S. m. (Sacrifice des Païens) taurobolium, mot composé de , taureau, et de effusion ; effusion du sang d'un taureau. Espèce de sacrifice expiatoire et purificatoire du paganisme, dont on ne trouve point de trace avant le règne d'Antonin, et dont l'usage parait avoir cessé sous les empereurs Honorius et Théodose le jeune ; mais comme c'est une des plus bizarres et des plus singulières cérémonies du paganisme, je crois qu'on ne sera pas fâché de la connaître. Prudence qui pouvait l'avoir vue, nous la décrit assez au long.
On creusait une fosse assez profonde, où celui pour qui se devait faire la cérémonie, descendait avec des bandelettes sacrées à la tête, avec une couronne, enfin avec tout un équipage mystérieux. On mettait sur la fosse un couvercle de bois percé de quantité de trous. On amenait sur ce couvercle un taureau couronné de fleurs, et ayant les cornes et le front ornés de petites lames d'or. On l'égorgeait avec un couteau sacré ; son sang coulait par un trou dans la fosse, et celui qui y était le recevait avec beaucoup de respect. Il y présentait son front, ses joues, ses bras, ses épaules, enfin toutes les parties de son corps, et tâchait à n'en point laisser tomber une goutte ailleurs que sur lui. Ensuite il sortait de-là hideux à voir, tout souillé de ce sang, ses cheveux, sa barbe, ses habits tout dégouttants ; mais aussi il était purgé de tous ses crimes, et régénéré pour l'éternité ; car il parait positivement par les inscriptions, que ce sacrifice était pour ceux qui le recevaient, une régénération mystique et éternelle. Il fallait le renouveller tous les vingt ans, autrement il perdait cette force qui s'étendait dans tous les siècles à venir.
Les femmes recevaient cette régénération aussi bien que les hommes ; on y associait qui l'on voulait ; et ce qui est encore plus remarquable, des villes entières la recevaient par députés. Quelquefois on faisait ce sacrifice pour le salut des empereurs. Les provinces envoyaient un homme se barbouiller en leur nom, du sang de taureau, pour obtenir à l'empereur une longue et heureuse vie. Tout cela est clair par les inscriptions.
Les tauroboles avaient principalement lieu pour la consécration du grand-prêtre, et des autres prêtres de Cybele. On trouva en 1705, sur la montagne de Fourvières à Lyon, une inscription d'un taurobole, qui fut célébré sous Antonin le pieux, l'an 160 de J. C. Elle nous apprend qu'il se fit par ordre de la mère des dieux Idéenne, pour la santé de l'empereur et de ses enfants, et pour l'état de la colonie lyonnaise. Voyez là-dessus les mém. de l'acad. des Inscript. (D.J.)