S. m. (Théologie) peccatum, est en général toute infraction des règles de l'équité naturelle et des lois positives, de quelque espèce qu'elles soient.

Saint Augustin, dans son livre XXII. contre Fauste le manichéen, définit le péché, une parole, une action, ou un désir contre la loi éternelle ; peccatum est factum, vel dictum, vel concupitum contra aeternam legem ; définition, que saint Thomas et la plupart des autres théologiens ont adoptée, mais elle ne convient pas au péché originel.



Le même père définit encore le péché, voluntas retinendi vel consequendi quod justitia vetat et unde liberum est abstinere ; mais cette définition n'est pas plus exacte que la première, par rapport aux enfants.

Aussi la plupart des théologiens définissent le péché une désobéissance à Dieu, ou une transgression volontaire de la loi, soit naturelle, soit positive, dont Dieu est également l'auteur.

On distingue plusieurs sortes de péchés. 1°. du côté de l'objet, des péchés de la chair et des péchés de l'esprit : par péchés de la chair on entend ceux qui ont pour objet quelque délectation charnelle, comme la gourmandise, la luxure ; par péchés de l'esprit, ceux qui se passent dans l'intérieur, comme l'orgueil, l'hérésie, etc. 2°. Eu égard aux personnes que le péché offense, on distingue des péchés contre Dieu, contre le prochain, contre soi-même. 3°. On le divise encore en péchés de pensée, de parole, et d'action, en péchés d'ignorance et de faiblesse, et péchés de malice.

Mais les divisions les plus connues, sont celles qui distinguent le péché originel et le péché actuel. Le péché originel est celui que nous tirons de notre origine, que nous apportons en naissant, et dont Adam notre premier père nous a rendu coupables : on dispute beaucoup sur sa nature, et sur la manière dont il passe des pères aux enfants. Voyez ce que nous en avons dit sur le mot ORIGINEL.

Le péché actuel est celui que nous commettons par notre propre volonté : on le divise en péché de commission et péché d'omission ; par péché de commission on entend celui qui est opposé à un précepte négatif, comme l'homicide, qui est opposé à ce commandement, vous ne tuerez point. Le péché d'omission est celui qui est contraire à un précepte affirmatif, comme de manquer de respect à ses parents est une action opposée à ce précepte, honorez votre père et votre mère ; ou pour s'expliquer plus clairement, le péché de commission consiste à faire ce que la loi défend, et le péché d'omission à ne pas faire ce qu'elle prescrit.

Enfin, le péché actuel, soit de commission, soit d'omission, se sous-divise en péché mortel et en péché véniel. Le péché mortel est une prévarication qui donne à l'âme la mort spirituelle en la privant de la grâce sanctifiante, et en la rendant sujette à la damnation. Le péché véniel est une faute qui affoiblit en nous la grâce de la justification sans la détruire, et qui nous soumet à la nécessité de subir quelques peines temporelles pour en obtenir la rémission.

Quelques-uns, parmi les Protestants, ont cru que la différence entre les péchés mortels et véniels tirait son origine de la qualité des personnes qui les commettaient ; que tous les péchés d'un juste, quelqu'énormes qu'ils puissent être, étaient véniels ; que ceux d'un pécheur, quelques légers qu'ils fussent, étaient mortels. D'autres en ont fait dépendre la différence de la pure volonté de Dieu ; mais il est clair, 1°. que tous les péchés des justes ne leur ôtent pas toujours la grâce, et que tous les pécheurs n'offensent pas Dieu dans toutes les occasions avec le même degré d'énormité ; 2°. qu'il y a des péchés, qui par eux-mêmes portent simplement quelqu'atteinte à la vie spirituelle en diminuant le feu de la charité, et d'autres qui par leur propre nature éloignent ce feu sacré et donnent la mort à l'âme.

Il n'est pas facîle au reste de décider toujours avec précision quand un péché est mortel ou véniel. L'examen de l'importance du précepte violé, l'inspection du degré de consentement que donne à la mauvaise action celui qui la commet, la considération du tort et du scandale que portent à quelque membre de la société, ou à toute la société, les fautes commises, sont autant de moyens qui contribuent à faire connaître et à spécifier la grandeur et l'énormité des péchés.

Les Stoïciens prétendaient que tous les péchés étaient égaux entr'eux ; on peut voir comment Ciceron, dans ses paradoxes, réfute l'absurdité de cette opinion.

Les anciens Gnostiques et les Manichéens imaginaient un mauvais principe auteur du péché. Calvin n'a pas fait difficulté de l'attribuer à Dieu ; de dire que Dieu y excitait et y poussait l'homme. Les Catholiques reconnaissent que l'homme est libre, que c'est par sa seule et propre détermination qu'il pêche, et qu'alors il est justement repréhensible d'avoir commis ce qu'il pouvait ne pas faire, ou négligé ce qu'il devait et ce qu'il pouvait faire.

