S. m. ou PIERRE FEUILLETEE, (Histoire naturelle, Minéralogie) schistus, saxum sissile, lapis sissilis, ardoise. Nom générique donné par les naturalistes à des pierres qui se distinguent par la propriété qu'elles ont de se partager en lames ou en feuillets opaques. Les schistes sont de différentes couleurs ; on en trouve de noirs, de blancs, de gris, de verdâtres, de rouges, de jaunes, de bleuâtres. Ces pierres varient aussi pour leur nature ; il y en a qui font effervescence avec les acides, et qui par conséquent doivent être mises au rang des pierres calcaires ; d'autres ne font point effervescence, et sont formées par une terre argilleuse devenue compacte ; tel est le schiste bleu connu sous le nom d'ardoise, dont on couvre les maisons, et qui se nomme ardesia tegularis.
Les couleurs des pierres schisteuses varient en raison de la nature des substances auxquelles elles sont mêlées ; elles diffèrent aussi par la finesse de leur grain, par la consistance et la dureté ; il y en a qui sont assez dures pour prendre le poli, et pour en former des tables, tandis que d'autres sont tendres et friables au point de pouvoir servir de crayon. Il y a des schistes qui sont composés de particules très-déliées ; telles sont les pierres dont on se sert pour repasser, et qu'on appelle cos ou coticula. Il y en a qui ne se partagent que difficilement en lames ou en feuillets ; d'autres se divisent avec beaucoup de facilité. C'est donc sans raison que quelques auteurs placent tous les schistes au rang des pierres vitrifiables, tandis que d'autres les mettent au rang des pierres calcaires ; l'erreur vient de ce qu'on ne s'est arrêté qu'au coup d'oeil extérieur et à la propriété de se diviser en feuillets, qui sont communes à plusieurs pierres, qui au fond peuvent être d'une nature très-différente. Ainsi quelques schistes doivent leur origine à l'argille ; d'autres en sont redevables à la marne ou à la craie ; d'autres sont encore plus mêlangées, etc.
Plusieurs naturalistes attribuent la formation du schiste ou des ardoises, à un dépôt qui s'est fait des terres détrempées par les eaux du déluge, ou par les eaux de la mer, lorsqu'elles ont couvert notre continent. Ce qu'il y a de certain, c'est que ces pierres se trouvent toujours par couches, quelquefois horizontales et d'autrefois inclinées, et même presque perpendiculaires à l'horizon. Voyez TERRE, (couches de la). Ces lits se trouvent tantôt près de la surface de la terre, tantôt à une très-grande profondeur. Voyez REVOLUTIONS DE LA TERRE.
C'est ordinairement dans des lits de pierre feuilletée ou de schiste, que l'on rencontre les empreintes de plantes et de poissons, comme on peut le remarquer dans le schiste ou dans l'ardoise cuivreuse du comté de Mansfeld, qui est une pierre remplie d'empreintes de poissons, et si chargée de cuivre, qu'on l'exploite avec succès pour en tirer ce métal.
Les mines de charbon de terre sont ordinairement accompagnées et couvertes de schiste, et sa couleur noire parait venir du bitume dont cette pierre est pénétrée.
Souvent le schiste est entremêlé de pyrites et d'alun ; celui qui est dans ce cas est sujet à se décomposer et à perdre sa liaison lorsqu'il est exposé à l'air. (-)
SCHISTE
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- Écrit par : Paul-Henri-Thiry, baron de Holbach (—)
- Catégorie : Minéralogie
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