S. f. (Marine) c'est un bâtiment plat, long et étroit, bas de bord, et qui Ve à voiles et à rames. On lui donne communément vingt à vingt-deux taises de longueur, sur trois de largeur ; elle a deux mâts qui se desarborent quand il est nécessaire ; l'un s'appelle la mestre, et l'autre le trinquet, qui portent deux voiles latines. Les galeres ont de chaque côté ving-cinq à trente bancs, sur chacun desquels il y a cinq ou six rameurs. On y met cinq pièces de canon, savoir deux bâtardes, deux plus petites, et un coursier qui est placé sur l'avant pour tirer pardessus l'éperon : c'est une pièce de gros calibre d'environ 34. livres de balle.



Pour faire connaître ce bâtiment, j'ai cru que des desseins exacts frapperaient davantage que de longues descriptions, qu'il est presqu'impossible de rendre claires, et qui sont presque toujours très-ennuyantes. Voyez la Planche II. qui représente le dessein d'une galere à la rame, avec toute sa chiourme et ses mâts ; et la Planche IV. fig. 2. la coupe d'une galere dans toute sa longueur, où l'on voit la distribution et le détail de son intérieur. Et pour rendre cet article plus complet, je joindrai à la fin de cet article un état de ce qui entre dans la construction et armement d'une galere.

Les galeres faisaient autrefois un corps séparé de la Marine ; elles avaient leur commandant et leurs officiers : mais aujourd'hui ce corps est réuni à celui de la Marine, et les officiers des vaisseaux du roi commandent également les galeres quand il en est besoin. Il y avait un général des galeres, des lieutenans généraux, chefs d'escadre, capitaines-lieutenans et enseignes.

Parmi les galeres on distinguait la réale et la patrone. La réale portait l'étendard royal et trois fanaux posés en ligne droite. Elle était montée par le général des galeres. La patrone était montée par le lieutenant général ; elle portait deux fanaux et un étendard carré long à l'arbre de mestre.

La France n'est pas la seule puissance qui a des galeres ; le Pape, les Vénitiens, les Génois, le roi de Naples et Malthe en ont qui ne sortent point de la mer Méditerranée. La France est la seule qui en a fait passer dans l'Océan ; et actuellement il y en a dans le port de Brest.

Etat d'armement d'une galere. Arboratures. L'arbre de mestre de 28 goues (a) de long, de quatre pans de rondeur au petit bout, et de six à sept pans de rondeur au gros bout.

Pour l'antenne de mestre, il faut qu'elle ait 32 goues de long, et son quart 28 goues, et le tout quatre pans et demi de rondeur.

L'arbre de trinquet de 21 goues de long, de quatre pans et demi de grosseur au gros bout, et trois pans au petit bout ; l'antenne de 28 goues de long, et trois pans de rondeur, avec son quart de 18 goues de long et de ladite rondeur.

Manœuvres de la mestre. Il faut 160 brasses de cordages de cinq pouces, pour faire les cinq costières par bande, pesant 10 quintaux.

Trente brasses de six pouces faites en gumenettes pour costières, pesant deux quintaux 75 livres.

Cent trente brasses de cordages de deux pouces et demi, pour garnir les douze palanquinettes pour les costières, pesant 200 livres.

Une veste de mestre de quatre pouces et de 80 brasses, pesant quatre quintaux 25 livres.

Une autre semblable.

L'amande mestre de sept pouces et de 30 brasses, pesant environ six quintaux.

Une pièce de quatre pouces de 80 brasses pour faire l'oste, pesant quatre quintaux.

Pour le bragot de l'oste de 25 pouces et de 24 brasses, pesant un quintal et demi.

Pour faire les deux oncquits, 120 brasses de trois pouces et demi, pesant quatre quintaux et demi.

Pour les cargues d'avant, 60 brasses de cordages de quatre pouces, pesant quatre quintaux.

Pour le bragot des cargues d'avant, il faut 20 brasses de cordages de 5 pouces, pesant un quintal.

Pour l'orfe nouvelle, 50 brasses de quatre pouces, pesant trois quintaux.

Pour les deux trosses, 12 brasses de quatre pouces, pesant 75 livres.

Pour le caruau, 80 brasses de trois pouces et demi, pesant trois quintaux et demi.

Pour les deux orsepoupes, 80 brasses de quatre pouces, pesant quatre quintaux.