PECHE, (Critique sacrée) c'est dans le vieux Testament la transgression de la Loi. Les casuistes hébreux ont des mots propres pour distinguer ces diverses transgressions ; Chataoth, comprend les péchés commis contre les préceptes affirmatifs ; Aschamat, marque les péchés commis contre les préceptes négatifs ; Schegaga, désigne les péchés d'ignorance, d'oubli, d'omission, etc. Cependant dans l'Ecriture le mot péché, se prend tantôt pour une transgression légère de la Loi, I. Joan. j. 8. tantôt pour un péché très-grave, comme l'idolâtrie, Thren. j. 8.

Péché veut dire aussi la peine du péché : si tu fais mal, la peine de ton péché, peccatum, s'en suivra, Gen. iv. 7. Il signifie la concupiscence, Rom. VIIe 20. Il se met pour la victime offerte en expiation du péché ; celui qui ne connaissait point le péché, a été fait victime ; peccatum pour le péché, II. Cor. Ve 21. De même dans Osée, iv. 8. ils se nourriront des victimes, comedent peccata ; que mon peuple offre pour le péché. Enfin, ce terme se prend pour maladie. Rom. Ve 12. (D.J.)

PECHE à mort, (Critique sacrée) on cherche quel est ce péché, dont S. Jean dit qu'il est à la mort, I. ép. Ve 16. Il semble que c'est l'idolâtrie : ce qui confirme cette idée, selon les judicieuses remarques d'un critique moderne, c'est 1°. que la Loi divine condamnait l'idolâtrie à la mort, sans aucune miséricorde ; 2°. que l'apôtre, au . 20. remarque que J. C. est venu pour faire connaître le seul vrai Dieu ; 3°. et qu'enfin, au . 21. l'apôtre finit son épitre par ce précepte : mes petits enfants, gardez-vous des idoles. Cependant quand l'apôtre parle d'un péché à mort, il n'entend pas la mort éternelle ; comme si Dieu avait prononcé contre le chrétien qui tombait dans l'idolâtrie, qu'il serait condamné sans miséricorde à la mort éternelle, sans qu'il put obtenir sa grâce par sa repentance. Le . 16. fait voir qu'il ne s'agit que de la mort temporelle. Les Chrétiens priant pour les malades, et demandant à Dieu leur guérison, ils l'obtenaient aussi, comme on le voit par S. Jaques, ch. Ve . 14. et suivants. S. Jean a en vue cette coutume, et dit, qu'il n'ordonne point aux Fidèles de prier pour la guérison de ceux qui tombaient dans l'idolatrie ; parce que c'est-là un péché qui mérite la mort, et auquel sont condamnés ceux qui ont connu le seul vrai Dieu. On ne demandait point à Dieu la vie de ces gens-là : mais on ne les privait pas de l'espérance du salut, s'ils s'adressaient à J. C. avec une sincère repentance. Ainsi donc le péché à mort, dans S. Jean, serait l'idolâtrie. Le péché contre le S. Esprit, parait être le blasphème ou l'outrage fait au S. Esprit, en attribuant contre la conscience, les miracles à la vertu des démons ; c'est le dernier excès de l'impiété. Le péché irrémissible de l'auteur de l'épitre aux Hébreux, c'est vraisemblablement l'apostasie entière. (D.J.)

PECHE ORIGINEL, (Critique sacrée) la tradition a bien varié sur le péché originel. Clément d'Alexandrie n'a point connu ce péché, comme on le voit par la manière dont il explique les paroles de Job, ch. xiv. 4. selon la version des Septante, et celui du Psaumes lj. . 7. Pour le dernier, il prétend que David parle d'Eve la mère du genre humain, qui n'eut des enfants que depuis qu'elle fût tombée dans la transgression. Voyez Stromat. lib. III. pag. 488. et 489. Mais Origène, disciple de Clément d'Alexandrie, abandonna l'opinion de son maître, et soutint que les hommes naissent pécheurs, comme on le voit dans son commentaire sur S. Matt. dans son homélie xiv. sur S. Luc, dans l'homélie XVIIIe sur le Levit. et dans sa réponse à Celse, lib. IV. p. 191. Le lecteur peut consulter là-dessus les notes de Spencer. Dans le dernier ouvrage d'Origène, il cite en saveur de son opinion, le passage de S. Paul aux Romains, ch. Ve 14. Mais au lieu qu'il y a dans les exemplaires, et c'est en effet la bonne leçon, qui n'ont point péché à la ressemblance de la transgression d'Adam, Origène a lu qui ont péché à la ressemblance, etc. Au fond, la raison d'Origène était, que les âmes qui ont existé avant les corps, avaient péché avant que d'être incorporées. Beausobre, Remarques critiques, (D.J.)

PECHE VOLONTAIRE, (Critique sacrée) ; il semble que ce péché soit celui dans lequel on persévère malgré les remontrances, Hébr. Xe 26. Il est beau à un homme, dit l'auteur de l'Ecclésiastesiaste, lorsqu'il est repris de son péché, de se répentir ; car il évitera par ce moyen le péché volontaire, ch. xx. 7. En effet, celui qui se repent lorsqu'on lui fait connaître sa faute, prouve qu'il a été surpris ; et s'il est véritablement repentant, il évite la rechute ou le pêché volontaire ; puisqu'il n'ignore plus ni la nature de l'action, ni sa propre faiblesse. (D.J.)