ANCIENS, dans l'histoire des Juifs, c'était les personnes les plus respectables par l'âge, l'expérience, et la vertu. On les trouve appelés dans l'Exode tantôt seniores, et tantôt principes synagogae ; ce fut Moyse qui les établit par l'ordre de Dieu pour l'aider dans le gouvernement du peuple d'Israèl ; et il est dit que Moyse les fit assembler, et leur exposa ce que le Seigneur lui avait commandé. Long-temps après, ceux qui tenaient le premier rang dans les synagogues s'appelèrent zekenim, anciens, à l'imitation des 70 anciens que Moyse établit pour être juges de Sanhédrin. Voyez SANHEDRIN.
Celui qui présidait prenait plus particulièrement le nom d’ancien, parce qu’il était comme le doyen des anciens, decanus seniorum. Dans les assemblées des premiers Chrétiens, ceux qui tenaient le premier rang prenaient aussi le nom de Presbyteri, qui à la lettre signifie anciens. Ainsi la seconde épitre de S. Jean qui dans le Grec commence par ces mots
Le président ou évêque prenait la qualité d'ancien ; c'est ainsi que S. Pierre dans sa première Epitre. ch. Ve verset 5. s'adressant aux anciens leur dit, seniores, , qui in vobis sunt obsecro, consenior, : ce qui a donné lieu de confondre la qualité d'évêque avec celle de prêtre à ceux qui ont contesté la supériorité des évêques. Voyez EPISCOPAT.
Par la même raison les assemblées des ministres de l'Eglise, dans les temps de sa naissance, étaient appelés presbyteria ou presbyterium, conseil des anciens. L'Evêque y présidait en qualité de premier ancien, et était assis au milieu des autres anciens : ceux-ci, c'est-à-dire les prêtres, avaient à leurs côtés leurs chaires de juges ; c'est pourquoi ils sont appelés par les Peres assessores episcoporum. Il ne s'exécutait rien de considérable qui n'eut été auparavant délibéré dans cette assemblée, où l'évêque était le chef du corps des prêtres ou anciens, parce qu'alors la juridiction épiscopale ne s'exerçait pas par l'évêque seul, mais par l'évêque assisté des anciens, dont il était le président. Voyez EVEQUE.
ANCIEN, est encore un titre fort respecté chez les Protestants. C'est ainsi qu'ils appellent les officiers, qui conjointement avec leurs pasteurs ou ministres, composent leurs consistoires ou assemblées pour veiller à la Religion et à l'observation de la discipline ; on choisit les anciens d'entre le peuple, et on pratique quelques cérémonies à leur réception. Lorsque les Calvinistes étaient tolérés en France, le nombre de ces anciens était fixé, et il leur était défendu par un édit de Louis XIV. en 1680 de souffrir aucun Catholique Romain dans leurs prêches.
En Ecosse il y a dans chaque paraisse un nombre illimité de ces anciens, qui ne passe pourtant pas ordinairement celui de douze, le gouvernement presbytérien dominant principalement dans ce royaume. Voyez PRESBYTERIEN.
Chamberlayne fait mention d'un ancien régulateur choisi dans chaque paraisse par le consistoire, et dont le choix est ensuite confirmé par les habitants, après une information exacte et scrupuleuse de ses vie et mœurs. Il ajoute que le ministre l'ordonne, et que ses fonctions sont à vie ; qu'elles consistent à aider le ministre dans l'inspection qu'il a sur les mœurs, dans ses visites, catéchismes, prières pour les malades, monitions particulières, et à l'administration de la cène. Tout cela parait d'autant moins fondé, que toutes ces fonctions sont les mêmes que celles des simples anciens dans les églises presbytériennes : quand aux anciens régulateurs, on n'y connait rien de semblable, si ce n'est dans les assemblées générales, où ces anciens régulateurs font l'office de députés ou de représentants des églises. Voyez SYNODE, etc. (G)
ANCIENNE ASTRONOMIE, se dit quelquefois de l'Astronomie des anciens qui, suivant le système de Ptolomée, mettaient la terre au centre du monde, et faisaient tourner le soleil autour d'elle ; et quelquefois de l'astronomie de Copernic même, qui en plaçant le soleil au centre de l'orbite terrestre, ou dans quelque autre point au dedans de cette orbite, faisait décrire aux planètes des cercles autour du soleil, et non des ellipses, qu'elles décrivent en effet. Voyez ASTRONOMIE. Voyez aussi PLANETE, COPERNIC, ORBITE, etc.
ANCIENNE GEOMETRIE peut s'entendre aussi de deux manières ; ou de la Géométrie des anciens, jusqu'à Descartes, dans laquelle on ne faisait aucun usage du calcul analytique, ou de la Géométrie depuis Descartes jusqu'à l'invention des calculs différentiel et intégral. Voyez ALGEBRE, DIFFERENTIEL, INTEGRAL, etc. Voyez aussi GEOMETRIE. (O)
ANCILE, subst. m. en Antiquités, espèce de boucliers de bronze que les anciens prétendaient avoir été envoyés du ciel à Numa Pompilius ; ils ajoutaient que l'on avait entendu en même temps une voix qui promettait à Rome l'empire du monde, tant qu'elle conserverait ce présent. Voyez PALLADIUM.
Les auteurs sont partagés sur l'étymologie et sur l'orthographe de ce mot. Camerarius et Muret le prétendent Grec, et le font venir de
Plutarque même dit que telle était la figure de l'ancîle ; mais il diffère de Varron, en ce qu'il prétend que les petits boucliers des Thraces n'avaient point cette figure, et qu'ils étaient ronds : Ovide parait en avoir eu la même idée ; suivant ce poète, la rondeur de ce bouclier le fit nommer ancîle ; c'est-à-dire, ancisum, de am, et caedo, également coupé en rond.
Plutarque lui trouve encore d’autres etymologies, par exemple, il dérive ancîle de
On les portait chaque année dans le mois de Mars en procession autour de Rome ; et le troisième jour de ce mois, on les remettait en leur place. (G)