en Latin libertinus, s. m. (Théologie) Ce terme signifie proprement un esclave mis en liberté. Dans les actes des apôtres il est parlé de la synagogue des affranchis, qui s'élevèrent contre saint Etienne, qui disputèrent contre lui, et qui témoignèrent beaucoup de chaleur à le faire mourir. Les interpretes sont fort partagés sur ces libertins ou affranchis : les uns croient que le texte Grec qui porte libertini, est fautif, et qu'il faut lire Libystini, les Juifs de la Libye voisine de l'Egypte. Le nom de libertini n'est pas Grec ; et les noms auxquels il est joint dans les actes, font juger que S. Luc a voulu designer des peuples voisins des Cyrénéens et des Alexandrins : mais cette conjecture n'est appuyée sur aucun manuscrit ni sur aucune version que l'on sache. Joan. Drus. Cornel. à lapid. Mill.
D'autres croient que les affranchis dont parlent les actes, étaient des Juifs que Pompée et Sosius avaient emmenés captifs de la Palestine en Italie, lesquels ayant obtenu la liberté, s'établirent à Rome, et y demeurèrent jusqu'au temps de Tibere, qui les en chassa, sous prétexte de superstitions étrangères, qu'il voulait bannir de Rome et de l'Italie. Ces affranchis purent se retirer en assez grand nombre dans la Judée, avoir une synagogue à Jérusalem, où ils étaient lorsque S. Etienne fut lapidé. Les rabbins enseignent qu'il y avait dans Jérusalem jusqu'à 400 synagogues, sans compter le temple. Oecumenius Lyran. etc. Tacite, Annal. lib. II. Calmet, Dictionnaire de la Bible, tome I. lett. A. p. 71. (G)
AFFRANCHI, adj. pris sub. dans le Droit Romain, était un nouveau citoyen parvenu à la qualité d'homme libre, par l'affranchissement ou manumission. Voyez l'un et l'autre de ces deux mots.
L'affranchi, quoique sorti de l'esclavage par la manumission, n'était pas exempt de tous devoirs envers son ancien maître, devenu son patron. En général, il était obligé à la reconnaissance, non-seulement par la loi naturelle qui l'exige sans distinction pour toute sorte de bienfait, mais aussi par la loi civîle qui lui en faisait un devoir indispensable, à peine de rentrer dans la servitude : si, par exemple, son patron ou le père ou la mère de son patron étaient tombés dans l'indigence, il était obligé de fournir à leur subsistance, selon ses facultés, sous peine de rentrer dans les fers. Il encourait la même peine s'il avait maltraité son patron, ou qu'il eut suborné des témoins contre lui en justice.
L'honneur que l'affranchi devait à son patron empêchait qu'il ne put épouser sa mère, sa veuve ou sa fille.
Le fils de l'affranchi n'était pas réputé affranchi, et était pleinement libre à tous égards. Voyez LIBERTIN.
Quelques auteurs mettent de la différence entre libertus et libertinus, et veulent que libertus signifie celui même qui a été tiré de l'état de servitude, et libertinus, le fils de l'affranchi : mais dans l'usage tous les deux signifient un affranchi. L'acte par lequel un esclave était mis en liberté s'appelait en Droit manumissio, comme qui dirait dimissio de manu, " affranchissement de l'autorité d'un maître ". Voyez AFFRANCHISSEMENT.
Les affranchis conservaient leur nom, et le joignaient au nom et au prénom de leur maître ; c'est ainsi que le poète Andronicus, affranchi de M. Livius Salinator, fut appelé M. Livius Andronicus. Les affranchis portaient aussi quelquefois le prénom de la personne à la recommandation de laquelle ils avaient obtenu la liberté. Ces nouveaux citoyens étaient distribués dans les tribus de la ville qui étaient les moins honorables ; on ne les a placés que très-rarement dans les tribus de la campagne.
Dès l'instant de l'affranchissement les esclaves se coupaient les cheveux, comme pour chercher dans cette offrande une juste compensation du don précieux de la liberté qu'ils recevaient des dieux, cette dépouille passant dans toute l'antiquité payenne pour un présent extrêmement agréable à la divinité.
C'était un des privilèges des esclaves devenus libres par leur affranchissement, que de ne pouvoir plus être appliqués à la question dans une affaire où leur maître se serait trouvé impliqué. Milon, accusé du meurtre de Clodius, se servit de cette précaution pour détourner des dépositions qui ne lui auraient pas été favorables. Il aima mieux donner la liberté à des esclaves témoins du fait, que de s'exposer à être chargé par des gens d'autant moins capables de résister à la torture, qu'ils étaient presque tous délateurs nés de leurs maîtres. La condition d'affranchis était comme mitoyenne entre celle des citoyens par droit de naissance, et celle des esclaves ; plus libre que celle-ci, mais toutefois moins indépendante que la première. (G et H)