sub. m. (Marine) c'est une petite chaloupe ou petit bateau destiné au service d'un grand bâtiment.

CANOT de bois ; on appelle ainsi un canot, qui est fait d'un seul tronc d'arbre creusé.

CANOT de Sauvages et CANOT d'écorces ; ce sont de petits bateaux faits d'écorce d'arbre, dont se servent les Sauvages de l'Amérique pour pêcher à la mer, et pour voyager et aller en course et en traite sur les rivières. Ils les nomment piroques. Ceux du Canada les font d'écorce de bouleau, et assez grands quelquefois pour contenir quatre ou cinq personnes.



Les François du Canada, qu'on appelle coureurs de bois et traiteurs, s'en servent aussi-bien que les Sauvages pour aller jusque dans leurs habitations leur porter des marchandises et en rapporter des pelletteries. Deux hommes conduisent ces canots ; et quand à cause des sauts des rivières il faut faire portage, ils chargent canots et marchandises sur leurs épaules, et les transportent au-dessus et au-dessous des sauts, selon qu'ils montent ou qu'ils descendent les rivières.

Les canots des Indiens et des Caraïbes sont faits de troncs d'arbres qu'on creuse ; et ces sortes de bateaux sont plus grands ou plus petits, selon la grandeur et grosseur des arbres qu'on emploie pour les faire. On dresse ces troncs d'arbres selon la forme qu'on veut donner au canot, et l'on les creuse. On les conduit avec des pagaies et des rames, et on y ajoute quelquefois une petite voîle ; on met la charge au fond : mais comme ils ne sont point lestés, ils tournent souvent c'en-dessus dessous. Ils n'ont point de gouvernail, et ce sont les rames de l'arrière qui leur en servent.

La plupart des canots ont à l'avant et à l'arrière des avances comme les navettes, et quelques-unes de ces avances se terminent aussi de même en pointe. D'autres ont l'avant et l'arrière tout plat ; il n'y en a presque point qui aient un avant arrondi. Lorsqu'on veut y-ajouter une voile, on élève un petit mât vers l'avant. Les voiles sont ou de nattes, ou de toile, ou de joncs entrelacés.

On voit pourtant en Moscovie, sur le lac de Wolda, des canots arrondis à l'avant et à l'arrière, et beaucoup plus larges au milieu que par les bouts : on les fait avancer avec une seule rame, dont on se sert à l'arrière : mais tous les autres canots de ce pays-là sont aigus à l'arrière et à l'avant, et ont du relevement par les bouts : on les peint, on leur donne le feu, et on les braye pour les conserver.

Les canots dont se servent les Nègres de la côte de Guinée, ne sont que des arbres creusés : ils sont d'une figure longue, et il ne leur reste guère de bois au-dessus de l'eau, de sorte que celui qui est à l'arrière et qui gouverne le canot se trouve dans l'eau. Ils vont fort vite, et ne laissent pas que d'aller assez avant en mer ; ils sont donc fort longs, bas, et étroits, et il n'y a d'espace dans la largeur que pour tenir un seul homme, et dans la longueur sept à huit : les hommes y sont assis sur de petits sièges de bois ronds, et la moitié de leur corps s'élève au-dessus du bord. Ils ont à la main une rame de bois dur, et ils rament tous à la fais, à la manière des galeres, et s'accordent ; ou si quelqu'un tire trop fort et que le bâtiment panche, il est redressé par celui qui gouverne, si bien qu'ils semblent voler sur la surface de l'eau, et il n'y a pas de chaloupe qui puisse les suivre d'un beau temps ; mais aussi quand la mer est haute, ils ne peuvent siller, l'élevation des flots empêchant leur aire : Lorsque la lame les renverse, ils ont l'adresse de les retourner dans l'eau, de les vider, et de s'y rembarquer sans courir le moindre danger, nageant tous comme des poissons. Ces canots ont ordinairement 16 pieds de long et un à deux pieds de large. Il y en a de plus grands, qui ont jusqu'à 35 pieds de long, 5 de large, et 3 de profondeur : ils sont plats par l'arrière, où il y a un gouvernail et un banc ; ils y ajoutent des voiles faites de jonc et de natte. Les Nègres ne laissent point leurs canots à l'eau ; ils les tirent à terre et les élèvent sur quatre fourches pour les faire sécher ; et quand ils sont secs, deux hommes peuvent les charger sur leurs épaules et les porter.

Pour les construire et les creuser, les Nègres se servent à présent de haches, que les Européens leur portent. Ils leur donnent aux deux côtés un peu de rétrécissement par le fond. Les bouts en sont pointus à l'avant et à l'arrière ; à chaque bout il y a une espèce de petit éperon ou gorgère d'un pied de long, et large comme la paume de la main, qui sert à donner prise pour enlever le canot.

Les canots des Sauvages de la terre de Feu et des environs du détroit de Magellan, sont d'une fabrique particulière. Ils prennent des écorces des plus gros arbres, qu'ils courbent pour leur donner des façons, si bien qu'ils les rendent assez semblables aux gondoles de Venise ; pour cet effet ils les posent sur de petites pièces de bois, comme on ferait un vaisseau sur le chantier ; et lorsque l'écorce a pris la forme de gondole et le pli nécessaire, ils affermissent le fond et les côtés avec des bois assez minces, qu'ils mettent en-travers depuis l'avant jusqu'à l'arrière, de même qu'on met les membres dans les vaisseaux ; et au haut sur le bord, ils posent encore une autre écorce qui règne tout-autour, prenant soin de bien lier le tout ensemble. Ces canots ont 10, 12, 14, et jusques à 16 pieds de long, et 2 de large : ils sont à 7 ou 8 places, c'est-à-dire qu'il peut y tenir assez commodément sept ou huit hommes qui rament débout et extrêmement vite.

Les canots des sauvages du détroit de Davis sont encore plus singuliers ; ces bateaux sont en forme de navette, longs de sept à huit pieds et larges de deux pieds, composés de petites baguettes de bois pliant en forme de claie, couvertes de peaux de chiens marins ou de loups marins. Chaque canot ne peut porter qu'un homme, qui s'assied dans un trou pratiqué au milieu. Ils s'en servent pour aller à la pêche, et d'une côte à l'autre.

CANOT, jaloux ; c'est un canot qui a le côté faible, et se renverse aisément. (Z)