S. m. ou ANNÉE, s. f. (Histoire et Astronomie) dans l'étendue ordinaire de sa signification, est le cycle ou l'assemblage de plusieurs mois, et communément de douze. Voyez CYCLE et MOIS.
D'autres définissent généralement l'année, une période ou espace de temps qui se mesure par la révolution de quelque corps céleste dans son orbite. Voyez PERIODE.
Ainsi le temps dans lequel les étoiles fixes font leur révolution est nommé la grande année. Cette année est de 25920 de nos années vulgaires ; car on a remarqué que la section commune de l'écliptique et de l'équateur, n'est pas fixe et immobîle dans le ciel étoilé ; mais que les étoiles s'en éloignent en s'avançant peu-à-peu au-delà de cette section, d'environ 50 secondes par an. On a donc imaginé que toute la sphère des étoiles fixes faisait une révolution périodique autour des pôles de l'écliptique, et parcourait 50 secondes en un an ; ce qui fait 25920 ans pour la révolution entière. On a appelé grande année ce long espace de temps, qui surpasse quatre à cinq fois celui que l'on compte vulgairement depuis le commencement du monde. Voyez l'article PRECESSION des équinoxes.
Les temps dans lesquels Jupiter, Saturne, le Soleil, la Lune, finissent leurs révolutions, et retournent au même point du zodiaque, sont respectivement appelés années de Jupiter, de Saturne ; années solaires, et années lunaires. Voyez SOLEIL, LUNE, PLANETE, etc.
L'année proprement dite, est l'année solaire, ou l'espace de temps dans lequel le soleil parcourt ou parait parcourir les douze signes du zodiaque. Voyez ZODIAQUE et ECLIPTIQUE.
Suivant les observations de MM. Cassini, Bianchini, de la Hire, l'année est de 365 jours 5 heures 49 min. et c'est-là la grandeur de l'année fixée par les auteurs du calendrier Grégorien. Cette année est celle qu'on appelle l'année astronomique : quant à l'année civile, on la fait de 365 jours, excepté une année de quatre en quatre, qui est de 366 jours.
La vicissitude des saisons semble avoir donné occasion à la première institution de l'année ; les hommes portés naturellement à chercher la cause de cette vicissitude, virent bien-tôt qu'elle était produite par les différentes situations du soleil par rapport à la terre, et ils convinrent de prendre pour l'année l'espace de temps que cet astre mettait à revenir dans la même situation, c'est-à-dire, au même point de son orbite. Voyez SAISON.
Ainsi comme ce fut principalement par rapport aux saisons que l'année fut instituée, la principale attention qu'on eut, fut de faire en sorte que les mêmes parties de l'année répondissent toujours aux mêmes saisons, c'est-à-dire, que le commencement de l'année se trouvât toujours dans le temps que le soleil était au même point de son orbite.
Mais comme chaque peuple prit une voie différente pour arriver à ce but, ils ne choisirent pas tous le même point du zodiaque pour fixer le commencement de l'année, et ils ne s'accordèrent pas non plus sur la durée de la révolution entière. Quelques-unes de ces années étaient plus correctes que les autres, mais aucune n'était exacte, c'est-à-dire, qu'aucune ne marquait parfaitement le temps précis de la révolution du soleil.
Ce sont les Egyptiens, si on en croit Hérodote, qui ont les premiers fixé l'année, et qui l'ont fait de 360 jours, qu'ils séparèrent en douze mois ; Mercure Trismegiste ajouta cinq jours à l'année, et la fit de 365 jours. Thalès, à ce qu'on prétend, la fit du même nombre de jours parmi les Grecs : mais il ne fut suivi en ce point que d'une partie de la Grèce. Les Juifs, les Syriens, les Romains, les Perses, les Ethiopiens, les Arabes, avaient chacun des années différentes. Toute cette diversité est peu étonnante, si on fait attention à l'ignorance où l'on était pour lors de l'Astronomie. Nous lisons même dans Diodore de Sicile, livre I. dans la vie de Numa par Plutarque, et dans Pline, livre VII. chap. xlviij. que l'année Egyptienne était dans les premiers temps fort différente de celle que nous appelons aujourd'hui de ce nom.
L'année solaire est l'intervalle de temps dans lequel le soleil parait décrire le zodiaque, ou celui dans lequel cet astre revient au point d'où il était parti. Voyez SOLEIL.
Ce temps, selon la mesure commune, est de 365 jours 5 heures 49 minutes. Cependant quelques Astronomes le font plus ou moins grand de quelques secondes, et vont même jusqu'à une minute de différence. Kepler, par exemple, faisait l'année de 365 jours 5 heures 48 minutes 57 secondes 39 tierces. Riccioli, de 365 jours 5 heures 48 min. Tycho, de 365 jours 5 heures 48 min. M. Euler a publié dans le premier tome des Mémoires François de l'Académie de Berlin, page 37. une table par laquelle on voit combien les Astronomes sont peu d'accord sur la grandeur de l'année solaire.
