(Histoire naturelle, Minéralogie) montes ignivomi. C'est ainsi qu'on nomme des montagnes qui vomissent en de certains temps de la fumée, des flammes, des cendres, des pierres, des torrents embrasés de matières fondues et vitrifiées, des soufres, des sels, du bitume, et quelquefois même de l'eau.
Les volcans, ainsi que les tremblements de terre, sont dû. aux embrasements souterrains excités par l'air, et dont la force est augmentée par l'eau. En parlant des tremblements de terre, je crois avoir suffisamment expliqué la manière dont ces trois agents opèrent, et la force prodigieuse qu'ils exercent ; on a fait voir dans cet article que la terre était remplie de substances propres à exciter et à alimenter le feu ; ainsi il serait inutîle de répéter ici ce qui a déjà été dit ailleurs ; il suffira d'y renvoyer le lecteur.
Les volcans doivent être regardés comme les soupiraux de la terre, ou comme des cheminées par lesquelles elle se débarrasse des matières embrasées qui dévorent son sein. Ces cheminées fournissent un libre passage à l'air et à l'eau qui ont été mis en expansion par les fourneaux ou foyers qui sont à leur base ; sans cela ces agents produiraient sur notre globe des révolutions bien plus terribles que celles que nous voyons opérer aux tremblements de terre ; ils seraient toujours accompagnés d'une subversion totale des pays où ils se feraient sentir. Les volcans sont donc un bienfait de la nature ; ils fournissent au feu et à l'air un libre passage ; ils les empêchent de pousser leurs ravages au-delà de certaines bornes, et de bouleverser totalement la surface de notre globe. En effet, toutes les parties de la terre sont agitées par des tremblements qui se font sentir en différents temps avec plus ou moins de violence. Ces conclusions de la terre nous annoncent des amas immenses de matières allumées ; c'est donc pour leur donner passage que la providence a placé un grand nombre d'ouvertures propres à éventer, pour ainsi dire, la mine. Aussi voyons-nous que la providence a placé des volcans dans toutes les parties du monde : les climats les plus chauds étant les plus sujets aux tremblements de terre, en ont une très-grande quantité. Aujourd'hui l'on en compte trois principaux en Europe ; c'est l'Etna en Sicile, le mont Vésuve dans le royaume de Naples, et le mont Hecla en Islande ; comme chacun de ces volcans sont décrits dans des articles particuliers, nous ne parlerons ici que des phénomènes généraux qui sont communs à tous les volcans.
Il n'est point dans la nature de phénomènes plus étonnans que ceux que présentent ces montagnes embrasées : quoi qu'en disent des voyageurs peu instruits, il ne parait point prouvé qu'il en existe qui vomissent perpétuellement des flammes : quelquefois après des éruptions violentes, les matières s'épuisent et le volcan cesse de vomir, jusqu'à ce qu'il se soit amassé une assez grande quantité de substances pour exciter une nouvelle éruption. Ainsi le feu couvera quelquefois pendant un très-grand nombre d'années dans les gouffres profonds qui sont dans l'intérieur de la montagne, et il attendra que différentes circonstances le mettent en action.
Les éruptions des volcans sont ordinairement annoncées par des bruits souterrains semblables à ceux du tonnerre, par des sifflements affreux, par un déchirement intérieur ; la terre semble s'ébranler jusque dans ses fondements ; ces phénomènes durent jusqu'à ce que l'air dilaté par le feu ait acquis assez de force pour vaincre les obstacles qui le tiennent enchainé ; et alors il se fait une explosion plus vive que celle des plus fortes décharges d'artillerie : la matière enflammée semblable à des fusées volantes, est lancée en tout sens à une distance prodigieuse, et s'échappe avec impétuosité par le sommet de la montagne. On en voit sortir des quartiers de rochers d'une grosseur prodigieuse, qui après s'être élevés à une grande hauteur dans l'air, retombent et roulent par la pente de la montagne ; les champs des environs sont enterrés sous des amas prodigieux de cendres, de sable brulant, de pierres-ponces ; souvent les flancs de la montagne s'ouvrent tout d'un coup pour laisser sortir des torrents de matière liquide et embrasée qui vont inonder les campagnes, et qui brulent et détruisent tous les arbres, les édifices et les champs qui se trouvent sur leur chemin.
