S. m. (Lutherie) partie des instruments à clavier et à cordes, comme le clavecin et l'épinette. Il y a à ces instruments autant de sautereaux que de cordes.

Un sautereau ainsi nommé à saltando, parce qu'ils sautent, lorsqu'ils exercent leurs fonctions, est une petite règle de bois de poirier ou autre facîle à couper, large d'un demi-pouce, épaisse seulement d'une ligne, et longue autant qu'il convient : cette petite règle a à son extrémité supérieure une entaille A C large d'une ligne et demie, et longue environ d'un pouce : cette entaille dont la partie inférieure est coupée en biseau, reçoit une petite pièce de bois blanc K L, que l'on appelle languette ; cette pièce est taillée en biseau à la partie inférieure : ce biseau porte sur celui de l'entaille A C.



Lorsque la languette est placée dans cette entaille, on l'arrête par le moyen d'une cheville D, qui est une petite épingle, laquelle traverse le sautereau et la languette qui doit se mouvoir facilement autour de cette cheville. A la partie supérieure de la languette est un petit trou o dans lequel passe une plume de corbeau o k taillée en pointe, et amincie autant qu'il convient, pour qu'elle ne soit point trop roide : ce qui ferait rendre aux cordes un son desagréable. A la partie postérieure des mêmes languettes est une entaille ou rainure, suivant leur longueur. Voyez la fig. t. Cette entaille reçoit un ressort e d, qui est une soie de porc ou de sanglier, qui renvoye toujours la languette entre les deux côtés de l'entaille du sautereau jusqu'à-ce que le biseau de celle-ci porte sur le biseau de celui-là. Voyez les fig. E H I.

Les sautereaux traversent deux planches ou règles de bois fort minces, percées chacune d'autant de trous qu'il y a de sautereaux : ces trous sont en carré, et répondent perpendiculairement, savoir, ceux des registres sur ceux du guide. Voyez REGISTRE DE CLAVECIN et GUIDE DE CLAVECIN. Les sautereaux, après avoir traversé le registre et le guide, descendent perpendiculairement sur les queues des touches qui font chacune une petite bascule. Voyez CLAVIER DE CLAVECIN.

Il suit de cette construction, que si on abaisse avec le doigt une touche du clavier, elle haussera (à cause qu'elles sont en bascules) du côté de sa queue, laquelle élevera le sautereau qui porte dessus. Le sautereau, en s'élevant, rencontrera par la plume de sa languette, la corde qui est tendue vis-à-vis de lui ; il l'écartera de son état de repos jusqu'à-ce que la résistance de la corde excède la roideur de la plume ; alors la corde surmontera cette roideur, et fera fléchir la plume qui la laissera échapper : cette corde ainsi rendue à elle-même, fera plusieurs oscillations : ce qui produit le son. Voyez l'explication de la formation du son par les cordes à l'article CLAVECIN. Si ensuite on lache la touche, elle retombera par son propre poids, le sautereau n'étant plus soutenu, retombera aussi jusqu'à-ce que la plume touche la corde en-dessus ; alors, si le poids du sautereau excède la résistance que le ressort ou soie de sanglier dont on a parlé est capable de faire, ainsi que cela doit toujours être, le sautereau continuera de descendre, parce que le ressort, en fléchissant, laissera assez éloigner la languette de la corde, pour que sa plume puisse passer.