(Physique) s. f. se dit de deux mouvements périodiques des eaux de la mer, par lesquels la mer se lève et s'abaisse alternativement deux fois par jour, en coulant de l'équateur vers les pôles, et refluant des pôles vers l'équateur. On appelle aussi ce mouvement flux et reflux de la mer. Voyez FLUX et REFLUX, MER, OCEAN, etc.



Quand le mouvement de l'eau est contraire au vent, on dit que la marée porte au vent. Quand on a le cours de l'eau et le vent favorables, on dit qu'on a vent et marée. Quand le cours de l'eau est rapide, on l'appelle forte marée. On dit attendre les marées dans un parage ou dans un port, quand on mouille l'ancre ; ou qu'on entre dans un port pendant que la marée est contraire, pour remettre à la voîle avec la marée suivante et favorable. On dit refouler la marée, quand on suit le cours de la marée, ou qu'on fait un trajet à la faveur de la marée. On appelle la marée, marée et demie, quand elle dure trois heures de plus au largue, qu'elle ne fait aux bords de la mer : Et quand on dit de plus, cela ne signifie point que la marée dure autant d'heures de plus ; mais que si par exemple, la marée est haute aux bords de la mer à midi, elle ne sera haute au largue qu'à trois heures.

Quand la lune entre dans son premier et dans son troisième quartier, c'est-à-dire, quand on a nouvelle et pleine lune, les marées sont hautes et fortes, et on les appelle grandes marées. Et quand la lune est dans son second et dans son dernier quartier, les marées sont basses et lentes, on les appelle mortes-marées, etc. Chambers.

Nous avons donné au mot FLUX et REFLUX les principaux phénomènes des marées, et nous avons tâché d'en expliquer la cause.

Nous avons promis au même article flux et reflux, d'ajouter ici quelques détails sur les marées ; et nous allons satisfaire à cette promesse.

On demande pourquoi il n'y a point de marées sensibles dans la mer Caspienne ni dans la Méditerranée.

On trouve par le calcul, que l'action du soleil et de la lune pour soulever les eaux, est d'autant moindre que la mer a moins d'étendue ; et ainsi comme dans le vaste et profond Océan, ces deux actions ne tendent à élever les eaux que d'environ 8 à 10 pieds, il s'ensuit que dans la mer Caspienne qui n'est qu'un grand lac, l'élevation des eaux doit être insensible.

Il en est de même de la Méditerranée dont la communication avec l'Océan est presqu'entièrement coupée au détroit de Gibraltar.

On peut voir dans la pièce de M. Daniel Bernoulli, sur le flux et reflux de la mer, l'explication d'un grand nombre d'autres phénomènes des marées. On trouvera aussi dans cette même pièce des tables pour la hauteur et pour l'heure des marées de chaque jour : et ces tables répondent assez bien aux observations, sauf les différences que la situation des côtes et les autres circonstances particulières y peuvent apporter.

Les alternatives du flux et reflux de six heures en six heures, font que les côtes sont battues sans cesse par les vagues qui en enlèvent de petites parties qu'elles emportent et qu'elles déposent au fond ; de même les vagues portent sur les côtes différentes productions, comme des coquilles, des sables, qui s'accumulant peu-à-peu, produisent des éminences.

Dans la principale des îles Orcades où les rochers sont coupés à pic, 200 pieds au-dessus de la mer, la marée se lève quelquefois jusqu'à cette hauteur, lorsque le vent est fort. Dans ces violentes agitations la mer rejette quelquefois sur les côtes des matières qu'elle apporte de fort loin, et qu'on ne trouve jamais qu'après les grandes tempêtes. On en peut voir le détail dans l'Histoire naturelle générale et particulière, tome I. page 438.

La mer, par son mouvement général d'orient en occident, doit porter sur les côtes de l'Amérique les productions de nos côtes ; et ce ne peut être que par des mouvements fort irréguliers, et probablement par des vents, qu'elle porte sur nos côtes les productions des Indes et de l'Amérique. On a Ve souvent dans les hautes mers, à une très-grande distance des côtes, des plages entières couvertes de pierres-ponces qui venaient probablement des volcans des îles et de la terre-ferme, voyez VOLCAN et PIERRE-PONCE, et qui paraissent avoir été emportées au milieu de la mer par des courants. Ce fut un indice de cette nature qui fit soupçonner la communication de la mer des Indes avec notre Océan, avant qu'on l'eut découverte. (O)

MAREES, (Marine) Les Marins nomment ainsi le temps que la mer emploie à monter et à descendre, c'est-à-dire, le flux et le reflux qui est une espèce d'inondation de la part de la mer deux fois le jour.

