de peindre en cire.

Ayez une planche, cirez-la en la tenant horizontalement sur un brasier ardent, et en frottant la surface chauffée avec un pain de cire blanche. Continuez cette opération jusqu'à-ce que les pores du bois aient absorbé autant de cire qu'ils en peuvent prendre : continuez encore, jusqu'à-ce qu'il y en ait pardessus environ l'épaisseur d'une carte. Voilà une planche imprimée à l'encaustique.

Cela fait, ayez des couleurs dont on fait usage à l'huile, mais préparées à l'eau pure, ou légérement gommées. Ces couleurs ne prendront point sur la cire, ou ne s'attacheront que par plaques irrégulières.

Pour remédier à cet inconvénient, prenez quelque terre crétacée, par exemple du blanc d'Espagne ; répandez-en sur la cire en poudre très-fine ; frottez-la légérement avec un linge, il restera sur la cire une poussière de ce blanc : peignez ensuite, et les couleurs prendront. La peinture achevée, présentez-la au feu, et faites l'inustion.

Voilà un procédé très-ingénieux ; il peut être commode, s'il est possible de retoucher son ouvrage, du moins sans répéter l'intermède de la poussière blanche, ce qui laisserait toujours de l'embarras : c'est un encaustique, c'est même, si l'on veut, un double encaustique. Mais il parait mal répondre aux conditions nécessaires pour l'encaustique des anciens. La première de ces conditions est que cerae tingantur coloribus : ici ce ne sont point des cires teintes de couleurs avec lesquelles on peint, ad eas picturas quae inuruntur ; mais des couleurs fondues par l'inustion dans des cires qui ont dejà souffert l'inustion elles-mêmes. Mais qu'importe, si cette peinture a les vrais avantages de l'ancien encaustique, le beau mat, la vigueur, et la solidité ?

Quatrième manière de peindre en cire, selon M. de Caylus.

Cette manière n'est qu'un renversement de la précédente. Dans l'autre, la cire est placée avant et sous les couleurs : dans celle-ci on la met après et dessus, elle a les mêmes avantages, et aussi le même défaut, si c'en est un.

Peignez à gouache, à la façon ordinaire, sur une planche très-unie : le tableau terminé, faites chauffer de la cire blanche, assez pour pouvoir l'étendre avec un rouleau sur une glace ou sur un marbre humide un peu échauffé, jusqu'à-ce qu'elle soit mince comme une carte à jouer ; couvrez le tableau de ces lames de cire, et faites l'inustion.

Ces deux manières ont suggéré à M. de Caylus une nouvelle façon de peindre à l'huîle : c'est de travailler à gouache sur une toîle à cru, en observant seulement de n'employer que les couleurs dont on se sert à l'huîle ; et les couleurs séchées, d'humecter le tableau par-derrière avec de l'huîle de pavot appelée d'oliette, laquelle jaunit moins que les autres : cette huîle s'étendra, pénétrera les couleurs, fera corps avec elles ; et le tableau sera aussi solide que de la façon ordinaire, et peut-être sans aucuns luisans. Au lieu d'huile, on pourrait employer un vernis blanc gras, siccatif. C'est aux artistes et à l'expérience, dit M. de Caylus, à juger du mérite de cette petite nouveauté.

Cinquième manière de peindre en cire, selon M. de Caylus, laquelle n'est ni encaustique, ni donnée pour telle.

Cette méthode consiste à composer des vernis avec des résines solubles dans l'essence de térébenthine, et avec un corps gras ; à faire fondre la cire dans ces vernis, à ajouter des couleurs à ce mélange, et à peindre à l'ordinaire avec ces couleurs ainsi préparées.

On fait plusieurs vernis, pour s'accommoder plus aisément aux différentes espèces de couleurs. Ces vernis se réduisent à cinq :

1°. Vernis blanc très-gras : 2°. vernis blanc moins gras : 3°. vernis blanc sec : 4°. vernis le moins doré : 5°. vernis le plus doré.

Préparation des vernis.

Pour le vernis blanc très-gras, prenez de la résine appelée mastic ; mettez-en 2 onces 6 gros dans 20 onces d'essence de térébenthine ; dissolvez dans un matras à long cou, au bain de sable ; ajoutez à la dissolution 6 gros d'huîle d'olive, que vous aurez fait bouillir dans un matras très-mince, et que vous aurez filtrée : filtrez votre mélange ; ajoutez-y autant d'essence qu'il en faut pour que le tout fasse un poids de 24 onces, et vous aurez le vernis blanc très-gras.

Pour le vernis blanc moins gras, tout de même, sinon qu'au lieu de 6 gros d'huile, vous n'y en mettrez que 4.

Pour le vernis blanc sec, seulement 2 gros d'huîle ; le reste de même.

