QUESTION, syn. (Grammaire) Ces deux mots signifient en général une proposition par laquelle on interroge. Voici les nuances qui les distinguent. Question se dit seulement en matière de sciences : une question de physique, de théologie. Demande, lorsqu'il signifie interrogation, ne s'emploie guère que quand le mot de réponse y est joint ; ainsi on dit, tel livre est par demandes et par réponses. Remarquez que nous ne prenons ici demande que lorsqu'il signifie interrogation ; car dans tout autre cas, sa différence d'avec question est trop aisée à voir. (O)



DEMANDE, s. f. terme de Mathématique ; c'est une proposition évidente, par laquelle l'on affirme qu'une chose peut ou ne peut pas être faite. Voyez PROPOSITION.

Une proposition déduite immédiatement d'une définition simple, si elle exprime quelque chose qui convient ou ne convient pas à une autre, est appelée un axiome ; si elle affirme qu'une chose peut ou ne peut pas être faite, c'est une demande.

Par exemple, il suit évidemment de la génération du cercle, que toutes les lignes droites tirées du centre à la circonférence, sont égales, puisqu'elles ne représentent qu'une seule et même ligne dans une situation différente ; c'est pourquoi cette proposition est regardée comme un axiome. Voyez AXIOME.

Mais puisqu'il est évident par la même définition, qu'un cercle peut être décrit avec un intervalle quelconque et d'un point quelconque, cela est regardé comme une demande ; c'est pourquoi les axiomes et les demandes semblent avoir à-peu-près le même rapport l'un à l'autre, que les théoremes ont aux problemes. Voyez THEOREME, etc. Chambers. (E)

Les demandes s'appellent aussi hypothèses ou postulata, mot latin qui signifie la même chose. On leur donne surtout le nom d'hypothèse, lorsqu'elles tombent sur des choses qui à la rigueur peuvent être niées, mais qui sont nécessaires pour établir les démonstrations. Par exemple, on suppose en Géométrie que les surfaces sont parfaitement unies, les lignes parfaitement droites et sans largeur ; en Mécanique, que les leviers sont inflexibles, que les machines sont sans frottement et parfaitement mobiles ; en Astronomie, que le soleil est le centre immobîle du monde, que les étoiles sont à une distance infinie, etc. Il est visible par cette énumération, que les hypothèses influent plus ou moins sur la rigueur des démonstrations. Par exemple, en Géométrie les inégalités des surfaces et des lignes n'empêchent pas les démonstrations d'être sensiblement et à très-peu près exactes ; mais en Mécanique les frottements, la masse des machines, la flexibilité des leviers, la roideur des cordes, etc. altèrent beaucoup les résultats qu'on trouve dans la spéculation, et il faut avoir égard à cette altération dans la pratique.

C'est bien pis encore dans les sciences physico-mathématiques ; car les hypothèses que l'on fait dans celles-ci, conduisent souvent à des conséquences très-éloignées de ce qui est réellement dans la nature. En Mécanique les hypothèses sont utiles, non-seulement parce qu'elles simplifient les démonstrations, mais parce qu'en donnant le résultat purement mathématique, elles fournissent le moyen de trouver ensuite par l'expérience ce que les qualités et circonstances physiques changent à ce résultat ; mais dans les sciences physico-mathématiques, où il est question du calcul appliqué à la Physique, toute hypothèse qui s'éloigne de la nature est souvent une chimère, et toujours une inutilité. Voyez le Discours préliminaire, et la préface de mon Essai sur la résistance des fluides. Paris 1752. (O)

DEMANDE, (Jurisprudence) en termes de palais, signifie un acte par lequel le demandeur conclut contre le défendeur à ce qu'il soit tenu de faire ou donner quelque chose.

Une demande peut être formée par une requête ou par un explait ; elle doit être pour un objet certain, et énoncer sommairement les moyens sur lesquels elle est fondée : on doit en laisser copie au défendeur, aussi-bien que des pièces justificatives de la demande.

Les peines établies par les Romains contre ceux qui demandaient plus qu'il ne leur était dû. n'ont pas lieu parmi nous. Voyez PLUS-PETITION.