L'année solaire, comme nous l'avons déjà observé, est divisée en année astronomique et année civile.
L'année astronomique est celle qui est déterminée avec précision par les observations astronomiques : comme il est assez avantageux que cette année ait un commencement fixe, soit qu'on compte le temps en années écoulées depuis la naissance de J. C. soit qu'on le compte en années écoulées depuis le commencement de la période Julienne, les Astronomes sont enfin convenus que le commencement de l'année solaire soit compté du midi qui précède le premier jour de Janvier, c'est-à-dire, de manière qu'à midi du premier Janvier, on compte déjà un jour complet ou 24 heures de temps écoulées.
On peut distinguer l'année astronomique en deux espèces ; l'une syderéale, l'autre tropique.
L'année syderéale qu'on appelle aussi anomalistique ou périodique, est l'espace de temps que le soleil met à faire sa révolution apparente autour de la terre ; ou, ce qui revient au même, le temps que la terre met à revenir au même point du zodiaque. Ce temps est de 365 jours 6 heures 9 minutes 14 secondes.
L'année tropique est le temps qui s'écoule entre deux équinoxes de printemps ou d'automne ; on la nomme année tropique, parce qu'il faut que tout cet intervalle de temps s'écoule pour que chaque saison se rétablisse dans le même ordre qu'auparavant : cette année est de 365 jours 5 heures 48 minutes 57 sec. et par conséquent elle est un peu plus courte que l'année syderéale. La raison de cela est que comme l'équinoxe, ou la section de l'écliptique et de l'équateur est rétrograde de 50 secondes par an, le soleil, après qu'il est parti d'un des équinoxes, doit paraitre rencontrer ce même équinoxe l'année suivante dans un point un peu en-deçà de celui où il l'a quitté ; et par conséquent le soleil n'aura pas encore achevé sa révolution entière lorsqu'il sera de retour aux mêmes points des équinoxes. Inst. astr.
L'année civîle est celle que chaque nation a fixée pour calculer l'écoulement du temps : ce n'est autre chose que l'année tropique, dans laquelle on ne s'arrête qu'au nombre entier de jours, en laissant les fractions des heures et des minutes, afin que le calcul en soit plus commode.
Ainsi l'année tropique étant d'environ 365 jours 5 heures 49 minutes, l'année civîle est seulement de 365 jours : mais de crainte que la correspondance avec le cours du soleil ne s'altérât au bout d'un certain temps, on a réglé que chaque quatrième année serait de 366 jours, pour réparer la perte des fractions qu'on néglige les trois autres années.
De cette manière l'année civîle est soudivisée en commune et en bissextile.
L'année civîle commune est celle qu'on a fixée à 365 jours ; elle est composée de 7 mois de 31 jours ; savoir, Janvier, Mars, Mai, Juillet, Aout, Octobre, Décembre ; de quatre de 30 jours, Avril, Juin, Septembre et Novembre, et d'un de 28 jours, qui est Février. Il y a apparence que cette distribution bizarre a été faite pour conserver, autant qu'il était possible, l'égalité entre les mois, et en même temps pour qu'ils fussent tous à-peu-près de la grandeur des mois lunaires, dont les uns sont de 30 jours et les autres de 29. Une autre raison qui a pu y engager, c'est que le soleil met plus de temps à aller de l'équinoxe du printemps à l'équinoxe d'automne, que de celui d'automne à celui du printemps ; de sorte que du premier Mars au premier Septembre, il y a quatre jours de plus que du premier Septembre au premier Mars : mais quelque motif qu'on ait eu pour faire cette distribution, on peut en général supposer l'année commune de 5 mois de 31 jours, et de 7 mois de 30 jours.
L'année bissextîle est composée de 366 jours, et elle a par conséquent un jour de plus que l'année commune ; ce jour est appelé jour intercalaire ou bissextile.
L'addition de ce jour intercalaire, tous les quatre ans, a été faite par Jules César, qui, voulant que les saisons pussent toujours revenir dans le même temps de l'année, joignit à la quatrième année les six heures négligées dans chacune des années précédentes. Il plaça le jour entier formé par ces quatre fractions après le vingt-quatrième de Février, qui était le sixième des calendes de Mars.
Or comme ce jour ainsi répété était appelé en conséquence bis sexto calendas, l'année où ce jour était ajouté, fut aussi appelée bis sextus, d'où est venu bissextile.
Le jour intercalaire n'est plus aujourd'hui regardé comme la répétition du 24 Février, mais il est ajouté à la fin de ce mois, et en est le vingt-neuvième. Voyez BISSEXTILE.
