LES, (Géographie ancienne) sirenusae, îles sur la côte de la mer de Tyrrhène, selon Ptolémée, l. III. c. j. Strabon, l. V. p. 247. nous marque plus précisément la position de ces iles. Entre le promontoire de Minerve, et l'île de Caprée, il n'y a, dit-il, qu'un trajet : et quand vous avez tourné autour de ce promontoire, vous rencontrez des îles seules et pierreuses, qu'on appelle sirenusae, sirenes, ou sirenides. Dans un autre endroit, l. V. p. 251. il compte 260 stades, depuis les îles sirenusae, jusqu'au fleuve Silarus ; il semble néanmoins donner ici le nom de sirenusae au promontoire de Minerve, qui a pu être appelé de ce nom, à cause du voisinage de ces iles, comme il avait été nommé Athaeneum, ou promontoire de Minerve, à cause d'un temple qu'Ulysse y avait bâti à l'honneur de Minerve.
Ces mêmes îles sont appelées Sirenum petrae, par Pomponius Mela, l. II. c. iv. et Sirenum sedes, par Pline, l. III. c. Ve Elles étaient au nombre de trois ; il y en a qui en comptent davantage ; le père Coronelli, Isolario, p. 117. en compte huit. Auprès de l'île de Procida, qui n'est pas éloignée de Pouzzoles, on voit, dit-il, huit petites îles qui sont pleines de rochers, et désertes ; elles sont près l'une de l'autre : les anciens les appelaient Sirénuses, ou les îles de Sirènes, parce que Parthénope, Ligée, et Léucosie, trois fameuses courtisannes, les avaient habitées.
Ces femmes avaient toute la beauté, toutes les grâces, et tous les agréments imaginables ; leur voix était belle et mélodieuse ; c'était aussi par tous ces artifices, et surtout par leurs chants, qu'elles charmaient ceux qui passaient près de là. Les nautonniers qui n'étaient pas assez sur leurs gardes, se trouvaient tellement épris de curiosité, qu'ils ne pouvaient s'empêcher de descendre dans cette île fatale, où, après des plaisirs illicites, ils éprouvaient la dernière misere. C'est pour cela que les poètes ont feint qu'Ulysse devant passer auprès de ces écueils, avait eu la sage précaution de boucher avec de la cire, les oreilles de ses compagnons, pour qu'ils n'entendissent point la voix de ces trompeuses sirènes. La fable ajoute qu'Ulysse lui-même, se lia au mât du navire, pour être insensible aux chants de ces dangereuses bacchantes.
On dit que les anciens habitants de ces iles, avaient coutume d'adorer les sirènes, et de leur offrir des sacrifices, et même on veut que du temps d'Aristote il y eut encore dans cet endroit, un temple dédié aux sirènes. L'une de ces îles porte aujourd'hui le nom de Galli ou Gallé : elle est à cinq milles de l'île Caprée ; l'autre, qui est un peu au-delà du cap de la Minerve, n'a aucun nom ; et la troisième qui est auprès, s'appelle San-Petro. (D.J.)