L'histoire nous apprend que dans deux éruptions du Vésuve, ce volcan jeta une si grande quantité de cendres, qu'elles volèrent jusqu'en Egypte, en Libye et en Syrie.
En 1600, à Arequipa au Pérou, il y eut une éruption d'un volcan qui couvrit tous les terrains des environs, jusqu'à trente ou quarante lieues, de sable calciné et de cendres ; quelques endroits en furent couverts de l'épaisseur de deux verges. La lave vomie par le mont-Etna, a formé quelquefois des ruisseaux qui avaient jusqu'à 18000 pas de longueur ; et le célèbre Borelli a calculé que ce volcan, dans une éruption arrivée en 1669, a vomi assez de matières pour remplir un espace de 93838750 pas cubiques. Ces exemples suffisent pour faire juger des effets prodigieux des volcans. Voyez l'article LAVE.
Souvent on a Ve des volcans faire sortir de leur sein des ruisseaux d'eau bouillante, des poissons, des coquilles et d'autres corps marins. En 1631, pendant une éruption du Vésuve, la mer fut mise à sec ; elle parut absorbée par ce volcan, qui peu après inonda les campagnes de fleuves d'eau salée.
Les éruptions des volcans n'ont point toujours le même degré de violence ; cela dépend de l'abondance des matières enflammées, et de différentes circonstances propres à augmenter ou à diminuer l'action du feu.
On remarque que la plupart des volcans sont placés dans le voisinage de la mer ; cette position peut même contribuer à rendre leurs éruptions plus violentes. En effet, l'eau venant à tomber par les fentes de la montagne dans les amas immenses de matières enflammées qui s'y trouvent, ne peut manquer de produire des explosions très-vives, mais les effets doivent devenir plus terribles encore lorsque cette eau est bitumineuse et chargée de parties salines. Une expérience assez triviale peut nous rendre raison de cette vérité : les cuisiniers, pour rendre la braise plus ardente, y jettent quelquefois une poignée de sel, le feu devient par - là beaucoup plus âpre.
Les sommets des volcans ont communément la forme d'un cône renversé ou d'un entonnoir ; lorsque les cendres et les roches qui entourent cette partie de la montagne permettent d'en approcher dans les temps où il ne se fait point d'éruption, on y voit un bassin rempli de soufre qui bouillonne en de certains endroits, et qui répand une odeur sulfureuse très-forte et souvent une fumée épaisse. Cette partie du volcan est très-sujette à changer de face, et chaque éruption lui fait présenter un aspect différent de celui que le sommet avoir auparavant ; en effet, il y a des portions de la montagne qui s'écroulent, et le gouffre vomit de nouvelles matières qui les remplacent. Les chemins qui conduisent au sommet de ces montagnes sont aussi couverts de sel ammoniac, de matières bitumineuses, de pierres ponces, de scories ou de lave, d'alun, etc. on y rencontre des sources d'eaux chaudes, salines, sulfureuses, d'une odeur et d'un goût insupportables. Dans les temps qui précèdent les éruptions, les matières contenues dans le bassin semblent bouillonner, elles se gonflent quelquefois au point de sortir par-dessus les rebords, et de découler le long de la pente du volcan ; cela n'arrive point sans un fracas épouvantable, et sans des sifflements et des déchirements propres à donner le plus grand effroi. On sent aisément que les matières, en se fondant, doivent former une croute qui s'oppose au passage de l'air et du feu, ce qui doit produire une expansion qui renouvelle la violence des éruptions.
Plusieurs physiciens ont cru qu'il y avait une espèce de correspondance entre les différents volcans que l'on voit sur notre globe, la proximité rend cette conjecture assez vraisemblable pour le Vésuve et l'Etna qui souvent exercent leurs ravages dans le même temps ; d'ailleurs nous avons fait voir dans l'article TREMBLEMENT DE TERRE, que les embrasements de la terre semblaient se propager par des canaux souterrains à des distances prodigieuses.