Il y a encore une autre réformation de l'année civile, établie par le pape Grégoire XIII. Voyez GREGORIEN.
L'année lunaire est composée de douze mois lunaires. Voyez LUNAIRE. Or il y a deux espèces de mois lunaires ; savoir, le mois périodique, qui est de 27 jours 7 heures 43 min. 5 sec. c'est à-peu-près le temps que la lune emploie à faire sa révolution autour de la terre : 2°. le mois synodique, qui est le temps que cette planète emploie à retourner vers le soleil à chaque conjonction ; ce temps qui est l'intervalle de deux nouvelles lunes, est de 29 jours 12 heures 44 minutes 33 sec. Voyez à l'article SYNODIQUE la cause de la différence de ces deux mois. Le mois synodique est le seul dont on se serve pour mesurer les années lunaires : or comme ce mois est d'environ 29 jours et 12 heures, on a été obligé de supposer, pour la commodité du calcul, les mois lunaires civils de 30 et de 29 jours alternativement ; ainsi le mois synodique étant de deux espèces, astronomique et civil, il a fallu distinguer aussi deux espèces d'années lunaires, l'une astronomique, l'autre civile. Inst. astr.
L'année astronomique lunaire est composée de douze mois synodiques lunaires, et contient par conséquent 354 jours 8 heures 48 min. 30 sec. 12 tierces. Voyez SYNODIQUE.
L'année lunaire civîle est ou commune, ou embolismique.
L'année lunaire commune est de douze mois lunaires civils, c'est-à-dire de 354 jours.
L'année embolismique intercalaire est de treize mois lunaires civils, et de 384 jours. Voyez EMBOLISMIQUE. Voici la raison qui a fait inventer cette année : comme la différence entre l'année lunaire civîle et l'année tropique est de 11 jours 5 heures 49 min. il faut, afin que la première puisse s'accorder avec la seconde, qu'il y ait 34 mois de 30 jours, et 4 mois de 31 insérés dans cent années lunaires ; ce qui laisse encore en arrière un reste de 4 heures 21 min. qui dans six siècles fait un peu plus d'un jour.
Jusqu'ici nous avons parlé des années et des mois, en les considérant astronomiquement. Examinons présentement les différentes formes d'années civiles que les anciens ont imaginées, et celles que suivent aujourd'hui divers peuples de la terre. L'ancienne année romaine était l'année lunaire. Dans sa première institution par Romulus, elle était seulement composée de dix mois. Le premier, celui de Mars, contenait 31 jours ; le second, celui d'Avril, 30. 3°. Mai, 31. 4°. Juin, 30 ; 5°. Quintilis ou Juillet, 31 ; 6°. Sextilis ou Aout, 30 ; 7°. Septembre, 30 ; 8°. Octobre, 31 ; 9°. Novembre, 30 ; 10°. Décembre, 30 : le tout faisant 304 jours. Ainsi cette année se trouvait moindre de 50 jours que l'année lunaire réelle, et de 61 que l'année solaire.
De-là il résultait que le commencement de l'année de Romulus était vague, et ne répondait à aucune saison fixe. Ce prince sentant l'inconvénient d'une telle variation, voulut qu'on ajoutât à chaque année le nombre de jours nécessaires, pour que le premier mois répondit toujours au même état du ciel : mais ces jours ajoutés ne furent point partagés en mois.
Numa Pompilius corrigea cette forme irrégulière de l'année, et fit deux mois de ces jours surnuméraires. Le premier fut le mois de Janvier ; le second celui de Février. L'année fut ainsi composée par Numa de douze mois, 1°. Janvier, 29 jours ; 2°. Février, 28 ; 3°. Mars, 31 ; 4°. Avril, 29 ; 5°. Mai, 31 ; 6°. Juin, 29 ; 7°. Juillet, 31 ; 8°. Aout, 29 ; 9°. Septembre, 29 ; 10°. Octobre, 31 ; 11°. Novembre, 29 ; 12°. Décembre, 29 : le tout faisant 355 jours. Ainsi cette année surpassait l'année civîle lunaire d'un jour, et l'année astronomique lunaire de 15 heures 11 minutes 24 secondes : mais elle était plus courte que l'année solaire de 11 jours, en sorte que son commencement était encore vague par rapport à la situation du soleil.
Numa voulant que le solstice d'hiver répondit au même jour, fit intercaler 22 jours au mois de Février de chaque seconde année, 23 à chaque quatrième, 22 à chaque sixième, et 23 à chaque huitième. Mais cette règle ne faisait point encore la compensation nécessaire ; car comme l'année de Numa surpassait d'un jour l'année Grecque de 354 jours, l'erreur devint sensible au bout d'un certain temps, ce qui obligea d'avoir recours à une nouvelle manière d'intercaler ; au lieu d'ajouter vingt-trois jours à chaque huitième année, on n'en ajouta que quinze ; et on chargea les grands pontifes de veiller au soin du calendrier. Mais les grands pontifes ne s'acquittant point de ce devoir, laissèrent tout retomber dans la plus grande confusion. Telle fut l'année Romaine jusqu'au temps de la réformation de Jules César. Voyez les articles CALENDES, NONES et IDES, sur la manière de compter les jours du mois chez les Romains.
