S. f. (Commerce et Manufacture) dans la langue des finances, les synonymes n'ont pas moins d'inconvénients que dans la langue des arts, et ne fût-ce que relativement aux droits des fermes, il est essentiel d'expliquer, autant qu'il est possible, la valeur du mot toilerie.

C'est une expression moderne ; on ne la trouve pas une seule fois dans les règlements des manufactures avant 1718.

Les auteurs des dictionnaires du commerce et de Trévoux définissent ce terme par ceux-ci, marchandise de toile, c'est-à-dire sans doute, faite avec de la toile.



Suivant ces mêmes auteurs, ce mot est exactement synonyme au mot toile, dans le sens où l'on dit, ce marchand ne fait que la toilerie, au lieu de dire, il ne commerce qu'en toiles ; et encore, il se fait beaucoup de toilerie dans tel pays, au lieu de dire on y fabrique beaucoup de toiles.

Une autre acception de ce mot dont ces auteurs n'ont point parlé, c'est celle suivant laquelle il est devenu le nom générique de quelques tissus, dont on ne peut pas dire qu'ils soient des étoffes, ni qu'ils soient des toiles. Il faut se garder de confondre ces dénominations, car dans certains bureaux les mêmes marchandises payeraient des droits plus considérables, étant annoncées comme étoffes, que si on les déclarait comme toileries.

Il serait à souhaiter que l'on put fixer précisément la valeur des mots étoffe, toilerie et toîle ; mais les ouvrages de l'art, ainsi que ceux de la nature, renferment tant de variétés, que les nuances de division se perdant l'une dans l'autre, les espèces de différents genres se confondent aisément.

Toute méthode de distribution menerait à des incertitudes, et il n'y a ce me semble, rien de mieux à faire que d'établir quelques points de comparaison, d'après lesquels on essayera de classer les différents tissus.

Ceux qui sont composés en entier de soie ou de laine, ou bien même dont la chaîne ou la trame est faite de l'une de ces deux matières, sont des étoffes. Quelques-uns de ceux qui sont composés de coton ou de fil, et qui sont extrêmement forts, sont encore des étoffes. Ainsi les draps, les serges, les tiretaines, les taffetas, les ras de S. Cyr, les hyberlines, les velours de coton, les coutils, etc. sont des étoffes.

Les toileries sont des tissus un peu plus légers, dont la laine ou la soie ne font jamais une partie essentielle ; mais dans lesquels elles peuvent néanmoins entrer comme agrément. Les bazins unis et rayés, les siamaises unies, rayées et à fleurs, les nappes et les serviettes ouvrées, les mousselines même, ou toiles de coton de toute espèce, sont des toileries.

Sous le nom de toiles, il faut entendre tout tissu simple et uniquement composé de fil de lin ou de chanvre, comme le sont les toiles dont on se sert pour faire des chemises.

Je sens bien que je ne lève point ici toute incertitude. On pourrait demander dans quelle classe on doit mettre les toiles à voiles, les toiles à matelats, et beaucoup d'autres ouvrages semblables. Il semble que ce devrait être entre les toiles et les étoffes.

Au reste, je ne prétends pas donner ici de décision. J'ai rapporté seulement ce qui m'a paru de plus instructif et de plus décidé sur l'usage de ces termes, soit dans le discours, soit dans les règlements rendus depuis celui du 7 Aout 1718, pour les fabriques de Rouen. C'est-là où je vois le mot toilerie employé pour la première fais. Article de M. BRISSON, inspecteur des manufactures et académies de Villefranche en Beaujolais.