Le grenadier domestique, granata sive punica malus, sativa, C. B. P. 438. J. B. 1. 76. Raii, hist. 1462, etc. n'est qu'un arbrisseau, quoiqu'il s'élève quelquefois à la hauteur d'un arbre lorsqu'on le cultive dans un terrain favorable, et qu'on en coupe les jeunes pousses. Ses branches sont menues, anguleuses, couvertes d'une écorce rougeâtre, partagées en des rameaux, armés d'épines roides, oblongues, droites. Ses feuilles sont placées sans ordre, semblables à celles du myrte ordinaire, ou de l'olivier, moins pointues, d'un verd luisant, portées sur des queues rougeâtres, garnies de veines rouges qui les traversent, et de côtes en-dessous, d'une odeur forte, urineuse, surtout si on les froisse entre les doigts. Les fleurs sortent des aisselles des branches ; elles sont en rose, à cinq pétales, de couleur écarlate : leur centre est occupé par plusieurs étamines, garnies de sommets et renfermées dans un calice de même couleur, long d'un pouce et plus, coriace, en forme de cloche, partagé en cinq lanières, pointues, lesquelles dans la suite couronnent le nombril du fruit. Le calice se change en un fruit sphérique, un peu aplati des deux côtés, de différente grosseur, qu'on nomme grenade, et qui est connu de tout le monde.

Le grenadier sauvage ressemble en tout au domestique, excepté qu'il est d'ordinaire plus épineux. Celui qui porte une fleur double s'appelle en Provence balaustier, et par les Botanistes malus punica, flore pleno majore, ou malus punica sylvestris major. Il produit d'amples fleurs, composées d'un très-grand nombre de pétales fort serrés. Les fleurs sont renfermées dans un calice qui n'est pas oblong, comme celui du grenadier domestique, mais large et aplati, de couleur jaune purpurin, coriace, ligneux et divisé en plusieurs lanières. Ses pétales sont quelquefois si nombreux, que les fleurs paraissent de grandes roses d'une couleur foncée : on les nomme balaustes quand elles sont contenues dans leur calice. Voyez BALAUSTE.

Le fruit du grenadier sauvage ou domestique égale en grosseur nos plus belles pommes. Son écorce est médiocrement épaisse et comme du cuir, un peu dure cependant et cassante, verte et lisse avant la maturité, ensuite de couleur rouge et ridée, qui approche enfin de la couleur de la châtaigne, jaune intérieurement, d'une saveur astringente.

Ce fruit renferme plusieurs grains disposés en différentes loges, d'un rouge foncé dans les uns, de couleur d'améthyste dans les autres, remplis de beaucoup de suc vineux, quelquefois doux, quelquefois acide ou tenant le milieu entre l'un et l'autre. Ces grains sont disposés en manière de rayon de miel, séparés par des cloisons charnues et membraneuses, qui sont comme des parois mitoyennes, amères, tantôt blanchâtres, tantôt purpurines, et ayant un placenta situé dans le milieu. Chaque grain est semblable à un grain de raisin, et renferme une seule semence, oblongue, composée d'une écorce ligneuse, et d'une amande amère un peu astringente. On trouve une espèce singulière de grenade dont les grains ne contiennent point de semence, mais c'est par accident et par un jeu de la nature.

Le grenadier vient naturellement dans le Languedoc, la Provence, l'Espagne et l'Italie. On le cultive avec soin dans les pays tempérés ; les fleurs, les pépins de ses fruits, le suc, l'amande et l'écorce de grenade, sont d'usage. Voyez GRENADE, (Matière médicale) (D.J.)

GRENADIER, (Agriculture) Entre les espèces de grenadiers cultivés par les curieux, on nomme principalement le grenadier à fleur double, le grenadier panaché, le grenadier nain d'Amérique, et le grenadier à fruit. Les trois premiers sont préférables au dernier par leurs fleurs : on les encaisse d'ordinaire ; et c'est ainsi qu'ils servent d'ornement aux jardins.

