S. f. (Peinture) Je regarde comme trop essentiel à l'intérêt de l'art de la Peinture, de recommander la simplicité dans les imitations de la nature, pour ne pas insister encore sur ce principe intéressant à l'occasion d'un mot dont l'usage a peut-être droit de devenir plus fréquent que jamais dans les Arts.
Artistes qui voulez plaire et toucher, soyez donc persuadés que les figures qui grimacent, soit pour paraitre avoir des grâces, soit pour jouer l'expression, sont aussi rebutantes dans vos ouvrages aux yeux équitables d'un spectateur instruit, que les caractères faux sont odieux dans la société pour les honnêtes gens.
Je sais que vous pouvez m'objecter que presque toutes les expressions que vous envisagez autour de vous sont ou chargées ou feintes, que presque tout ce qu'on appelle grâce est affectation et grimace : ce sont-là des obstacles qui s'opposent au progrès de l'art ; il faut les connaître, et sans perdre le temps à s'en plaindre, mettre ses efforts à les surmonter.
Refléchissez, pénétrez-vous des sujets que vous traitez, descendez en vous-mêmes, et cherchez-y cette naïveté des grâces, cette franchise des passions, que l'intérêt que vous avez à les saisir, vous fera trouver.
Un intérêt mal-entendu qu'on envisage apparemment dans la société, à se tromper les uns et les autres, y introduit l'affectation des grimaces ; celui que vous avez à ne vous pas séduire vous-mêmes, vous fera dévoiler la vérité.
Etudiez les grands modèles, ils ne doivent leur réputation et leur gloire qu'à la simplicité et à la vérité ; plus ils sont exempts de grimaces, plus leur réputation doit augmenter.
Lisez aussi et relisez continuellement le petit nombre d'auteurs anciens, dans lesquels la simplicité de l'imitation triomphe des usages, des préjugés, des modes, des mœurs et des temps. Article de M. WATELET.