terme de Poésie, petit poème champêtre qui contient des descriptions ou narrations de quelques aventures agréables. Voyez EGLOGUE. Ce mot vient du grec , diminutif d', figure, représentation, parce que le propre de cette poésie est de représenter naturellement les choses.
Théocrite est le premier auteur qui ait fait des idylles ; les Italiens l'ont imité, et en ont ramené l'usage. Voyez PASTORAL.
Les idylles de Théocrite, sous une simplicité toute naïve et toute champêtre, renferment des agréments inexprimables ; elles paraissent puisées dans le sein de la nature, et dictées par les grâces elles-mêmes.
C'est une poésie qui peint naturellement les objets qu'elle décrit ; au lieu que le poème épique les raconte, et le dramatique les met en action. On ne s'en tient plus dans les idylles à la simplicité originale de Théocrite : notre siècle ne souffrirait pas une fiction amoureuse qui ressemblerait aux galanteries grossières de nos paysans. Boileau remarque que les idylles les plus simples sont ordinairement les meilleures.
Ce poète en a tracé le caractère dans ce peu de vers, par une image empruntée elle-même des sujets sur lesquels roule ordinairement l'idylle.
Telle qu'une bergère au plus beau jour de fête
De superbes rubis ne charge point sa tête ;
Et sans mêler à l'or l'éclat des diamants,
Cueille en un champ voisin ses plus beaux ornements.
Telle aimable en son air, mais humble dans son style,
Dait éclater sans pompe une élégante idylle ;
Son tour simple et naïf n'a rien de fastueux,
Et n'aime point l'orgueil d'un vers présomptueux.
Art poétique, chant II.
S'il y a quelque différence entre les idylles et les églogues, elle est fort légère ; les auteurs les confondent souvent. Cependant il semble que l'usage veut plus d'action, de mouvement dans l'églogue, et que dans l'idylle on se contente d'y trouver des images, des récits, ou des sentiments seulement. Cours de belles-lettres, tom. I.
Un autre auteur moderne y trouve cette différence, qui n'est pourtant pas absolument générale. Dans l'églogue, dit-il, ce sont des bergers qu'on fait dialoguer entr'eux, qui racontent leurs propres aventures, leurs peines et leurs plaisirs, qui comparent la douceur de la vie qu'ils mènent avec les passions et les soins dont la nôtre est traversée. Dans l'idylle, au contraire, c'est nous qui comparons le trouble et les travaux de notre vie avec la tranquillité de celle des bergers, et la tyrannie de nos passions ou de nos usages, avec la simplicité de leurs mœurs et de leurs sentiments. Celle-ci même peut rouler toute entière sur une allégorie soutenue, tirée de l'instinct des animaux ou de la nature des choses inanimées ; tel est le ton de quelques idylles de madame Deshoulières : d'où il est aisé de conclure que l'idylle pourrait admettre un peu plus de force et d'élévation que l'églogue, puisque sous ce rapport elle suppose un homme qui vit au milieu du monde, dont il reconnait les dangers et les abus : son esprit peut donc être plus orné, plus vif, moins simple et moins uni que ne serait celui des bergers, principalement occupés d'idées relatives à leur condition. Princip. pour la lect. des poèt. tom. I.