S. m. (Astronomie) calendrier ou table, où sont marqués les jours et les fêtes de l'année, le cours de la Lune pour chaque mois, etc. Voyez CALENDRIER, ANNEE, JOUR, MOIS, LUNE, etc.



Les Grammairiens ne sont point d'accord sur l'origine de ce mot : les uns le font venir de la particule arabe al, et de manah, compte : d'autres, du nombre desquels est Scaliger, le dérivent de cette même préposition al, et du mot Grec μάνακος, le cours des mois. Golius n'est pas de ce sentiment : voici quel est le sien. C'est, dit-il, l'usage dans tout l'Orient, que les sujets fassent des présents à leurs princes au commencement de l'année : or le présent que font les Astronomes, sont des éphémerides pour l'année commençante ; et c'est de-là que ces éphémerides ont été nommées almanha, qui signifie étrennes ou présents de la nouvelle année. Voyez EPHEMERIDE. Enfin Verstegan écrit almon-ac, et le fait venir du saxon. Nos ancêtres, dit-il, traçaient le cours des lunes pour toute l'année sur un bâton ou morceau de bois carré, qu'ils appelaient al monaght, par contraction, pour al-moon-held, qui signifie en vieil anglais ou en vieux saxon, contenant toutes les lunes.

Nos almanachs modernes répondent à ce que les anciens Romains appelaient fastes. Voyez FASTES.

Le lecteur peut s'instruire de ce qu'il faut faire pour construire un almanach, à l'article CALENDRIER.

Le roi de France Henri III. par une ordonnance de l'an 1579, défendit " à tous faiseurs d'almanachs d'avoir la témérité de faire des prédictions sur les affaires civiles ou de l'état, ou des particuliers, soit en termes exprès, ou en termes couverts ". Voyez ASTROLOGIE. Notre siècle est trop éclairé pour qu'une pareille défense soit nécessaire ; et quoique nous voyions encore plusieurs almanachs remplis de ces sortes de prédictions, à peine le plus bas peuple y ajoute-t-il quelque foi.

La plupart de nos almanachs d'aujourd'hui contiennent non-seulement les jours et les fêtes de l'année, mais encore un très-grand nombre d'autres choses. Ce sont des espèces d'agenda, où l'on peut s'instruire d'une infinité de détails souvent nécessaires dans la vie civile, et qu'on aurait peine quelquefois à trouver ailleurs.

L'almanach le plus ancien et le plus utile, est l'Almanach Royal, vol. in-8°. Dans son origine, qui remonte à l'année 1679, cet almanach ou calendrier, avec quelques prédictions ajoutées aux phases de la lune, renfermait seulement le départ des couriers, le journal des fêtes du Palais, un extrait des principales foires du royaume, et les villes où l'on bat monnaie. Les premières lettres de privilège sont datées du 16 Mars 1679 ; il a subsisté à-peu-près dans la même forme jusqu'en 1697. Le feu Roi Louis XIV. ayant eu la curiosité de le voir cette année, Laurent d'Houry eut l'honneur de le lui présenter, et peu de temps après il obtint de Sa Majesté des Lettres de renouvellement de privilège, sous le titre d'Almanach Royal, le 29 Janvier 1699. Le but de l'auteur, dès cet instant, fut d'y renfermer peu-à-peu les Naissances des Princes et Princesses de l'Europe, le Clergé de France, l'Epée, la Robe, et la Finance ; ce qu'il a exécuté en très-grande partie jusqu'à sa mort arrivée en 1725. Depuis ce temps cet ouvrage a été continué, tant par la veuve d'Houry que par Le Breton petit-fils d'Houry, à qui le Roi en a confié la manutention et donné le privilège, aux charges, clauses et conditions portées par l'Arrêt du Conseil du 15 Décembre 1743. Cet Almanach contient aujourd'hui les Naissances et Alliances des Princes et Princesses de l'Europe, les Cardinaux, les Evêchés et Archevêchés de France, les Abbayes commendataires, les Ducs et Pairs, les Maréchaux de France, et autres Officiers généraux de terre et de mer, les Conseils du Roi, et tout ce qui y a rapport, le Parlement, les Cours souveraines et Juridictions de Paris ; l'Université, les Académies, les Bibliothèques publiques, les Fermiers généraux, Thrésoriers des deniers royaux, etc. mis dans leur ordre de réception, et singulièrement leurs demeures à Paris. (O)