S. f. (Histoire naturelle, Minéralogie) c'est ainsi qu'on nomme, dans l'île de la Guadeloupe, une montagne fort élevée, qui a la forme d'un cône tronqué, et qui s'élève au-dessus de toutes les autres montagnes de cette ile. Elle est à environ trois lieues des côtes de la mer, et occupe le milieu de la partie méridionale de l'ile. Cette montagne a été autrefois un volcan ; et suivant la description qui en a été donnée par différents voyageurs, et en dernier lieu par M. Peyssonel médecin, il n'y a pas lieu de douter qu'elle ne soit encore embrasée dans son intérieur. Le nom de soufrière lui vient de la grande quantité de soufre que l'on y trouve ; il se sublime naturellement par la chaleur souterraine, et se trouve en si grande abondance, que cet endroit parait inépuisable.



Le chemin qui conduit au sommet de cette montagne est très-difficîle ; on rencontre par-tout des débris de volcans, comme des pierres calcinées, de la pierre-ponce, des sources d'eaux chaudes, de l'alun, etc. Le terrain ressemble à du colcothar, ou au résidu de la distillation du vitriol, étant rouge comme de l'ochre. Lorsqu'on est parvenu à une certaine hauteur on trouve un espace qui peut avoir environ 25 taises de diamètre ; l'on n'y voit que du soufre, des cendres et des terres calcinées ; le terrain de cet endroit est rempli de fentes profondes, d'où il sort de la fumée ; l'on entend qu'il se fait un bouillonnement au-dessous, et il en sort du soufre qui se sublime et s'attache aux parois de ces fentes et des cavités qui s'y sont formées. On éprouve en cet endroit une odeur de soufre qui ôte la respiration, et l'on voit l'acide sulfureux que la chaleur dégage se condenser en gouttes, et ruisseler comme de l'eau claire. Le terrain est peu solide, et l'on peut y enfoncer des bâtons avec facilité ; et si l'on ne marchait avec précaution, on courait risque de s'y abîmer. Cet endroit parait être le soupirail par où les éruptions de ce volcan se sont faites autrefois. On dit que dans un tremblement de terre, cette montagne se fendit en deux, et vomit un grand nombre de matières embrasées, et que depuis ce temps on n'a plus éprouvé de tremblement de terre dans l'ile. Cette fente a plus de mille pieds de profondeur, et plus de 20 pieds de largeur. Du côté du nord de cette fente, dans la plaine, est un petit étang dont les eaux sont fortement imprégnées d'alun. On trouve aussi près de cette fente une grotte très-étendue, et qui présente des phénomènes très-dignes d'être remarqués. A l'entrée de cette caverne on éprouve une chaleur modérée ; en montant plus haut par dessus des débris de pierres, on entre dans une seconde grotte où l'on sent que la chaleur augmente, et en montant encore plus haut on parvient à un endroit qui forme une troisième grotte ; la chaleur y est si considérable, que, suivant le rapport de M. Peyssonel, l'on peut à-peine y respirer, les flambeaux ont beaucoup de peine à bruler, et l'on est bien-tôt trempé de sueur. Au côté gauche de cet endroit la grotte semble continuer ; M. Peyssonel voulant aller plus avant vers ce côté, fut très - surpris d'y trouver de la fraicheur, de voir que les flambeaux y brulaient très-bien ; en descendant encore plus, il trouva qu'il y faisait un froid excessif ; revenu de cet endroit, il repassa par la partie chaude de la grotte où il avait été auparavant, et y éprouva la même difficulté de respirer et la même chaleur que la première fais.

On trouve différentes espèces de soufre dans la soufrière de la Guadeloupe, il y en a qui ressemble parfaitement à des fleurs de soufre ; d'autre se trouve en masses compactes, et est d'un beau jaune d'or ; enfin l'on en rencontre des morceaux qui sont d'un jaune transparent comme du succin, au point d'y être trompé. Voyez les transactions philosophiques, tom XLIX. voyez l'article SOLFATARA. (-)