Pour les vernis dorés : prenez de l'ambre jaune, le plus beau ; faites-le fondre à feu modéré dans une cornue, ou encore mieux, dans un pot de terre neuf et vernissé. Il faut que l'ambre soit entier, et n'occupe que le tiers, ou tout au plus la moitié du vase, parce qu'il se gonfle et s'éléve en fondant. L'ambre étant bien fondu et ensuite refroidi, vous le mettrez en poudre. Pour lors faites-en dissoudre 2 onces 6 gros dans 20 onces d'essence de térébenthine ; ajoutez 7 gros d'huîle d'olive cuite, comme ci-dessus : filtrez le mélange avec un papier gris ; remplacez ce qui sera évaporé d'essence ; ajoutez-en assez pour que le tout pese 24 onces ; et conservez-le dans une bouteille bien fermée.

Pour faire le vernis le plus doré, vous observerez seulement de laisser l'ambre sur le feu trois ou quatre heures de plus, pour lui donner une couleur plus haute. Il n'y a point d'autre différence.

Préparation des couleurs, et proportion des ingrédiens.

Remarquez que les rapports que vous allez voir entre les doses de couleurs et de cire, sont les mêmes qu'il faut employer pour les deux premières méthodes.

Céruse 8 onces ; cire 4 1/2 ; vernis blanc très-gras 9.

Blanc de plomb 8 onces ; cire 4 1/2 ; même vernis 8.

Massicot, comme le blanc de plomb.

Jaune de Naples 8 onces ; cire 4 ; vernis blanc le moins gras 8.

Ochre jaune 5 onces ; cire 5 ; vernis le moins doré 9 ; et 10 du même pour l'ochre de rue.

Stîle de grain jaune le plus leger 4 onces ; cire 5 ; vernis blanc le moins gras 9.

Stîle de grain d'Angleterre mêmes doses, mais avec le vernis le plus doré.

Orpin jaune ou rouge 6 onces ; cire 2 ; vernis blanc le moins gras 3 1/2.

Laque très-fine 4 onces ; cire 5 ; vernis moins doré 9 1/2.

Carmin pur comme la laque.

Vermillon 6 onces ; cire 2 ; vernis moins doré 3 1/2.

Rouge brun d'Angleterre 6 onces ; cire 4 1/2 ; vernis le plus doré 8.

Terre d'Italie 5 onces ; cire 5 ; vernis le plus doré 9.

Outre-mer 1 once ; cire 6 gros ; vernis blanc le moins gras 10 à 11 gros.

Bleu de Prusse le plus beau 2 1/2 onces ; cire 5 ; vernis blanc le moins gras 9.

Cendre bleue 4 onces ; cire 2 1/2 ; vernis blanc le moins gras 4 1/2.

Email bleu 6 onces ; cire 3 ; vernis blanc le moins gras 5 1/2.

Bistre 4 onces ; cire 5 ; vernis le plus doré 9 1/2.

Terre de Cologne, comme pour le bistre.

Terre d'ombre, de même.

Laque verte 4 onces ; cire 4 1/2 ; vernis blanc le moins gras 8.

Noir de pêche 3 onces ; cire 4 1/2 ; vernis blanc sec 8.

Noir d'ivoire 4 onces ; cire 4 1/2 ; vernis blanc sec 8.

Noir de fumée 1 once ; cire 8 ; vernis blanc sec 15.

On peut voir aux différents articles de ce Dictionnaire, ce que c'est que les matières dont on parle ici.

M. de Caylus abandonne aux Peintres le soin de déterminer les doses pour les autres couleurs.

Quant à la préparation de ces couleurs, elle consiste ou à broyer la couleur avec la cire sur la pierre chaude dont on a parlé ci-dessus, et à faire fondre les cires colorées dans leur vernis propre ; ou à fondre la cire dans les vernis, et y ajouter la couleur.

M. de Caylus préfère la seconde manière comme plus prompte et plus facile. Pour la pratiquer, mettez la cire et le vernis dans un bocal de verre mince ; faites fondre la cire dans un de ces coffres de fer-blanc dont le dessus est percé de trous, et dont on a parlé ci-dessus : quand elle sera fondue, remuez le mélange pour allier la cire avec le vernis : ajoutez la couleur bien broyée à sec ; mêlez-la avec la cire : retirez le bocal de la machine ; remuez le mélange jusqu'à-ce qu'il soit froid, et conservez-le bien bouché.

La machine à préparer les couleurs ne diffère de la machine à godets, qu'en ce que celle-là devant contenir des pots de verres inégaux en diamètre et hauteur, doit avoir des ouvertures ou loges proportionnées à ces verres.

