S. m. jurator, (Droit des Barbares) on nommait ainsi celui qui parmi les Francs, se purgeait par serment d'une accusation ou d'une demande faite contre lui.
Il faut savoir que la loi des Francs ripuaires, différente de la loi salique, se contentait pour la décision des affaires, des seules preuves négatives. Ainsi, celui contre qui on formait une demande ou une accusation, pouvait dans la plupart des cas, se justifier en jurant avec un certain nombre de témoins qu'il n'avait point fait ce qu'on lui imputait ; et par ce moyen il était absous de l'accusation.
Le nombre des témoins qui devaient jurer, augmentait selon l'importance de la chose ; il allait quelquefois à soixante et douze, et on les appelait jureurs juratores.
La loi des Allemands porte que jusqu'à la demande de six sols, on s'en purgera par son serment, et celui de deux jureurs réunis. La loi des Frisons exigeait sept jureurs pour établir son innocence dans le cas d'accusation d'homicide. On voit par notre ancienne histoire que l'on requérait dans quelques occasions, outre le serment de la personne, celui de dix ou de douze jureurs, pour pouvoir obtenir sa décharge ; ce qu'on exprimait par ces mots, cum sexta, septimâ, octavâ, decimâ, etc. manu, jurare.
Mais personne n'a su tirer un parti plus heureux de la loi des jureurs que Frédégonde. Après la mort de Chilpéric, les grands du royaume et le reste de la nation, ne voulaient point reconnaître Clotaire âgé de 4 mois pour légitime héritier de la couronne ; la conduite peu régulière de la mère faisait douter que son fils ne fût point du sang de Clovis. Je crains bien, disait Gontran son propre oncle, que mon neveu ne soit le fils de quelque seigneur de la cour ; c'était même bien honnête à lui de ne pas craindre quelque chose de pis : cependant trois cent personnes considérables de la nation ayant été promptement gagnées par la reine, vinrent jurer avec elle, que Clotaire était véritablement fils de Chilpéric. A l'ouie de ce serment, et à la vue d'un si grand nombre de jureurs, les craintes et les scrupules s'évanouirent ; Clotaire fut reconnu de tout le monde, et de plus fut surnommé dans la suite Clotaire le Grand, titre qu'il ne méritait à aucun égard. (D.J.)