On choisit pour cet effet une terre à potager de la meilleure sorte, on la passe à la claie fine ; on a du terreau ; on fait du tout un mélange, moitié l'un, moitié l'autre ; on en remplit les caisses qui doivent être proportionnées à la grandeur des grenadiers qu'on leur destine. La terre étant ainsi préparée, on plante le grenadier après en avoir accommodé les racines ; quand cet arbre est planté, on a du terreau et de bon fumier de vache, dont on épanche un doigt d'épaisseur sur la superficie de la caisse, et on donne ensuite au grenadier un ample arrosement.

Les grenadiers à fruit ne demandent pas tant de précaution : ils réussissent même mieux en pleine terre qu'en caisse ; mais il faut que ce soit en espalier principalement, et à une bonne exposition, parce que les grenades en deviennent plus grosses et plus colorées. Les grenadiers en caisse se labourent avec une houlette ou une pioche, et ceux qui sont en pleine terre avec la beche. On doit dans les grandes chaleurs les arroser fréquemment, autrement la fleur coule.

Il est essentiel de tailler les grenadiers. Le secret consiste à rogner les branches qui naissent mal placées ; on les retranche ; on conserve celles qui sont courtes et bien nourries, et on raccourcit les branches dégarnies, afin de rendre le grenadier plus touffu : c'est ce qui en fait la beauté. On a soin de les pincer après leur première pousse de l'année, quand on voit qu'il y a quelques branches qui s'échappent. Miller donne sur cela d'excellents préceptes ; consultez-le.

Tout grenadier à fleur double, et autres qu'on élève en caisse, ne doivent avoir le pied garni d'aucune branche, parce que ce défaut les défigure, et empêche que la tête de cet arbrisseau ne se forme agréablement. Si les grenadiers en caisse coulent, et que les trop grandes chaleurs de l'été en soient la cause, il faut les mouiller beaucoup ; et lorsque, malgré cette précaution, la coulure ne cesse point, il n'y a pas d'autre parti à prendre, que de les changer de caisses, si elles sont petites, ou bien de les rencaisser dans les mêmes, en remplissant les caisses d'une nouvelle terre préparée.

Les grenadiers s'élèvent de semence ; ils se multiplient aussi de marcottes de la manière qui suit. Supposez un grenadier de belle espèce, au pied duquel il est venu quelques branches assez longues pour être couchées en terre, on en prend une, on l'émonde autant qu'on le juge à-propos, et de manière que celle qui doit être couchée en terre soit tout à fait nette ; ensuite on couche cette branche dans un rayon, on l'arrête avec un petit crochet qu'on fiche en terre, on la couvre de terre, on l'arrose, et au bout de six mois elle prend racine.

S'il ne croit point de branches au pied de l'arbre, et qu'on soit obligé pour le marcotter d'avoir recours à la tête, on choisit la branche qui y parait le plus propre ; on l'émonde, comme on l'a dit, et on la couche dans un pot plein de terre, et fendu par un côté, afin d'y passer la branche et de l'attacher au gros de l'arbre, ou à quelqu'autre appui que ce sait. Le temps favorable à marcotter les grenadiers est le printemps, pour qu'on puisse voir en automne si les marcottes ont pris racine, afin de les sevrer de leur mère branche, et de les planter ailleurs.

Les grenadiers se perpétuent aussi de bouture, et c'est une bonne méthode. Pour cet effet, on choisit les branches les plus droites et les plus unies, qu'on coupe à un pied de longueur ; avant que de les mettre en terre, on en ratisse un peu l'écorce par le bas l'espace de deux travers de doigt ; on rogne le haut, puis on les fiche dans quelque caisse ou pot rempli de terre convenable, et ensuite on les arrose. L'expérience a fait connaître qu'une branche de grenadier, accommodée de cette façon, prenait aisément racine.

Le froid est l'ennemi mortel des grenadiers. Pour les en garantir, on met ceux qui sont en caisse dans une serre à l'épreuve de la gelée. A l'égard des grenadiers en pleine terre, on les conserve contre les rigueurs du froid, si on met à leur pied beaucoup de fumier, et si l'on couvre de paillassons toute la palissade.

