VENTRICULE
- Détails
- Écrit par : Louis de Jaucourt (D.J.)
VENTRICULE, ardeur du ventricule. Voyez ARDEUR.
Les ventricules du cœur sont les deux cavités qui se rencontrent dans son corps musculeux, dont l'une est épaisse et ferme, l'autre mince et mollasse. On donne communément à ce dernier le nom de ventricule droit, et à l'autre celui de ventricule gauche ; quoique suivant leur situation naturelle le ventricule droit est antérieur, et le gauche postérieur.
Chacun de ces ventricules est ouvert à la base par deux orifices, dont l'un répond à une des oreillettes, et l'autre à l'embouchure d'une grosse artère. Le ventricule droit s'abouche avec l'oreillette du même côté, et avec le tronc de l'artère pulmonaire. Le ventricule gauche s'abouche avec l'oreillette gauche, et avec le gros tronc de l'aorte. On trouve vers le contour de ces orifices plusieurs pellicules mobiles, que les Anatomistes appellent valvules, dont quelques-unes s'avancent dans les ventricules sous le nom de valvules triglochines, et les autres dans les gros vaisseaux sous le nom de valvules sémilunaires. Voyez VALVULE SEMILUNAIRE, etc.
Les ventricules ont leur surface interne fort inégale ; on y trouve quantité d'éminences et de cavités. Les éminences les plus considérables sont des allongements charnus fort épais, qu'on appelle colonnes. A l'extrémité de ces colonnes charnues sont attachés plusieurs cordages tendineux, qui par l'autre bout tiennent aux valvules triglochines. Voyez COEUR.
On a aussi donné le nom de ventricule à quatre cavités particulières du cerveau, dont deux appelées les ventricules latéraux, beaucoup plus longues que larges, avec très-peu de profondeur, séparées l'une de l'autre par une cloison transparente, sont immédiatement situées sous la voute médullaire ; on les nomme aussi ventricules antérieurs ou supérieurs du cerveau. Le troisième ventricule est un canal particulier, situé au bas de l'épaisseur des couches des nerfs optiques, et directement au-dessous de leur union ; ce canal s'ouvre en-devant dans l'entonnoir, et sous l'ouverture commune antérieure où il communique avec les ventricules latéraux. Il s'ouvre en-arrière sous l'ouverture commune postérieure, et communique avec le quatrième ventricule, qui est une cavité oblongue qui se termine en-arrière comme le bec d'une plume à écrire, située sur la surface supérieure de la portion postérieure de la moèlle allongée. Voyez MOËLLE ALLONGEE, CERVEAU, etc.
VENTRICULE, maladies du, (Médecine) un sac membraneux, musculeux, ouvert par deux orifices, doué d'un mouvement assez fort, et qui lui est particulier, situé dans la partie moyenne supérieure du ventre, et suspendu au diaphragme où il est attaché, est ce qu'on nomme le ventricule. Il répand quantité d'humeur salivaire, appelée suc gastrique, et beaucoup de mucosité. Il reçoit les aliments qu'on a pris, les digère, et les conduit par le pylore dans le duodenum.
Conséquemment à sa construction et à ses différentes fonctions, il est exposé à beaucoup de maladies, dont plusieurs ont un titre particulier, comme la nausée, le vomissement, les rots, l'ardeur, la satiété, le dégout, la cacochylie ou l'amas de mauvaises humeurs, la cardialgie, et les maladies qui ont rapport à la faim et à la digestion.
Le ventricule chargé d'une trop grande quantité d'aliments ; a besoin d'être évacué par le vomissement mécanique, ou bien il faut que de lui-même il se débarrasse peu-à-peu de ce qui le surcharge. Après cette opération, on évitera dans la suite de tomber dans le même excès de nourriture : mais s'il contient de la mucosité, de la pituite, ou quelqu'autre humeur tenace, il faut avoir recours aux résolutifs stomachiques, en même temps qu'aux doux purgatifs ; si la maladie résiste à l'usage de ces remèdes, on tentera les vomitifs. Sil y a dans le ventricule des matières putrides, rances, bilieuses, l'usage des acides savonneux est excellent ; après cela, on évacuera les matières viciées par les selles, ou par le vomissement. Quand il se trouve dans le ventricule des corps étrangers, comme le calcul, on doit avoir recours aux dissolvants ; les mercuriels tueront les vers ; mais s'il y a du sang ou du pus contenu dans la capacité de ce viscère, il est à-propos d'user de doux minoratifs, crainte d'irriter l'ulcère, ou d'occasionner une nouvelle effusion de sang. Lorsque le ventricule est gonflé par des vents, on vient à-bout de les dissiper par les remèdes généraux propres à cette maladie.