L'année Julienne est une année solaire, contenant communément 365 jours, mais qui de quatre ans en quatre ans, c'est-à-dire dans les années bissextiles, est de 366 jours.
Les mois de l'année Julienne étaient disposés ainsi : 1°. Janvier 31 jours, 2°. Février 28, 3°. Mars 31 4°. Avril 30, 5°. Mai 31, 6°. Juin 30, 7°. Juillet 31, 8°. Aout 31, 9°. Septembre 30, 10°. Octobre 31, 11°. Novembre 30, 12°. Décembre 31 ; et dans toutes les années bissextiles le mois de Février avait comme à présent 29 jours. Suivant cet établissement, la grandeur astronomique de l'année Julienne était de 365 jours 6 heures ; et elle surpassait par conséquent la vraie année solaire d'environ 11 minutes, ce qui en 131 ans produisait un jour d'erreur. L'année Romaine était encore dans cet état d'imperfection, lorsque le pape Gregoire XIII. y fit une réformation, dont nous parlerons un peu plus bas.
Jules César, à qui l'on est redevable de la forme de l'année Julienne, avait fait venir d'Egypte Sosigènes, fameux Mathématicien, tant pour fixer la longueur de l'année, que pour en rétablir le commencement, qui avait été entièrement dérangé de 67 jours, par la négligence des pontifes.
Afin donc de le remettre au solstice d'hiver, Sosigènes fut obligé de prolonger la première année jusqu'à quinze mois ou 445 jours ; et cette année s'appela en conséquence l'année de confusion, annus confusionis.
L'année établie par Jules César a été suivie par toutes les nations chrétiennes jusqu'au milieu du seizième siècle, et continue même encore de l'être par l'Angleterre. Les astronomes et les chronologistes de cette nation comptent de la même manière que le peuple, et cela sans aucun danger, parce qu'une erreur qui est connue n'en est plus une.
L'année Grégorienne n'est autre que l'année Julienne corrigée par cette règle, qu'au lieu que la dernière de chaque siècle était toujours bissextile, les dernières années de trois siècles consécutifs doivent être communes, et la dernière du quatrième siècle seulement est comptée pour bissextile.
La raison de cette correction, fut que l'année Julienne avait été supposée de 365 jours 6 heures, au lieu que la véritable année solaire est de 365 jours 5 heures 49 minutes, ce qui fait 11 minutes de différence, comme nous l'avons déjà remarqué.
Or quoique cette erreur de 11 minutes qui se trouve dans l'année Julienne soit fort petite, cependant elle était devenue si considérable en s'accumulant depuis le temps de Jules César, qu'elle avait monté à 70 jours, ce qui avait considérablement dérangé l'équinoxe. Car du temps du concîle de Nicée, lorsqu'il fut question de fixer les termes du temps auquel on doit célébrer la Pâque, l'équinoxe du printemps se trouvait au 21 de Mars. Mais cette équinoxe ayant continuellement anticipé, on s'est aperçu l'an 1582, lorsqu'on proposa de réformer le calendrier de Jules César, que le soleil entrait déjà dans l'équateur dès le 11 Mars ; c'est-à-dire 10 jours plutôt que du temps du concîle de Nicée. Pour remédier à cet inconvénient, qui pouvait aller encore plus loin, le pape Grégoire XIII. fit venir les plus habiles astronomes de son temps, et concerta avec eux la correction qu'il fallait faire, afin que l'équinoxe tombât au même jour que dans le temps du concîle de Nicée ; et comme il s'était glissé une erreur de dix jours depuis ce temps-là, on retrancha ces dix jours de l'année 1582, dans laquelle on fit cette correction ; et au lieu du 5 d'Octobre de cette année, on compta tout de suite le 15.
La France, l'Espagne, les pays catholiques d'Allemagne, et l'Italie, en un mot tous les pays qui sont sous l'obéissance du pape, reçurent cette réforme dès son origine : mais les Protestants la rejettèrent d'abord.
En l'an 1700 l'erreur des dix jours avait augmenté encore et était devenue de onze ; c'est ce qui détermina les protestants d'Allemagne à accepter la réformation Grégorienne, aussi-bien que les Danois et les Hollandais. Mais les peuples de la Grande-Bretagne et la plupart de ceux du Nord de l'Europe, ont conservé jusqu'ici l'ancienne forme du calendrier Julien. Voyez CALENDRIER, STYLE. Inst. astr.
