adj. (Littérature et Morale) ne signifie pas seulement une chose aisément faite, mais encore qui parait l'être. Le pinceau du Correge est facile. Le style de Quinaut est beaucoup plus facîle que celui de Despréaux, comme le style d'Ovide l'emporte en facilité sur celui de Perse. Cette facilité en Peinture, en Musique, en Eloquence, en Poésie, consiste dans un naturel heureux, qui n'admet aucun tour de recherche, et qui peut se passer de force et de profondeur. Ainsi les tableaux de Paul Veronese ont un air plus facîle et moins fini que ceux de Michel-Ange. Les symphonies de Rameau sont supérieures à celles de Lully, et semblent moins faciles. Bossuet est plus véritablement éloquent et plus facîle que Flechier. Rousseau dans ses épitres n'a pas à beaucoup près la facilité et la vérité de Despréaux. Le commentateur de Despréaux dit que ce poète exact et laborieux avait appris à l'illustre Racine à faire difficilement des vers ; et que ceux qui paraissent faciles, sont ceux qui ont été faits avec le plus de difficulté. Il est très-vrai qu'il en coute souvent pour s'exprimer avec clarté : il est vrai qu'on peut arriver au naturel par des efforts ; mais il est vrai aussi qu'un heureux génie produit souvent des beautés faciles sans aucune peine, et que l'enthousiasme Ve plus loin que l'art. La plupart des morceaux passionnés de nos bons poètes, sont sortis achevés de leur plume, et paraissent d'autant plus faciles qu'ils ont en effet été composés sans travail : l'imagination alors conçoit et enfante aisément. Il n'en est pas ainsi dans les ouvrages didactiques : c'est-là qu'on a besoin d'art pour paraitre facile. Il y a, par exemple, beaucoup moins de facilité que de profondeur dans l'admirable essai sur l'homme de Pope. On peut faire facilement de très-mauvais ouvrages qui n'auront rien de gêné, qui paraitront faciles, et c'est le partage de ceux qui ont sans génie la malheureuse habitude de composer. C'est en ce sens qu'un personnage de l'ancienne comédie, qu'on nomme italienne, dit à un autre :
ou FRANÇAIS, s. m. (Histoire, Littérature et Morale) On prononce aujourd'hui Français, et quelques auteurs l'écrivent de même ; ils en donnent pour raison, qu'il faut distinguer Français qui signifie une nation, de François qui est un nom propre, comme S. Français, ou François I. Toutes les nations adoucissent à la longue la prononciation des mots qui sont le plus en usage ; c'est ce que les Grecs appelaient euphonie. On prononçait la diphtongue oi rudement, au commencement du seizième siècle. La cour de François 1er adoucit la langue, comme les esprits : de-là vient qu'on ne dit plus François par un o, mais Français ; qu'on dit, il aimait, il croyait, et non pas, il aimait, il croyait, &c.