Il arrive quelquefois que des volcans, après avoir eu des éruptions pendant une longue suite de siècles, cessent enfin d'en avoir ; cela vient soit de ce que les matières qui excitaient leurs embrasements se sont à la fin totalement épuisées, soit de ce qu'elles ont pris une autre route ; en effet on a Ve que lorsque quelques volcans cessaient de jeter des matières, d'autres montagnes devenaient des volcans, et commençaient à vomir du feu avec autant et plus de furie que ceux dont ils prenaient la place ; c'est ainsi que depuis un très-grand nombre d'années le mont Hecla en Islande a cessé de vomir des flammes, et une autre montagne de la même île est devenue un volcan. Les différentes parties du monde présentent aux voyageurs plusieurs montagnes qui ont servi autrefois de soupiraux aux embrasements de la terre, comme on peut en juger par les abymes et les précipices qu'elles offrent, par les pierres-ponces, les roches calcinées, le soufre, les cendres, l'alun, le sel ammoniac dont le terrain qui les environne est rempli. Il parait que quelques-uns de ces volcans ont exercé leurs ravages dans des temps dont l'histoire ne nous a point conservé le souvenir, mais un observateur habîle reconnaitra sans peine qu'ils ont existé par les matières que nous venons d'indiquer, et surtout par les couches de lave que les volcans ont fait sortir de leurs flancs, et qui ont inondé les campagnes dans leur voisinage. Voyez l'article LAVE. Plusieurs montagnes d'Europe ont été autrefois des volcans. Les monts Apennins paraissent avoir été dans ce cas. On a rencontré en Auvergne des matières qui indiquent d'une manière indubitable que cette province a autrefois été fouillée par les feux souterrains. L'endroit de la Provence, qu'on nomme les gorges d'Olioule, qui se trouve sur le chemin de Marseille à Toulon, porte des caractères qui annoncent qu'il y a eu autrefois un volcan dans cette partie de la France. Plusieurs autres pays présenteraient les mêmes signes, si on les examinait plus attentivement. La description que le célèbre M. de Tournefort nous a donnée du mont Ararat en Arménie, peut nous faire présumer avec beaucoup de certitude que cette montagne est un volcan dont le feu s'est éteint ; il dit qu'il s'y trouve un abyme dont les côtés sont comme taillés à plomb, et dont les extrémités sont hérissées de rochers noirâtres et comme salis par la fumée ; on voit que cette description convient parfaitement au bassin d'un volcan.
Les montagnes ne sont point toujours le siege des éruptions des feux souterrains ; on a Ve quelquefois sortir tout-à-coup du fond du lit de la mer, des feux, des rochers embrasés, de la pierre-ponce, et un amas prodigieux de sable, de cendres, et de matières qui ont formé des îles dans des endroits où peu auparavant il n'y avait que des eaux ; c'est de cette manière que s'est formée la fameuse île de Santorin. Un phénomène pareil arriva en 1720 auprès de l'île de S. Michel, l'une des Açores ; la nuit du 7 au 8 de Décembre il sortit tout d'un-coup du fond de la mer une quantité prodigieuse de pierres, de sable, et de matières embrasées, qui formèrent une île toute nouvelle à côté de la première, que cette révolution avait presque entièrement renversée. Urbani Hiaerne.
Les feux contenus dans le sein de la terre n'agissent point toujours avec la même fureur, souvent ils brulent sans bruit, et couvent, pour ainsi dire, sous terre ; on ne reconnait leur présence que par les sources d'eaux chaudes que l'on voit sortir à la surface de la terre, par les bitumes liquides, tels que le pétrole et le naphte que la chaleur fait suinter au-travers des roches et des couches de la terre. C'est ainsi que dans le voisinage de Modene on trouve en creusant une quantité prodigieuse de pétrole qui nage à la surface des eaux.
Quelquefois on rencontre à la surface de la terre des endroits qui brulent, pour ainsi dire, imperceptiblement ; c'est ainsi que l'on trouve dans le Dauphiné un terrain qui, sans être embrasé visiblement, ne laisse pas d'allumer la paille et le bois qu'on y jete. Il se trouve un terrain tout semblable, mais d'une beaucoup plus grande étendue, en Perse près de Baku. Voyez l'article NAPHTE. L'on doit aussi mettre dans le même rang l'endroit connu en Italie sous le nom de Solfatara. Voyez cet article. (-)
VOLCAN, (Géographie moderne) on appelle volcans des montagnes brulantes, et qui jettent du feu, des flammes, de la fumée, des cendres chaudes, avec plus ou moins de violence, et en quantité plus ou moins grande. Le nom de volcan a été donné à ces sortes de montagnes par les Portugais, et l'usage l'a adopté. On sait qu'il y a des volcans dans les quatre parties du monde, en Amérique, en Afrique, en Asie, en Europe. Voici la liste des principaux, et je ne la donne pas pour exacte.