Au reste il ne faut pas croire que l'année Grégorienne soit parfaite ; car dans quatre siècles l'année Julienne avance de trois jours, une heure et 22 minutes. Or comme dans le calendrier Grégorien on ne compte que les trois jours, et qu'on néglige la fraction d'une heure et 22 minutes, cette erreur au bout de 72 siècles produira un jour de mécompte.
L'année Egyptienne, appelée aussi l'année de Nabonassar, est l'année solaire de 365 jours divisée en douze mois de trente jours, auxquels sont ajoutés cinq jours intercalaires à la fin : les noms de ces mois sont ceux-ci. 1°. Thot, 2°. Paophi, 3°. Athyr, 4°. Chojac, 5°. Tybi, 6°. Mecheir, 7°. Phatmenoth, 8°. Pharmuthi, 9°. Pachon, 10°. Pauni, 11°. Epiphi, 12°. Mesori ; et de plus , ou les cinq jours intercalaires.
La connaissance de l'année Egyptienne, dont nous venons de parler, est de toute nécessité en Astronomie, à cause que c'est celle suivant laquelle sont dressées les observations de Ptolomée dans son Almageste.
Les anciens Egyptiens, suivant Diodore de Sicile, liv. I. Plutarque dans la vie de Numa, Pline, liv. VII. chap. xlviij. mesuraient les années par le cours de la lune. Dans le commencement une lunaison, c'est-à-dire un mois lunaire, faisait l'année ; ensuite trois, puis quatre, à la manière des Arcadiens. De-là les Egyptiens allèrent à six, ainsi que les peuples de l'Acarnanie. Enfin ils vinrent à faire l'année de 360 jours, et de douze mois ; et Aseth, 32e roi des Egyptiens, ajouta à la fin de l'année les cinq jours intercalaires. Cette briéveté des premières années Egyptiennes, est ce qui fait, suivant les mêmes auteurs, que les Egyptiens supposaient le monde si ancien, et que dans l'histoire de leurs rais, on en trouve qui ont vécu jusqu'à mille et douze cens ans. Quant à Herodote, il garde un profond silence sur ce point ; il dit seulement que les années Egyptiennes étaient de douze mois, ainsi que nous l'avons déjà remarqué. D'ailleurs l'Ecriture nous apprend que dès le temps du déluge l'année était composée de douze mois. Par conséquent Cham, et son fils Misraim, fondateur de la monarchie Egyptienne, ont dû avoir gardé cet usage, et il n'est pas probable que leurs descendants y aient dérogé. Ajoutez à cela, que Plutarque ne parle sur cette matière qu'avec une sorte d'incertitude, et qu'il n'avance le fait dont il s'agit que sur le rapport d'autrui. Pour Diodore de Sicile, il n'en parle que comme d'une conjecture de quelques auteurs, dont il ne dit pas le nom, et qui probablement avaient cru par-là concilier la chronologie Egyptienne avec celle des autres nations.
Quoi qu'il en sait, le P. Kircher prétend qu'outre l'année solaire, quelques provinces d'Egypte avaient des années lunaires, et que dans les temps les plus reculés, quelques-uns des peuples de ces provinces prenaient une seule révolution de la lune pour une année ; que d'autres trouvant cet intervalle trop court, faisaient l'année de deux mois, d'autres de trois, etc. Aedip. Egypt. tom. II. p. 252.
Un auteur de ces derniers temps assure que Varron a attribué à toutes les nations ce que nous venons d'attribuer aux Egyptiens, et il ajoute que Lactance le relève à ce sujet.
Nous ne savons pas sur quels endroits de Varron et de Lactance cet auteur se fonde ; tout ce que nous pouvons assurer, c'est que Lactance, divin. instit. lib. II. cap. XIIIe en parlant de l'opinion de Varron suppose qu'il parle seulement des Egyptiens.
Au reste Saint Augustin, de Civit. Dei, lib. XV. cap. XIVe fait voir que les années des Patriarches rapportées dans l'Ecriture, sont les mêmes que les nôtres ; et qu'il n'est pas vrai, comme beaucoup de gens se le sont imaginés, que dix de ces années n'en valaient qu'une d'à-présent.
Quoi qu'il en sait, il est certain que l'année Egyptienne de 365 jours était une année vague ; car comme elle différait d'environ 6 heures de l'année tropique, il arrivait en négligeant cet intervalle de 6 heures, que de 4 ans en 4 ans cette année vague anticipait d'un jour sur la période solaire ; et que par conséquent en quatre fois 365 ans. c'est-à-dire en 1460 ans, son commencement devait répondre successivement aux différentes saisons de l'année.
Lorsque les Egyptiens furent subjugués par les Romains, ils reçurent l'année Julienne, mais avec quelqu'altération ; car ils retinrent leurs anciens noms avec les cinq , et ils placèrent le jour intercalé tous les quatre ans, entre le 28 et le 29 d'Aout.
