S. f. (Mécanique) action par laquelle un corps se meut en arrière. Voyez RETROGRADER.

RETROGRADATION, en terme d'Astronomie, est un mouvement apparent des planètes par lequel elles semblent reculer dans l'écliptique, et se mouvoir dans un sens opposé à l'ordre ou succession des signes.

On appelle les planètes directes, quand elles vont selon l'ordre, la suite et la succession des signes, comme d'Aries en Taurus, de Taurus en Gemini, etc. c'est-à-dire d'occident en orient. Voyez DIRECT.



Quand une planète parait pendant quelques jours dans le même point du ciel, on dit qu'elle est stationnaire. Voyez STATIONNAIRE.

Quand elle se meut contre l'ordre des signes, savoir d'orient en occident, on dit qu'elle est retrograde.

Le Soleil et la Lune paraissent toujours directs ; Saturne, Jupiter, Mars, Vénus et Mercure, sont quelquefois directs, quelquefois stationnaires, et quelquefois retrogrades. Voyez SATURNE, JUPITER, VENUS, etc.

L'intervalle de temps entre les deux rétrogradations des différentes planètes, est différent ; il est d'un an et 13 jours dans Saturne ; d'un an et de 43 jours dans Jupiter ; de deux ans et 50 jours dans Mars ; d'un an et 220 jours dans Vénus ; de 115 jours dans Mercure : Saturne demeure rétrograde pendant environ 140 jours ; Jupiter pendant 120 ; Mars pendant 73 ; Vénus pendant 42 ; Mercure pendant 22.

Ces changements de cours et de mouvements des planètes, ne sont qu'apparents ; si les planètes étaient vues du centre du système, c'est-à-dire du soleil, leurs mouvements paraitraient toujours uniformes et réguliers, c'est-à-dire dirigés d'occident en orient. Les inégalités qu'on y observe en les voyant de la terre, naissent du mouvement et de la position de la terre d'où on les voit ; et voici la manière dont on peut les expliquer.

Supposons que P N O, Pl. Astronom. fig. 58, soit une portion du zodiaque ; A B C D l'orbite de la terre, et E M G H Z celui d'une planète supérieure, par exemple, de Saturne : supposons la terre en A, et Saturne en E, dans ce cas cette planète paraitra au point O du zodiaque. Maintenant si Saturne demeure immobîle lorsque la terre sera parvenue au point B, il paraitra au point L du zodiaque, et avoir décrit l'arc O L, et s'être mu suivant l'ordre des signes d'occident en orient. Mais comme pendant que la terre passe de A en B, Saturne se meut pareillement d'E en M, où il est en conjonction avec le soleil, il paraitra avoir décrit l'arc O Q, qui est plus grand que O L. Dans cet état la planète est directe, et se meut d'occident en orient, ou suivant l'ordre des signes.

La terre étant arrivée en C dans le temps que Saturne a mis à décrire l'arc M G, cette planète paraitra au point R du zodiaque ; mais la terre étant parvenue en K et saturne en H, en sorte que la ligne K H qui joint la terre et saturne, soit pendant quelque temps parallèle à elle-même ou approchant de l'être, saturne paraitra pendant tout ce temps-là au même point P du zodiaque, et proche des mêmes étoiles fixes, et sera pour lors stationnaire. Voyez STATION.

Mais la terre étant arrivée au point D, et saturne au point Z où il est en opposition avec le soleil, il paraitra au point V du zodiaque, et avoir rétrogradé suivant l'arc P V. C'est ainsi que les planètes supérieures sont toujours rétrogrades quand elles sont opposées au soleil.

L'arc que la planète décrit lorsqu'elle est rétrograde, s'appelle l'arc des rétrogradations.

Les arcs de rétrogradation des différentes planètes, ne sont point égaux ; celui de saturne est plus grand que celui de jupiter ; celui de jupiter plus grand que celui de mars.

RETROGRADATION des nœuds de la lune, est un mouvement de la ligne des nœuds de l'orbite lunaire, par lequel cette ligne change sans-cesse de situation en se mouvant d'orient en occident contre l'ordre des signes ; elle acheve son cours rétrograde dans l'espace d'environ 19 ans ; après quoi chacun des nœuds revient au même point qu'il avait quitté. M. Newton a démontré dans ses principes que la rétrogradation des nœuds de la lune venait de l'action du soleil qui détournant continuellement cette planète de son orbite, fait que cette orbite n'est pas plane, et que son intersection avec l'écliptique varie continuellement, et ce philosophe a déterminé par la théorie la rétrogradation des nœuds, telle que les observations la donnent. Voyez NOEUD et LUNE.

RETROGRADATION du soleil, lorsque le soleil est dans la zone torride, et que sa déclinaison A M (Pl. astronom. fig. 59.) est plus grande que la latitude du lieu A Z ; soit que l'une ou l'autre soit septentrionale ou méridionale, le soleil parait se mouvoir en arrière, ou rétrograder avant ou après midi. Voyez SOLEIL, ZONE.

Car menez le cercle vertical Z G N, tangent au cercle direct du soleil en G, et un autre Z O N par le point O où le soleil se lève ; il est évident que tous les cercles verticaux intermédiaires, coupent le cercle direct du soleil en deux endroits, savoir dans l'arc GO, et dans l'arc GI ; c'est pourquoi à mesure que le soleil s'élève suivant l'arc GO, il s'approche sans-cesse du vertical Z G N le plus éloigné ; mais comme il continue de s'élever sur l'arc G I, il revient à ses premiers verticaux, et parait retrograder pendant quelque temps avant midi ; on peut démontrer pareillement qu'il fait la même chose après midi ; donc comme l'ombre tombe toujours du côté opposé au soleil, elle doit être rétrograde deux fois par jour dans tous les lieux de la zone torride, où la déclinaison du soleil excède la latitude du lieu. Voyez OMBRE. Chambers. (O)