S. f. en Philosophie, designe une qualité qui se trouve dans certains corps, et qui fait que leurs parties se tiennent ensemble, de sorte qu'elles résistent à leur séparation. Voyez COHESION.

Dans ce sens le mot de dureté répond à ce que nous appelons solidité, par opposition à fluidité. Voyez SOLIDITE et FLUIDITE.



A proprement parler, un corps est dur quand ses parties tiennent ensemble au point de ne pas plier, s'enfoncer ou se dissoudre à l'occasion d'une impulsion extérieure, de sorte que ces parties ne peuvent se mouvoir les unes par rapport aux autres, à moins qu'on ne brise le corps qu'elles composent.

Dans ce sens, dureté est opposé à molesse, qualité des corps dont les parties se dérangent aisément.

Au reste nous ne connaissons dans l'univers aucun corps qui soit parfaitement dur ; en effet, tous les corps dont nous avons connaissance peuvent être brisés et reduits en pièces ; et pressés fortement ils changent de figure, sans en excepter même les diamants les plus durs, les cailloux et les pierres, soit communes, soit précieuses. Quelques auteurs ont même prétendu démontrer à priori, qu'il ne pouvait y avoir de corps absolument durs dans la nature ; sur quoi voyez l'article PERCUSSION, et éloge historique de M. Jean Bernoulli dans mes Mêlanges de littérature, 1753. tome I. page 288. Voyez aussi les mémoires de l'académie de Berlin, pour l'année 1751, pag. 331 et suiv.

Les Péripatéticiens regardent la dureté comme une qualité secondaire, prétendant qu'elle est l'effet de la sécheresse, qui est une qualité première. Voyez QUALITE.

Les causes éloignées de la dureté, suivant les mêmes philosophes, sont le froid ou le chaud, selon la diversité du sujet : ainsi, disent-ils, la chaleur produit la sécheresse, et par conséquent la dureté dans la boue, et le froid fait le même effet sur la cire.

Les Epicuriens et les Corpusculaires expliquent la dureté des corps par la figure des parties qui les composent, et par la manière dont s'est faite leur union.

Suivant ce principe, quelques-uns attribuent la dureté aux atomes, aux particules du corps, qui, lorsqu'elles sont crochues, se tiennent ensemble et s'emboitent les unes dans les autres ; mais cela s'appelle donner pour réponse la question même : car il reste à savoir pourquoi ces parties crochues sont dures.

Les Cartésiens prétendent que la dureté des corps n'est produite que par le repos de leurs parties ; mais le repos n'ayant point de force, on ne conçoit pas comment des parties qui sont simplement en repos les unes auprès des autres, peuvent être si difficiles à séparer.

D'autres attribuent la dureté à la pression d'un fluide ; mais comment cette pression cause-t-elle la dureté ? quel est d'ailleurs ce fluide ? voilà ce qu'on ne nous dit pas, ou qu'on nous explique fort mal : aussi les mêmes philosophes qui expliquent la dureté par l'action de ce fluide, s'en servent aussi pour expliquer la fluidité ; tant les explications vagues sont commodes pour rendre raison du pour et du contre.

Les Newtoniens croient que les particules premières de tous les corps, tant solides que fluides, sont dures, et même parfaitement dures, de sorte qu'elles ne peuvent être cassées ni divisées par aucune puissance qui soit dans la nature. Voyez MATIERE, CORPS, ELEMENT. etc.

Ils ajoutent que ces particules sont jointes et unies ensemble par une vertu attractive, et que, suivant les différentes circonstances de cette attraction, le corps est dur ou mou, ou même fluide. Voyez ATTRACTION.

Si les particules sont disposées et appliquées les unes sur les autres, de manière qu'elles se touchent par des surfaces larges, elles forment un corps dur, et cette dureté augmente à proportion de la largeur de ces surfaces : au contraire si les particules ne se touchent que par des surfaces très-petites, la faiblesse de l'attraction fait que le corps composé de telles particules, conserve toujours sa mollesse.

Ce sentiment est peut-être, à certains égards, le plus vraisemblable : en effet, on ne peut guère se dispenser d'admettre dans les particules des corps, une dureté originaire et primitive. On a beau dire que la dureté vient de l'union intime des parties, il reste à savoir si ces parties sont dures ; et la question demeure toujours la même, à moins qu'on n'admette dans ces particules une dureté essentielle, pour ainsi dire, et indépendante d'aucune cause extérieure.