Le commencement de leur année répondait au 29 Aout de l'année Julienne. Leur année réformée de cette manière, s'appelait annus Actiacus, à cause qu'elle avait été instituée après la bataille d'Actium.
L'ancienne année Grecque était lunaire, et composée de douze mois, qui étaient d'abord tous de 30 jours, et qui furent ensuite alternativement de 30 et de 29 jours ; les mois commençaient avec la première apparence de la nouvelle lune, et à chaque 3e, 5e, 8e, 11e, 14e, 16e, et 17e année du cycle de 19 ans, on ajoutait un mois embolismique de trente jours, afin que les nouvelles et pleines lunes revinssent aux mêmes termes ou saisons de l'année. Voyez EMBOLISMIQUE.
Leur année commençait à la première pleine lune d'après le solstice d'été. L'ordre de leurs mois était celui-ci, 1°. de 29 jours, 2°. 30 jours, 3°. 29, 4°. 30, 5°. 29, 6°. 30, 7°. 29, 8°. 30, 9°. 29, 10°. 30, 11°. 29, 11°. 30.
Les Macédoniens avaient donné d'autres noms à leurs mois, ainsi que les Syro-Macédoniens, les Smyrniens, les Tyriens, les peuples de Chypre, les Paphiens, les Bithyniens, etc.
L'ancienne année Macédonienne était une année lunaire, qui ne différait de la Grecque que par le nom et l'ordre des mois. Le premier mois Macédonien répondait au mois Maemacterion, ou quatrième mois Attique : voici l'ordre, la durée, et les noms de ces mois : 1°. 30 jours, 2°. 29, 3°. 30, 4°. 29, 5°. 30, 6°. 30, 7°. 30, 8°. 29, 9°. 30, 10°. 29, 11°. 30, 12°. 29.
La nouvelle année Macédonienne est une année solaire, dont le commencement est fixé au premier Janvier de l'année Julienne, avec laquelle elle s'accorde parfaitement.
Cette année était particulièrement nommée l'année Attique ; et le mois intermédiaire d'après Posideon, ou le sixième mois, était appelé , ou dernier Posideon.
L'ancienne année Juive était une année lunaire, composée ordinairement de 12 mois alternativement de 30 et de 29 jours. On la faisait répondre à l'année solaire, en ajoutant à la fin 11 et quelquefois 12 jours, ou en insérant un mois embolismique.
Voici les noms et la durée de ces mois : 1°. Nisan ou Abib 30 jours, 2°. Jiar ou Zius 29, 3°. Siban ou Siivan 30, 4°. Thamuz ou Tamuz 29, 5°. Ab 30, 6°. Elul 29, 7°. Tisri ou Ethanim 30, 8°. Marchesvam ou Bul 29, 9°. Cisleu 30, 10°. Thebeth 29, 11°. Sabat ou Schebeth 30, 12°. Adar dans les années embolismiques 30, Adar dans les années communes était de 29.
L'année Juive moderne est pareillement une année lunaire de 12 mois dans les années communes, et de 13 dans les années embolismiques, lesquelles font la 3e, la 6e, 8e, 11e, 14e, 17e et 19e du cycle de 19 ans. Le commencement de cette année est fixé à la nouvelle lune d'après l'équinoxe d'automne.
Les noms des mois et leur durée sont, 1°. Tisri de 30 jours, 2°. Marchesvan 29, 3°. Cisleu 30, 4°, Tebeth 29, 5°. Schebeth 30, 6°. Adar 29, 7°. Veadar, dans les années embolismiques, 30, 8°. Nisan 30, 9°. Jiar 29, 10°. Silvan 30, 11°. Thamuz 29, 12°. Ab 30, 13°. Elub. 29 Voyez CALENDRIER.
L'année Syrienne est une année solaire, dont le commencement est fixé au commencement du mois d'Octobre de l'année Julienne, et qui ne diffère d'ailleurs de l'année Julienne que par le nom des mois, la durée étant la même. Les noms de ses mois sont, 1°. Tishrin répondant au mois d'Octobre et contenant 31 jours, 2°. le second Tishrin contenant ainsi que Novembre 30 jours, 3°. Canun 31, 4°. le second Canun 31. 5°. Shabar 28, 6°. Adar 31, 7°. Nisan 30, 8°. Acyar 31, 9°. Hariram 30, 10°. Tamuz 31, 11°. Ab 31, 12°. Elul 30.