Il convient de ne préparer que deux ou trois couleurs à la fais, de peur qu'elles ne se figent hors du feu, ou que le vernis ne s'évapore sur le feu, tandis qu'on est occupé à en remuer une jusqu'à-ce qu'elle soit froide.

Les instruments, outre ceux dont on vient de parler, sont des pinceaux et des brosses ordinaires, la palette de bois, ou pour le mieux d'écaille ; un couteau d'ivoire plutôt que d'acier, avec lequel il faut passer les couleurs l'une après l'autre, pour qu'il n'y reste rien de grumeleux ; un pincelier avec de l'essence de térébenthine, pour humecter les couleurs et laver les pinceaux.

M. de Caylus assure que cette espèce de peinture en cire est praticable sur le bois, la toile, et le plâtre.

Si l'on peint sur bois, il faut préférer le moins compact, le plus uni, celui qui se déjette le moins et que les vers attaquent peu, comme le cedre : après le cédre, c'est le sapin d'Hollande, ensuite le chêne. Le poirier convient pour les tableaux d'un grand fini. Si l'on veut que le cedre et le chêne hapent mieux la couleur, on y pratiquera des inégalités avec un instrument à-peu-près semblable au berceau des Graveurs en manière noire (Voyez l'article GRAVURE) ; et si le grain était trop fort, on l'adoucirait avec la pierre ponce. On peindra à cru sur tous les bois.

Si l'on peint sur toile, on choisira celles qui ont le grain uni et serré. On leur donnera à la brosse deux ou trois couches de cire dissoute dans le double de son poids d'essence de térébenthine, ou dans la même quantité de vernis blanc le moins gras ; on laissera sécher chaque couche séparément : quand la dernière sera seche, on présentera la toîle à un brasier ardent, afin qu'elle s'imbibe de cire. On pourra aussi la cirer simplement sans essence ni vernis, en la faisant chauffer. On peut encore coller du papier sur la toile, le poncer, et donner l'apprêt de cire, de manière qu'elle pénètre la toîle et le papier. Cette façon est bonne pour les ouvrages d'un grand fini.

Si l'on peint sur plâtre ; pour que la couleur prenne et ne s'écaille point, il faut lui donner un enduit de cire comme à la toile, mais plus fort. On en fera autant pour la pierre.

M. de Caylus avertit que sa troisième manière de peindre peut aussi être pratiquée sur le plâtre et la pierre, en observant d'en boucher les pores contre l'humidité et l'embue de la cire ; et cela avec un vernis gras liquéfié dans l'essence de térébenthine : quand cet enduit sera sec, on mettra l'enduit de cire aussi dissoute dans l'essence de térébenthine, ou dans le vernis blanc le moins gras ; on le laissera sécher, ensuite l'on peindra à l'eau avec les couleurs dont on use communément à l'huile, et on fixera la peinture avec le réchaut de doreur.

Si l'on veut appliquer un blanc d'œuf sur les tableaux en cire, on commencera par les laver légérement à l'eau pure, avec une brosse à peindre, neuve et très-propre, jusqu'à-ce que l'eau ait pris par-tout. On en ôtera le superflu avec un linge doux et humide ; et avant que le tableau soit sec, on étendra le blanc-d'œuf, comme on le pratique sur les tableaux à l'huile.

La peinture en cire n'a point de luisans ; c'est un de ses avantages. Si cependant on voulait lui donner l'éclat du vernis, on pourrait en faire un avec l'esprit-de-vin et le mastic. Cette résine qui est soluble dans l'essence de térébenthine, n'empêche point la retouche du tableau : mais le blanc-d'œuf vaut mieux.

Pour retoucher les tableaux et y mettre l'accord dans toutes ces manières, on pourra se servir des couleurs préparées au vernis. M. de Caylus les préfère même aux couleurs à l'huile, pour restaurer les vieux tableaux.

Enfin il laisse au temps à juger de tous ces genres de peinture, et de leur solidité respective. Mais dès à-présent il a bien lieu d'être content de ses recherches ; il a travaillé à étendre les limites de l'art : et je ne sais pourquoi le public n'a pas fait plus d'accueil au mémoire où il les lui communique : serait-ce qu'en fait d'arts on a des yeux pour voir, et de l'avidité pour jouir, mais trop de paresse pour s'instruire ?

Passons maintenant aux découvertes et aux procédés de M. Bachelier, et parlons-en avec la même impartialité. Pour cela rappelons les principes : colorer des cires, peindre avec ces cires colorées, fixer la peinture par l'inustion ; sans quoi une peinture ne peut être l'encaustique des anciens.

Première manière de peindre en cire sur toîle ou sur bois, selon M. Bachelier.

Il ne s'agit que de substituer à l'huile, de la cire blanche dissoute dans l'essence de térébenthine.