Les eaux montent environ pendant six heures ; ce mouvement qui est quelquefois assez rapide, et par lequel la mer vient couvrir les plages, se nomme le flux ou le flot. Les eaux, lorsqu'elles sont parvenues à leur plus grande hauteur, restent à peine un demi-quart-d'heure dans cet état. La mer est alors pleine ou elle est étale. Elle commence ensuite à descendre, et elle le fait pendant six heures qui forment le temps du reflux, de l'èbe, ou de jusan. La mer en se retirant, parvient à son plus bas terme qu'on nomme basse-mer, et elle remonte presque aussi-tôt.

Chaque mouvement de la mer n'est pas précisément de six heures : elle met ordinairement un peu plus à venir et un peu plus à s'en retourner. Ces deux mouvements contraires sont même considérablement inégaux dans certains ports : mais les deux ensemble sont toujours plus de douze heures ; ce qui est cause que la pleine mer où chaque marée ne se fait pas à la même heure tant le soir que le matin, elle arrive environ 24 minutes plus tard. Et d'un jour à l'autre, il se trouve environ 48 minutes de retardement ; c'est-à-dire, que s'il est pleine mer aujourd'hui dans un port à 9 heures du matin, il n'y sera pleine mer ce soir qu'à 9 heures 24 minutes, et demain à neuf heures quarante-huit minutes du matin, et le soir à 10 heures 12 minutes. C'est aussi la même chose à l'égard des basses-mers, elles retardent également d'un jour à l'autre de 48 minutes, et du matin au soir de 24 minutes.

Ce retardement étant connu, on peut, si l'on a été attentif à l'instant de la marée un certain jour, prévoir à quelle heure il sera pleine mer dans le même port un autre jour, et faire ses dispositions à-propos pour sortir du port ou y entrer ce jour-là. Chaque jour les marées retardent de 48 minutes ; ainsi en 5 jours, elles doivent retarder de 4 heures, ce qui donne la facilité de trouver leur retardement à proportion pour tout autre nombre de jours. Elles doivent retarder de 8 heures en 10 jours, et de 12 heures en 15 jours. Or il suit de-là que les marées reviennent exactement aux mêmes heures dans les quinze jours ; mais que celles qui se faisaient le matin, se font le soir, et celles qui arrivaient le soir, se font le matin : à la fin de quinze autres jours elles reprennent leur premier ordre.

Les marées sont plus fortes de quinze jours en quinze jours, c'est ce qui arrive à toutes les nouvelles et pleines lunes. On donne le nom de grandes eaux à ces plus fortes marées : on les nomme aussi malines ou reverdies. Dans les quadratures, c'est-à-dire aux premier et dernier quartiers, la mer monte moins, et elle descend aussi moins, c'est ce qu'on nomme les mortes eaux. Et la différence de hauteur entre les mortes eaux et les malines, Ve quelquefois à la moitié : ce que l'on doit savoir pour entrer ou sortir d'un port. En général, les marées du matin et du soir ne sont pas également fortes ; mais ce qu'il y a de très-remarquable, c'est que l'ordre de ces marées change au bout de six mois ; c'est-à-dire, que si ce sont les marées du matin qui sont actuellement les plus fortes, comme cela ne manque pas d'arriver ; en hiver, en six mois ou un peu plus, elles seront les plus faibles. Ce sont effectivement les marées du soir qui sont les plus fortes en été. Mais au-bout de six mois, les plus fortes marées deviennent les plus faibles, et les plus faibles deviennent les plus fortes.

Au surplus, les malines n'arrivent pas précisément les jours des nouvelles et pleines lunes, mais un jour et demi ou deux jours après. Les plus petites marées ou les mortes-eaux ne concourent pas non-plus exactement avec les quadratures ; elles tombent un jour et demi plus tard. Après qu'elles ont été fort grandes, un ou deux jours après la nouvelle ou la pleine lune, elles vont en diminuant jusqu'à un jour et demi après la quadrature, et elles augmentent ensuite jusqu'à la pleine ou nouvelle lune suivante.

