DÉCISION, s. f. (Synonyme) la décision est un acte de l'esprit et suppose l'examen ; la résolution est un acte de la volonté, et suppose la délibération. La première attaque le doute, et fait qu'on se déclare ; la seconde attaque l'incertitude, et fait qu'on se détermine.

Nos décisions doivent être justes pour éviter le repentir ; nos résolutions doivent être fermes pour éviter les variations.

Rien de plus désagréable pour soi-même et pour les autres, que d'être toujours indécis dans les affaires, et irrésolu dans les démarches.



On a souvent plus d'embarras et de peine à décider sur le rang et sur la prééminence, que sur les interêts solides et réels. Il n'est point de résolutions plus faibles que celles que prennent au confessional et au lit, le malade et le pécheur ; l'occasion et la santé rétablissent bien-tôt la première manière de vivre.

Il semble que la résolution emporte la décision, et que celle-ci puisse être abandonnée de l'autre ; puisqu'il arrive quelquefois qu'on n'est pas encore résolu à entreprendre une chose pour laquelle on a déjà décidé : la crainte, la timidité, ou quelque autre motif, s'opposant à l'exécution de l'arrêt prononcé.

Il est rare que les décisions aient chez les femmes d'autre fondement que l'imagination et le cœur : en vain les hommes prennent des résolutions ; le goût et l'habitude triomphent toujours de leur raison. Il y a bien loin d'un projet à la résolution, et de la résolution à l'exécution.

En fait de science, on dit la décision d'une question, et la résolution d'une difficulté.

C'est ordinairement où l'on décide le plus, qu'on prouve le moins ; quoiqu'on réponde dans les écoles à toutes les difficultés, on y en résout très-peu. Girard, Synonymes. (D.J.)

RESOLUTION, et plus communément SOLUTION, terme de Mathématique, c'est l'énumération des choses qu'il faut faire pour obtenir ce que l'on demande dans un problème. Voyez PROBLEME.

Wolf admet trois parties dans un problème ; la proposition, qui est proprement ce que nous appelons problème ; la résolution, et la démonstration. Voyez PROPOSITION.

Dès qu'un problème est démontré, on peut le réduire en théorème, dont la résolution est l'hypothèse, et la proposition la thèse. Voyez THEOREME.

Voici en général la manière dont on s'y prend pour résoudre un problème.

La résolution algébrique est de deux espèces ; l'une s'exerce sur les problèmes numériques, et l'autre sur ceux de géométrie.

Pour résoudre un problème numérique par le moyen de l'algèbre, on commence par distinguer les quantités connues de celles que l'on cherche ; on marque les premières avec les premières lettres de l'alphabet, et les secondes avec les dernières. Voyez ALGEBRE, ANALYSE, etc.

2°. On forme autant d'équations qu'il y a d'inconnues ; quand on ne le peut pas, le probleme est indéterminé, et l'on peut supposer à certains égards, des quantités arbitraires qui puissent satisfaire à la question. Si les équations ne sont pas contenues dans le problème même, on les trouve par des théorèmes particuliers sur les équations, les rapports, les proportions, etc.

3°. Comme dans une équation les quantités connues se trouvent mêlées avec des inconnues, il faut les séparer de telle sorte, que les premières restent seules d'un côté, et les secondes de l'autre. Cette réduction se fait par l'addition, la soustraction, la multiplication, la division, l'extraction des racines, et en élevant les puissances à un plus haut degré, sans détruire pour cela l'égalité.

Quand le probleme se trouve réduit à une équation où l'inconnue monte au second degré ou davantage ; en ce cas, il faut résoudre l'équation en se servant des méthodes connues pour en trouver les racines. Voyez RACINE.

Pour résoudre un problème géométrique par le moyen de l'algèbre, il faut d'abord observer exactement les mêmes règles que pour les problèmes numériques. Il y a plusieurs autres choses à observer : 1°. il faut supposer le problème résolu ; 2°. il faut examiner le rapport que les lignes de la figure ont entr'elles, sans aucun égard aux quantités connues et inconnues, pour trouver des équations qui naissent de ces rapports, et dont la connaissance conduit à celle de tout le reste ; 3°. il faut former des triangles ou des rectangles semblables, en tirant quelques lignes, s'il est besoin, jusqu'à ce que l'on ait des équations entre les lignes connues et les inconnues. On peut encore mener plusieurs parallèles et plusieurs perpendiculaires, joindre des points, et faire des angles égaux.

Si ces moyens ne conduisent point à une équation, il faut examiner le rapport des lignes d'une autre manière : il ne suffit pas quelquefois de chercher la chose directement, il faut employer des moyens indirects et détournés.

Après avoir réduit l'équation, il faut en déduire sa construction géométrique ; ce que l'on fait en plusieurs manières, suivant les différentes espèces d'équation que l'on peut avoir. Voyez CONSTRUCTION. (E)

RESOLUTION, (en Physique) se dit de la réduction d'un corps en son état originaire et primordial, par la division et séparation de ses parties. Voyez DISSOLUTION.

Ainsi l'on dit que la neige se résout en eau, un composé en ses parties ou ingrédiens. Voyez NEIGE.

L'eau se résout en vapeurs par la chaleur, et les vapeurs se résolvent en eau par le froid. Voyez VAPEUR, CHALEUR, etc.