Imprimez votre toîle avec cette cire : prenez des couleurs en poudre, broyez-les sur le porphyre en les délayant avec cette cire ; formez-en votre palette ; entretenez la fluidité des teintes avec quelques gouttes de la même essence ; peignez avec la brosse et le pinceau comme à l'ordinaire.

Il est évident que cette peinture n'est nullement un encaustique. Premièrement, on y emploie l'essence de térébenthine : or il n'y a pas la moindre apparence que les anciens connussent aucune essence distillée ; c'est un produit chimique. La Chimie nous vient des Arabes, et même on ne peut guère la dater que du temps d'Avicenne. Secondement, on ne brule point le tableau quand il est achevé : or l'inustion est le caractère distinctif de la peinture encaustique. Ajoutons, si on veut, que les anciens ne peignaient point sur toîle ; mais outre qu'avec cette manière on peut peindre aussi sur bois, on ne voit pas ce que cette différence peut ajouter ou ôter à ce genre de peinture.

Seconde manière de peindre en cire, particulièrement sur toile, selon M. Bachelier.

Ayez une toîle forte et serrée de telle grandeur qu'il vous plaira ; lavez-la pour en ôter l'apprêt ; tendez-la sur un châssis, et disposez-le de manière que vous puissiez tourner autour : ayez des couleurs telles qu'on les emploie dans la peinture à la détrempe, et peignez ; mais à mesure que vous peindrez, faites humecter par derrière votre toile, avec une éponge : par ce moyen vous retoucherez votre ouvrage, vous y mettrez l'accord, vous le travaillerez, et le finirez aussi parfaitement que vous êtes capable de le faire.

Ayez ensuite de la cire vierge très-pure ; faites-la fondre simplement, ou dissolvez-la par le moyen que nous indiquerons dans la manière suivante : prenez des brosses, et donnez au derrière de votre toîle une, deux, ou trois couches de cire plus ou moins fortes, selon l'épaisseur de la toîle et la force des teintes : laissez sécher, ou plutôt essuyer vos couches.

Ayez ensuite des réchauts de doreur, remplis de charbons ardents ; faites-les promener au-derrière du tableau ; et cependant placé vis-à-vis la peinture, examinez les effets de l'inustion et de la fusion de la cire, laquelle pénétrera la toîle et les couleurs : dirigez le mouvement des réchauts, en commandant qu'ils haussent, ou baissent, ou s'arrêtent, etc. jusqu'à ce que tout le tableau soit suffisamment brulé. Il ne faut pas plus d'un jour pour bruler un tableau de vingt à trente pieds carrés de surface. Représenter cette manœuvre comme pénible, c'est montrer qu'on ne l'a jamais pratiquée.

Il peut arriver de deux choses l'une, ou que le tableau soit tel que l'artiste le désire, ou qu'il faille le retoucher. On le retouchera, soit avec des couleurs préparées, comme nous allons l'indiquer ; soit avec des pastels faits de ces mêmes couleurs ; soit avec de la cire dissoute par l'essence de térébenthine ou une autre. Tous ces moyens sont au choix du peintre.

Cette manière est un excellent encaustique ; mais ce n'est point celui des anciens. La première condition n'est pas remplie, cerae tinguntur coloribus ad picturas. On y emploie la cire, on y brule ; mais les couleurs ne sont pas des cires colorées, et de plus on est dans le cas d'y employer autre chose que de la cire et des couleurs. A cela près, on peut dire sans témérité, que de toutes les manières de peindre en cire connues jusqu'à ce jour, c'est la plus avantageuse, la plus sure, la plus prompte ; puisqu'outre la vigueur et la solidité que la cire et l'inustion donnent à la détrempe, on peut faire des chefs-d'œuvre sur toile, et de telle grandeur qu'on voudra, et finir les tableaux les plus étendus avec autant de perfection et d'aisance, qu'on ferait à l'huîle les plus petits morceaux de chevalet. Quelque idée qu'on ait de l'encaustique des anciens, il n'est pas croyable qu'il eut ces avantages.

Traisième manière de peindre en cire, selon M. Bachelier.

Prenez du sel de tartre ; faites-en dissoudre dans de l'eau tiede jusqu'à saturation ; filtrez cette eau saturée à-travers un papier gris, et recevez-la dans un vaisseau de terre neuf et vernissé ; mettez ce vaisseau sur un feu doux ; jetez-y des morceaux de cire vierge blanche les uns après les autres, à mesure qu'ils s'y dissoudront : cette solution se gonflera, montera comme le lait, se répandra même si le feu est trop poussé. On fournira de la cire à cette eau alkaline, tant qu'elle en pourra dissoudre ; on s'assurera que la dissolution est parfaite et uniforme, en la remuant doucement avec une spatule de bois ; et pour lors on aura une masse d'une blancheur éblouissante, une espèce de savon d'une consistance de bouillie qui se dissoudra dans l'eau pure en aussi grande et en aussi petite quantité qu'on voudra ; et ce savon dissous vous donnera une eau de cire. Servez-vous de cette eau pour délayer et broyer vos couleurs.

