S. m. terme d'Art commun à presque tous les ouvriers : ils ont chacun leur établi. L'établi du bijoutier est une espèce de table ayant tout-autour plusieurs places cintrées, pour autant d'ouvriers qui y travaillent. Ces places sont garnies vers le milieu d'une cheville plate, sur laquelle ils appuient leur ouvrage ; d'une peau en-dessous pour recevoir les limailles ; et d'un ou plusieurs tiroirs pour différents usages. Il faut que l'établi soit placé de manière que toutes les places reçoivent également le grand jour. Il est soutenu par un ou plusieurs piliers, outre qu'il est attaché ordinairement à l'appui d'une fenêtre. Voyez les Planches du Bijoutier.



Celui du Ceinturier, sur lequel il taille son ouvrage, est une espèce de table ou comptoir de bois de la longueur de quatre ou cinq pieds. Il en faut dire autant de celui du Chaînetier, du Charpentier, du Chauderonnier.

Mais outre cet établi commun à tant d'artisans, les Chauderonniers en ont encore un qui leur est propre, et qui fait une des principales parties de la machine qu'ils appellent tour à chauderons : on en parle ailleurs. Voyez TOUR DES CHAUDERONNIERS, et la figure, Planche du Chauderonnier.

L'établi du Ciseleur n'a rien de particulier.

Celui des Corroyeurs est une table faite de plusieurs planches fort unies et bien jointes ensemble, sur laquelle les Corroyeurs donnent le suif, l'huile, les couleurs aux cuirs, et toutes les façons, avec l'estive et la pommelle. Cette table a ordinairement trois pieds et demi de largeur, et huit à neuf pieds de longueur ; elle est posée sur deux ou trois treteaux, et assujettie de manière que les mouvements que les ouvriers se donnent en travaillant, ne puissent l'ébranler.

Le Marbreur de papier a deux établis ; l'un qui lui sert pour marbrer, et l'autre pour lisser. Le premier lui sert à poser le baquet, les peignes et les pots à couleurs ; il broye sur l'autre les couleurs et lisse le papier marbré et pour cet effet il est chargé de deux marbres ou pierres de liais, propres à ces deux usages différents. Voyez les Planches du Marbreur.

Voyez l'établi pour travailler les pierres de rapport, et l'étau qui sert à les tenir pour les scier, dans les Planches du Marqueteur en pierres de rapport.

L'établi des Menuisiers est une grosse table de bois d'hêtre pour l'ordinaire, montée sur quatre pieds de bois de chêne forts à proportion, assemblés à doubles tenons dans ladite table, et par le bas avec quatre traverses ; à un pied du bout, et à trois pouces de la rive au bord du devant, est une mortaise carrée qui perce de part en part de trois pouces en carré, dans laquelle est un morceau de bois semblablement carré, de neuf à dix pouces de long, dans lequel est monté le crochet de fer : c'est ce qui s'appelle boite du crochet. Voyez les Planches de Menuiserie.

L'établi des Plombiers est une table de bois soutenue par des treteaux placés de distance en distance : il a à une de ses extrémités un moulinet, avec une sangle autour, garnie d'un crochet de fer. Cet établi leur sert pour fondre les tuyaux sans soudure. Le moulinet et la sangle sont destinés à tirer des moules le boulon qui leur sert de noyau, lorsque la fonte est faite. Voyez les Planches du Plombier.

Celui des Tailleurs d'habits est une large table su laquelle ils coupent les habits ; et lorsque la besogne est taillée, ils montent sur cette table, se croisent les jambes sous eux, et travaillent à coudre et à achever leurs ouvrages.

L'établi des Bourreliers et des Selliers n'est autre chose qu'un dessus de table de quatre pieds de longueur, et d'un pied et demi de largeur ; il est mobile, et se place sur une espèce de bahut dans lequel ils jettent les rognures de leurs cuirs : c'est sur cette table que ces ouvriers coupent et taillent leurs cuirs avec le couteau à pied.

ETABLI, part. terme de Marine dont on se sert quelquefois pour dire être situé et gisant, et ce en parlant d'une côte : par exemple, la côte du Perou et du Chili est établie nord et sud, pour dire qu'elle est située nord et sud. (Z)