La trop grande compression du ventricule, s'évanouit insensiblement, lorsque la cause qui la produisait, ne subsiste plus ; la contusion, la piquure et les blessures de cette partie sont dangereuses ; la nature seule en peut procurer la guérison ; mais il faut que ceux qui se trouvent dans ces cas, se contentent d'une diete très-ménagée.
Dans la trop grande dilatation et la hernie du ventricule, on évitera soigneusement de trop manger ; on tentera de guérir, ou du-moins de diminuer ces sortes de maladies par l'usage des remèdes corroborants. Quand après une trop longue abstinence le ventricule s'est resserré, on vient à-bout de lui rendre sa capacité ordinaire, par des aliments doux et des boissons semblables qu'on augmentera par degré. La corrosion et l'excoriation du ventricule se guérit souvent par de doux antiseptiques. La cure de l'hémorrhagie de cette partie, appartient à l'article du vomissement de sang. L'inflammation, le rhumatisme, l'érésipele qui viennent attaquer le ventricule, se connaissent par la fièvre et la cardialgie, accompagnées d'ardeur et d'anxiété autour de la région de ce viscère, et par l'augmentation du mal à chaque fois que le malade prend des aliments, mal qui lui semble aussi grand, que si on lui brulait l'estomac. On traite cette maladie, en faisant un usage moderé des boissons et des remèdes antiphlogistiques, et en évitant les vomitifs et les purgatifs dont on avait usé auparavant.
Les ulcères du ventricule veulent souvent des remèdes balsamiques, joints aux aliments liquides et mucilagineux. Le relâchement, l'humidité, et l'hydropisie de ce viscère demandent les corroborants, les échauffans et les stomachiques longtemps continués.
Pour guérir la langueur, la faiblesse, la pesanteur, le froid de cette partie, maladies qui dénotent l'affoiblissement de son mouvement vital, il est semblablement nécessaire de recourir aux stomachiques, aux corroborants, et aux échauffans. Si l'ardeur du ventricule n'est pas causée par des acres contenus dans sa cavité, il la faut modérer de même que dans l'inflammation. Comme l'anxiété procede de différentes causes, elle exige aussi différents traitements. Enfin, lorsque le ventricule est agité de fortes convulsions sympathiques, on les calmera par les antispasmodiques, et les anodins donnés en même temps à petite dose. (D.J.)
VENTRICULE des oiseaux, (Anat. comparée) le ventricule, ou pour me servir quelquefois de l'expression la plus ordinaire, l'estomac des oiseaux est placé tout autrement qu'il ne l'est dans les autres animaux ; il est presque joint au dos, enfermé de ce côté par l'os des reins, et tellement recouvert en-devant par les intestins, que lorsqu'on fend par une incision les téguments du ventre, depuis ce qu'on nomme le brechet jusqu'à l'anus, on aperçoit ces derniers qui se présentent sans qu'on puisse découvrir que très-difficilement l'estomac qui est dessous.
Cette position du ventricule donne aux oiseaux la facilité la plus grande de couver, puisque les parties qui doivent poser presque immédiatement sur les œufs ou sur les petits, sont des parties molles capables de se prêter sans danger à la compression qu'elles doivent éprouver ; ce qui n'arriverait pas si l'estomac, surtout après qu'ils auraient mangé, était obligé d'essuyer cette compression.
D'un autre côté, cette même structure exige que les petits soient couvés après qu'ils sont éclos ; leur estomac qui n'est alors défendu de l'impression de l'air, que par une lame d'os fort mince, et presque cartilagineuse, perdrait trop vite la chaleur nécessaire pour la digestion, si l'incubation ne la lui rendait de temps en temps.
Les observations de M. Hérissant lui ont appris, que l'estomac du coucou était placé d'une façon toute différente. En disséquant un de ces oiseaux, il fut bien étonné de trouver après l'ouverture du ventre, des morceaux de viande crue, au lieu des intestins qu'il s'attendait d'y voir : il soupçonna d'abord que ces morceaux de viande avaient été portés dans cet endroit par quelque ouverture accidentelle faite au ventricule ; mais les ayant enlevés sans rien déranger, il vit qu'ils étaient dans ce viscère ; qu'il était placé si fort en avant, qu'il l'avait ouvert avec les téguments, et qu'il recouvrait les intestins ; au lieu que dans les autres oiseaux il en est recouvert.