Ayez une toîle tendue sur un châssis ; dessinez votre sujet avec des crayons blancs : tenez vos couleurs dans des godets, et entretenez-les dans une fluidité convenable, en les humectant avec quelques gouttes d'eau pure, ou d'eau de cire. Servez-vous des pinceaux et autres instruments ordinaires. Préparez seulement votre palette, en la trempant dans la cire bouillante pour qu'elle s'en pénétre, et en la serrant sous une presse de peur qu'elle ne s'envoîle ; ratissez-en le superflu, et formez vos teintes sur cette palette.

Ayez à côté de vous deux vaisseaux de terre pleins d'eau, pour nettoyer de l'un à l'autre vos pinceaux et les décharger de couleurs, et essuyez-les sur une éponge au sortir de la seconde eau.

Ayez un petit matelas fait de deux ou trois serviettes ; humectez-le d'eau pure, et le tenez appliqué derrière votre toîle à l'endroit où vous peindrez. Si vous trouvez ce matelas incommode, ayez une éponge, imprégnez-la d'eau de cire, et faites-en arroser votre toîle par-derrière, deux ou trois fois par jour en hiver, et trois ou quatre en été. Peignez, et continuez votre ouvrage jusqu'à-ce qu'il soit achevé.

Au reste le matelas et l'éponge ne sont nécessaires qu'à ceux qui n'ayant pas la pratique de la détrempe, ne savent pas fondre une teinte humide avec une teinte séche ; ils feront bien de tenir leur toîle fraiche.

Cela fait, brulez le tableau ; cette opération est indispensable. Pour cet effet, allumez un grand feu qui forme une nappe ardente ; présentez-y votre tableau par le côté opposé à la peinture ; approchez-le à mesure qu'il cessera de fumer : vous verrez la cire se gonfler, le gonflement se promener sur la surface, et disparaitre quand il sera devenu général ; alors le tableau sera brulé. Retirez-le peu-à-peu comme vous l'avez approché, de peur que la surface ne reste inégale par un refroidissement brusque et irrégulier. L'inustion loin de détruire la peinture, la rend solide et fixe. D'un enduit sans consistance et sans corps que le frottement le plus leger pourrait emporter, elle fait une couche dure, compacte, adhérente, mince, flexible, et capable de prendre du poli.

Si le tableau était grand, on le brulerait par parties en promenant par derrière le réchaut du doreur, comme dans la méthode qui précéde.

Le tableau étant brulé, tout est fait, à moins que l'artiste n'y veuille retoucher ; et pour cela il faut l'humecter d'eau de cire. Mais il convient de glacer sa couleur ; c'est-à-dire que si l'endroit est trop brun, on y étendra une teinte plus claire, et on y répétera l'inustion : elle rétablira l'accord contre l'attente du peintre. On pourra aussi, pour retoucher l'ouvrage, se servir des pastels dont nous allons parler.

Il est évident que cette manière est un véritable encaustique, qu'elle satisfait aux trois conditions requises, et dans l'ordre prescrit. Les cires sont colorées, on peint avec ces cires, et on brule le tableau. Cette invention est certainement heureuse, et les effets en sont surs.

Quatrième manière de peindre en cire, selon M. Bachelier.

Prenez de l'eau de cire dont vous venez de voir la préparation ; donnez-en aux couleurs la quantité convenable ; broyez-les, transportez-les du porphyre sur un papier gris qui en boive l'humidité : appliquez dessus un morceau de carton, avant qu'elles soient entièrement séches ; donnez-leur la forme ordinaire de pastels en les roulant, et laissez-les ensuite sécher lentement à l'air libre : ces pastels seront tendres et mous à s'étendre sous le doigt ; travaillez avec, et fixez la peinture par l'inustion.

C'est un encaustique du même genre que le précédent ; d'ailleurs on en sent la commodité.

Ces mêmes pastels peuvent devenir fermes et durs comme la sanguine ; il ne faut qu'avoir un petit fourneau d'émailleur avec une moufle, les mettre sous la moufle, entretenir dans le fourneau le même degré de chaleur que celui auquel on acheve de bruler un tableau, et les-y laisser exposés environ un quart-d'heure : on en pourra faire des desseins colorés qu'il n'est pas nécessaire de bruler, et que rien n'altère.