Pour faire les trinquets, 24 brasses de trois pouces, pesant 40 livres.

Pour le prodou de mestre, 160 brasses de cinq pouces, pesant dix quintaux.

Pour l'estrop du prodou, 15 brasses de huit pouces, pesant deux quintaux.

Quatorze chaînes avec leurs bandes et ganches, pour tenir les sarties de mestre, pesant chacune 20 livres.

Deux autres chaînes pour les cargues de la mestre, appelées rides, pesant chacune 20 livres.

Manœuvres du trinquet. Il faut une pièce de cordage de 100 brasses, de quatre pouces de grosseur, pour quatre sarties par bande dudit trinquet, pesant cinq quintaux.

Quatre-vingt brasses de deux pouces et demi, pour les huit palanguinettes dudit trinquet, pesant un quintal et demi.

Pour l'isson, une pièce de cordage de 80 brasses et de trois pouces et demi, pesant trois quintaux et demi.

Pour l'aman, 20 brasses de quatre pouces et demi, pesant un quintal et demi.

Pour les deux anquis, une pièce de 70 brasses et de trois pouces, pesant deux quintaux et demi.

Pour les deux trosses, 20 brasses de trois pouces, pesant 80 livres.

Pour cargue d'avant, 30 brasses de cordages de quatre pouces, pesant un quintal et demi.

Pour les deux orses-poupes, 70 brasses de trois pouces, pesant deux quintaux et demi.

Pour les deux bragots d'orse-poupe, 12 brasses de quatre pouces, pesant 60 livres.

Pour les carguettes, 40 brasses de trois pouces, pesant un quintal et demi.

Pour les deux ostes, 80 brasses de trois pouces, pesant trois quintaux.

Pour le bragot de l'oste, deux brasses de quatre pouces, pesant 60 livres.

Pour le prodou du trinquet, 80 brasses de quatre pouces, pesant quatre quintaux.

Huit chaînes avec les bandes et gandes, pour tenir les sarties dudit trinquet, pesant chacune 20 livres.

Tailles et poulies de mestre. Vingt-quatre tailles, appelées couladoux, garnies de leurs poulies.

Deux tailles pour l'orse-devant, et une pour l'orse-nouvelle.

Quatre masseprets pour les ostes et pour les orses à poupe.

Deux masseprets pour les carvaux.

Les deux tailles de l'arbre de mestre.

Les partegues du tabernacle.

Les deux poulies desdits partegues de bronze, avec leurs chevilles de fer.

Trais bigotes et vingt-quatre pattes pour les anquis de mestre.

Deux partegues pour arborer l'arbre de mestre.

Les poulies desdits partegues seront de bronze.

Pour les maisselas où passent les vestes dans le coursier, six pouces de bronze.

Le cousset de l'arbre de mestre aura ses deux poulies de bronze.

Deux partegues pour tirer le caïe de la galere dedans.

Une partegue pour le carvau de la mestre vers le fougon.

(a) On nomme en Provence goue la mesure dont on se sert pour la construction des galeres. La goue a 3 pans ou 3 palmes, et chaque palme revient à 9 pouces, de sorte que la goue fait 2 pieds 3 pouces.

Deux partegues pour l'orse à poupe, qui s'attachent sur les apostis.

Les deux tailles du prodou.

Quatre masseprets pour le timon.

Tailles et poulies de trinquet. Seize couladoux pour les sarties de l'arbre du trinquet.

Quatre tailles pour les anquis du trinquet, avec ses bigots et pastres.

Un massepret pour les cargues devant.

Deux masseprets pour les ostes.

Deux masseprets pour les orses à poupe.

Deux autres pour les carvaux.

Deux tailles pour guinder le trinquet.

Deux poulies pour les tailles, qui seront de bronze.

Deux tailles pour le prodou du trinquet.

Deux partegues de retour du trinquet.

Les poulies du cousset du trinquet de bronze, avec son per de fer.

Quatre tailles pour casser la tante.

Soixante-quinze anneaux tant grands que petits.

Voiles de mestre. Le marabou, pour lequel il faut 540 cannes de cotonnine double.

Le maraboutin, pour lequel il faut 360 cannes de ladite cotonnine.

Le tréou, pour lequel 180 cannes de ladite cotonnine.

