(Commerce russe) ce mot est russe, et signifie les boutiques. C'est ainsi que l'on nomme le marché public établi par le czar Pierre Alexiowitz à Petersbourg, pour y débiter toutes les marchandises qui y arrivent du dehors, ou qui s'y fabriquent, en sorte qu'il n'est permis à personne de garder des marchandises dans sa maison, ni d'en vendre dans aucun autre endroit qu'aux lawks.
Ce marché public est composé d'une grande cour, avec un bâtiment de bois à deux étages, couvert de tuiles, et partagé en deux portions, par une muraille qui le coupe d'un bout à l'autre, dans sa longueur. Il y a un double rang de boutiques, tant en bas qu'en haut, dont l'un donne sur la rue, et l'autre sur la cour. Le long des boutiques règnent des galeries, où ceux qui viennent acheter sont à couvert.
Cette maison appartient au souverain qui en loue chèrement les boutiques aux marchands auxquels pourtant il est défendu d'y loger. Il y a des sentinelles et des corps-de-garde aux quatre coins et aux quatre portes de ce marché.
Les inconvénients d'un établissement de cette nature, sans aucun avantage, sautent aux yeux de tout le monde ; c'est le fruit de l'esprit d'un prince encore barbare, et bien mal éclairé dans la science du commerce. Le czar devait songer à faire une douanne de son bâtiment, et non pas un marché exclusif qui génât les négociants à y porter leurs effets, et à ne pouvoir les vendre chez eux. Il aurait tiré beaucoup plus d'argent par des droits modérés d'entrée et de sortie sur les marchandises, que par la cherté du loyer de ses boutiques. D'ailleurs rien de si fou que d'exposer les biens de ses sujets à être consumés sans ressource par un incendie. Ce malheur arriva en 1710, et peut sans-doute arriver encore, malgré toutes les précautions humaines. (D.J.)