Les grenadiers à fleur double, et qui ne donnent point de fruit, commencent à fleurir au mois de Mai, et durent en fleurs jusqu'en Aout, pourvu qu'ils soient bien gouvernés. Les Anglais ont éprouvé que le grenadier à fruit, à fleur simple, et à fleur double, supportaient très-bien les hivers de leur climat ; les uns les taillent en pomme, d'autres les mettent en espalier ou en treille, et d'autres préfèrent de les planter en haie, ou dans des bosquets pour les moins exposer à sentir la serpette et le ciseau.

Le grenadier nain d'Amérique que les habitants cultivent dans leurs jardins, parce qu'il porte des fleurs et des fruits la plus grande partie de l'année, s'élève rarement au-dessus de trois pieds, produit un fruit qui n'excède pas la grosseur d'une noix, et qui n'est pas trop bon à manger. Cet arbrisseau est fort délicat ; cependant il prospere à merveille, si on le tient constamment dans la serre avec les autres plantes du même pays, et à un degré de chaleur modéré. (D.J.)

GRENADIER, s. m. (Art militaire) soldat d'élite, l'exemple et l'honneur de l'infanterie.

La création des grenadiers dans l'infanterie française est de l'année 1667. L'objet de leur institution était de se porter en-avant pour escarmoucher et jeter des grenades parmi les troupes ennemies, afin d'y mettre le désordre au moment d'une action. C'est de ce service primitif qu'est dérivé leur nom. Les armés à la légère dans la légion romaine, et les ribauds dans les troupes de nos anciens rais, faisaient à-peu-près le même service que les grenadiers dans nos armées.

Toutes les puissances de l'Europe ont des grenadiers ; quelques princes en ont même des corps entiers. Nous n'examinerons ici ni leur forme, ni leur établissement ; notre objet est de faire connaître leur service dans les troupes de France.

Louis XIV. en établit d'abord quatre par compagnie d'infanterie ; ils furent ensuite réunis, et formèrent des compagnies particulières, à l'exception de quelques régiments étrangers au service du Roi, qui les ont conservés jusqu'ici sur le pied de leur première distribution. Sa Majesté établit aussi en 1744 des compagnies de grenadiers dans chacun des bataillons de milice ; nous en parlerons à l'article GRENADIERS ROYAUX.

Le corps des grenadiers est le modèle de la bravoure et de l'intrépidité. C'est dans ce corps redoutable que l'impétuosité guerrière, caractère distinctif du soldat français, brille avec le plus d'éclat. Notre histoire militaire moderne fourmille de prodiges dû. à sa valeur. Les grenadiers sont des dieux à la guerre. Ils jouissent de l'honneur dangereux de porter et de recevoir les premiers coups, et d'exécuter toutes les opérations périlleuses. Il y a constamment une compagnie de ces braves à la tête de chaque bataillon. Cette portion précieuse en est l'âme et le soutien. Elle est composée des soldats les plus beaux, les plus lestes, et les plus valeureux, fournis par les autres compagnies du bataillon. Un soldat doit avoir servi plusieurs années en cette qualité, avant de pouvoir obtenir le titre de grenadier. En le recevant, il contracte l'obligation de servir pendant trois ans au-delà du terme de son engagement ; mais il lui est libre d'y renoncer pour se conserver le droit d'obtenir son congé absolu à l'expiration de son service.

Le grenadier jouit d'une paye plus forte que le soldat, et d'autres distinctions. Une des plus flatteuses est de porter un sabre au lieu d'épée, et dans le partage du service, d'occuper toujours les postes d'honneur.

On conçoit que ces troupes, si souvent, et trop souvent exposées, essuient de fréquentes pertes, et ont besoin de réparations. On y fait remplir provisoirement les places vacantes par des grenadiers postiches. Ces postiches sont des soldats aspirants au titre de grenadier, désignés pour l'ordinaire par le suffrage des grenadiers même, sous les yeux desquels ils font leurs preuves de vertu guerrière ; ainsi le service des postiches est le séminaire des grenadiers. Voyez GRENADIER POSTICHE. Un soldat pour être brave, n'est pas toujours jugé digne d'être grenadier ; il doit encore être exempt de tout reproche du côté de l'honneur et de la probité. Après des épreuves suffisantes, les grenadiers postiches sont enfin associés au corps des grenadiers ; ils en prennent bien-tôt l'esprit et en soutiennent la réputation. Malheur à celui qui y porte atteinte par quelque action honteuse.

