rhus, s. m. (Histoire naturelle, Botanique) genre de plante à fleur en rose, composée de plusieurs pétales disposées en rond ; le pistil sort du calice et devient dans la suite une capsule arrondie, qui a presque la forme d'un rein, et qui renferme une semence de la même forme. Tournefort, inst. rei herb. Voyez PLANTE.

SUMACH, rhus, petit arbre qui vient naturellement dans l'Europe méridionale, dans quelques contrées de l'Amérique septentrionale, et en Afrique ; mais les sumachs d'Afrique sont toujours verts, de plus petite stature, et bien différents de ceux d'Europe et d'Amérique : ces derniers s'élèvent à douze ou quinze pieds : ils font rarement une tige droite, leur écorce est lisse sur les vieilles branches, et extrêmement velue sur les jeunes rameaux, ce qui, joint à la direction courbe et oblique de ces rameaux qui sont fort gros, leur donne de loin l'apparence d'un bois de cerf ; c'est ce qui a occasionné de donner au sumach le nom de bois de cerf ; leurs feuilles sont composées de plusieurs folioles longues, pointues, dentelées et rangées par paires sur un filet commun qui est terminé par une seule foliole. Ces arbrisseaux donnent en Juin et Juillet de grosses grappes de fleurs un peu jaunâtres, et de peu d'apparence ; les graines qui s'étendent, sont de très-petites baies velues, et bien peu charnues, qui contiennent un noyau rond, l'automne est le temps de leur maturité.



Les sumachs d'Europe et d'Amérique sont très-robustes, et leur accroissement est très-promt : on les voit réussir par-tout, depuis le sol de pur argile, jusque dans les terrains les plus pierreux : ils s'accommodent de toutes les expositions, ils reprennent aisément à la transplantation, ils souffrent la taille dans toutes les saisons, et ils se multiplient plus que l'on ne veut : on n'est pas en usage de les semer, ce serait un moyen trop long, et d'ailleurs les graines lèvent difficilement ; mais leurs racines qui rampent près de la surface de la terre, et qui s'étendent au loin, poussent une grande quantité de rejetons : cependant à leur défaut, on peut se servir des seules racines, qui étant coupées de la longueur du doigt, et mises en terre au printemps, reprennent très-aisément.

On peut tirer quelque parti des sumachs pour l'agrément ; leur feuillage est fort apparent et d'une belle verdure, quelques espèces même donnent des grappes rouges qui sont d'un bel aspect dans l'automne et pendant tout l'hiver, et ces arbrisseaux sont très-propres soit à faire de la garniture dans les bosquets, soit à remplir promptement des places vides, où quantité d'arbrisseaux ne pourraient réussir à cause de la défectuosité du terrain ; mais ces arbrisseaux ne sont pas sans utilité : on se servait anciennement de leurs graines pour assaisonner différents mets. Belon rapporte que de son temps les Turcs les employaient à cet usage, qui n'a cessé vraisemblablement qu'à cause que cet assaisonnement noircissait les dents. Il y a tout lieu de présumer cette propriété dans la graine du sumach, puisque la décoction de ses feuilles noircit les cheveux, et que le bois peut servir à faire de l'encre : on cultive ces arbrisseaux en Espagne et dans nos provinces méridionales, pour la préparation des cuirs, et on emploie à ce service toutes les parties du sumach, le bois, la feuille, et la graine. Ce petit arbre est au nombre des drogues colorantes qui sont communes aux teinturiers du grand et du petit teint ; il sert à teindre en verd, et il entre dans l'apprêt des marroquins noirs, et de quelques autres peaux ; c'est du Portugal qu'on tire la plus grande partie du sumac qui se consomme en France ; on peut faire du vinaigre avec les grappes de cet arbrisseau ; en faisant des incisions au tronc, il en découle un suc résineux qui pourrait avoir de l'utilité pour les arts : enfin on fait quelqu'usage des graines de sumac en médecine, par rapport à leur qualité astringente et rafraichissante.

Il y a plusieurs espèces de sumacs.

1°. Le sumac à forme d'orme : c'est le seul qui vienne naturellement en Europe, et celui qui a le moins d'agrément : on doit appliquer particulièrement à cette espèce, ce qui a été dit ci-dessus.

