S. f. en Poésie ; c'est le changement ou la révolution qui arrive à la fin de l'action d'un poème dramatique, et qui la termine. Voyez DRAME et TRAGEDIE.

Selon Scaliger, la catastrophe était la quatrième et dernière partie des tragédies anciennes, où elle succédait à la catastase : mais ceux qui retranchant celle-ci, ne comptent que la protase, l'épitase, et la catastrophe, appellent cette dernière la troisième. Voyez CATASTASE.



La catastrophe est ou simple ou compliquée : ce qui fait donner aussi à l'action l'une ou l'autre de ces dénominations. Voyez FABLE.

Dans la première, on ne suppose ni changement dans l'état des principaux personnages, ni reconnaissance, ni dénouement proprement dit ; l'intrigue qui y règne n'étant qu'un simple passage du trouble et de l'agitation à la tranquillité. Cette espèce de catastrophe convient plus au poème épique qu'à la tragédie, quoiqu'on en trouve quelques exemples dans les anciens tragiques : mais les modernes ne l'ont pas crue assez frappante, et l'ont abandonnée. Dans la seconde, le principal personnage éprouve un changement de fortune, quelquefois au moyen d'une reconnaissance, et quelquefois sans que le poète ait recours à cette situation.

Ce changement s'appelle autrement péripétie ; et les qualités qu'il doit avoir, sont d'être probable et nécessaire. Pour être probable, il faut qu'il résulte de tous les effets précédents ; qu'il naisse du fond même du sujet, ou prenne sa source dans les incidents, et ne paraisse pas mené ou introduit à dessein, encore moins forcément. La reconnaissance sur laquelle une catastrophe est fondée, doit avoir les mêmes qualités que la catastrophe ; et par conséquent pour être probable, il faut qu'elle naisse du sujet même ; qu'elle ne soit point produite par des marques équivoques, comme bagues, brasselets, etc. ou par une simple réflexion, comme on en voit plusieurs exemples dans les anciens et dans les modernes.

La catastrophe, pour être nécessaire, ne doit jamais laisser les personnages introduits dans les mêmes sentiments, mais les faire passer à des sentiments contraires, comme de l'amour à la haine, de la colere à la clémence, etc. Quelquefois toute la catastrophe ou révolution consiste dans une reconnaissance : tantôt elle en est une suite un peu éloignée, et tantôt l'effet le plus immédiat et le plus prochain ; et c'est, dit-on, là, la plus belle espèce de catastrophe, telle qu'est celle d'Oedipe. Voyez PERIPETIE et RECONNOISSANCE

Dryden pense qu'une catastrophe qui résulterait du simple changement de sentiments et de résolutions d'un personnage, pourrait être assez bien maniée pour devenir extrêmement belle, et même préférable à toute autre. Le dénouement du Cinna de Corneille, est à-peu-près dans ce genre. Auguste avait toutes les raisons du monde pour se venger, il le pouvait ; il pardonne ; et c'est ce qu'on admire : mais cette facilité de dénouer les pièces, favorable au poète, ne plairait pas toujours au spectateur, qui veut être remué par des événements surprenans et inattendus.

Les auteurs qui ont traité de la poétique ont mis en question, si la catastrophe doit toujours tourner à l'avantage de la vertu, ou non ; c'est-à-dire s'il est toujours nécessaire qu'à la fin de la pièce la vertu soit récompensée, et le vice ou le crime puni. La raison et l'intérêt des bonnes mœurs semblent demander qu'un auteur tâche de ne présenter aux spectateurs que la punition du vice et le triomphe de la vertu : cependant le sentiment contraire a ses défenseurs ; et Aristote préfère une catastrophe qui révolte à une catastrophe heureuse ; parce que l'une, selon lui, est plus propre que l'autre à exciter la terreur et la pitié, qui sont les deux fins de la tragédie. Voyez PASSIONS et TRAGEDIE.

Le P. le Bossu, dans son traité du Poème épique, divise la catastrophe, (au moins dans l'épopée) en dénouement et fin, et fait résulter cette dernière partie de la première. Il la fait consister dans le passage du héros d'un état de trouble et d'agitation en un état de tranquillité : cette révolution, selon lui, n'est qu'un point sans étendue ou durée, en quoi elle diffère du dénouement, qui comprend tout ce qui se trouve après le nœud ou l'intrigue formée. Il ajoute que dans un même poème il y a plusieurs dénouements, parce qu'il y a plusieurs nœuds qui naissent les uns des autres. Ce qu'il appelle fin, est le point où se termine le dernier dénouement. Voyez NOEUD, INTRIGUE, FABLE. (G)