La capacité de ce ventricule égalait celle d'un moyen œuf de poule ; il est garni en-dedans de plis dans lesquels on trouve une matière gélatineuse ; l'entrée de l'oesophage est fermée comme l'ouverture d'une bourse ; on trouve au-dessus beaucoup de grains glanduleux régulièrement arrangés, qui, quand on les exprime, rendent de la liqueur. L'ouverture du pylore ou l'entrée de l'intestin, était aussi plissée sur ses bords ; mais ce que cet estomac avait de plus particulier, c'était d'être adhérent par un tissu cellulaire à toutes les parties qui l'environnaient. Cette conformation parut si singulière à M. Hérissant, qu'il soupçonna que l'oiseau qu'il avait disséqué pouvait bien être monstrueux ; mais la dissection de plusieurs autres de la même espèce lui ayant toujours présenté la même structure, il fallut enfin la regarder comme constante.
De cette position de l'estomac, il suit qu'il est aussi difficîle au coucou de couver ses œufs et ses petits, que cette opération est facîle aux autres oiseaux ; les membranes de son estomac chargées du poids de son corps, et comprimées entre les aliments qu'elles renferment et des corps durs, éprouveraient une compression douloureuse et très-contraire à la digestion.
Il suit encore de la structure de ce volatile, que ses petits n'ont pas le même besoin d'être couvés que ceux des autres oiseaux, leur estomac étant plus à l'abri du froid sous la masse des intestins ; et c'est peut-être la raison pour laquelle le coucou donne toujours ses petits à élever à de très-petits oiseaux.
Mais pour revenir au ventricule des oiseaux en général, les Physiciens remarquent qu'il est composé de quatre muscles en-dehors, et en-dedans d'une membrane dure, calleuse, et raboteuse ; laquelle est disposée de telle manière, qu'elle fait comme deux meules, que les muscles poussent à plusieurs reprises pour leur faire écraser les semences ; or l'épaisseur de la membrane calleuse n'empêche pas, que lorsqu'elle est pressée tout-à-l'entour par les muscles, ses côtés ne s'approchent aisément pour comprimer ce qu'elle contient, parce qu'elle est toute plissée ; cette membrane sert d'antagoniste aux muscles qui la laissent agir, lorsqu'étant relâchés, leur action cesse. Mais afin de rendre l'action de ces muscles et de cette membrane calleuse plus efficace, les oiseaux ont un instinct d'avaler des cailloux, lesquels étant mêlés parmi les semences, aident à broyer les parties les plus dures de la nourriture.
Les autruches qui avalent des morceaux de fer ne le font pas pour s'en nourrir, ainsi que les anciens le pensaient ; elles les prennent pour s'en servir à broyer la nourriture dans leur estomac : car elles avalent indifféremment tout ce qu'elles rencontrent de dur et de solide. Bien loin que ces volatiles se nourrissent de métaux, on a reconnu par expérience à Versailles, qu'ils meurent quand ils en ont beaucoup avalé ; la dissection a fait voir, que les doubles que les autruches avaient avalés, s'étaient changés en verd-de-gris par le frottement mutuel de ces doubles, que l'on y trouva usés seulement par les endroits où ils se pouvaient toucher.
A proportion que la nourriture particulière à chaque oiseau est différente, la préparation, les organes qui y sont destinés, de même que ceux qui servent à la coction, sont aussi différents. Dans le genre des oiseaux, ceux qui vivent de chair ont bien moins de parties pour ces usages, que ceux qui vivent de semences. Les aigles, les vautours, les cormorants, les onocrotales, n'ont qu'un ventricule simplement membraneux et renforcé de quelques fibres charnues ; mais aussi ces oiseaux ne se servent point de cailloux pour broyer leur nourriture.
Enfin, la variété du ventricule des oiseaux se trouve bien marquée entre ceux qui vivent de grain, et ceux qui sont destinés à se nourrir de proie ; l'estomac des derniers est sans gésier, tout membraneux, et assez semblable à celui de l'homme ; autre animal rapace, qui vit de fruits, de chair, de poisson, et de coquillages. Le ventricule des chats-huants est un peu tendineux, comme s'il servait indifféremment à digérer la chair et autre nourriture que cet oiseau peut attraper. (D.J.)