AIRE
- Détails
- Écrit par : Denis Diderot (*)
Si une aire, par exemple un champ, a la figure d'un carré dont le côté soit de 40 pieds, cette aire aura 1600 pieds carrés, ou contiendra 1600 petits carrés dont le côté sera d'un pied. Voyez QUARRE, MESURE.
Ainsi, trouver l'aire ou la surface d'un triangle, d'un carré, d'un parallélogramme, d'un rectangle, d'un trapeze, d'un rhombe, d'un polygone, d'un cercle, ou d'une autre figure, c'est trouver combien cette aire contient de pieds, de pouces, et de lignes carrés. Quant à la manière de faire cette réduction d'une surface en surfaces partielles carrées, voyez TRIANGLE.
Pour mesurer un champ, un jardin, un lieu entouré de murs, fermé de haies, ou terminé par des lignes, il faut prendre les angles qui se trouvent dans le contour de ce lieu, les porter sur le papier, et réduire ensuite l'aire comprise entre ces angles et leurs côtés en arpens, etc. en suivant les méthodes prescrites pour la mesure des figures planes en général. Voyez FAIRE ou LEVER UN PLAN. (E)
Si du centre du Soleil on conçoit une ligne tirée au centre d'une planète, cette ligne engendrera autour du Soleil des aires elliptiques proportionnelles au temps. Telle est la loi que suivent les planètes dans leur mouvement autour du Soleil ; ainsi le Soleil étant supposé en S, et une planète en A, (Planche d'Astronom. fig. 61. n°. 2.) si cette planète parvient en B dans un temps quelconque donné ; le rayon vecteur A S aura formé dans ce mouvement l'aire A S B : soit ensuite la même planète parvenue en P, et soit pris le point D, tel que l'aire P S D soit égale à l'aire A S B ; il est certain par la proposition précédente, qu'elle aura parcouru les arcs P D et A B dans des temps égaux. Voyez PLANETE et ELLIPSE.
Le célèbre Newton a démontré que tout corps qui dans son mouvement autour d'un autre suit la loi dont nous venons de parler, c'est-à-dire, que tout corps qui décrit autour d'un autre corps des aires proportionnelles au temps, gravite ou tend vers ce corps. Voyez GRAVITATION et PHILOSOPHIE NEWTONNIENNE. (O)
AIRE, terme d'Architecture, est une place ou superficie plane et horizontale, sur laquelle l'on trace un plan, une épure, etc. Voyez EPURE.
Il se dit encore d'un enduit de plâtre dressé de niveau, pour tracer une épure ou quelque dessein.
AIRE de plancher, se dit de la charge qu'on met sur les solives d'un plancher, d'une couche de plâtre pur pour recevoir le carreau.
AIRE de moilon, c'est une petite fondation au rez-de-chaussée, sur laquelle on pose des lambourdes, du carreau de pierre, de marbre, ou dalles de pierre : c'est ce que Vitruve entend par statumen.
AIRE de chaux et de ciment ; c'est un massif en manière de chape, pour conserver le dessus des voutes qui sont à l'air, comme il en a été fait un sur l'orangerie de Versailles.
AIRE de recoupes ; c'est une épaisseur d'environ huit à neuf pouces de recoupes de pierre, pour affermir les allées des jardins. (P)
AIRE de pont ; c'est le dessus d'un pont sur lequel on marche, pavé ou non pavé.
AIRE d'un bassin ; c'est un massif d'environ un pied d'épaisseur, fait de chaux et de ciment avec des caillous ou un corroi de glaise pavé par-dessus, ce qui fait le fond du bassin. Cette aire se conserve longtemps, pourvu que la superficie de l'eau s'écoule aisément, quand le tuyau de décharge est trop menu, l'eau superflue regorgeant sur les bords, délaye le terrain sur lequel est assis le bassin, et le fait périr. (K)
AIRE ; c'est, en Oeconomie rustique, le nom que l'on donne à la surface des granges, des poulailliers, des colombiers, des toits à porc, des bergeries, des vinées, etc. sur laquelle on marche.
L'aire de la grange d'une grande ferme est percée d'une porte charretière au moins, quelquefois de deux. Pour faire l'aire, on commence par labourer le terrain ; on enlève un demi-pié de terre ; on lui substitue de la glaise paitrie et rendue ferme ; on étend bien cette glaise ; on a soin que sa surface garde le niveau.
On laisse essuyer la terre ; on la bat à trois ou quatre reprises avec une batte de Jardinier. Voyez BATTE. On n'y laisse point de fentes ; on l'applanit bien avec un gros cylindre de pierre fort pesant. On ne prend pas toujours cette précaution. C'est sur cette aire qu'on bat le blé.
Pour l'aire des bergeries, il ne faut pas la faire de niveau ; il faut qu'elle soit un peu en pente, afin d'avoir la commodité de la nettoyer ; du reste sans pierre et bien battue.
Celle des toits à porc doit être pavée, sans quoi les cochons la fouilleront.
AIRE, (Jardinage) est un terrain plein et uni sur lequel on se promene, tel que serait la place d'un parterre, d'un potager, le fond d'un boulingrin, et autres. (K)
AIRE, s. f. nidus, est le nid ou l'endroit qu'habitent les grands oiseaux de proie, tel que l'aigle, le faucon, l'autour, etc. Ces oiseaux se retirent et élèvent leurs petits dans les rochers les plus escarpés, ou sur les arbres les plus élevés ; ils y construisent des aires qui ont jusqu'à une taise carrée d'étendue, et qui sont faites avec des bâtons assez gros, et des peaux des animaux qu'ils ont dévorés. Voyez AIGLE. (I)
Article 8. de l'ordonnance de Louis XIV. du mois d'Aout 1669. (Chasse) il est dit : " Défendons à toutes personnes de prendre dans nos forêts, garennes, buissons, et plaisirs, aucunes aires d'oiseaux de quelque espèce que ce soit ; et en tout autre lieu les œufs de cailles, perdrix et faisants, à peine de 100 livres pour la première fais, 200 livres pour la seconde, et du fouet et bannissement à six lieues de la forêt pendant cinq ans, pour la troisième ".
AIRE, en termes de Vannier ; c'est un endroit plein dans un ouvrage de faisserie, qui commence à la torche et monte jusqu'à une certaine distance ; ce qui se fait en tournant un brin d'osier autour de chaque pé. Voyez FAISSERIE, TORCHE, PE.
* AIRE, (Géographie) ville de France dans la Gascogne, sur l'Adour. Long. 17. 49. lat. 43. 47.
* AIRE, (Géographie) ville des Pays-Bas, comté d'Artais. Long. 20d. 3'. 28". lat. 50d. 38'. 18".