On connait dans l'Amérique septentrionale le volcan d'Anion près de la mer du sud, celui d'Atilan, celui de Cataculo, celui de Colima, celui de Guatimala, celui de Léon, celui de Nicaragua, celui de Sonsonate, et quelques autres.
On trouve dans l'Amérique méridionale au Pérou le volcan d'Arequipa, à 90 lieues de Lima : c'est une montagne qui jette sans discontinuer un soufre enflammé, et les habitants appréhendent que tôt ou tard elle ne brule ou n'abyme la ville voisine.
On trouve encore au Pérou dans une vallée appelée Mulahallo, à cinquante lieues de Quito, un volcan sulfureux qui s'enflamma dans le dernier siècle, et jeta des pierres hors de son sein, avec un bruit terrible. Dans la chaîne des montagnes du Pérou appelées les Andes ou Cordilières, il y a en différents lieux des montagnes qui vomissent les unes de la flamme et les autres de la fumée ; telle est celle de Carrapa, province de Popayan.
L'Asie abonde en volcans ; un d'eux dans l'île de Java, se forma en 1586, par une éruption violente de soufre, et vomit une quantité prodigieuse de fumée noire mêlée de flamme et de cendres chaudes : cette éruption fut fatale à quelques milliers de personnes.
Le volcan Gonapi, situé dans une des îles Banda, ayant brulé plusieurs années de suite, se creva finalement dans le dernier siècle, et vomit avec mugissement une furieuse quantité de grosses pierres accompagnées d'une matière sulfureuse, brulante et épaisse, qui tomba sur la terre et dans la mer. Les cendres chaudes couvrirent les canons des Hollandais, qui étaient plantés sur les murs de leur citadelle. L'eau se gonfla auprès de la côte, bouillonna, et laissa quantité de poissons morts flottant sur la surface.
Le mont Balaluanum, dans l'île de Sumatra, jette des flammes et de la fumée, de même que le mont Etna.
On voit plusieurs volcans sur les côtes de l'Océan indien, qui sont décrits dans les voyages de Dampier ; mais le plus terrible de tous est celui de l'île Ternate.
La montagne est roide et couverte au pied de bois épais ; mais son sommet qui s'élève jusqu'aux nues, est pelé par le feu. Le soupirail est un grand trou qui descend en ligne spirale, et devient par degrés de plus en plus petit, comme l'intérieur d'un amphithéâtre. Dans le printemps et en automne, vers les équinoxes, quand le vent du nord règne, cette montagne vomit avec bruit des flammes mêlées d'une fumée noire, et toutes les montagnes des environs se trouvent couvertes de cendres. Les habitants y vont dans certains temps de l'année, pour y recueillir du soufre, quoique la montagne soit si escarpée en plusieurs endroits, qu'on ne peut y parvenir qu'avec des cordes attachées à des crochets de fer.
L'île Manille dans l'Océan indien, a ses volcans ; les navires qui viennent de la nouvelle Espagne, aperçoivent de fort loin celui qui est près de la grande baie d'Albay, et qui jette des flammes dans certains temps.
A soixante lieues des Moluques, on voit une île dont les montagnes sont souvent secouées par des tremblements de terre suivis d'éruptions de flammes, de cendres et de pierres ponces calcinées.
Le volcan de l'île de Fuego, une des petites îles du Cap-verd, est une haute montagne, du sommet de laquelle il sort des flammes qu'on aperçoit en mer dans le temps de la nuit.
Le Japon abonde en volcans ; il y en a un considérable à soixante milles de Firando ; il y en a un autre vis-à-vis de Saxuma, un troisième dans la province de Chiangen, un quatrième dans le voisinage du Surunga, un cinquième plus considérable que tous les autres dans l'île de Ximo ; son sommet n'est qu'une masse brulée, et la terre y est si spongieuse qu'on n'y marche qu'en tremblant ; tout n'offre dans cette montagne que des abîmes et des exhalaisons infectes.