Il est sensible que chaque soldat choisi sur ce qu'il y a de meilleur pour entrer aux grenadiers, fait une plaie au corps du bataillon, et que par cette raison il serait dangereux pour le service d'en multiplier trop l'espèce. C'est aux maîtres de l'art à déterminer jusqu'à quel point ils peuvent être portés. On s'est fixé en France à une compagnie de quarante-cinq grenadiers par bataillon composé de 685 hommes.

C'est encore aux grands capitaines à décider la question, si dans une action on doit faire donner les grenadiers de prime-abord ; à distinguer les cas où l'on doit faire mouvoir à-la-fais tous les ressorts de la machine, de ceux où l'on peut réserver l'effort des grenadiers.

Dans le relâchement de la discipline, on a Ve ce corps conspirant sa ruine, ne respirer que le duel, et ne mesurer sa considération que sur la quantité qu'il versait de son propre sang. Cette fureur destructive s'est enfin ralentie. Le grenadier aujourd'hui moins féroce, plus docile, et toujours également brave, n'exerce plus ordinairement son courage que contre les ennemis de l'état. Nous devons cet heureux changement et beaucoup d'autres avantages, au rétablissement de notre discipline militaire ; époque glorieuse du ministère de M. le comte d'Argenson. Cet article est de M. DURIVAL le jeune.

GRENADIERS A CHEVAL (Compagnie des). Cette compagnie fut créée par Louis XIV. au mois de Décembre 1676, et unie à la maison du roi, sans néanmoins y avoir de rang, ni de service auprès de la personne de S. M. Elle fut tirée du corps des grenadiers, et composée de quatre-vingt-quatre maîtres, non compris les officiers, pour marcher et combattre à pied et à cheval à la tête de la maison du roi. Elle a soutenu dans toutes les occasions la haute réputation du corps dont elle tire son origine, et la gloire de celui auquel elle a l'avantage d'être associée. Que ne pouvons-nous suivre cette troupe de héros dans le cours de ses exploits ! Nous la verrions dès le mois de Mars 1677, à peine formée et pour coup d'essai, attaquer en plein jour avec les mousquetaires le chemin couvert de Valenciennes, prendre d'assaut tous les ouvrages, tuer tout ce qui se présenta d'ennemis, monter sur le rempart, et emporter la place au moment qu'on s'y attendait le moins ; défendre ensuite celle de Charleroy, et obliger l'ennemi d'en lever le siège ; l'année suivante s'emparer d'assaut de la contrescarpe d'Ypres ; en 1691 renverser, au fameux combat de Leuze, et tailler en pièces quatre escadrons ennemis, et successivement se signaler au siège de Namur, à la malheureuse affaire de Ramillies, aux glorieuses et fatales journées de Malplaquet et d'Ettingen, et à la célèbre bataille de Fontenoy. Nous ne faisons que parcourir rapidement ces époques, et en omettons beaucoup d'autres consignées dans les fastes militaires de la France, à la gloire de cette valeureuse troupe. Le Roi en est capitaine.

Le corps qui lui donna naissance, la soutient encore aujourd'hui. Ce sont les compagnies de grenadiers de l'infanterie française qui fournissent chacune à leur tour les remplacements qui y sont nécessaires. Les sujets présentés pour y être admis, sont sévèrement examinés et éprouvés avant leur réception. La taille, la figure, la bravoure, sont des qualités nécessaires ; on exige encore la sagesse, la sobriété, et les bonnes mœurs ; avantages qui dans le soldat s'allient rarement avec les premiers. Les sujets qui ne les réunissent pas tous, sont refusés et renvoyés à leurs compagnies.

Celle des grenadiers à cheval est par sa création la plus nouvelle de la maison du Roi. Elle a souffert plusieurs changements depuis son institution. Formée d'abord de quatre-vingt-quatre maîtres, elle fut portée peu après à cent vingt, réduite à cent en 1679, augmentée en 1691 jusqu'à cent cinquante maîtres, remise à quatre-vingt-quatre en 1725, et fixée enfin à ce qui la compose aujourd'hui ; savoir, un capitaine-lieutenant, trois lieutenans, trois sous-lieutenans, trois maréchaux-des-logis, six sergens, trois brigadiers, six sous-brigadiers, et cent quinze grenadiers formant un escadron. Article de M. DURIVAL le jeune.