La bourde, pour laquelle il faut 680 cannes de ladite cotonnine.

Toiles de trinquet. Le trinquet, pour lequel il faut 340 cannes de ladite cotonnine.

La mesanne, pour laquelle il faut 380 cannes de ladite cotonnine.

Pour coudre toutes lesdites voiles, mestre et trinquet, il faut un quintal et demi de fil de voile.

Seize livres de cire pour cirer ledit fil.

Cent quarante journées de femmes pour coudre lesdites voiles.

Un maître qui coupe lesdites voiles, et qui a l'oeil pendant qu'elles se font.

Une voîle pour le caïe, y compris la toile, fil et façon.

Cordages pour garnir les voiles de mestre. Pour garnir le marabou, un cap de 50 brasses et de sept pouces au gros bout, à queue de rat, pesant trois quintaux.

Pour le maraboutin, un cap de cinq pouces au gros bout, et de 45 brasses, pesant deux quintaux et demi.

Pour garnir le tréou, un cap de quatre pouces et de 40 brasses, pesant deux quintaux et 20 livres.

Pour garnir la boude, un cap de 60 brasses et de huit pouces, pesant cinq quintaux.

Pour escottes de mestre, il en faut deux de sept pouces au gros bout, et de 30 brasses chacune, les deux pesant ensemble six quintaux.

Un cap pour le palan à carguer l'escotte de 40 brasses et de 3 pouces et demi, pesant un quintal.

Pour mataffions et tasserots pour toutes les voiles, il faut quatre quintaux de menu cordage.

Cordages pour garnir les voiles de trinquet. Pour garnir le grand trinquet, un cap de 36 brasses et de cinq pouces au gros bout, pesant deux quintaux.

Pour garnir le petit trinquet ou mesanne, un cap de 32 brasses et de quatre pouces au gros bout, pesant un quintal et demi.

Pour l'escotte du trinquet, un cap de 20 brasses et de quatre pouces et demi, pesant 120 livres.

Pour carguer l'escotte du trinquet, une pièce de 30 brasses et de trois pouces, pesant un quintal.

Pour les mataffions et tasserots desdites voiles, deux quintaux de menu cordage.

Ancres, gumes, gumenettes, et autres caps pour l'ormieg. Quatre grandes ancres dits raissons, pesant chacun 14 quintaux.

Une petite ancre pour le caïe, pesant 60 livres.

Une gume de 12 pouces et de 80 brasses, pesant 14 quintaux.

Une autre semblable.

Une autre d'onze pouces et 80 brasses, pesant 12 quintaux.

Une autre semblable.

Une gumenette de sept pouces et 80 brasses, pesant sept quintaux.

Une autre semblable.

Un cap de poste de six pouces et 80 brasses, pesant six quintaux et demi.

Un autre semblable.

Un cap de grapi de cinq pouces et 80 brasses, pesant cinq quintaux.

Un autre semblable.

Une pièce de cordage de trois pouces et demi et de 80 brasses, pour mettre le caïe en galere et le remorguer, pesant trois quintaux.

Pour faire bosses, une pièce de cinq pouces et 40 brasses, pesant deux quintaux.

Cordages du timon et pour lever l'échelle. Pour les deux palanquinets du timon, 12 brasses de deux pouces, pesant 20 livres.

Pour la brague du timon, quatre brasses de cordages de quatre pouces, pesant 20 livres.

Pour lever l'échelle de poupe, 12 brasses de cordages de trois pouces, pesant 40 livres.

Tantes et tandelets. Pour une tante d'erbage et un tandelet de même pour la poupe, il faut 380 cannes d'erbage.

Pour une tante de cotonnine et un tandelet, 440 cannes.

Pour le mesamin auxdites deux tantes, doubler les tandelets et faire les gumes, il faut 150 cannes de toile.

Soixante livres de fil de voîle pour coudre lesdites deux tantes.

Pour un tandelet d'écarlate, pour la poupe avec ses franges et houpes de soie.

Un tandelet de guérite de drap.

Une amirade pour couvrir la poupe et timonière lorsqu'il pleut.

Douze pièces de cabrit avec leurs anneaux, pour porter lesdites tantes.

Cordages pour garnir les tantes et tandelets. Pour passer dans le mesamin de la tante d'erbage, un cap de 30 brasses et de quatre pouces, pesant un quintal et 20 livres.

