ABBESSE
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- Écrit par : Auteur anonyme
L'Abbesse a les mêmes droits et la même autorité sur ses Religieuses, que les Abbés Réguliers ont sur leurs Moines. Voyez ABBE.
Les Abbesses ne peuvent à la vérité, à cause de leur sexe, exercer les fonctions spirituelles attachées à la Prêtrise, au lieu que les Abbés en sont ordinairement revêtus. Mais il y a des exemples de quelques Abbesses qui ont le droit, ou plutôt le privilège de commettre un Prêtre qui les exerce pour elles. Elles ont même une espèce de juridiction épiscopale, aussi bien que quelques Abbés, qui sont exempts de la visite de leurs Evêques diocésains. Voyez EXEMPTION.
L'Abbesse de Fontevraud, par exemple, a la supériorité et la direction, non-seulement sur ses Religieuses, mais aussi sur tous les Religieux qui dépendent de son Abbaye. Ces Religieux sont soumis à sa correction, et prennent leur mission d'elle.
En France la plupart des Abbesses sont nommées par le Roi. Il y a cependant plusieurs Abbayes et Monastères qui se confèrent par élection, et sont exempts de la nomination du Roi, comme les Monastères de sainte Claire.
Il faut remarquer, que quoique le Roi de France ait la nomination aux Abbayes de Filles, ce n'est pas cependant en vertu du Concordat ; car les Bulles que le Pape donne pour ces Abbesses, portent que le Roi a écrit en faveur de la Religieuse nommée, et que la plus grande partie de la Communauté consent à son élection, pour conserver l'ancien droit autant qu'il se peut. Selon le Concîle de Trente, celles qu'on élit Abbesses doivent avoir 40 ans d'âge, et 8 de profession, ou avoir au moins 5 ans de profession, et être âgées de 30 ans. Et suivant les Ordonnances du Royaume, toute Supérieure, et par conséquent toute Abbesse, doit avoir 10 ans de profession, ou avoir exercé pendant 6 ans un office claustral. M. Fleury, Inst. au Droit eccles.
Le Père Martenne dans son Traité des Rits de l'Eglise, tome II. page 39. observe que quelques Abbesses confessaient anciennement leurs Religieuses. Il ajoute, que leur curiosité excessive les porta si loin, que l'on fut obligé de la réprimer.
Saint Basîle dans ses Règles abrégées, interrog. 110. tome II. page 453. permet à l'Abbesse d'entendre avec le Prêtre les confessions de ses Religieuses. Voyez CONFESSION.
Il est vrai, comme l'observe le Père Martenne dans l'endroit cité, que jusqu'au 13e siècle non-seulement les Abbesses, mais les Laïques mêmes entendaient quelquefois les confessions, principalement dans le cas de nécessité ; mais ces confessions n'étaient point sacramentales, et se devaient aussi faire au Prêtre. Elles avaient été introduites par la grande dévotion des fidèles, qui croyaient qu'en s'humiliant ainsi, Dieu leur tiendrait compte de leur humiliation : mais comme elles dégénérèrent en abus, l'Eglise fut obligée de les supprimer. Il y a dans quelques Monastères une pratique appelée la coulpe, qui est un reste de cet ancien usage. (H et G)