L'eau de cire de M. Bachelier a encore d'autres propriétés. Il la donne comme un excellent vernis qui n'a point les défauts des autres, et même pour le pastel. On peut l'appliquer à la brosse sur les plafonds, les lambris, le plâtre, le marbre, les boiseries des appartements, les parquets, les équipages, etc. Quand elle est séche, il faut employer l'inustion avec le réchaut de doreur, pour l'incorporer avec les substances ; et quand elle est froide, la frotter avec une brosse rude pour lui donner de l'éclat : c'est-à-dire que M. Bachelier, vraisemblablement sans le savoir, redonne le vernis encaustique de Vitruve, ou l'équivalent.

Il prétend aussi que c'est un bon mordant pour la dorure, d'autant plus que ne faisant point d'épaisseur, elle laisse paraitre tout l'art et la délicatesse de la sculpture. Il veut même qu'on puisse l'employer avec avantage pour l'or faux, en passant ensuite par-dessus une seconde couche de la même eau : tellement que la dorure étant sale, on la nettoyerait comme de l'or fin, et qu'on pourrait y employer l'eau-forte.

Observons que les couleurs sortent de la boutique du marchand impures et mêlées de substances hétérogènes, qui venant à se combiner avec le savon de cire, produiraient peut-être des effets nuisibles. M. Bachelier les purifie de la manière suivante.

Délayez la couleur dans l'eau pure ; partie demeurera suspendue dans l'eau, partie tombera au fond ; décantez la partie suspendue, et délayez celle qui est tombée au fond ; et ainsi de suite jusqu'à-ce qu'il ne tombe au fond de l'eau qu'un dépôt de matière non-colorante. A chaque opération, la partie suspendue se déposera ; on réitérera sur ce dépôt les lotions prescrites, cinq ou six fais, et l'on aura enfin des couleurs aussi pures qu'il le faut pour être délayées avec l'eau de cire sans aucun inconvénient.

Cependant ce lavage des couleurs n'a pas paru sans difficulté, et l'eau de cire en a essuyé de plus fortes encore. Il ne s'agit pas de les dissimuler, mais d'y répondre.

Quant au lavage des couleurs, l'expérience du peintre fait face à toutes les théories qu'on lui oppose ; on sait qu'il excelle à peindre les fleurs, nul genre n'exige des couleurs plus fraiches et plus brillantes : néanmoins il lave ses couleurs, et le carmin surtout, et ses teintes n'en sont que plus riches ; il ne prétend pas en enlever l'excès de la partie grasse, mais les sables, les sels, et d'autres parties non colorantes. On lui démontrera, si l'on veut, que cela ne doit pas être ; mais il le pratique ainsi, et il réussit.

Quant au savon et à l'eau de cire, on dit 1°. " que regarder ce savon comme une découverte singulière, c'est montrer qu'on n'a aucune connaissance des livres de Chimie ; qu'il n'y a pas un de ces livres qui n'apprenne que toute substance grasse est propre à faire du savon ; et l'on cite les mémoires que M. Geoffroi donna il y a environ quinze ans à l'académie, sur les savons de toute espèce ! ". L'on répond à cette objection et à cette citation très-imprudente, pour n'en rien dire de plus, qu'il n'y a pas un chimiste qui ait parlé d'un savon de cire ; que dans le mémoire de M. Geoffroi on ne trouve pas seulement le mot de cire ; et que si cette découverte n'était ni impossible ni singulière en elle-même, elle est du moins toute neuve et très-singulière par l'usage que le peintre en fait.

On objecte 2°. " que tout savon en général était inconnu aux anciens ; qu'on ne trouve parmi eux aucun vestige de cette composition ; que tous les Chimistes conviennent que c'est une découverte moderne ; qu'elle ne peut donc avoir servi à leur peinture encaustique " On répond qu'ils peuvent n'y avoir point employé de savon, et encore moins ce savon de cire ; mais qu'ils ne connussent aucun savon, et qu'on n'en trouve parmi eux aucun vestige, c'est ce qu'on n'a garde d'avouer ; et les Chimistes auraient grand tort d'en convenir.

L'interpréte de Théocrite rend le mot par , qui est le sapo des Latins, du savon.

On lit dans Paul d'Egine, , le savon a une vertu détersive.

Pline plus ancien qu'eux est tout autrement précis. Il dit (l. XXVIII. c. 12.) Prodest et sapo : Gallorum hoc inventum est rutilandis capillis : Fit ex sebo et cinere : Optimus fagino et caprino : Duobus modis, spissus ac liquidus : Uterque apud Germanos majore est usu viris quam feminis. " On se sert aussi du savon. C'est une invention des Gaulois pour rendre les cheveux blonds. On le fait de suif et de cendre. Le meilleur est de cendre de hêtre et de suif de chèvre. Il y en a de deux sortes, du dur et du liquide. Les Germains emploient l'un et l'autre, mais les hommes plus que les femmes ". Voilà le nom du savon, son origine, sa composition, ses espèces, ses usages. En est-ce assez ?