GRENADIERS DE FRANCE (Corps des). Ce corps fut formé par ordonnance du Roi du 15 Février 1749, de quarante-huit compagnies de grenadiers réservées dans les réformes de 1748, " pour continuer, dit cette ordonnance, d'entretenir au service de Sa Majesté des troupes d'une espèce si précieuse à conserver ". Il est composé de quatre brigades de douze compagnies chacune, et a rang dans l'infanterie du jour de la création des premiers grenadiers en France. Un officier général le commande supérieurement sous le titre d'inspecteur-commandant. Il y fut d'abord attaché un major pour tout le régiment, quatre colonels, deux lieutenans-colonels, et un aide-major par brigade. Cet arrangement a souffert depuis plusieurs changements. Le nombre des colonels a été augmenté successivement jusqu'à vingt-quatre, et celui des lieutenans-colonels réduit à quatre. Le roi ayant encore reconnu qu'un seul officier-major par brigade ne pouvait suffire aux différents détails de la discipline et du service, Sa Majesté régla par son ordonnance du 8 Juillet 1756, que l'état-major de chaque brigade serait à l'avenir composé d'un sergent-major et d'un aide-major, et que les places de sergent-major seraient remplies par les aide-majors actuels, pour en jouir aux honneurs, autorités et prérogatives attribués aux autres majors de l'infanterie. Le commandement en second du corps fut en même temps conféré à l'ancien major.

Lorsqu'il vaque des compagnies, il doit y être nommé alternativement un capitaine des troupes réglées ayant au-moins deux ans de commission de capitaine, et un lieutenant du régiment.

Chacune des quarante-huit compagnies est composée de quarante-cinq hommes, et commandée par un capitaine, un lieutenant, et un lieutenant en second. L'un des deux lieutenans est pour l'ordinaire un soldat de fortune, que son mérite et ses services ont élevé au grade d'officier. Il y a dans chaque brigade un sergent, un caporal, et onze grenadiers entretenus sous la dénomination de charpentiers.

Le remplacement des grenadiers qui y manquent, se fait chaque année par les compagnies de grenadiers des bataillons des milices du royaume (voyez ci-après GRENADIERS ROYAUX) ; et les capitaines paient à chacun de ces grenadiers de remplacement la somme de 30 liv. pour leur tenir lieu d'engagement pendant six ans, au bout desquels ils reçoivent leurs congés absolus. Le Roi leur fait délivrer en outre une gratification de six liv. à chacun, au moment de leur engagement.

Le régiment des grenadiers de France depuis sa création, n'a pas eu jusqu'ici d'occasion de se signaler ; mais que ne doit-on pas attendre du mérite des officiers qui le commandent, de l'excellente discipline qui y règne, et de la qualité des hommes qui le composent ?

C'est avec ce corps, auquel fut joint pour cet effet celui des volontaires royaux, que M. le chevalier de Rostaing fit en 1754, sous les murs de Nancy, l'essai de la légion dont il avait donné le plan. Article de M. DURIVAL le jeune.

GRENADIER POSTICHE, soldat choisi pour entrer aux grenadiers, avec lesquels, en attendant, il fait le service, quand la troupe n'est pas complete . Dans l'infanterie française, le choix de ces soldats se fait à tour de rôle sur toutes les compagnies de fusiliers de chaque bataillon, auxquelles néanmoins ils restent attachés, jusqu'à leur réception aux grenadiers. Voyez ci-devant GRENADIER.

Lorsqu'ils obtiennent ce grade, le capitaine des grenadiers paye 25 liv. pour chacun aux capitaines des compagnies dont ils ont été tirés, et rend en outre l'habit et les armes.

Les soldats destinés aux grenadiers ne peuvent être pris dans le nombre des hautes-payes des compagnies. Si une compagnie en tour de fournir un homme aux grenadiers, ne peut pas en présenter de qualité convenable au service de cette troupe, il est fourni par la compagnie qui suit immédiatement ; mais dans ce cas le capitaine de cette dernière compagnie est autorisé à prendre dans la première un soldat à son choix ; et le capitaine est en outre obligé de lui payer une indemnité réglée.