Il y a presqu'autant de sortes de demandes, qu'il y a de différentes choses qui peuvent faire l'objet des demandes ; c'est pourquoi nous nous contenterons d'indiquer ici les principales, et singulièrement celles qui ont une dénomination particulière. (A)

Demande sur le barreau, est celle que la partie ou son procureur, ou l'avocat assisté de la partie ou du procureur, forment judiciairement sur le barreau en plaidant la cause, sans qu'elle ait été précedée d'aucune demande par écrit. (A)

Demande en complainte, voyez COMPLAINTE.

Demande en contre-sommation, voyez CONTRE-SOMMATION.

Demande connexe, est celle dont l'objet est naturellement lié avec celui d'une autre demande. (A)

Demande en déclaration d'hypothèque, voyez DECLARATION D'HYPOTHEQUE et HYPOTHEQUE.

Demande en dénonciation, voyez DENONCIATION.

Demande en désistement. voyez DESISTEMENT.

Demande en évocation, voyez ÉVOCATION.

Demande en faux, voyez FAUX, FAUX PRINCIPAL, FAUX INCIDENT.

Demande en garantie, voyez GARANT et GARANTIE.

Demande incidente, est celle qui est formée dans le cours d'une contestation, pour obtenir quelque chose qui a rapport à l'objet principal. Les demandes incidentes se forment par requête signifiée de procureur à procureur, au lieu que les demandes principales doivent être formées à personne ou domicile. (A)

Demande indéfinie, est celle dont l'objet, quoique certain, n'est pas fixe, comme quand on demande tout ce qui peut revenir d'une succession, sans dire combien. (A)

Demande en interlocutoire, voyez INTERLOCUTOIRE.

Demande en interruption, voyez HYPOTHEQUE et INTERRUPTION.

Demande en intervention, voyez INTERVENTION.

Demande introductive, est la première demande qui a donné commencement à une contestation. (A)

Demande judiciaire, est celle qui est formée sur le barreau. Voyez ci-devant Demande sur le barreau. (A)

Demande libellée, est celle dont l'explait contient les moyens, du moins sommairement. L'ordonnance de 1667 : titre des ajournements, art. j. veut que les ajournements et citations en toutes matières et juridictions, soient libellées et contiennent les conclusions, et sommairement les moyens de la demande, à peine de nullité. (A)

Demande en main-levée, voyez MAIN-LEVEE.

Demande nulle, est celle qui est infectée de quelque vice de forme qui l'anéantit. Voyez NULLITE. (A)

Demande originaire se dit en matière de garantie, de la première demande qui a donné lieu à la demande en garantie. Voyez l'ordonnance de 1667, titre des garants, et GARANTIE. (A).

Demande en partage, voyez PARTAGE.

Demande en péremption, voyez PEREMPTION.

Demande petitoire, voyez PETITOIRE.

Demande possessoire, est celle qui tend à conserver ou recouvrer la possession de quelque chose. Voyez PETITOIRE et POSSESSOIRE. (A)

Demande préparatoire, est celle qui tend seulement à faire ordonner quelque chose pour l'instruction ; par exemple, que l'on communiquera des pièces, ou que l'on en donnera copie. (A )

Demande principale, est toute nouvelle demande qui donne commencement à une contestation ; elle doit être formée à personne ou domicile, à la différence des demandes incidentes, qui peuvent être formées dans le cours de la contestation. Voyez ci-devant demande incidente. (A)

Demande provisoire, est celle qui ne tend pas à faire juger définitivement la contestation, mais seulement à faire ordonner quelque chose par provision, et en attendant le jugement de la contestation. (A)

Demande en retrait, voyez RETRAIT.

Demande en revendication, voyez REVENDICATION.

Demande en sommation, voyez SOMMATION.

Demande subsidiaire, est celle qui tend à obtenir une chose, au cas que la partie ou les juges fassent difficulté d'en accorder une autre. Voyez CONCLUSIONS SUBSIDIAIRES. (A)

DEMANDE, (Marine) en terme de construction, la demande du bois, c'est la juste grandeur que demande chaque membre, planche ou autre pièce de bois dans la construction d'un vaisseau. On dit aussi faire une pièce selon la demande du bois, c'est-à-dire qu'on peut employer le bois que l'on a, sans avoir tout à fait égard aux proportions. (Z)

DEMANDE, (Marine) On dit filer de câble, si ce navire en demande : c'est lorsqu'on a mouillé l'ancre ; filer du câble, si l'on trouve que le vaisseau le fait trop roidir. (Z)