On croit 3°. " que le savon de cire a tous les inconvénients de la détrempe ; qu'on ne peut ni laver les tableaux peints en cette manière, ni les exposer dans des endroits humides ; que ce savon s'humecterait et se fondrait facilement, parce que l'alkali fixe qui entre dans sa composition, a toujours une disposition prochaine à s'humecter, et que ce sel n'étant point décomposé dans le savon, il y conserve toutes ses propriétés ". D'abord on ignore également si jamais l'alkali se décompose, et en quoi il pourrait se décomposer. Secondement, il n'est pas vrai en général que le savon ait toujours une disposition prochaine à s'humecter ; puisque le savon commun, loin d'attirer l'humidité, est au contraire un des corps qui exposés à l'air, y perdent le plus facilement de la leur : d'ailleurs ce qui pourrait être vrai d'un alkali en général, ne le serait pas pour cela d'un alkali enveloppé de cire, et d'une cire qui aura souffert l'action du feu. Enfin les faits parlent ; et les tableaux de M. Bachelier peints de cette manière se lavent comme la cire pure, et résistent comme elle à l'humidité.

4°. L'on craint que cet alkali ne décompose plusieurs couleurs, surtout les blancs de plomb et de céruse, à cause de l'acide du vinaigre qui y entre. On a fait cette objection dès le commencement, et M. Bachelier la croit suffisamment réfutée par son expérience. Il emploie toutes ces couleurs, et même le verd-de-gris, sans en apercevoir aucun mauvais effet. On sait bien que si le savon qu'on emploie à nettoyer les tableaux séjournait sur la peinture, elle s'enleverait totalement lorsqu'on viendrait à les laver : mais il n'en est pas ainsi d'un savon de cire. On peut l'employer sans risque et sans crainte qu'il ne s'écaille.

Enfin on a reproché à M. Bachelier, ou plutôt à l'auteur de l'histoire et du secret de la peinture en cire, de n'avoir point donné les proportions des mélanges de la cire avec les couleurs, comme si cela était possible ; et comme si M. Bachelier n'avait pas été dans le cas où s'est trouvé M. le comte de Caylus, par rapport à ses troisième et quatrième manières, pour lesquelles il n'a eu garde de donner ces proportions. Ce reproche est aussi sensé que celui qu'on ferait à un auteur qui décrirait la manière de peindre à l'huile, de ne pas donner la proportion de l'huîle pour chaque couleur.

Voilà jusqu'où ont été les recherches de l'ancien encaustique. Toutes ces inventions paraissent assez intéressantes pour qu'on ne soit pas fâché d'en savoir l'histoire. Nous nous en rapporterons partout à la vraisemblance.

En 1749, un hasard apprit à M. Bachelier que la cire se dissolvait dans l'essence de térébenthine. Cet événement lui fit naître l'idée de l'appliquer à la peinture. Il fit donc dissoudre de la cire, s'en servit au lieu d'huîle à délayer ses couleurs, et se mit à peindre sur une toîle imprimée à l'huile, telle qu'on l'achète chez le marchand. Son tableau représentait Zéphire et Flore. Il l'avait travaillé avec soin, et néanmoins il eut peine à s'en défaire à un prix fort modique. Cela le fit renoncer à une invention qui ne lui parut favorable ni aux progrès de l'art, ni à l'intérêt de l'artiste : il ne s'en vanta même pas. Ce tableau fut emporté en Alsace.

Cependant M. le comte de Caylus, qui aime les arts, et les cultive, et qui depuis longtemps s'applique à éclaircir tout ce que Pline en a écrit, avait été conduit successivement à la recherche de la peinture encaustique.

En 1753, il annonça à l'académie de Peinture son travail et ses vues. Il lut à l'académie des Belles-Lettres des dissertations sur cette peinture ; il fit des essais, il les multiplia : il tenta tout pour la recouvrer.

En 1754, il fit exécuter par M. Vien un tableau en cire et sur bois, représentant une tête de Minerve d'après l'antique. Ce tableau fut montré, promené, et reçu comme une nouveauté digne d'attention. On voulait savoir comment il était fait ; mais on était réduit à deviner, parce que M. de Caylus se réservait son secret. On crut généralement qu'il était simplement peint à la cire dissoute dans l'essence de térébenthine, et en conséquence quelques-uns jugèrent que ce n'était ni ne pouvait être l'encaustique des anciens.