Quelques philosophes modernes, et surtout Messieurs Boyle, Mariotte, Boerhaave, etc. prétendent que l'état naturel de l'eau est d'être glacée ; ils en apportent pour raison qu'il faut pour la rendre fluide, un certain degré de chaleur, qui est une cause étrangère et active ; au lieu que près du pôle où elle n'est point agitée par cette cause étrangère, elle est toujours glacée et sans fluidité. Voyez EAU.

En supposant ce principe, ce serait parler improprement que d'appeler résolution, la réduction de la glace en eau. Voyez GELEE, GLACE, GELEGEL. Chambers.

RESOLUTION, (Médecine) on désigne sous ce nom tiré du latin resolutio, une des terminaisons ordinaires de l'inflammation. Voyez ce mot. Elle a lieu lorsque les symptômes inflammatoires se dissipent insensiblement, sans qu'il reste aucun vice dans la partie : je dis insensiblement, pour distinguer la résolution de la délitescence qui se fait par la disparition subite des phénomènes qui caractérisent l'inflammation, et par le transport du sang enflammé dans une autre partie plus ou moins considérable ; dans la résolution le sang qui était arrêté, accumulé dans les extrémités artérielles engorgées, ou dans les premières ramifications lymphatiques, reprend peu-à-peu ses routes accoutumées ; les vaisseaux resserrés et tendus se dilatent et s'assouplissent ; le sang épaissi redevient fluxile, s'il s'était égaré dans les vaisseaux séreux, il en est exprimé et rétrogradé dans les vaisseaux sanguins qui s'y abouchent ; ou devenu plus fluide, il parcourt tous les ordres décroissants des vaisseaux lymphatiques ; les contractions des artères et l'augmentation du mouvement intestin, sont les premières causes de la résolution. L'impétuosité moderée des humeurs, une certaine souplesse dans les vaisseaux, la légèreté de l'engorgement, aident beaucoup à cet effet ; le caractère de l'inflammation y concourt ; les érésipeles se résolvent plus ordinairement que les phlegmons. Dans ceux-ci le sang est plus épais, l'engorgement plus profond, et la cause est interne : dans ceux-là le sang est très-fluxile, détrempé par la bîle ou la sérosité, l'obstruction très-superficielle, dû. pour l'ordinaire plutôt au vice des vaisseaux que du sang, et la suite d'un dérangement extérieur. Les inflammatoires intérieures, ou plutôt les maladies inflammatoires, ne se résolvent jamais parfaitement ; il y a toujours dans l'humeur qui produisait l'inflammation, un changement, une espèce de coction, et une évacuation critique. Voyez INFLAMMATION et MALADIES INFLAMMATOIRES. On trouvera aux mêmes articles tout ce qui regarde les signes d'une résolution prochaine ; les avantages de cette terminaison, et les moyens de la laisser opérer à la nature ; nous y renvoyons le lecteur autant pour éviter une répétition inutile, que pour ménager un temps précieux.

RESOLUTION, terme de Chirurgie, dissipation des humeurs qui par leur séjour engorgeaient une partie, et y formaient une tumeur contre l'ordre naturel. Voyez TUMEUR.

L'action des remèdes résolutifs doit être aidée par l'usage des saignées dans les tumeurs inflammatoires, et des atténuans intérieurs, et des purgatifs dans les tumeurs blanches ou lymphatiques. Voyez RESOLUTIFS. (A)

RESOLUTION, (Jurisprudence) signifie quelquefois décision d'une question, quelquefois le parti ou la délibération que prend une compagnie ou une personne seule.

Résolution de contrat, est la même chose que dissolution ou rescision ; c'est l'anéantissement d'une convention. La loi 25 au digeste de reg. juris, porte que la résolution d'une convention se fait par les mêmes principes qui l'ont formée. Voyez CONTRAT, CONVENTION, RESCISION, RESTITUTION EN ENTIER. (A)

RESOLUTIONS et PLACARDS, (Commerce) l'on nomme ainsi en Hollande les ordonnances des états-généraux des Provinces-unies, soit pour la police, soit pour la politique, soit enfin pour le commerce. Quelques-uns mettent une différence entre résolution et placard, regardant la résolution comme l'ordonnance même, et le placard, comme l'affiche qu'on expose en public, pour faire part aux peuples des règlements qu'ils doivent observer. Voyez PLACARD.

Les principales résolutions des états-généraux sur le fait du Commerce, sont celles du 22 Novembre 1720, 11 Février 1721, 15 Octobre, et 31 Décembre 1723 ; et enfin celle des 25 et 31 Juillet 1725, qui a pour titre résolution et placard sur la levée des convais et licenten, ensemble la liste des droits d'entrée et de sortie, comme aussi du last-gled ou droit de lestage sur les vaisseaux. Voyez CONVOI, LICENTEN, LAST-GLED, LESTAGE.

Cette résolution est composée de 254 articles divisés en 18 sections, qui ont chacune leur titre particulier, qu'on peut voir exposé fort amplement dans le dictionnaire de Commerce de Savary.

Ces résolutions sont la même chose que ce que nous appelons en France un tarif. Voyez TARIF.

RESOLUTION, (Dessein) un artiste, et surtout un dessinateur qui est sur de ce qu'il fait, n'y Ve pas à deux fois ; du premier coup, il exprime ce qu'il a dans la pensée ; il met dans son trait une fermeté qui montre son savoir ; et c'est ce qu'on appelle dessiner avec résolution. (D.J.)