(Géographie ancienne) grande contrée de l'Egypte, vers l'Ethiopie ; elle n'a pas toujours eu les mêmes bornes ; Ptolémée, l. IV. c. Ve la marque au midi des nomes Heptanomides Oasites. Cette contrée est appelée Thébaïde par Strabon, l. XVII. et par Pline, l. V. c. IXe Le premier, en parlant de la ville de Ptolémaïde d'Egypte, dit que c'est la plus grande des villes de Thébaïde, et le second dit que la haute Egypte avait donné son nom à cette contrée, qui s'étendait des deux côtés du Nil, depuis le nome Heptanomide, jusqu'à l'Ethiopie. Ainsi elle était divisée en deux parties ; l'une à la droite du Nil, l'autre à la gauche. Cette dernière renfermait les nomes que Ptolémée place à l'occident du fleuve, et l'autre comprenait les nomes que le même auteur met à l'orient.



Les nomes de la Thébaïde, que Ptolémée met à l'occident du Nil, sont, le nome Lycopolite, le nome Hypsélite, le nome Aphroditopolite, le nome Thinite, le nome Diospolite, le nome Téatyrite, et le nome Hermontite. Les nomes de la Thébaïde à l'orient du Nil, sont le nome Antaeopolite, le nome Panopolite, le nome Coptite, et le nome de Thebes.

Dans la première division de l'empire, la Thébaïde fut comprise sous l'Egypte. Du temps d'Ammien Marcellin, liv. XXII. qui a écrit dans le quatrième siècle, et qui vivait sous les empereurs Valentinien et Valents ; la Thébaïde faisait une des trois provinces, dont l'Egypte était composée ; mais dans la notice de LÉon le sage, elle est partagée en deux provinces ; l'une appelée première Thébaïde, et l'autre seconde Thébaïde ; chacune contenait plusieurs évêchés. Antinoé était la Métropole de la première Thébaïde, et Ptolémaïs de la seconde. Enfin, les solitaires qui se sont retirés dans cette contrée, l'ont rendu célèbre ; le P. Coppin a décrit fort au long dans son voyage d'Egypte, les hermitages de ces premiers anachoretes ; ou pour mieux dire, les lieux qu'on imagine leur avoir servi de retraite. La Thébaïde a bien changé de face, depuis que les Turcs et les Arabes y exercent leur empire. Voyez THEBAÏDE, Géog. moderne (D.J.)

THEBAÏDE, (Géographie moderne) grande contrée d'Afrique, dans la haute Egypte ; elle s'étend depuis Fiousie, le long du Nil, jusqu'à la mer Rouge ; on la divise en haute et basse Thébaïde. Ce pays est serré par une chaîne de montagnes qui règnent le long du Nil, et au-delà desquelles sont les déserts qui s'étendent jusqu'à une autre chaîne de montagnes le long de la mer Rouge. La Thébaïde est aujourd'hui la province la moins peuplée et la moins fertîle de l'Egypte. On y compte deux béglierbeys : celui de Kerkoffy, situé vis-à-vis de Bénésouef, n'a que quarante villages, et ne produit que du blé, quelques légumes, du fenouil et du cumin ; le second est celui de Cossir ; il s'étend dans les déserts, et sur les côtes de la mer Rouge. Voilà deux pauvres gouvernements ! Ajoutez que les Arabes sont maîtres de la plupart des déserts, et qu'il se fait souvent une cruelle guerre entr'eux et les Turcs. (D.J.)

THEBAÏDE BASSE, Grottes de la, (Géographie moderne) les grottes de la basse Thébaïde, ne sont autre chose que des concavités formées par art dans les carrières de ce pays, d'espace en espace, et dans un terrain de quinze à vingt lieues d'étendue.

Elles sont creusées dans la montagne du levant du Nil, faisant face à la rivière qui baigne le pied de cette montagne : à la seule vue de ces grottes, on juge aisément, qu'elles ont été d'abord un terrain pierreux de la montagne qui cotoye le Nil ; qu'on a ensuite fouillé ce terrain pour en tirer des pierres, qui devaient servir à la construction des villes voisines, des pyramides, et des autres grands édifices. Les pierres qu'on a tirées de ces carrières, ont laissé, pour ainsi parler, des appartements vastes, obscurs, bas, et qui forment une espèce d'enfilade sans ordre, et sans symétrie. Les voutes de ces concavités basses et inégales, sont soutenues de distance en distance, par des piliers, que les ouvriers ont laissés exprès pour les appuyer.

Rien ne ressemble donc plus à des carrières, que ce qu'on appelle aujourd'hui grottes de la Thébaïde ; et il est hors de doute qu'elles ont été carrières dans leur origine. En effet, Hérodote nous apprend, que le roi Cléopas employa cent mille hommes l'espace de dix ans à ouvrir des carrières dans la montagne du levant du Nil, et à en transporter les pierres au-delà du fleuve ; que pendant dix autres années, les mêmes cent mille hommes furent occupés à élever une pyramide construite de ces pierres tendres et blanches en sortant de la carrière ; mais qui peu-à-peu se durcissent à l'air et brunissent. C'est encore de ces mêmes carrières, que les successeurs d'Alexandre, et les Romains après eux, ont tiré une quantité prodigieuse de pierres pour l'établissement de leurs colonies.

On trouve dans ces carrières des trous de six pieds de long, et de deux de large, taillés dans l'épaisseur du roc ; ces trous étaient peut-être destinés à servir de sépulchres aux morts. Enfin, c'est dans ces carrières que se sont retirés plusieurs solitaires, comme il parait par différentes cellules très-petites, pratiquées dans les voutes de ces ténébreuses cavernes, dont les portes et les fenêtres n'ont pas plus d'un pied en carré. (D.J.)

THEBAÏDE, (Littérature) fameux poème héroïque de Stace, dont le sujet est la guerre civîle de Thèbes entre les deux frères Etéocle et Polynice, ou la prise de Thèbes par Thésée. Voyez EPIQUE, HEROÏQUE, etc.

Stace employa 12 ans à composer sa Thébaïde, qui consiste en douze livres ; il écrivit sous l'empire de Domitien. Les meilleurs critiques, comme le père Bossu, et autres, lui reprochent une multiplicité vicieuse de fables et d'actions, un trop grand feu, qui tient de l'extravagance, et des faits qui passent les bornes de la probabilité. Voyez FABLES et PROBABILITE.

Divers poètes grecs avaient composé des Thébaïdes avant Stace, savoir Antagoras, Antiphanes de Colophon, Ménélaus d'Egée, et un anonyme dont Pausanias fait mention dans son neuvième livre.

Aristote en faisant l'éloge d'Homère par rapport à la simplicité de sa fable, le relève encore davantage en peignant l'ignorance de certains poètes qui s'imaginaient avoir satisfait abondamment à la règle de l'unité d'action, en n'introduisant dans leur pièce qu'un seul héros, et qui composaient des Théséïdes, Hérculéïdes, etc. des poèmes où ils ramassaient, et racontaient toutes les actions et aventures de leur personnage principal. Voyez HEROS, ACTION, etc.