2°. Le sumac de Virginie : c'est celui que l'on cultive le plus communément dans les Jardins pour l'agrément de ses grappes rouges qui restent sur l'arbre pendant tout l'hiver ; son bois est fort tendre, mais il est veiné d'une couleur verte de deux nuances assez belles.

3°. Le sumac de Virginie velouté de rouge : c'est une variété du précédent, il fait un plus grand arbre, son accroissement est plus prompt, ses jeunes rameaux sont garnis de duvet d'un rouge fort vif, ses grappes de fleurs sont blanches, fort grandes, et éparses.

4°. Le sumac d'Amérique à bois lisse : c'est l'espèce qui a la plus jolie apparence, par la verdure bleuâtre de son feuillage et de ses jeunes rameaux, qui sont sans aucun duvet ; ses grappes sont éparses, et elles n'ont jamais de couleur apparente ; cet arbre fait une tige plus droite que les autres.

5°. Le sumac de Canada à feuilles longues, ou le vinaigrier : cet arbrisseau s'élève moins que les précédents ; ses feuilles sont luisantes et d'une couleur de verd de mer, et ses grappes de fleurs d'un rouge vif de la plus belle apparence ; il est vrai que ses branches viennent fort irrégulièrement, et qu'il pousse un grand nombre de rejetons, ce qui déprime un peu l'agrément qu'il a d'ailleurs.

6°. Le petit sumac de Virginie : cet arbrisseau ne s'élève guère qu'à quatre pieds ; sa fleur n'a rien de fort remarquable ; toute sa beauté consiste dans la singularité de ses feuilles qui sont doublement empannées, c'est-à-dire que le filet qui soutient plusieurs paires de folioles est bordé d'un fanage qui se réunit avec les folioles, cet arbrisseau ne donne point de rejeton du pied, il faut le faire venir de graine.

7°. Le sumac de Caroline à fruit écarlate.

8°. Le sumac de Caroline à fruit noir : ces deux dernières espèces sont encore très-rares, et peu connues.

9°. Le sumac copal, rhus obsoniorum : cet arbre est originaire de la Caroline et de la Virginie, où il s'élève à plus de vingt pieds ; ses feuilles sont ailées et composées de quatre, cinq, ou six paires de folioles, mais celle qui termine le filet commun n'a point de pédicule ; il sort du tronc de cet arbre un suc épais qui a quelque ressemblance avec la gomme copal.

On connait encore de cinq ou six sortes de sumacs qui sont originaires de l'Afrique : ce sont de petits arbrisseaux fort délicats, qui n'ont d'autre agrément que d'être toujours verts.

SUMAC, (Matière médicale) ordinaire ou commun, et sumac de Virginie. Les fruits de la première espèce de sumac étaient employés dans la cuisine des anciens, à titre d'assaisonnement ; aussi portent-ils chez plusieurs botanistes le titre de sumac, ou rhus obsoniorum, rhus culinaria, etc. les Turcs s'en servent encore aujourd'hui, au rapport de Belon ; mais il est absolument inusité à ce titre parmi nous.

Nous n'employons plus cet arbrisseau, et principalement celui de la seconde espèce, le sumac de Virginie, qu'à titre de remède ; ses feuilles et les fruits sont comptés parmi les plus puissants astringens : on en emploie l'infusion et la décoction dans les cours de ventre et les hémorrhagies qu'il faut arrêter. Ces remèdes sont encore mis au rang des bons anti-scorbutiques.

Le fruit de sumac entre dans le syrop myrtin et dans le vin astringent pro fotu, de la pharmacopée de Paris ; les semences entrent dans l'onguent de la comtesse.

SUMAC, s. m. (Teinture) drogue propre pour teindre en verd ; cette drogue dont on se sert aussi dans l'apprêt des maroquins noirs et de quelques autres peaux, n'est autre chose que les feuilles et les jeunes branches de l'arbrisseau, pilées dans un mortier.

Quoique le sumac soit du nombre des drogues colorantes, qui sont communes aux teinturiers du grand et du petit teint, il est néanmoins défendu aux uns et aux autres d'en employer de vieux, c'est-à-dire qui a déjà servi à passer les maroquins, ou autres peaux. Le meilleur sumac pour la teinture est celui qui est verdâtre et nouveau. C'est du port de Porto, en Portugal, que vient la plus grande partie du sumac qui se consomme en France. (D.J.)