Dans les milices, les grenadiers postiches forment une compagnie particulière établie dans chaque bataillon par ordonnance du 28 Janvier 1746. La compagnie des grenadiers postiches fournit à celle des grenadiers les remplacements qui y sont nécessaires, et tire elle-même ceux dont elle a besoin de toutes les compagnies de fusiliers du bataillon. Pendant la guerre, ces deux troupes sont détachées des bataillons ; et de plusieurs réunies ensemble, on forme les régiments de grenadiers royaux. Voyez ci-après GRENADIERS ROYAUX. Article de M. DURIVAL le jeune.

GRENADIERS-ROYAUX (Régiment des). C'est un corps composé de plusieurs compagnies de grenadiers de milice, réunies sous un même chef.

Le Roi par son ordonnance du 15 Septembre 1744, établit des compagnies de grenadiers dans tous les bataillons de milice du royaume ; et par celle du 10 Avril 1745, il en forma sept régiments de grenadiers-royaux d'un bataillon chacun, qui servirent la campagne suivante, commandés par des colonels et lieutenans-colonels, avec les majors et aide-majors qui y furent attachés.

Sa majesté satisfaite du service de ces troupes, et voulant en augmenter la force pour les mettre en état d'être employés d'une manière encore plus utile, établit par ordonnance du 28 Janvier 1746 des compagnies de grenadiers-postiches dans chaque bataillon de milice, les unit à celles des grenadiers par ordonnance du 10 Mars suivant, et de toutes ces troupes, composa sept régiments de grenadiers-royaux de deux bataillons chacun.

Ces corps servirent utilement et glorieusement pendant les campagnes qui suivirent leur institution, jusqu'à la paix de 1748. Réunis ou séparés, ils donnèrent à l'envi l'un de l'autre, dans toutes les occasions, les plus grandes marques de zèle et de bravoure. Ils se signalèrent au siège de la citadelle d'Anvers, à celui de Mons, à la bataille de Raucoux, et à celle de Lawfeld, surtout au siège à jamais mémorable de Bergopzoom, enfin dans toutes les diverses opérations militaires auxquelles ils eurent part pendant toutes ces campagnes.

A la paix les régiments de grenadiers-royaux furent séparés ; les compagnies qui les composaient furent renvoyées à leurs bataillons de milice, et licenciées en même temps que les corps de ces bataillons.

Tous les bataillons de milice du royaume sont convoqués une fois par an pendant la paix, pour être recrutés et passer en revue, et sont séparés après quelques jours de service ; voyez LEVEE DES TROUPES. Mais les compagnies de grenadiers demeurent assemblées, et sont réunies pour composer des bataillons de grenadiers-royaux. Ces bataillons établis au nombre de onze par ordonnance du premier Mars 1750, sont exercés chaque année pendant un mois à toutes les manœuvres de guerre, ensuite séparés, et les grenadiers renvoyés dans leurs paroisses, jusqu'à-ce qu'il plaise au Roi de les rappeller. On prépare ainsi ces corps dans le silence de la paix, aux opérations militaires qu'ils doivent exécuter pendant la guerre.

Les bataillons de grenadiers-royaux fournissent chaque année au corps des grenadiers de France, les remplacements qui y sont nécessaires. Des officiers de ce corps sont détachés à chaque bataillon pendant le temps des assemblées, et y choisissent et engagent des grenadiers de bonne volonté, jusqu'à concurrence de ce que doit fournir chaque bataillon. Voyez GRENADIERS DE FRANCE.

Lors du licenciement des compagnies de grenadiers-royaux, on leur permet par distinction d'emporter leurs habits, à la différence des soldats, qui sont obligés de les laisser en dépôt dans le lieu d'assemblée ; voyez LICENCIEMENT. Le Roi accorde en outre 3 sous par jour à chaque sergent de ces compagnies pendant tout le temps de leur séparation ; un sou six deniers à chaque tambour, et un sou à chaque grenadier ; dont le décompte leur est fait à l'assemblée suivante de leur bataillon. Article de M. DURIVAL le jeune.