S. f. (Divination) femme possédée de l'esprit python. Voyez PYTHON.
PYTHONISSE D'ENDOR, (Critique sacrée) on sait qu'il y a trois opinions sur l'histoire de cette pythonisse d'Endor, que Saul alla consulter, I. Sam. c. xxiij. . 7. et suiv. Les uns croient que l'âme de Samuel fut véritablement évoquée, et que ce fut l'ombre de ce prophète, ou ce prophète lui-même qui apparaissait au roi, lui prédit sa défaite et sa mort comme certaine, . 18. et 19. Les autres prétendent que le diable prit la figure de Samuel. D'autres enfin soutiennent que le tout ne fut qu'une fourberie de la part de la devineresse d'Endor. Le lecteur peut embrasser l'opinion qu'il lui plaira ; car chacun de ces trois systèmes a des partisans. Nous remarquerons seulement que le dernier nous parait le plus raisonnable, parce que c'est une maxime très-sage des Théologiens, de ne point multiplier les miracles sans nécessité ; et comme on ne prouvera jamais que Dieu eut un besoin indispensable ou de la résurrection de Samuel, ou de laisser agir le diable, pour apprendre à Saul qu'il serait battu par les Philistins, ce serait pécher contre un axiome reçu, que de recourir au merveilleux.
Les deux principaux acteurs de la scène d'Endor sont Saul et la pythonisse. Nous savons par le texte ce que la pythonisse pensait de Saul : Voi si ta servante a fait, dit-elle ce que tu lui as demandé. Saul avait demandé qu'elle lui devinât par l'Ob, et qu'elle lui fit monter celui qu'elle lui dirait. La conduite de Saul nous apprend ce qu'il pensait : il compta fort peu sur la certitude de la prédiction ; doute qu'il n'aurait pas eu, s'il avait été assuré qu'elle vint de Dieu : aussi, dès qu'il fut en état de faire quelques réflexions, il la regarda comme une illusion, puisqu'il se hâta si fort d'aller donner bataille aux Philistins. Samuel est un personnage suspect à l'une des parties ; Saul et la pythonisse ne le sont point. Que demanda Saul à cette femme ? Je te prie, devine-moi par l'Ob, et fais monter vers moi celui que je te dirai. On voit par-là bien clairement que Saul avait renoncé à consulter Dieu, qui, selon sa pensée, s'était retiré de lui. Qui veux-tu que je te fasse monter ? lui répond la pythonisse, c'est-à-dire, lequel des morts veux-tu consulter ? Fais monter Samuel, replique Saul ; après quoi la pythonisse se vante d'avoir fait ce qu'on lui a demandé.
Il est clair dans l'histoire sacrée, que l'Eternel avait constamment refusé de répondre aux incertitudes de Saul. . 6. Or, l'opinion qui suppose que sans en avertir, Dieu change de conduite, jusqu'au point de ressusciter un prophète mort, pour fixer des doutes qu'il n'avait pas daigné éclaircir par des songes, etc. attribue, en quelque sorte, à l'Etre suprême une conduite contradictoire, et conséquemment indigne de ses perfections infinies.
La pythonisse, qui connaissait Saul, se conduisit avec beaucoup d'adresse, et feignit d'être effrayée quand elle vit Saul dans le trouble : " Et la femme voyant Samuel s'écria à haute voix en disant : Saul, pourquoi m'as-tu déçue ? car tu es Saul ". Mais en même temps qu'elle feint d'être effrayée, elle conserve toute la tranquillité nécessaire, et répond à toutes les questions du prince ; ensuite s'apercevant qu'il était fort troublé, elle lui dit pour le rassurer : " Voici, ta servante a écouté ta voix, et j'ai exposé ma vie, et j'ai obéi aux paroles que tu m'as dites ".
Ces paroles, j'ai exposé ma vie, n'ont pas besoin de commentaire ; tout le monde entend qu'elles sont relatives à l'art que cette femme exerçait, et aux supplices que Saul avait infligés à ceux de cette profession : il les avait exterminés du pays. " Maintenant, ajoute-t-elle, je te prie que tu écoutes ce que sa servante te dira. Souffre que je mette devant toi une bouchée de pain, afin que tu manges et que tu ayes des forces pour t'en retourner par ton chemin : il le refusa, et dit : Je ne mangerai point. Mais ses serviteurs et la femme aussi le pressèrent tant, qu'il acquiesça à leurs sollicitations, et s'étant levé de terre, il s'assit sur un lit ".
Cette femme adroite " avait un veau qu'elle engraissait en sa maison ; elle se hâte de le tuer ; puis elle prit de la farine, la paitrit, et en cuisit des pains sans levain, qu'elle mit devant Saul, etc. " Tout cela prouve que les deux personnages n'avaient pas été également affectés de la prétendue apparition, et que le prince tremblant était la dupe de la femme rusée, assurée et contente du succès de sa filouterie.
Cette femme avait d'abord représenté à Saul les mauvais traitements qu'il avait faits aux personnes de sa profession. Elle connaissait Saul de vue ; néanmoins, pour ne point se tromper sur la personne qui la venait consulter, elle commence par lui dire : pourquoi tends-tu un piège à mon âme pour me faire mourir ? Il lui jure qu'il ne lui arrivera point de mal pour cela. Alors elle est parfaitement assurée de ne se pas tromper. Si Samuel s'était présenté vivant pendant cette conversation, Saul l'aurait Ve comme la pythonisse ; mais de peur de rien voir, il se prosterne le visage contre terre.
Le but de la magicienne était son propre intérêt, et le plaisir de se venger du mal que Saul avait fait à ses semblables. En lui prédisant d'heureux succès, la confiance aurait pu revenir à Saul, et elle aurait travaillé par-là à reculer des malheurs que vraisemblablement elle souhaitait d'avancer, pour être plus tôt vengée. Les circonstances même forcèrent la Pythonisse à parler comme elle parla. Ne doutons point que s'il eut été à son choix d'introduire quel personnage il lui eut plu pour jouer le rôle le plus commode, qu'elle n'en eut choisi un autre que Samuel. Mais Saul ayant souhaité qu'elle interrogeât ce prophète, comment le faire reconnaître à un prince qui craint de voir celui qu'il veut consulter, qu'en empruntant son langage, et lui faisant même rappeler ce qu'il avait déjà dit dans une autre occasion ? Saul crut donc que c'était Samuel qui lui parlait, par les discours qu'il lui tint. Il ne l'aurait pas cru, s'il lui en avait tenu de flatteurs, Samuel n'ayant pas accoutumé Saul à en entendre de tels. Ainsi, tout concourut à favoriser la magicienne : ainsi tout est simple dans cette histoire, et rien ne requiert la supposition d'un miracle. (D.J.)