adj. (terme de Poésie grecque et latine) c'était un personnage qui ne paraissait sur le théâtre qu'au commencement de la pièce ; comme Sosie dans l'Andrienne de Térence. Vossius, Inst. poet. lib. II. cap. Ve



Chez les anciens, ces personnages protatiques prenaient peu d'intérêt à l'action, et c'était un défaut. Les modernes n'en sont pas exempts, et on l'a justement reproché à Corneille, par le choix qu'il a fait dans Rodogune, et de Laonice et de son frère Timagène pour le récit des événements antérieurs à l'action, récit qui se trouve interrompu par l'arrivée d'Antiochus, et dont Laonice a la complaisance de reprendre le fil dans la scène quatrième du même acte, toujours pour instruire son frère Tïmagène, qui ne l'écoute que par curiosité et sans intérêt. Corneille est tombé plusieurs fois dans ce défaut, que Racine a toujours évité par le soin qu'il a pris de n'introduire que des personnages protatiques intéressants. Ainsi dans Iphigénie, c'est Agamemnon ; dans Athalie, Joad et Abner ; dans Britannicus, Agrippine et Burrhus ; c'est-à-dire, les personnages les plus distingués, et qui influeront le plus sur le reste de la pièce, qui prennent soin d'instruire le spectateur de tout ce qui a précédé l'action. On sent combien cette différence est à l'avantage de Racine, et contribue à la régularité du spectacle. Car il est naturel de penser que ces principaux acteurs sont beaucoup mieux instruits des événements, des intrigues d'une cour, et sentent la liaison qu'elle peut avoir avec l'événement qui Ve suivre, et qui fait le sujet de la pièce, beaucoup mieux qu'une suivante ou un capitaine des gardes, qui dans une pièce ne servent souvent qu'à faire nombre.