S. f. (Peinture) peindre à gouache ; la manière de peindre qu'on distingue par ce nom est une des plus anciennes de celles que nous connaissons, si ce n'est pas celle qu'on doit regarder comme ayant précédé toutes les autres. L'eau est sans-doute le moyen le plus facîle de donner à des matières colorées, mises en poudre, la fluidité nécessaire pour pouvoir les étendre sur des surfaces, et les y incorporer. Les premières couleurs ont été vraisemblablement des terres et des pierres broyées, qu'on a rendu liquides par le moyen de l'eau ; mais comme l'usage a fait voir que lorsque l'humidité de ces couleurs était totalement dissipée, elles n'étaient plus retenues, et qu'elles quittaient trop aisément les corps sur lesquels on les avait employées, on a cherché à leur donner plus de consistance par des mélanges de matières visqueuses ; alors les gommes que certains arbres fournissent abondamment, et qui par leur transparence ne peuvent altérer les nuances des couleurs, se sont offertes naturellement pour cet usage.
La gouache n'est autre chose que cet apprêt simple des couleurs broyées, délayées dans de l'eau, que l'on charge plus ou moins d'une dissolution de gomme. On emploie les couleurs ainsi préparées sur toutes sortes de corps, principalement sur la toile, le vélin, le papier, l'yvoire, etc. On se sert communément de la gomme arabique, que l'on fait fondre dans l'eau commune, comme on fait pour peindre en miniature ; et après avoir proportionné le mélange de la gomme avec les différentes couleurs, on couche ces couleurs en les empâtant, et en leur donnant du corps, ce qui n'a lieu, ni dans le lavis, comme je le dirai, ni dans la miniature. Il est des couleurs qui demandent à être plus gommées les unes que les autres ; l'expérience donnera des règles à cet égard ; et les inconvénients qu'il faut éviter serviront à les établir. Ces inconvénients sont que les couleurs qui ne sont point assez gommées, se dissipent lorsqu'elles sont seches, et qu'elles s'évaporent. Elles s'écaillent, se fendent, et se détachent par morceaux lorsqu'elles sont trop gommées : des essais faciles à faire instruiront mieux que tout ce qu'on pourrait dire à ce sujet. La gouache est très-propre à peindre le paysage d'après nature ; elle sert aussi à faire des esquisses colorées pour de grandes compositions, etc. Cette manière est prompte et expéditive, elle a de l'éclat ; mais on doit surtout éviter, en la mettant en usage, une sécheresse qui dans cette espèce de travail, doit provenir de la promptitude avec laquelle les couleurs se sechent. L'artiste qui n'a pas toujours le temps nécessaire pour dégrader ses teintes, pour fondre ses nuances, et pour accorder son ouvrage, laisse échapper des touches dures, et des passages de tons trop marqués. La miniature dans l'usage de laquelle on cherche à éviter cet inconvénient, en pointillant, comme je le dirai, tombe assez souvent dans un défaut contraire ; et il est aussi commun de voir des gouaches trop dures, que des miniatures dont la manière est trop molle. Voyez LAVIS, MINIATURE, etc.
Est modus in rebus, sunt certi denique fines,
Quos ultra citraque nequit consistère rectum.
Article de M. WATELET.