J'ai dit plus haut que le sentiment des Newtoniens était, seulement à plusieurs égards, le plus vraisemblable ; car on pourrait n'être pas entièrement satisfait de cette attraction que les Newtoniens donnent pour la cause de la dureté. Nous avons déjà fait voir à l'article ADHERENCE, qu'on rapporte à l'attraction, peut-être sans beaucoup de fondement, la tenacité des parties des fluides : on peut appliquer à-peu-près le même raisonnement à la dureté des corps. Les particules intérieures d'un corps, celles qui ne sont pas fort près de la surface, sont également attirées en tout sens, par conséquent dans le même cas que si elles ne l'étaient point du tout, et que si elles étaient dans un simple repos respectif les unes auprès des autres. On dira peut-être que les particules qui sont proches de la surface, sont attirées vers le dedans du corps, et pressent par ce moyen toutes les autres. Mais supposons cette surface recouverte en tout sens d'une enveloppe détachée, de la même matière que le corps, et d'une épaisseur égale à la distance à laquelle l'attraction s'étend ; et que cette enveloppe, quoique détachée, s'ajuste exactement sur la surface du corps, en sorte qu'elle en soit aussi proche que si elle y était adhérente : alors, 1°. les parties de la surface du corps seront également attirées en tout sens, et par conséquent ne peseront plus sur les autres, néanmoins le corps restera toujours dur : 2°. les parties de l'enveloppe paraitraient devoir peser sur la surface, et y être fort adhérentes : c'est pourtant ce qui n'arrive pas.

Quelle est donc la cause de la dureté ? nous ferons à cette question la même réponse qu'à plusieurs autres : on n'en sait rien. (O)

DURETE, en termes de Médecine, signifie,

1°. Une espèce de constipation, dans laquelle on a le ventre dur ; ainsi on dit dans ce cas, dureté de ventre. Voyez DEJECTION et CONSTIPATION.

2°. Une diminution considérable de l'exercice de l'ouie, qui rend presque sourd ; on appelle cette lésion de fonction, dureté d'oreille. Voyez OREILLE, OUIE,
3°' a>SURDITE :

. On appelle aussi duretés, en Médecine, certaines tumeurs ou callosités qui viennent à la peau dans différentes parties du corps, mais particulièrement aux mains et aux pieds, où l'épiderme comprimé, froissé, se détache en partie de la peau, de manière qu'il s'en forme un nouveau par-dessous, sans que le vieux soit entièrement séparé. La compression ou le froissement continuant, détache encore la nouvelle couche d'épiderme ; il s'en forme une troisième, et ainsi de suite, ce qui forme un amas de différents feuillets d'épiderme fortement appliqués les uns aux autres, d'où résulte une élévation sur la surface de la peau, souvent circonscrite en forme de tumeur, qui devient quelquefois fort épaisse, profonde, et dure comme de la corne.

Il entre aussi des vaisseaux de la peau comprimés, oblitérés, dans la composition de ces sortes de tumeurs cutanées, lorsqu'elles sont considérables : elles se forment aux mains des travailleurs de terre, des ouvriers qui se servent d'instruments d'une substance dure, qui compriment fortement et qui froissent la surface des parties molles des organes avec lesquels on les met en mouvement, en les serrant, en les pressant avec force. Voyez DURILLON.

Ceux qui marchent souvent et longtemps, surtout à pieds nuds, ont des duretés calleuses à la peau du talon, particulièrement sur le bord postérieur.

Les cors qui viennent aux pieds, par la compression de la peau sur les os, faite par la chaussure, sont des duretés de cette espèce. Voyez COR.

L'effet de ces duretés de la peau, est d'empêcher l'exercice du tact dans les parties où elles se trouvent ; et si elles sont étendues sans circonscription sur toute la surface de la paume de la main ou de la plante des pieds, elles émoussent le sentiment de ces parties, comme si elles étaient revêtues de gants ou d'une chaussure de cuir ; tellement qu'elles ne reçoivent pas les impressions des corps solides ou liquides, assez chaudes pour exciter celle de brulure sur toute autre partie à laquelle on les appliquerait.

Ces duretés calleuses causent cependant quelquefois de la douleur, lorsqu'elles sont fortement pressées contre les parties molles sensibles auxquelles elles tiennent.

L'indication qui se présente pour la curation de ces affections cutanées, lorsqu'elles incommodent ou qu'elles blessent, consiste à employer tout ce qui est propre à les ramollir et à les emporter, en les raclant ou en les coupant : au surplus voyez ce qui est dit des remèdes contre les cors, à l'article COR. (d)