L'année Persienne est une année solaire de 365 jours, et composée de douze mois de 30 jours chacun, avec cinq jours intercalaires ajoutés à la fin. Voici le nom des mois de cette année : 1°. Atrudiamech ; 2°. Ardihasehlmeh ; 3°. Cardimeh ; 4°. Thirmeh ; 5°. Merdedmed ; 6°. Schabarirmeh ; 7°. Meharmeh ; 8°. Abenmeh ; 9°. Adarmeh ; 10°. Dimeh ; 11°. Behenmeh ; 12°. Affirermeh. Cette année est appelée année Jezdegerdique, pour la distinguer de l'année solaire fixe, appelée l'année Gelaleene, que les Persans suivent depuis l'année 1089.
Golius, dans ses notes sur Alfergan, pag. 27. et suiv. est entré dans un grand détail sur la forme ancienne et nouvelle de l'année Persienne, laquelle a été suivie de la plupart des auteurs orientaux. Il nous apprend particulièrement, que sous le Sultan Gelaluddaulé Melicxa, vers le milieu du onzième siècle, on entreprit de corriger la grandeur de l'année, et d'établir une nouvelle époque ; il fut donc réglé que de quatre ans en quatre ans, on ajouterait un jour à l'année commune, laquelle serait par conséquent de 366 jours. Mais parce qu'on avait reconnu que l'année solaire n'était pas exactement de 365 jours 6 heures, il fut ordonné qu'alternativement (après 7 ou 8 intercalations) on intercalerait la cinquième, et non pas la quatrième année ; d'où il parait que ces peuples connaissaient déjà fort exactement la grandeur de l'année, puisque selon cette forme, l'année Persienne serait de 365 jours 5 heures 49 minutes 31 secondes, ce qui diffère à peine de l'année Grégorienne, que les Européens ou Occidentaux se sont avisés de rechercher plus de 500 ans après les Asiatiques ou Orientaux. Or depuis la mort de Jezdagirde, le dernier des rois de Perse, lequel fut tué par les Sarrasins, l'année Persienne était de 365 jours, sans qu'on se souciât d'y admettre aucune intercalation ; et il parait que plus anciennement, après 120 années écoulées, le premier jour de l'an, qui avait rétrogradé très-sensiblement, était remis au même lieu qu'auparavant, en ajoutant un mois de plus à l'année, qui devenait pour lors de 13 mois. Mais l'année dont tous les auteurs qui ont écrit en Arabe ou en Persan, ont fait usage dans leurs tables astronomiques, est semblable aux années Egyptiennes, lesquelles sont toutes égales, étant de 365 jours sans intercalation. Inst. astr. de M. le Monnier.
Au reste l'année Jezdegerdique, comme on peut le remarquer, est la même chose que l'année de Nabonassar. Quant à l'année Gelaleene, c'est peut-être la plus parfaite et la plus commode de toutes les années civiles, ainsi que nous venons de le dire ; car, comme on trouve par le calcul, les solstices et les équinoxes répondent constamment aux mêmes jours de cette année, qui s'accorde en tout point avec les mouvements solaires ; et c'est un avantage qu'elle a même, selon plusieurs chronologistes, sur l'année Grégorienne, parce que celle-ci, selon eux, n'a pas une intercalation aussi commode.
L'année Arabe ou Turque est une année lunaire, composée de 12 mois, qui sont alternativement de 30 et de 29 jours ; quelquefois aussi elle contient 13 mois. Voici le nom, etc. de ces mois. 1°. Muharram, de 30 jours ; 2°. Saphar, 29 ; 3°. Rabia, 30 ; 4°. second Rabia, 29 ; 5°. Jomada, 30 ; 6°. second Jomada, 29 ; 7°. Rajab, 30 ; 8°. Shaaban, 29 ; 9°. Samadan, 30 ; 10°. Shawal, 29 ; 11°. Dulkaadah, 30 ; 12°. Dulheggia, 29, et de 30 dans les années embolismiques. On ajoute un jour intercalaire à chaque 2e, 5e, 7e, 10e, 13e, 15e, 18e, 21e, 24e, 26e, 29e année d'un cycle de 29 ans.
L'année Ethiopique est une année solaire qui s'accorde parfaitement avec l'Actiaque, excepté dans les noms des mois. Son commencement répond à celui de l'année Egyptienne, c'est-à-dire au 29e d'Avril de l'année Julienne.
Les mois de cette année sont, 1°. Mascaram ; 2°. Tykympl ; 3°. Hydar ; 4°. Tyshas ; 5°. Tyr ; 6°. Jacatil ; 7°. Magabit ; 8°. Mijaria ; 9°. Giribal ; 10°. Syne ; 11°. Hamle ; 12°. Hahase, et il y a de plus cinq jours intercalaires.
L'année Sabbatique, chez les anciens Juifs, se disait de chaque septième année. Durant cette année, les Juifs laissaient toujours reposer leurs terres.
Chaque septième année Sabbatique, c'est-à-dire chaque 49e année, était appelée l'année de Jubilé, et était célébrée avec une grande solennité. Voyez JUBILE.
