S. f. (Astronomie) constellation de l'hémisphère septentrional. Voyez ÉTOILE et CONSTELLATION.

Le nombre de ces étoiles dans les catalogues de Ptolémée est de Tycho et de dix, et dans le catalogue anglais de dix-neuf.

Lyre, (Musique ancienne) en grec , en latin lyra, testudo, instrument de musique à cordes, dont les anciens faisaient tant d'estime, que d'abord les Poètes en attribuèrent l'invention à Mercure, et qu'ils la mirent ensuite entre les mains d'Apollon.

La lyre était différente de la cithare, 1°. en ce que les côtés étaient moins écartés l'un de l'autre ; 2°. en ce que sa base ressemblait à l'écaille d'une tortue, animal dont la figure, dit-on, avait donné la première idée de cet instrument. La rondeur de cette base ne permettait pas à la lyre de se tenir droite comme la cithare, et il fallait, pour en jouer la serrer avec les genoux. On voit par-là qu'elle avait quelque rapport à un luth posé debout, et dont le manche serait fort court : et il y a grande apparence que ce dernier instrument lui doit son origine. En couvrant d'une table la base ou le ventre de la lyre on en a formé le corps du luth, et en joignant par un ais les deux bras ou les deux côtés de la première, on en a fait le manche du second.



La lyre a fort varié pour le nombre des cordes. Celle d'Olympe et de Terpandre n'en avait que trois, dont ces Musiciens savaient diversifier les sons avec tant d'art, que, s'il en faut croire Plutarque, ils l'emportaient de beaucoup sur ceux qui jouaient d'une lyre plus composée. En ajoutant une quatrième corde à ces trois premières, on rendit le tétracorde complet, et c'était la différente manière dont on accordait ces quatre cordes, qui constituait les trois genres, diatonique, chromatique et enharmonique.

L'addition d'une cinquième corde produisit le pentacorde, dont Pollux attribue l'invention aux Scythes. On avait sur cet instrument la consonnance de la quinte, outre cela de la tierce et de la quarte que donnait déjà le tétracorde. Il est dit du musicien Phrynis, que de sa lyre à cinq cordes il tirait douze sortes d'harmonies, ce qui ne peut s'entendre que de douze chants ou modulations différentes, et nullement de douze accords, puisqu'il est manifeste que cinq cordes n'en peuvent former que quatre, la deuxième, la tierce, la quarte et la quinte.

L'union des deux tétracordes joints ensemble, de manière que la corde la plus haute du premier devient la base du second, composa l'eptacorde, ou la lyre à sept cordes, la plus en usage et la plus célèbre de toutes.

Cependant, quoiqu'on y trouvât les sept voix de la musique, l'octave y manquait encore. Simonide l'y mit enfin, selon Pline, en y ajoutant une huitième corde, c'est-à-dire en laissant un ton entier d'intervalle entre les deux tétracordes.

Long-temps après lui, Timothée Milésien, qui vivait sous Philippe roi de Macédoine vers la cviij. olympiade, multiplia les cordes de la lyre jusqu'au nombre de douze, et alors la lyre contenait trois tétracordes joints ensemble, ce qui faisait l'étendue de la douzième, ou de la quinte par-dessus l'octave.

On touchait de deux manières les cordes de la lyre, ou en les pinçant avec les doigts, ou en les frappant avec l'instrument nommé plectrum, , du verbe ou , percutère, frapper. Le plectrum était une espèce de baguette d'ivoire ou de bois poli, plutôt que de métal, pour épargner les cordes, et que le musicien tenait de la main droite. Anciennement on ne jouait point de la lyre sans plectrum ; c'était manquer à la bienséance que de la toucher avec les doigts ; et Plutarque, cité par Henri Etienne, nous apprend que les Lacédémoniens mirent à l'amende un joueur de lyre pour ce sujet. Le premier qui s'affranchit de la servitude du plectrum fut un certain Epigone, au rapport de Pollux et d'Athénée.

Il parait par d'anciens monuments et par le témoignage de quelques auteurs, qu'on touchait des deux mains certaines lyres, c'est-à-dire qu'on en pinçait les cordes avec les doigts de la main gauche, ce qui s'appelait jour en-dedans, et qu'on frappait ces mêmes cordes de la main droite armée du plectrum ce qui s'appelait jour en-dehors. Ceux qui jouaient sans plectrum, pouvaient pincer les cordes avec les doigts des deux mains. Cette manière de jouer était pratiquée sur la lyre simple, pourvu qu'elle eut un nombre de cordes suffisant, et encore plus sur la lyre à double cordes. Aspendius, un des plus fameux joueurs de lyre dont l'histoire fasse mention, ne se servait que des doigts de la main gauche pour toucher les cordes de cet instrument, et il le faisait avec tant de délicatesse, qu'il n'était presque entendu que de lui-même ; ce qui lui fit appliquer ces mots, mihi et fidibus cano, pour marquer qu'il ne jouait que pour son unique plaisir.