Un homme qui a pris parti pour M. de Caylus, avec autant de passion que si son protecteur en avait besoin, s'est attaché avec toute la mal-adresse possible à accréditer cette opinion, surtout quand il renvoye décidément à la tête de Minerve de M. Vien, pour prouver que l'essence de térébenthine ne noircit pas les couleurs. Mais enfin le dernier mémoire de M. de Caylus, publié en Aout 1755, a bien surpris en annonçant que tout le monde avait tort et raison ; car cette tête a été, dit-on, commencée selon sa première méthode, continuée selon la seconde, et terminée selon la cinquième, où entre l'essence de térébenthine.

Au bruit que faisait cette tête, M. Bachelier se réveilla. M. Cochin fils, auquel il parla de son premier essai en 1749, l'engagea à y revenir ; et il exécuta dans huit jours en cire dissoute et sur toile, sans avoir Ve la Minerve, une grisaille qui représente une fille de huit ans. Ce morceau ne fut pas regardé sans surprise. Sa toîle était imprimée avec de la cire pure ; mais s'étant aperçu que l'essence des couleurs agissait trop sur cette cire, et les empêchait de sécher promptement, il imprima une autre toîle avec des couleurs détrempées à la cire dissoute, et fit un troisième tableau. Il alla plus loin : il considéra que l'inustion était le caractère distinctif de l'encaustique des anciens, et que son opération n'y répondait point. Il fit de nouvelles tentatives ; il parvint à dissoudre sa cire par le sel de tartre ; il trouva son savon et son eau de cire, en un mot la troisième manière, que nous avons décrite.

Ce fut alors qu'un auteur zélé pour les arts et les artistes, et impatienté de ce que M. de Caylus différait tant à se découvrir, publia ce qu'il en pensait et ce qu'il en savait ; c'est-à-dire tout ce qu'en savait M. Bachelier lui-même, et tout ce qu'on pouvait en savoir alors : et il est très-à-propos de remarquer que cet écrit a paru longtemps avant l'ouvrage de M. de Caylus.

Il parait par ce précis historique, que M. Bachelier est le premier qui ait peint en cire (en 1749), comme M. de Caylus est le premier qui en ait parlé (en 1753) ; et que quant à l'inustion, qui est le principal caractère de l'encaustique, M. Bachelier est le premier qui en ait parlé, et qui ait appris au public et aux artistes comment se pratiquait cette manœuvre.

Après avoir rendu à chacun la gloire qui lui appartient, nous allons finir par dire un mot des tableaux dont leurs découvertes nous ont enrichis.

Outre le buste de Minerve, qui est le premier connu, et qui appartient à M. de la Live de July, M. Vien a fait un tableau de trois pieds sur quatre, représentant dans un paysage une nymphe de Diane occupée de l'Amour endormi.

Une tête d'Anacréon, sur toile.

Deux tableaux représentant, l'un Zéphyre, et l'autre Flore.

Une petite tête de Vierge.

M. Roslin a fait son portrait.

M. le Lorrain a sait un tableau de fleurs, et une jeune personne en habit de masque.

Ces différents morceaux sont d'après M. de Caylus, mais on ne sait pas selon quelle manière ; cependant comme il dit lui-même que tous les artistes qu'il a consultés, ont préféré sa cinquiéme, il est à présumer qu'au moins la plupart sont exécutés dans le genre que M. de Caylus dit n'être point encaustique.

M. Bachelier, outre les tableaux dont nous avons parlé, a fait des fleurs dans un vase de porcelaine.

Une jeune fille caressant une lèvrette.

Une tête de profil sur taffetas, et quelques autres,

Mais son chef-d'œuvre est un grand tableau de douze pieds et demi de large sur neuf et demi de haut, représentant des animaux de grandeur naturelle : c'est la fable du loup et du cheval. Il est d'une manière grande, d'un pinceau ferme, d'une couleur vraie, et d'un effet surprenant ; ce qui a fait dire au public que ce n'était pas seulement au loup que ce cheval donnait un coup de pied. Le commencement de cet éloge est d'après un écrivain qu'on ne soupçonnera pas de favoriser M. Bachelier : aussi l'a-t-il tempéré, en ajoutant qu'on craignait que ce tableau ne s'écaillât. C'est comme s'il eut dit : nous ne pouvons empêcher qu'il ne soit beau ; empêchons qu'on ne l'achète. Cet article nous a été communiqué par M. MONNOYE. Les gens de Lettres y verront sur l'encaustique des recherches et des connaissances qui auraient pu se trouver et qui ne se trouvent néanmoins dans aucun des écrits qu'on a publiés sur cette matière. Ceux qui auront gardé la neutralité dans la contestation de l'encaustique, ne pourront disconvenir que l'auteur n'ait montré autant d'impartialité que de jugement, en réduisant à leur juste valeur les prétentions réciproques des parties opposées, et qu'il n'ait parlé dans ce morceau avec un soin qui peut instruire tout le monde, et une vérité qui ne doit offenser personne.