Le jour de l 'AN, ou le jour auquel l'année commence, a toujours été très-différent chez les différentes nations.
Chez les Romains, le premier et le dernier jour de l'an étaient consacrés à Janus ; et c'est par cette raison qu'on le représentait avec deux visages.
C'est de ce peuple que vient la cérémonie de souhaiter la bonne année, cérémonie qui parait très-ancienne. Non-seulement les Romains se rendaient des visites, et se faisaient réciproquement des compliments avant la fin du premier jour : mais ils se présentaient aussi des étrennes, strenae, et offraient aux Dieux des vœux pour la conservation les uns des autres. Lucien en parle comme d'une coutume très-ancienne, même de son temps, et il en rapporte l'origine à Numa.
Ovide fait allusion à la même cérémonie au commencement de ses fastes.
Postera lux oritur, linguisque animisque favete ;
Nunc dicenda bono sunt bona verba die.
Et Pline dit plus expressément, L. XXVIII. c. Ve primum anni incipientis diem laetis precationibus invicem faustum ominantur.
L'année civîle ou légale, en Angleterre, commence le jour de l'Annonciation, c'est-à-dire le 25 Mars ; quoique l'année chronologique commence le jour de la Circoncision, c'est-à-dire le premier jour de Janvier, ainsi que l'année des autres nations de l'Europe. Guillaume le Conquérant ayant été couronné le premier de Janvier, donna occasion aux Anglais de commencer à compter l'année de ce jour-là pour l'histoire ; mais pour toutes les affaires civiles, ils ont retenu leur ancienne manière, qui était de commencer l'année le 25 Mars.
Dans la partie de l'année qui est entre ces deux termes, on met ordinairement les deux dates à-la-fais, les deux derniers chiffres étant écrits l'un sur l'autre à la manière des fractions ; par exemple, 172 4/5 est la date pour tout le temps entre le premier Janvier 1725 et le 25 Mars de la même année. Depuis Guillaume le Conquérant, les patentes des rais, les chartres, etc. sont ordinairement datées de l'année du règne du roi.
L'église d'Angleterre commence l'année au premier dimanche de l'Avent. Voyez AVENT.
Les Juifs, ainsi que la plupart des autres nations de l'Orient, ont une année civîle qui commence avec la nouvelle lune de Septembre, et une année ecclésiastique qui commence avec la nouvelle lune de Mars.
Les Français, sous les Rois de la race Merovingienne, commençaient l'année du jour de la revue des troupes, qui était le premier de Mars ; sous les rois Carlovingiens, ils commencèrent l'année le jour de Noë ; et sous les Capétiens, le jour de Pâques ; de sorte que le commencement de l'année variait alors depuis le 22 Mars, jusqu'au 25 Avril. L'année ecclésiastique en France commence au premier dimanche de l'Avent.
Quant à l'année civile, Charles IX. ordonna en 1564, qu'on la ferait commencer à l'avenir au premier de Janvier.
Les Mahométans commencent l'année au moment où le soleil entre dans le bélier.
Les Persans, dans le mois qui répond à notre mois de Juin.
Les Chinois et la plupart des Indiens commencent leur année avec la première lune de Mars. Les Brachmanes avec la nouvelle lune d'Avril, auquel jour ils célebrent une fête appelée Samwat saradi pauduga, c'est-à-dire la fête du nouvel an.
Les Mexicains, suivant d'Acosta, commençaient l'année le 23 de Février, temps où la verdure commençait à paraitre. Leur année était composée de dixhuit mois de vingt jours chacun, et ils employaient les cinq jours qui restaient après ces dix-huit mois, aux plaisirs, sans qu'il fût permis de vaquer à aucune affaire, pas même au service des temples. Alvarez rapporte la même chose des Abyssins, qui commençaient l'année le 26 d'Aout, et avaient cinq jours aisifs à la fin de l'année, qui étaient nommés pagomen.
A Rome, il y a deux manières de compter les années ; l'une commence à la Nativité de Notre-Seigneur, et c'est celle que les Notaires suivent, datant à Nativitate ; l'autre commence au 25 Mars, jour de l'Incarnation, et c'est de cette façon que sont datées les Bulles, anno Incarnationis. Les Grecs commencent l'année le premier Septembre, et datent du commencement du monde.
Les années sont encore distinguées, eu égard aux époques d'où on les compte : lorsqu'on dit ans de grâce ou années de Notre-Seigneur, on compte depuis la naissance de Jesus-Christ. Ans ou années du monde, se dit en comptant depuis le commencement du monde : ces années, suivant Scaliger, sont au nombre de 5676. On dit aussi ans de Rome, de l'égire de Nabonassar, etc. Voyez l'article EPOQUE. (O)
Année séculaire, c'est la même chose qu'un Jubilé. Voyez JUBILE. (G)