Toutes ces observations que je tire de M. Burette sur la structure, le nombre des cordes, et le jeu de la lyre, le conduisent à rechercher quelle sorte de concert pouvait s'exécuter par un seul instrument de cette espèce ; mais je ne puis le suivre dans ce genre de détail. C'est assez de dire ici que la lyre à trois ou quatre cordes n'était susceptible d'aucune symphonie ; qu'on pouvait sur le pentacorde jouer deux parties à la tierce l'une de l'autre ; enfin que plus le nombre des cordes se multipliait sur la lyre, plus on trouvait de facilité à composer sur cet instrument des airs qui fissent entendre en même temps différentes parties. La question est de savoir si les anciens ont profité de cet avantage, et je crois que s'ils n'en tirèrent pas d'abord tout le parti possible, du moins ils y parvinrent merveilleusement dans la suite.

De-là vient que les poètes n'entendent autre chose par la lyre que la plus belle et la plus touchante harmonie. C'est par la lyre qu'Orphée apprivoisait les bêtes farouches, et enlevait les bois et les rochers ; c'est par elle qu'il enchanta Cerbere, qu'il suspendit les tourments d'Ixion et des Danaïdes, c'est encore par elle qu'il toucha l'inexorable Pluton, pour tirer des enfers la charmante Euridice.

Aussi l'auteur de Télémaque nous dit, d'après Homère, que lorsque le prêtre d'Apollon prenait en main la lyre d'ivoire, les ours et les lions venaient le flatter et lécher ses pieds, les satyres sortaient des forêts, pour danser autour de lui ; les arbres même paraissaient émus, et vous auriez cru que les rochers attendris allaient descendre du haut des montagnes aux charmes de ses doux accens ; mais il ne chantait que la grandeur des dieux, la vertu des héros et le mérite des rais, qui sont les pères de leurs peuples.

L'ancienne tragédie grecque se servait de la lyre dans ses chœurs. Sophocle en joua dans sa pièce nommée Thamyris, et cet usage subsista tant que les chœurs conservèrent leur complicité grave et majestueuse.

Les anciens monuments de statues, de bas-reliefs et de médailles nous représentent plusieurs figures différentes de lyres, montées depuis trois cordes jusqu'à vingt, selon les changements que les Musiciens firent à cet instrument.

Ammien Marcellin rapporte que de son temps, et cet auteur vivait dans le iv. siècle de l'ère chrétienne, il y avait des lyres aussi grosses que des chaises roulantes : Fabricantur lyrae ad speciem carpentorum ingentes. En effet, il parait que dès le temps de Quintilien, qui a écrit deux siècles avant Ammien Marcellin, chaque son avait déjà sa corde particulière dans la lyre. Les musiciens, c'est Quintilien qui parle, ayant divisé en cinq échelles, dont chacune a plusieurs degrés, tous les sons qu'on peut tirer de la lyre, ils ont placé entre les cordes qui donnent les premiers tons de chacune de ces échelles, d'autres cordes qui rendent des sons intermédiaires, et ces cordes ont été si bien multipliées, que, pour passer d'une des cinq maîtresses-cordes à l'autre, il y a autant de cordes que de degrés.

On sait que la lyre moderne est d'une figure approchante de la viole, avec cette différence, que son manche est beaucoup plus large, aussi-bien que ses touches, parce qu'elles sont couvertes de quinze cordes, dont les six premières ne font que trois rangs ; et si on voulait doubler chaque rang comme au luth, on aurait vingt-deux cordes ; mais bien loin qu'on y songe, cet instrument est absolument tombé de mode. Il y a cependant des gens de gout, qui prétendent que, pour la puissance de l'expression sur le sentiment, le clavessin même doit lui céder cette gloire.

Ils disent que la lyre a sur le clavessin les avantages qu'ont des expressions non-interrompues sur celles qui sont isolées. Le premier son de la lyre dure encore, lorsque le second son commence ; à ce second son, il s'en joint un troisième, et tous ces sons se font entendre en même temps. Il est vrai que, sans beaucoup de science et de délicatesse, il est très-difficîle de porter à l'âme l'impression puissante de cette union de sons confuse ; et voilà ce qui peut avoir dégradé la lyre : mais il n'en était pas vraisemblablement de même du jeu de Terpandre, de Phrynis et de Timothée ; ces grands maîtres pouvaient, par un savant emploi des sons continus, mouvoir les ressorts les plus secrets de la sensibilité. (D.J.)