Pour garnir ladite tante d'erbage, une pièce de 160 brasses et de deux pouces, pesant un quintal et 40 livres.

Pour gourdins et gourdiniers de ladite tante, quatre pièces de neuf et 12 fils, pesant ensemble deux quintaux.

Une pièce de 80 brasses et de trois pouces pour le bout des cabris, pesant trois quintaux.

Pour passer dans le mesamin de la tante de cotonnine, un cap de 30 brasses et quatre pouces, pesant un quintal et 20 livres.

Pour garnir ladite tante, 160 brasses de cordages de deux pouces, pesant un quintal et 40 livres.

Pour gourdins et gourdiniers de ladite tante, trois pièces de neuf fils, pesant ensemble un quintal et demi.

Pour deux cargues pour carguer lesdites tantes à la poupe, 12 brasses de cordages de quatre pouces, pesant 75 livres.

Pour deux cargues de proue, 40 brasses de trois pouces, pesant un quintal et 30 livres.

Pour lever le tandelet de la poupe, 12 brasses de deux pouces, pesant 10 livres.

Palemente et ce qui en dépend. Cinquante-une rames.

Douze rames pour la caïe.

Cinquante-un cuirs de vache de Russie pour couvrir les bancs.

Vingt autres pour clouer le long des apôts, et pour les sarties de mestre et trinquet.

Cordages pour ladite palemente. Un cap de trois pouces de grosseur et de 120 brasses, pesant quatre quintaux.

Pour farnes, un cap de 120 brasses d'un pouce et demi, pesant un quintal.

Cinq quintaux de filasse pour garnir les estropes.

Ustensiles de l'argousin. Cinquante-une brancades d'un quintal chacune.

Douze chaussettes, pesant ensemble 3 quintaux.

Deux aiguilles.

Deux enclumes.

Deux marteaux.

Un taille-fer.

Un pied de porc.

Six pelles de fer.

Six picostes.

Trais aissadoux.

Une aissade.

Cinquante manilles avec leurs pers, pour respiech (ou rechange), pesant un quintal et demi.

Six brancades de respiech, pesant ensemble six quintaux.

Douze chaussettes, aussi de respiech.

Pavais, bandiers et flammes. Soixante cannes de cordillat rouge, pour faire pavais, pour mettre le long en long de la galere.

La garniture, le fil à les coudre, et la façon.

Deux bandières, savoir une pour mettre sur la mestre avec les armes de France, et l'autre sur le triquet avec les armes du capitaine.

Une bandière de poupe, avec les armes du général.

Deux flammes de taffetas, pour mettre aux deux bouts des deux antennes.

Deux autres semblables, pour mettre sur les bouts desdites deux antennes.

Vingt-cinq banderolles de taffetas, pour mettre le long en long des fierets, à 24 pans chacune, ayant neuf pans de long et huit de large chacune, avec les quênes de treillis, la soie et la façon.

Canons, armes et munitions de guerre. Un canon de coursier de fonte verte de 33 livres de balle, pesant environ 60 quintaux.

Deux moyens aussi de fonte verte de 12 livres de balle chacun, et pesant chacun cinq quintaux.

Les affuts desdits trois canons avec leurs services.

Quatre gros pierriers de fonte, chacun avec deux boites, pesant ensemble six quintaux.

Cent boulets de coursier de 33 livres chacun, faisant ensemble 33 quintaux poids de marc.

Deux cent boulets pour les moyens de 12 livres chacun, faisant ensemble 24 quintaux.

Cent mousquets avec leurs bandolières.

Cinquante piques.

Vingt-cinq bâtons ferrés.

Trente rondaches ou targues.

Cinquante quintaux de poudre à canon.

Douze quintaux de poudre à mousquet.

Huit quintaux de meche.

Six quintaux de balles de mousquet.

Quatre cent balles de pierre pour les pierriers.

Cordages pour les canons. Un cap pour les canons de quatre pouces et de 80 brasses pour le coursier, pesant quatre quintaux.

Pour les vettes des deux moyens, un cap de trois pouces et de 120 brasses.

Pour faire bragues, 16 brasses de cordages de six pouces, pesant deux quintaux.

Ustensiles de cuisine et compagne. Une grande chaudière de cuivre pour la chiourme.

Une plus petite pour les soldats et matelots.

Une plus petite pour les officiers.