On a Ve ci-devant que les marées retardaient chaque jour de 48 minutes, et qu'elles ne revenaient aux mêmes heures que de 15 jours en 15 jours. Il est pleine mer sur toute une étendue de côte à la même heure. Mais selon que les ports sont plus ou moins retirés dans les terres, ou que leur ouverture est plus ou moins étroite, la mer emploie plus ou moins de temps pour s'y rendre, et il y est pleine mer plus tôt ou plus tard. Chaque port a donc son heure particulière ; outre que cette heure est différente chaque jour, il a été naturel de considérer plus particulièrement les marées des nouvelles et pleines lunes, et d'y rapporter toutes les autres. On nomme établissement cette heure à laquelle il est pleine mer, lorsque la lune est vis-à-vis du soleil, ou qu'elle se trouve à l'opposite. Par exemple, à Brest, l'établissement des marées est à 3 heures 30 minutes ; au lieu qu'au Havre-de-grace, il est à 9 heures, parce qu'il est pleine mer à ces heures-là les jours de nouvelle et pleine lune.

Il est bon de remarquer que les pilotes sont assez dans l'usage d'exprimer l'établissement des ports, par les rumbs de vent de la boussolle. Ils se servent du nord et du sud pour indiquer 12 heures ; ils indiquent 6 heures par l'est et l'ouest, 3 heures par le sud-est et nord-ouest, et ainsi des autres. Cet usage qui s'est introduit dans plusieurs livres, n'est propre qu'à induire en erreur les personnes peu instruites, en leur faisant croire que ces prétendus rumbs de vent qui désignent l'établissement des marées, ont rapport à la direction des rivières, ou aux régions du monde, vers lesquelles les entrées des ports sont exposées. Il n'est pleine mer plus tard à Nantes qu'au bas de la Loire, que parce que cette ville est considérablement éloignée de la côte, et qu'il faut du temps au flux pour y faire sentir son effet.

Tout ce qu'on vient de dire sur les marées, est tiré du nouveau traité de Navigation, publié par M. Bouguer en 1753, auquel on peut avoir recours pour de plus grands détails. On ajoute ici une table de quelques côtes et ports de l'Europe, où l'heure de la pleine mer est marquée, les jours de la nouvelle lune et de la pleine, et à la suite une table du retardement des marées.

Tables des côtes et ports de l'Europe où l'heure de la pleine mer arrive le jour de la nouvelle et pleine lune.

Il est inutîle d'étendre cette table ; ce qu'on vient de voir suffit pour l'intelligence de ce que nous avons dit ci-devant sur l'établissement des marées dans un port. Il ne nous reste plus que la table du retardement des marées, qu'on Ve donner.

Table du retardement des marées.

Cette table sert aussi pour trouver l'établissement d'un port, lorsqu'on y aura observé l'heure de la marée.

Un certain jour la table marquera la quantité du retardement de l'anticipation pour le jour de l'observation, et elle la donnera toujours par rapport à l'heure de l'établissement ; ainsi il n'y aura qu'à ôter le retardement, ou ajouter l'anticipation à l'heure qu'on aura observée, et on aura l'heure de la pleine mer pour le jour de la nouvelle et pleine lune.

On observe, par exemple, la pleine mer à 10 heures 20 minutes dans un certain port un demi jour avant la nouvelle lune.

On consulte la petite table qui apprend qu'un demi jour donne 18 minutes d'anticipation, ou que la pleine mer doit arriver 18 m. plutôt à cause du demi jour, on aura donc 10 h. 38 m. pour l'établissement.

Supposons, pour second exemple, que deux jours et un quart avant une des quadratures, on observe qu'il est pleine mer dans un port à 5 heures 40 minutes, on trouvera dans la table 3 heures 11 minutes pour le retardement ; d'où il s'ensuivra que la mer aura été pleine le jour de la nouvelle ou pleine lune à 2 h. 29 m., et ce sera l'établissement requis.

Marées qui portent au vent, sont des marées qui vont contre le vent.

Marées et contremarées, ce sont des marées qui se rencontrent en venant chacune d'un côté, et qui forment souvent des courants rapides et dangereux, qu'on appelle des ras.

Marées qui soutiennent, expression qui signifie qu'un vaisseau faisant route au plus près du vent, et ayant le courant de la marée favorable, se trouve soutenu par la marée contre les lames que pousse le vent ; en sorte que le vaisseau Ve plus facilement où il veut aller. Article de M. BELIN.