Dans une des îles nommées Papous que le Maire a découverte et qui n'est peut être pas une ile, mais une suite de la côte orientale de la nouvelle Guinée, on trouve un volcan plein de feu et de fumée.
On voit aussi des volcans dans le pays habité par les Tartares Tongouses, et au-delà de leur pays. On en compte quatre dans ces parties septentrionales de la Tartarie : nous savons encore que le Groenland et les contrées voisines ont aussi des montagnes brulantes.
L'Afrique n'est pas sans volcans ; il y en a dans le royaume de Fez et ailleurs. Mais les volcans de l'Europe sont les plus connus. Ceux qui navigent sur la Méditerranée aperçoivent de fort loin les éruptions de flammes et de fumée du mont Etna, appelé maintenant Gibel en Sicile. On voit les éruptions de ce volcan à la distance de trente milles. Quoiqu'il jette du feu et de la fumée presque sans interruption, il y a des temps où il les exhale avec plus de violence. En 1656, il ébranla une partie de la Sicîle : bientôt après, l'entonnoir qui est au sommet de la montagne, vomit quantité de cendres chaudes, que le vent dispersa de toutes parts. Farelli nous a donné une relation des éruptions de ce volcan. M. Oldenbourg en a fait l'extrait dans les Transactions philosoph. n °. 48. Plus récemment encore, Bottone Leontini a mis au jour l'exacte topographie de cette montagne et de ses volcans.
Le mont Hecla en Islande a quelquefois des éruptions aussi violentes que celles du mont Gibel. Mais le Vésuve est un fourneau de feu si célèbre par ses terribles incendies, qu'il mérite un article à part. Voyez donc VESUVE, éruptions du (Histoire naturelle des volcans). Voyez aussi VESUVE.
Il résulte de ce détail, qu'on trouve des volcans dans toutes les parties du monde, et dans les contrées les plus froides comme dans les pays les plus chauds. Il y a des volcans qui n'ont pas toujours existé, et d'autres qui ne subsistent plus. Par exemple, celui de l'île Queimoda sur la côte du Brésil, à quelque distance de l'embouchure de Rio de la Plata, a cessé de jeter du feu et des flammes. Il en est de même des montagnes de Congo et d'Angola. Celles des Açores, surtout de l'île de Tercère, brulaient anciennement dans différents lieux, et ne jettent à-présent que de temps à autre de la fumée et des vapeurs.
Les îles de sainte Hélene et de l'Ascension, produisent une terre qui parait composée de cendres, de scories, et de charbon de terre à-demi brulé. De plus, comme on trouve dans ces iles, aussi bien qu'aux Açores, des terres sulfureuses, et des scories semblables au mâchefer, qui sont fort propres à s'enflammer, il ne serait pas étonnant qu'il s'élevât dans la suite des volcans nouveaux dans ces îles ; car la cause de ces montagnes brulantes n'est autre chose qu'une matière sulfureuse et bitumineuse mise en feu.
Les Physiciens pensent que les tremblements de terre et les volcans dépendent d'une même cause, savoir de terrains qui contiennent beaucoup de soufre et de nitre, qui s'allument par la vapeur inflammable des pyrites, ou par une fermentation de vapeurs portées à un degré de chaleur égal à celle du feu et de la flamme. Les volcans sont autant de soupiraux qui servent à la sortie des matières sulfureuses sublimées par les pyrites. Quand la structure des parties intérieures de la terre, est telle que le feu peut passer librement hors de ces cavernes, il en sort de temps en temps avec facilité et sans secouer la terre. Mais quand cette communication n'est pas libre, ou que les passages ne sont pas assez ouverts, le feu ne pouvant parvenir aux soupiraux, ébranle la terre jusqu'à ce qu'il se soit fait un passage à l'ouverture du volcan, par laquelle il sort tout en flamme avec beaucoup de violence et de bruit, jetant au loin et au large des pierres, des cendres chaudes, des fumées noires, et des laves de soufre et de bitume. (D.J.)