Une autre pour les malades.

Deux broches de fer.

Une poesle à frire.

Un gril.

Deux contre-hatières.

Une lechefrite.

Quatre barrils à eau pour tenir dans la compagne.

Deux tonnes pour cent mille rôles de vin.

Une barrique pour l'huile.

Une autre pour le vinaigre.

Quatre barriques pour la chair salée.

Les tinettes et pintes.

Quatre broquets.

Deux fontaines de bois.

Six seillots pour la compagne.

Douze autres moindres pour le suif.

Cinquante autres pour les bannes.

Quatre cent barrils à eau pour tenir par les bannes.

Une balance avec coup et poids, pour peser le biscuit et autres denrées.

Un quintal de vaisselle d'étain.

En linge, pour la poupe et cuisine.

GALERE, (Jurisprudence) ce terme est pris dans cette matière pour la peine que doivent subir ceux qui sont condamnés aux galeres ; c'est-à-dire à servir de forçats sur les galeres du Roi.

On compare ordinairement la peine des galeres à celle des criminels, qui chez les Romains étaient condamnés ad metalla, c'est-à-dire aux mines. Cette comparaison ne peut convenir qu'aux galeres perpétuelles ; car la condamnation ad metalla ne pouvait être pour un temps limité, au lieu que les galeres peuvent être ordonnées pour un temps ; auquel cas, elles ont plus de rapport à la condamnation ad opus publicum, qui privait des droits de cité, sans faire perdre la liberté.

Quelques auteurs ont cru que la peine des galeres était connue des Romains. Entr'autres Cujas, Paulus, Suidas, et Josephe ; la plupart sont fondés sur un passage de Valere Maxime, lequel en parlant d'un imposteur, qui se disait fils d'Octavie, sœur d'Auguste, dit que cet empereur le fit attacher à la rame de la galere publique, mais cela signifie qu'il y fut pendu, et non pas condamné à ramer. La plus saine opinion est que la peine des galeres n'était point usitée chez les Romains, ainsi que le remarque Anne Robert ; et en effet, on ne trouve dans le droit aucun texte qui fasse mention de la peine des galeres ; ce qui vient sans-doute de ce que les Romains avaient beaucoup d'esclaves et de prisonniers de guerre qu'ils employaient sur les galeres.

On pourrait plutôt croire que la peine des galeres était usitée chez les Grecs, suivant ce que dit Plutarque in Lysandro, que Philocle avait persuadé aux Athéniens de couper le pouce droit à tous leurs prisonniers de guerre, afin que ne pouvant plus tenir une pique, ils pussent néanmoins faire mouvoir une rame.

La condamnation aux galeres n'est pas fort ancienne en France ; car Charles IV. fut le premier de nos rois qui commença à avoir sur mer des galeres.

La première ordonnance que j'aye trouvée qui fasse mention de la peine des galeres, est celle de Charles IX. faite à Marseille en Novembre 1564, qui défend tant aux cours souveraines qu'à tous autres juges, de condamner dorénavant aux galeres pour un temps moindre de dix ans, à laquelle peine ils pourront condamner ceux qu'ils trouveront le mériter.

Un des objets de cette ordonnance parait avoir été d'autoriser l'usage de la condamnation aux galeres qui se pratiquait déjà plus anciennement. En effet, M. de la Roche-Flavin rapporte un arrêt de 1535, portant condamnation aux galeres ; et Carondas en ses pandectes en rapporte un autre de 1532, qui défendit aux juges d'église de condamner aux galeres.

En Espagne les juges d'église ne condamnent jamais les clercs aux galeres, et cela pour l'honneur du clergé ; mais ils peuvent y condamner les laïcs sujets à leur juridiction.

En France les ecclésiastiques ont voulu obtenir le pouvoir de condamner aux galeres : la chambre ecclésiastique des états de 1614 estima que pour contenir dans le devoir les clercs incorrigibles, il conviendrait que les juges d'église pussent les condamner aux galeres ; cela fit le sujet de l'article 28 des remontrances que cette chambre présenta à Louis XIII. Malgré ces remontrances, on a toujours tenu pour principe que les juges d'église ne peuvent condamner aux galeres, qu'autrement il y aurait abus.

On doutait autrefois si les juges de seigneurs pouvaient condamner aux galeres ; mais suivant la dernière jurisprudence, tous juges séculiers peuvent prononcer cette condamnation.

Après la peine de la mort naturelle, et celle de la question, à la réserve des preuves en leur entier, la plus rigoureuse est celle des galeres perpétuelles, laquelle emporte mort civîle et confiscation de biens dans les pays où la confiscation a lieu. Cette peine est aussi plus rigoureuse que celle du bannissement perpétuel, et que la question sans réserve des preuves et autres peines plus legeres.

On ne suit pas l'ordonnance de 1564, en ce qu'elle défend de prononcer la peine des galeres pour un temps moindre de dix ans ; on peut y condamner pour un moindre temps.

Lorsque cette condamnation n'est prononcée que pour un temps limité, elle n'emporte point mort civîle ni confiscation, et elle est réputée plus douce que le bannissement perpétuel, lequel emporte mort civîle ; et même que la question sans réserve des preuves, parce que la mort peut s'ensuivre de la question par la confession et les éclaircissements qui peuvent être tirés de la bouche de l'accusé.

Suivant la déclaration du 4 Mars 1724, ceux qui sont condamnés aux galeres doivent être préalablement fustigés et flétris d'un fer chaud contenant ces trois lettres, G A L, afin que s'ils sont dans la suite accusés de quelques crimes, on puisse connaître qu'ils ont déjà été repris de justice.

La déclaration du 4 Septembre 1677 prononce peine de mort contre ceux qui, étant condamnés aux galeres, auront mutilé leurs membres pour se mettre hors d'état de servir sur les galeres.

Dans les cas où la peine des galeres est ordonnée contre les hommes, la peine du fouet et du bannissement à temps ou à perpétuité doit être ordonnée contre les femmes selon la qualité du fait.

L'article 200 de l'ordonnance de Blais porte, qu'il ne sera accordé aucun rappel de ban ou de galeres à ceux qui auront été condamnés par arrêt de cour souveraine ; que si par importunité ou autrement, il en était accordé avec clause d'adresse à d'autres juges, ils ne doivent y avoir aucun égard ni en prendre connaissance, quelque attribution de juridiction qui puisse leur en être faite ; et néanmoins il est défendu très-étroitement à tous capitaines de galeres, leurs lieutenans, et tous autres, de retenir ceux qui y seront conduits outre le temps porté par les arrêts ou sentences de condamnation, sur peine de privation de leurs états.

L'ordonnance de 1670, titre XVIe article 5, veut que les lettres de rappel de galeres ne puissent être scellées qu'en la grande chancellerie. On les adresse aux juges naturels du condamné ; l'arrêt ou jugement de condamnation doit être attaché sous ces lettres, et ces lettres sont entérinées sans examiner les charges et informations.

On commue quelquefois la peine des galeres en une autre, lorsque le condamné est hors d'état de servir sur les galeres. Voyez CHAINE, RAPPEL DE GALERES. Voyez aussi GALERIEN. (A)

GALERE, s. f. (Chimie philosoph.) espèce de fourneau long, en usage chez les Distillateurs, pour distiller une grande quantité de liqueurs à-la-fais. Voyez FOURNEAU.

GALERE, (Lutherie) sorte de rabot dont se servent les Facteurs d'orgues pour raboter les tables d'étain et de plomb dont les tuyaux d'orgues sont faits. Cet outil représenté dans les Planches d'orgue à la fig. 63, est composé du corps A B, de bois en tout semblable à celui des Menuisiers. La semelle qui est la face qui porte sur l'ouvrage que l'on rabote, est une plaque de fer bien dressée et policée, qui est attachée au-dessous du corps avec des vis à tête perdue, c'est-à-dire qui sont arasées à la plaque qui sert de semelle. La partie antérieure du corps est traversée par une cheville D C, par laquelle un ouvrier tire la galere à lui, pendant que son compagnon la pousse comme un rabot ordinaire par la partie B. Le fer de cet instrument doit être debout, comme on voit en E, le biseau tourné vers la partie suivante B, en sorte qu'il ne fait que gratter ; ou si on l'incline comme aux rabots ordinaires, le biseau G doit être tourné en-dessus vers la partie précèdente A de l'outil ; ce qui produit le même effet, puisque la face du biseau G est perpendiculaire à la semelle. Voyez au mot ORGUE la manière de travailler le plomb et l'étain pour toutes sortes de jeux.